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Gouverner le bien être. Travail des normes et mobilisations autour des pratiques professionnelles de la médecine chinoise en France

Gouverner le bien être. Travail des normes et mobilisations autour des pratiques professionnelles de la médecine chinoise en France

Cette thèse analyse les luttes d’intérêt et de pouvoir autour des pratiques professionnelles de la médecine chinoise en France (acupuncture, massages, pharmacopée, diététique, qi gong). Y sont interrogées les dynamiques d’institutionnalisation de certaines de ces pratiques par des acteurs (médecins, sages-femmes, kinésithérapeutes, infirmiers et autres travailleurs en reconversion professionnelle) mobilisés pour la reconnaissance et/ou la légitimation de leur activité et outils de travail. Pour ne pas réifier ces codifications professionnelles, nous partons de la construction d’un marché du travail en médecine chinoise et de ses formes de régulation successives dans le cadre de l’émergence d’un gouvernement du bien-être. Cet angle d’analyse permet d’interroger conjointement les constructions médicales, politiques et sociales de la santé, et de participer ainsi au décloisonnement des travaux de la sociologie (de la santé, du travail, des professions, des régulations professionnelles et des marchés) et de la science politique. En définitive, dans l’espace des possibles laissé par un État régulateur et pluriel – traversé par des logiques et des intérêts tout aussi divers – qui façonne les marchés professionnels et les règles du jeu, cette recherche part de l’agrégation des intérêts collectifs et montre en quoi cette agrégation conditionne les formes que prennent les régulations professionnelles et sociales dans le domaine émergeant du bien-être. Pour cela, la première partie reconstitue la genèse des pratiques de la médecine chinoise en France et rend compte de son espace normatif en interrogeant, tout d’abord, ses conditions d’exportation et de réception sous la forme d’une juridiction formée par des médecins autour de l’acupuncture (Abbott, 1988), puis sa requalification sociale comme pratique alimentant des conduites prévoyantes et répondant à des injonctions et normes de bien-être. La seconde partie se concentre sur les investissements professionnels sur un marché du travail en médecine chinoise segmenté et en construction qui se déploie entre deux espaces inégalement régulés et contrôlés : celui des professions médicales et celui des travailleurs indépendants exclus de ces professions. La dernière partie expose les dynamiques professionnelles et institutionnelles qui visent à « durcir » les frontières du travail en s’intéressant aux engagements associatifs, syndicaux et politiques des travailleurs dans des organisations catégorielles, voire corporatistes, au sein des écologies liées (Abbott, 2003).