En quoi le Brexit interroge‐t‐il les modèles d’analyse de la science politique ?

Le dossier du numéro de l’automne 2021 de la Revue française de science politique (vol. 71 n°4) est consacré au Brexit. À partir de trois études de cas dans le domaine des études européennes, de la sociologie de l’État et des études parlementaires, la revue consacre le dossier de ce numéro automnal au Brexit, plus précisément à ce que la sortie du Royaume-Uni de l’Europe communautaire révèle des modèles analytiques de la science politique. Une double chronique bibliographique complète cette livraison.

Le Brexit, encore aujourd’hui incertain quant à ses effets et à certaines de ses modalités pratiques ou juridiques, est l’un des événements les plus importants de l’histoire européenne contemporaine. Décidé en juin 2016 à la suite d’un référendum organisé par David Cameron, il a déclenché l’article 50 du traité sur l’Union européenne (UE) et a débouché sur le retrait du Royaume-Uni de l’UE le 31 janvier 2020 à minuit (heure de Bruxelles).
Épisode inédit, la sortie du Royaume-Uni de l’UE a d’ores et déjà fait l’objet de publications scientifiques dont la Revue française de science politique (RFSP) a commencé à rendre compte de manière régulière dans ses chroniques bibliographiques. Elle poursuit ce travail collectif en publiant dans ce numéro une chronique sur les études européennes et notamment le Brexit.
Au-delà de l’événement lui-même et de ses répercussions politiques immédiates ou plausibles, le Brexit offre la possibilité de tester la robustesse ou la pertinence des modèles d’analyse proposés par la science politique et en particulier par les études européennes. Et c’est justement à l’effet du Brexit sur ces modèles d’analyse, voire sur les théories politiques ou sociologiques qui les informent, que la RFSP entend consacrer son dossier. À partir de trois études de cas, le numéro d’automne 2021 se propose de traiter moins du Brexit lui-même (thème qui a déjà été largement traité dans la littérature internationale ) que ce que la sortie du Royaume-Uni de l’Europe communautaire révèle de la science politique et de certains de ses modèles analytiques.
Cette sortie provoque-t-elle une remise en cause des modèles d’analyse appliqués à l’UE ? Fragilise-t-elle les théories de l’intégration régionale ou les théories élaborées pour rendre compte du fonctionnement de la démocratie européenne ? Que nous dit le Brexit sur les modèles d’analyse des processus de décision ou des comportements électoraux, plus largement sur les traditions d’analyse de certains objets canoniques de la discipline ? Sans prétention d’exhaustivité, ces questions permettent de préciser la posture analytique privilégiée dans le dossier : ne pas rendre compte des phénomènes associés au Brexit mais prendre le temps d’en apprécier les effets de rupture ou de conformation des modes d’analyse du politique privilégiés en études européennes.

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