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Mobilisation contre les déclassements lors du concours CNRS 2017

Dans un communiqué en date du 19 juin 2017, l’Association Française de Science Politique s’inquiétait de la décision du CNRS consistant à changer considérablement le classement fait par sa section 36 concernant « son » concours CR2 : 4 sociologues exclus sur 4 classés. La mobilisation s’amplifie, avec désormais une mobilisation des directeurs d’UMR des sections 36 et 40 préoccupés par les dysfonctionnements liés au concours de recrutement 2017.

Dans son communiqué, l’AFSP a tenu à appuyer entièrement la motion adoptée le 15 juin 2017 par la section 40 du CNRS : « La section 40 s’interroge sur l’ampleur inédite des déclassements opérés par le jury d’admission pour le concours 36/04. Elle s’inquiète pour l’autonomie relative des sections du Comité national, qui s’applique en particulier à la définition propre de leurs modes de fonctionnement et de leurs critères d’évaluation. En vue d’améliorer l’ensemble de la procédure des concours, la section demande aussi que la phase d’admission se déroule dans la plus grande transparence, en ce qui concerne les règles de composition du jury, les procédures d’examen des candidatures admissibles et les critères d’évaluation mobilisés. »
Cette prise de position de l’AFSP a fait l’objet d’un courrier envoyé au Président du CNRS et au Directeur de l’InSHS, et notre association disciplinaire restera bien entendu vigilante quant aux suites de cette décision.

L’annonce des déclassements de candidats pourtant retenus après audition lors de la dernière campagne de recrutement du CNRS a immédiatement mobilisé la communauté des chercheurs et enseignants-chercheurs qui considèrent avec beaucoup d’inquiétude ce qui vient de se passer. C’est en effet tout le travail déployé par les jurys d’admissibilité qui s’est trouvé désavoué in extremis par un jury d’admission dont les critères d’évaluation restent opaques. Une pétition a aussitôt circulé qui a recueilli près de 3200 signatures à ce jour et un article a été publié dans Le Monde du 27 juin sous le titre « Polémique autour de la campagne de recrutement du CNRS ».

Des tribunes sont publiées dans des carnets de recherche pour rappeler l’enjeu immense — l’autonomie scientifique et professionnelle de nos disciplines — et dénoncer « ce qui révèle de l’arbitraire d’un « management autoritaire » et personnel de la recherche ». https://zilsel.hypotheses.org/2857

Une lettre-pétition a enfin été publiée et envoyée le 26 juin par les directeurs d’UMR des sections 36 et 40. En voici ci-dessous le texte intégral, tous les autres collègues DU qui souhaiteraient rejoindre les premiers signataires pouvant se rapprocher de l’un d’entre eux.

Le 26 juin 2017,

A l’attention de Monsieur Alain Fuchs, président du CNRS
Copies à : Monsieur Bruno Chaudret, président du Conseil scientifique du CNRS,
Madame Cécile Michel, présidente du Conseil scientifique de l’INSHS,
Monsieur Patrice Bourdelais, directeur de l’INSHS,
Monsieur Didier Torny, directeur adjoint scientifique de l’INSHS
Madame Sandrine Lefranc, chargée de mission pour la section40 de l’INSHS

Monsieur le président, cher collègue

En tant que directeur-trice d’UMR relevant du périmètre de la section 36 et 40, nous sommes préoccupés par les dysfonctionnements liés aux concours de recrutement 2017.

Nos UMR ont pour mission de former des doctorants et post-doctorants aux différentes facettes de la profession de chercheur. Cela requiert de tenir compte des transformations actuelles du champ de la recherche, plus tournées vers l’international. Mais pour mener cette tâche à bien, il nous faut disposer d’informations claires concernant les procédures et les critères employés par les jurys d’admissibilité et d’admission du CNRS pour évaluer les dossiers de candidature et opérer un classement. Sans cela, dans un contexte de raréfaction du nombre de postes, nous ne pouvons pas accomplir notre mission d’accompagnement de ces jeunes chercheurs

Des efforts conséquents, que nous saluons, ont déjà été accomplis par les jurys d’admissibilité des sections 36 et 40 du comité national pour clarifier procédures et critères. Pour le moment, le jury d’admission de l’INSHS n’a pas accompli un travail comparable, ce qui rend particulièrement problématique sa décision prise le 6 juin dernier de réviser entièrement le classement proposé par la section 36.

Nous demandons donc, à la suite de la section 40 du comité national et de l’AFSP, organisation professionnelle qui nous fédère, de connaître :
les règles de composition du jury d’admission
ses méthodes d’évaluation des dossiers
les critères employés pour évaluer les dossiers
la justification du classement auquel il procède.

Il ne s’agit absolument pas de procéder à une quelconque uniformisation des procédures et critères. Chaque jury reste libre de définir ceux qui lui semblent les plus appropriés, notamment au regard des spécificités de chaque discipline et de ses nombreuses sensibilités théoriques et épistémologiques. Mais il s’agit de permettre aux candidats et à nos UMR de se préparer en amont, en toute connaissance de cause. En jury d’admission, si les rapports sur un dossier sont contradictoires entre la section et le DAS ou le CM INSHS, il est important que ces deux pièces soient prises en considération et que, si la dissonance est forte, le président de section soit présent pour expliquer le classement, y compris sans participer au vote mais pour éclairer la décision.

Les jurys d’admissibilité et d’admission sont constitués de collègues dont il ne s’agit ni de nier les compétences, ni l’engagement pour faire vivre un paysage de la recherche en SHS, fort et ambitieux. Nous souhaitons que les procédures de concours fonctionnent dans la concertation et le respect mutuel des uns et des autres, au profit de nos jeunes chercheurs qui seront la Science de demain. La perte de poste (gel), l’éviction brutale d’un concours de candidats relevant du même champ disciplinaire sans justification claire, amènent à une incompréhension générale qui ne facilite pas la mobilisation de nos collègues qui participent à la formation des docteurs.

Veuillez agréer, monsieur le Président, cher collègue, l’expression de nos cordiales salutations.

Marie Cartier, CENS, UMR 6025
Olivier Borraz, CSO, UMR 7116
Marie-Claire Lavabre, Jérome Tournadre, Stéphanie Lacour ISP, UMR 7220
Patrick Michel, CMH, UMR 8097
Sylvie Ollitrault, ARENES, UMR 6051
Anne-Laure AMILHAT SZARY, PACTE, UMR 5194
Jean-Louis Briquet, CESSP, UMR 8209
Carole Brugeilles, Christine Cadot, Laurent Jeanpierre, Michel Kokoreff, Cédric Lomba, Laure Pitti, comité de direction du Cresppa, UMR 7217
Jean Gabriel Contamin, Etienne Pénissat (dir-adjoint) CERAPS, UMR 8056
Alain Dieckhoff, CERI, UMR 7050
Sébastien Fleuriel, CLERSE, UMR 8019
Martial Foucault, CEVIPOF, UMR 7048
Claude Gautier, TRIANGLE, UMR 5206
Bertrand Geay, CURAPP, UMR 7319
William Genieys, CEPEL, UMR 5112
Olivier Giraud, LISE, UMR 3320
Florence Haegel, CEE, UMR 8239
Olivier Martin, CERLIS UMR 8070 et ancien président du CNU19
Dominique Méda, IRISSO UMR 7170
Ariel Mendez, LEST UMR 7317
Bruno Milly et la direction Jean-Yves Authier, Ahmed Boubeker, Bernard Lahire, Emmanuelle Santelli, Centre Max Weber, UMR 5283
Hélène Michel, Philippe Hamman (dir-adjoint) SAGE UMR 7363
Marie-Gabrielle Suraud, CERTOP UMR 5044
Marc Oberti, OSC, UMR 7049
Laurent Willemez, Printemps, UMR 8085
Eric Wittersheim, IRIS, UMR 8156, CNRS, Inserm