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Science politique et économie : du réseau au dico

Au 14ème Congrès de l’AFSP de juillet 2017, les politistes réunis en session au sein de la section thématique 4 ont pu questionner le rapport entre l’économique et la politique et rendre compte d’une partie des travaux effectués au sein du groupe de projet Spéco (Science politique et économie) de l’AFSP lancé à l’automne 2016 sous la direction de Colin Hay et Andy Smith. Retour sur les réflexions et les conclusions auxquelles ce travail collectif a abouti.

Le groupe Spéco a fonctionné au travers de journées d’étude, d’ateliers sur des thèmes spécialisés, d’une école d’été (tenue à Bordeaux en juin 2016) et d’une page web hébergée par l’AFSP. Des doctorants et des docteurs sans poste ont été particulièrement actifs au sein du groupe. Le projet de rédaction d’un ouvrage collectif (actuellement en préparation) a été au cœur de la plupart de ces échanges. Ce Dictionnaire du rapport capitalisme-politique devrait paraître aux Presses de Sciences Po avant l’été 2018. Après avoir brièvement rappelé l’objet et la raison d’être de Spéco, nous présenterons ce projet d’ouvrage.

Le groupe Spéco a pour origine un constat, celui du relatif silence de la science politique française à l’égard de l’activité économique et de son analyse. Cette situation s’observe notamment dans la faible proportion d’articles portant sur ces problématiques dans nos revues de référence, ou encore dans le nombre très réduit de thèses soutenues qui revendiqueraient une approche politique des faits économiques. Logiquement, elle se prolonge jusque dans notre offre de formation, où l’enseignement de l’économie à l’Université et dans les Instituts d’études politiques est systématiquement délégué à des économistes « de métier » sans suivi véritable par des politistes.

Si le réseau formé autour de Spéco donne de premiers gages de satisfaction, c’est notamment parce qu’il a été animé par un faisceau de propositions théoriques et méthodologiques convergentes, ainsi que d’une envie partagée de participer activement à des controverses internationales et interdisciplinaires. Ontologiquement, ses membres conçoivent l’économie comme un champ structuré par des institutions et des rapports de pouvoir. Ils considèrent ces phénomènes comme fondamentalement politiques et, en ce sens, contingents. Epistémologiquement, ils partagent des postulats constructivistes, institutionnalistes et sociologiques, qui les amènent à considérer que le rapport entre la politique et l’activité économique est façonné par les représentations sociales des acteurs qui s’y investissent, leurs interdépendances et les dispositifs qui les structurent.

S’engager dans ces débats internationaux tout en promouvant les acquis des sciences sociales françaises sur le rapport entre l’économie et la politique est l’objectif à moyen et à long terme de notre futur Dictionnaire. Tenir un tel engagement exige un travail durable et progressif qui ne pourra se faire que si nous arrivons à rassembler un premier socle de connaissances communes. En rassemblant le travail de 45 collègues, la plupart au début de leur carrière, l’ouvrage pourra ensuite servir de base pour les nombreux points qui restent à discuter et à éclaircir au travers de nouvelles recherches. Pour ce faire, le fil conducteur de l’ouvrage sera donc le rapport entre le capitalisme et la politique : comment qualifier cette relation ? qu’est-ce qui la structure ? comment change-t-elle ? quelles en sont ses causes profondes ? qui en bénéficie ? qui en sont les perdants ?

Afin d’aborder ce vaste thème de manière progressive et pédagogique, l’ouvrage sera structuré en trois parties. Après une introduction générale, la première partie consistera en une série de chapitres consacrés à des perspectives de recherche existantes sur le rapport capitalisme-politique, ainsi que les méthodologies et les techniques de recherche qu’elles tendent à privilégier. Ensuite, la deuxième partie de l’ouvrage sera composée d’une série d’entrées plus courtes, consacrées aux concepts clés de l’économie politique. Enfin, la dernière partie de l’ouvrage rassemblera une série de chapitres centrés sur des controverses centrales qui, aujourd’hui, marquent l’économie politique. Après avoir cerné « sa » controverse, chaque chapitre présentera une prise de position théorique ainsi qu’une illustration empirique de la portée de ses propositions.