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Aysen Uysal, collègue politiste en Turquie, poursuivie pour ses idées

Aujourdhui en Turquie des universitaires, nos collègues, sont poursuivis pour avoir signé en 2016 une pétition en faveur de la paix, et ils risquent la prison. Nous sommes nombreux à connaître Aysen Uysal, collègue politiste. Après avoir soutenu sa thèse en 2005 à l’Université Paris 1 avec Michel Offerlé sur « Le répertoire d’action de la politique dans la rue : les actions protestataires et leur gestion étatique en Turquie dans les années 1990 », elle a été nommée Maîtresse de Conférences puis Professeure à l’Université Dokuz Eylül à Izmir. Depuis juillet 2018 elle a été radiée de l’université, sans traitement. Son passeport lui a été retiré.
C’est la suspension de son passeport qui, en 2017, l’avait empêché de se rendre à notre 14e Congrès national de science politique à Montpellier pour participer à une table ronde sur le thème « Les intellectuels de Turquie sous le coup de la répression et du contexte politique ». La communauté des politistes français avait alors déjà marqué sa totale solidarité avec Aysen Uysal (lire l’article).
Mardi 19 mars 2019, elle sera jugée pour avoir signé cette pétition des universitaires pour la paix. Elle risque un an et demi de prison. Si elle accepte le sursis, elle sera sous stricte surveillance durant cinq années. Le chef d’inculpation est incitation au terrorisme.
L’AFSP condamne fermement cette atteinte aux libertés et assure Aysen Uysal de tout son soutien.

 

 

A lire également, la motion du CESSP en soutien à nos collègues turques Füsun Üstel et Ayşen Uysal, condamnées ou inculpées pour leurs idées (18.03.2019)
Face à la brutale répression que subissent nos collègues turcs, le CESSP, réuni ce lundi 18 mars 2019 en conseil de laboratoire, a voté à l’unanimité la motion suivante.
Nous considérons que, dans une démocratie, on ne peut pas aller en prison simplement pour avoir signé une pétition. En Turquie, c’est pourtant ce qui risque d’arriver bientôt à Füsun Üstel, professeure de science politique à l’Université Galatasaray, aujourd’hui à la retraite, et à Ayşen Uysal, professeure de science politique à l’Université Dokuz Eylül à Izmir.
Elles font partie des 2212 universitaires qui ont signé la Pétition pour la paix de janvier 2016, pour dénoncer la violente répression frappant les civils kurdes. Plus de la moitié d’entre eux a d’ores et déjà fait l’objet de poursuites engagées par l’État pour « propagande terroriste ».
De nombreux universitaires ont été condamnés à la prison – mais avec sursis à condition de s’abstenir de réitérer de pareils « crimes ». Pour sa part, Füsun Üstel a rejeté ce dispositif afin de ne pas légitimer le verdict. En conséquence, elle a été condamnée en appel, le 25 février 2019, à 15 mois de prison ferme.
Demain mardi 19 mars 2019 s’ouvrira le procès de notre collègue et amie Ayşen Uysal qui a obtenu son doctorat de science politique à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne avant d’être recrutée dans son pays. Elle est, depuis l’été 2018, privée de passeport et de traitement et risque à son tour la prison ferme.
Le CESSP s’indigne devant cette répression muselant la liberté d’expression et exprime son soutien aux collègues concernés, avec une pensée chaleureuse pour Ayşen.
Nous appelons le gouvernement et les institutions de Turquie à respecter les droits humains protégés par les conventions internationales qu’elle a elle-même ratifiées, à commencer par la liberté d’expression.
Nous demandons aux instances françaises et européennes aussi bien qu’internationales de rappeler avec force aux autorités de Turquie l’importance de ce principe démocratique fondamental.
Nous attendons de nos tutelles, le CNRS, l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et l’EHESS, qu’elles soutiennent publiquement nos collègues et fassent pression sur leurs homologues turcs pour le respect des libertés publiques et académiques.
Nous invitons l’ensemble des collègues à se mobiliser pour le soutien de nos collègues turcs et en particulier à signer la pétition de soutien à Füsun Üstel.