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Un CoSPoF 2021 sous le signe des résistances

La 9ème édition du CoSPoF (congrès des associations francophones de science politique) se tiendra, couplé au 8ème Congrès de l’ABSP, du 07 au 09 avril 2021 à l’Université Libre de Bruxelles sur la thématiques des « Résistances ». Un appel à communications est lancé pour les 33 sections thématiques du congrès, avec une date limite d’envoi des propositions fixée au 15 septembre 2020.

Au cours des dernières années, des mouvements dits de résistance et de contre-résistance ont vu le jour, portant une analyse de la situation présente qui se veut différente, voire alternative, aux analyses perçues comme dominantes. Ces formes de résistances empruntent différents registres et s’expriment dans divers domaines, espaces et temporalités. Ces résistances ne sont pas nécessairement convergentes et peuvent même s’affronter. De droite à gauche et au-delà de la sphère strictement politique, les résistances se déploient contre les transformations d’un ordre politique, économique, institutionnel, administratif, organisationnel, social, écologique, ou international jugé illégitime, inadéquat ou défaillant, voire excessif. L’État et les institutions formelles et administratives n’en sont pas les seules cibles, sont également visés des entreprises, des institutions culturelles ou même des ordres moraux. Ces phénomènes de résistance peuvent s’exprimer au sein des institutions politiques traditionnelles que sont les partis politiques ou les syndicats aussi bien qu’à leurs marges ou au sein de la société civile, ce qui les pousse à les prendre en compte, les intégrer, voire à les normaliser ou les subvertir. La revendication de ces résistances revêt divers enjeux qu’il convient d’analyser.

Ces processus de résistance très divers regroupent des communautés variées : les gilets jaunes, les manifestations des jeunes pour le climat, l’hébergement des migrants, « me too », des actions mémorielles, la manif pour tous, le développement de zones « LGBT-free », les mouvements de droite radicale et de suprématie blanche, le radicalisme religieux, etc.

Ces phénomènes ont pour particularité qu’ils visent à dénoncer et agir pour inverser la tendance d’un système perçu tantôt comme anti-démocratique, dangereux, oppressant ou uniformisant. Il ne s’agit pas seulement de porter ces visions et des pratiques alternatives dans l’espace public mais aussi de lutter pour ne pas laisser penser à une acceptation, une résignation ou à une naturalité de l’interprétation dominante de ces problèmes publics, mais surtout de proposer une alternative à la pratique dominante. Toutes ces initiatives se réfèrent explicitement à une forme de résistance.

Elles débouchent sur des activités multiformes. Ces résistances mettent en forme d’anciennes comme de nouvelles formes de militantisme et de répertoires d’action. Elles misent autant sur l’innovation, les nouvelles technologies et les statistiques que sur les registres plus établis de l’action collective. Elles se déploient à différentes échelles d’actions, certaines embrassant les scènes internationale et transnationale, mais ne délaissent pas l’échelon local. Elles renouvellent les identités individuelles comme collectives, autant que l’appareil conceptuel et les grammaires des interactions sociales et politiques en opérant des glissements sémantiques et des redécouvertes théoriques, voire l’émergence de nouvelles théories. Ces formes de résistance traduisent les lignes nouvelles de clivage qui traversent nos sociétés actuelles.

Elles reposent également sur le développement de sources d’information alternatives, telles les sites internet comme Datagueule, Mister Mondialisation et la figure des lanceurs d’alerte tels que Wikileaks. Elles traversent tout autant les comportements de consommation – par des pratiques plus sélectives, voire de boycott – que les modes de production. Les réseaux sociaux permettent de leur donner une visibilité plus rapide dans l’espace public. À côté de ces résistances visibles et aisément identifiables, des formes moins affirmées de résistance ont lieu notamment dans le détournement de certaines catégories d’action publique, administratives ou sociales. Celles-ci s’affichent peut-être moins parce qu’elles pourraient être sujettes à une sanction plus ou moins sévère ou ne se présentent pas comme telles. Néanmoins, elles traduisent une réaction de lutte dans une situation perçue comme conflictuelle, menaçant les équilibres sociaux et/ou naturels existants ou désavantageant certains groupes sociaux. Le prisme des résistances permet ainsi de politiser des phénomènes sociaux, politiques ou économiques en donnant à voir leur portée politique.

Le congrès 2021 de l’ABSP et du COSPOF explorera ces différentes formes de résistances pour en dégager la diversité, la portée et les limites grâce au concours des différentes sous-disciplines de la science politique et à travers la multitude de terrains qu’offrent notamment les recherches menées dans les différents pays francophones.

Les propositions de communications sont à envoyer au plus tard le 15 septembre 2020 aux responsables des ST ainsi qu’à l’adresse mail info@absp.be. Celles-ci devront être limitées à 500 mots.

Voici la liste des 33 ST pour consulter les appels détaillés :

ST1 Résistances territoriales dans les campagnes des Suds

ST2 Résistances de/dans/par la science-fiction : regards politiques

ST3 Les résistances politiques et administratives aux partis populistes

ST4 Résistances aux modes de (sur)consommations et (sur)productions. Modalités, narrations et trajectoires

ST5 Résister à l’Europe, résister avec l’Europe : modalités, pratiques et fondements normatifs

ST6 Les partis politiques, les mouvances intellectuelles et la résistance à l’hégémonie culturelle et idéologique

ST7 Le « populisme de gauche » et ses transformations saisies par les acteurs // “Left populism” and its transformations: a view from the actor

ST8 Superdiversité et politiques migratoires: les facteurs de continuité et de changement

ST9 Crise du COVID et résistances

ST10 Le football: un espace de résistance ?

ST11 Former pour transformer ? La formation comme outil de résistance

ST12 Théorie politique, Théorie critique et sociologie des mouvements sociaux : nouvelles articulations / Political Theory, Critical Theory and Sociology of Social Movements : New Articulations

ST13 Résistance des Gilets Jaunes. Quels rapports au politique dans le système « monde » contemporain ? // Resistance of the Yellow Vests movement. What relationship to politics in the contemporary « world » system?

ST14 Affaiblis ou renforcés ? Les partis d’opposition pendant et après la pandémie du COVID -19 // Weakened or Reinvigorated: Opposition parties in the Covid-19 Crisis and its Aftermath

ST15 L’Université face au COVID 19: adaptations ou résistances à de nouvelles pratiques universitaires ?

ST 16 Mémoires en résistances

ST17 Vêtements, modes et résistances

ST18 Résistance à l’agenda international du développement en Afrique et au Moyen-Orient // Resistance to the international development agenda in Africa and the Middle East

ST19 La judiciarisation de la solidarité : résistances, répression et apprentissages // The judicialization of solidarity: resistance, repression and learnings

ST20 Contester ou ordonner les finances publiques par le droit – Le déplacement des politiques monétaires, financières et budgétaires sur le terrain juridique

ST21 Contestations, résistances et changements de l’ordre international

ST22 Néolibéralisme(s) et politiques publiques en Belgique

ST23 Résister aux pratiques policières et violences d’État

ST24 Construction de l’Etat et genèses de la politique – Les résistances à l’universel étatique

ST25 Finances publiques et pandémie : la fin des mouvements de résistances ?

ST26 Serons-nous gouvernés par nos données ? Analyses des résistances à l’exploitation politique des big data

ST27 Les enjeux de la bonne gouvernance au prisme de leur perception par les acteurs : Entre pression et résistance de l’appareil public et politique // Actors’ views on the issues of ‘good’ governance.
Pressure to change or to resist for the public and political apparatus?

ST28 Résister ou engendrer le changement : les échanges d’informations au coeur des relations d’influence entre les citoyens, les groupes d’intérêt, les experts et les décideurs publics

ST29 Les « nouveaux » espaces d’imbrication entre recherche et action publique : entre innovation et recyclage

ST30 Résister à la transition autoritaire et à la consolidation des autoritarismes : diversité des formes et des pratiques

ST31 Le répertoire « solidaire » des collectifs féminins et féministes

ST32 L’humour: une arme de résistance face au pouvoir politique ?

ST33 Dé/re/politisation et action publique : les politiques de crise

 

Retrouvez toutes les informations sur le CoSPoF 2021 sur le site web de l’ABSP…