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Le blocage des carrières en science politique et les voies pour y remédier

En 2022, le Conseil d’administration de l’AFSP a créé en son sein un Groupe de travail animé par Olivier Nay chargé d’examiner les difficultés de progression de carrière des maîtres de conférences (MCF) en science politique. Deux ans plus tard, ce groupe a soumis au CA un rapport qui détaille les obstacles que rencontrent les MCF pour être promu au grade de professeur des universités (PU). Il formule également des propositions pour sortir de l’impasse. Ce rapport a reçu l’imprimatur du CA en juin 2024[1].

Le rapport revient tout d’abord sur la dégradation des conditions d’accès au grade de PU dans notre discipline. Alors que le nombre des professeurs n’a augmenté que marginalement en 20 ans, les MCF ont connu une hausse significative. Mécaniquement, la proportion des PU s’est réduite, passant de 41% des enseignants-chercheurs les années 1990 à 33% aujourd’hui. Cette situation entraîne un blocage général des carrières à l’entrée du corps des PU. Elle génère frustration et démotivation chez les MCF en milieu de carrière, affectant à la fois leur reconnaissance professionnelle et leur situation matérielle. De surcroît, dans notre discipline, le corps des PU est vieillissant, avec un besoin urgent de recrutements pour compenser les départs à la retraite.

Certes, en 2021, le ministère a mis en place une politique dite de « repyramidage » pour rééquilibrer le ratio PU/MCF. Mais ses résultats sont restés limités, alors que le déclin du nombre de postes offerts par le concours d’agrégation limite mécaniquement les possibilités de recrutement des MCF par les établissements, du fait du contingentement strict des promotions, prévu par les textes, entre ces deux voies de promotion : depuis 2023, pour tout poste d’agrégé, seuls deux MCF peuvent être promu.es au grade de PU, selon l’article 46.1 du décret du 6 juin 1984, révisé en 2022. Si nous ne faisons rien, note le rapport, le ratio PU/MCF continuera de se dégrader, aggravant la situation des MCF, en plus d’affaiblir la science politique face aux autres disciplines.

Le rapport propose deux ensembles de solutions. Tout d’abord, revitaliser le concours d’agrégation, en renforçant sa visibilité et son attractivité pour inciter plus d’établissements à demander des postes de PU via cette voie de promotion. Une procédure de coloriage des postes ouverts à l’agrégation, notamment, permettrait aux établissements de faire valoir leurs besoins. Ensuite, réviser les critères de contingentement des promotions entre les deux voies d’accès au grade de professeur. L’assouplissement des critères de contingentement permettrait un recrutement plus large de PU par les établissements.

Créer un environnement favorable à la promotion des MCF, accroître le nombre des PU en science politique, c’est garantir le dynamisme et la pérennité de notre discipline.

[1] Rapport adopté par le Conseil d’administration de l’AFSP, le 10 juin 2024 (26 oui, 4 abstentions, 0 non).

Consulter ou télécharger ici le rapport dans son intégralité :

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