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Une tribune pour sauver le budget recherche et innovation de l’Europe

Chercheurs et sociétés savantes s’inquiètent d’une possible diminution du budget que l’Union européenne allouera à la recherche et l’innovation pour la période 2021-2027. Ils viennent de publier une tribune dans Midi Libre dont l’Association Française de Science Politique est cosignataire.

Voici le texte de la tribune « L’Europe a besoin d’un budget recherche et innovation ambitieux » publiée le 22 décembre 2019 sur le site de Midi Libre

« L’Union Européenne se trouve à un tournant de son histoire. Il faut une politique ambitieuse de recherche pour faire face aux défis technologiques et sociétaux majeurs auxquels elle est confrontée : crise climatique et de la biodiversité, mondialisation, Brexit, transformation numérique, montée des nationalismes…

Facteur clé pour la survie de nos sociétés

Alors que le Parlement européen avait proposé en avril 2019 un budget pour la recherche et l’innovation de 120 milliards d’euros pour 2021-2027, la Commission précédente l’avait ramené à 94,1 milliards d’euros en juin dernier. Pire, les discussions actuelles font craindre que le budget définitif soit inférieur à 80 milliards d’euros, donc moins en euros constants que le budget précédent.

Une telle diminution aurait un impact durablement négatif sur le fonctionnement de la recherche et la capacité d’innovation européenne. Il est crucial d’afficher des ambitions, notamment budgétaires, à la hauteur des défis auxquels la Science du XXIe siècle va devoir répondre. Comme l’a rappelé Emmanuel Macron lors de la célébration des 80 ans du CNRS, soutenir à un niveau important la recherche, aussi bien fondamentale qu’appliquée, technologique ou en sciences humaines et sociales, constitue un facteur-clé pour la survie de nos sociétés et la souveraineté de nos États.

Un investissement insuffisant condamnerait l’Europe

Un investissement insuffisant condamnerait l’Europe aux seconds rôles, laissant la maîtrise des technologies de rupture, de l’intelligence artificielle aux nouvelles énergies, à des pays qui n’hésitent pas à investir comme la Chine et les États-Unis. La recherche sur les thématiques sociales essentielles à l’Europe, telles que le rôle de l’État, les inégalités sociales et la démocratie, pâtirait d’un manque de soutien et de légitimité.

Les universités européennes à la pointe

Les universités européennes sont à la pointe et forment des doctorants et des scientifiques du plus haut niveau ; quel sera leur avenir ? L’Europe saura-t-elle toujours attirer ses jeunes vers la recherche, conserver les compétences de ses étudiantes et étudiants, chercheuses et chercheurs, et leur offrir les meilleures conditions pour devenir les bâtisseurs de notre futur, ou bien devront-ils, pour s’épanouir et recevoir de meilleures conditions de travail et de rémunération, s’exiler en Amérique du Nord ou en Asie ? L’Europe sera-t-elle le territoire de l’innovation de rupture en 2025 ? Attirera-t-elle les étudiants et les entreprises qui construiront un monde de demain, démocratique et plus respectueux de la planète ?

Alors que la décision du Conseil européen approche, nous, sociétés savantes, représentant des scientifiques de tous les domaines des sciences, technologies ou sciences humaines et sociales, appelons solennellement à ce que le compromis budgétaire soit conforme à la proposition initiale du Parlement, et reflète l’engagement de l’UE pour la recherche et l’innovation, et pour les actions de formation qui leur sont liées. La France doit peser de tout son poids dans la négociation avec nos partenaires européens ».

Les signataires
Philippe Adam, président, Société française d’optique; Martin Andler, président, Initiative for Science in Europe ; Eric Arquis, président, Association française de mécanique ; Sébastien Barot, vice-président, Société française d’écologie et d’évolution ; Anne Boyé, présidente, Association femmes et mathématiques ; Luc Buée, président, Société des neurosciences ; Yves Christen, président, Société de biologie ; David Clarys, président, Association des enseignants chercheurs en psychologie des universités ; René Clarisse, président, Société française de psychologie ; Yves Demazeau, président, Association française pour l’intelligence artificielle ; Elisabeth Dodinet, présidente, Société botanique de France ; Nadine Halberstadt, présidente, Association femmes & sciences ; Fabrice Herpin, président, Société française d’astronomie et d’astrophysique ; Thierry Horsin, président, Société de mathématiques appliquées et industrielles ; Damien Jacob, président, Société française des microscopies ; Catherine Langlais, présidente, Société française de physique ; Antoine le Blanc, président, Comité national français de géographie ; Patrick Lemaire, président, Société française de biologie du développement ; Gildas Loirand, Président, Société de sociologie du sport de langue française ; Jean-Michel Marin, président, Société française de statistique; Rémi Mounier, vice-président, Société française de myologie; Pierre Paradinas, président, Société d’informatique de France ; Sylvie Pittia, présidente, Société des professeurs d’histoire ancienne de l’université ; Marie Plazanet, présidente, Société française de neutronique ; Stéphane Seuret, président, Société mathématique de France ; Andy Smith, président, Association française de science politique ; Morgane Thomas-Chollier, présidente, Société française de bioinformatique ; Dominique Valérian, président, Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public; Charles White, président, Société française de génétique.