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L’UNESCO, Raymond Aron et le « besoin » d’AFSP 

#70ansAFSP

Les traces archivistiques relatives à la création de l’AFSP ont permis de reconstituer globalement le contexte de sa naissance et d’évoquer les acteurs alors engagés dans cette institutionnalisation indissociable d’une prétention scientifique : celle de porter un regard neuf et autonome sur le monde social. Cette genèse est d’abord étroitement liée aux transformations du paysage institutionnel international des sciences sociales après la Seconde Guerre mondiale. Plongée dans les premières discussions qui, en 1948, ont acté un « besoin » d’AFSP.

Convaincue que le savoir scientifique peut contribuer à l’idéal de paix qu’elle entend servir, l’UNESCO, née officiellement le 4 novembre 1946, va très vite encourager la création d’associations disciplinaires internationales. Dans ce cadre, l’organisation internationale inscrit sur son agenda, dès sa deuxième Conférence générale de Mexico (6 novembre-
3 décembre 1947), un projet d’enquête internationale sur les « méthodes des sciences politiques ». Le 
Département des sciences sociales de l’UNESCO se voit alors chargé d’« encourager l’étude des su-
jets et des problèmes traités par les spécialistes de science politique (…) ; d’encourager également l’étude des différents points de vue, de la valeur accordée à ces problèmes, des méthodes, des techniques et de la terminologie utilisée ». La mise en œuvre de ce projet se traduira l’année suivante par le lancement d’une ambitieuse enquête internationale visant à faire un premier bilan des études de science politique.

Avant même la publication partielle de cette enquête dirigée par William Ebenstein, alors professeur de science politique à l’Université de Princeton en détachement auprès de l’UNESCO, une Conférence est organisée en septembre 1948 à la Maison de l’UNESCO à Paris pour discuter de différents points relatifs à cette vaste enquête qui portera au final sur plus de 80 pays.

Cet événement sera le véritable déclencheur direct du projet de création, sous les auspices de l’UNESCO, d’une Association Internationale de Science Politique et indirectement de l’AFSP. Et ce notamment parce que la déclaration finale de la Conférence de 1948 décide de convoquer pour l’année suivante une conférence constitutive de l’AISP-IPSA qui doit se tenir à Paris du 12 au 16 septembre 1949. Parmi les membres du Comité restreint préparatoire à cette nouvelle Conférence internationale, on mentionnera notamment la présence de Raymond Aron qui va très vite se tourner vers la FNSP pour assurer une présence française forte et durable au sein de la future structure internationale.

Dans cette perspective, une « réunion d’information relative à la constitution d’une Association Française de Science Politique » se tiendra à l’invitation d’André Siegfried le 6 novembre 1948, dans les locaux de la FNSP que ce dernier préside alors. Outre les questions juridiques relatives au statut de l’association et celles relatives à son périmètre d’action par rapport notamment à l’association internationale en cours de constitution, le débat porte aussi sur le nom de l’association et particulièrement sur la question de savoir s’il faut employer Science Politique au singulier ou au pluriel car (note J. Donnedieu de Vabres) « si l’on peut dire que les sciences politiques ont en commun l’unité de l’objet, leurs méthodes sont très diverses, si bien que l’emploi du singulier suppose une doctrine sous-jacente et une prise de parti sur les problèmes fondamentaux ». Au final, sans que le compte-rendu permette d’en savoir plus sur cette question devenue classique, les « membres présents décident qu’il est préférable d’employer le singulier ».

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