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Les élections municipales de 2020 à l’aune de la recomposition des champs politiques locaux et national

Le groupe « Compétition politique » de l’AFSP et le groupe « Espaces politiques locaux » du Collectif de recherche sur les élections municipales et intercommunales (CREMI) co-organiseront, les 21 et 22 janvier 2021 à la MSHB de Rennes, deux journées d’études sur les élections municipales de 2020 à l’aune de la recomposition des champs politiques locaux et national. Un appel à communications est lancé pour ces journées dont la date limite est fixée au 9 octobre 2020.

Pour le·la politiste, les exceptionnelles élections municipales de 2020 éveillent un intérêt heuristique certain. La crise de la Covid 19 a perturbé le premier tour et totalement modifié les conditions du second. Avant-cela, il s’agissait des premières élections locales depuis la recomposition de l’offre politique et électorale de 2017 et l’émergence fulgurante d’un nouvel acteur politique de premier plan, LREM. Avant même la diffusion du Coronavirus dans les derniers jours de la campagne, ces élections municipales semblaient déjà, à première vue, présenter des singularités. On a vu se développer des stratégies électorales et d’alliances à géométrie variable qui brouillaient la lisibilité de l’offre politique. Selon les configurations politiques locales, la commission d’investiture de LREM a investi ses propres têtes de liste ou a apporté son soutien à des maires sortants LR comme, dans une moindre mesure, du PS. De façon inédite, des maires sortant·e·s, candidat·e·s à leur propre succession ont donc pu bénéficier d’un double soutien LREM et LR ou LREM et PS. Outre ces alliances au cas par cas, cette campagne électorale a été marquée par l’effacement des étiquettes politiques, procédant d’une démonétisation des marques partisanes. On a assisté tout d’abord à la multiplication des listes citoyennes et sans étiquette en milieu urbain. En outre, des stratégies de « personnification », de départisanisaton et d’ouverture citoyenne semblent avoir été adoptées assez largement – y compris dans des grandes villes – par de multiples candidat.e.s, issu.e.s des partis « traditionnels » ou émergents (LREM), qui ont cherché, sinon à masquer totalement, du moins à rendre moins visible leur ancrage partisan. De ce point de vue, les listes EELV et RN, et dans une moindre mesure, LFI semblent constituer des exceptions relatives : bien que laissant parfois une large place aux candidatures « citoyennes » (pour EELV et LFI), elles continuent à mettre en avant des étiquettes dont la charge symbolique et la capacité mobilisatrices sont considérées comme positives (du moins auprès d’une partie de l’électorat).

Ces premières observations invitent à ré-interroger l’actualité et la pertinence de la thèse de l’unification des marchés politiques qui postule un alignement tendanciel des jeux politiques locaux sur les jeux partisans nationaux. À l’appui de cette thèse, Daniel Gaxie et Patrick Lehingue mettaient en avant, au début des 1980, le caractère de plus en plus structurant des appareils partisans dans les campagnes municipales, la tendance à l’alignement des alliances locales sur les alliances possibles au niveau national ainsi que la diminution des candidat·e·s sans étiquette aux élections municipales. Les municipales de 2020 témoignent-elles d’une mutation, d’une pause ou, plus radicalement d’une remise en cause de cette dynamique d’unification ? L’hétérogénéité des alliances partisanes et la multiplication des listes citoyennes sans étiquette en milieu urbain semblent montrer que les processus analysés il y a 35 ans par Daniel Gaxie et Patrick Lehingue ne semblent pas irréversibles. Ces journées d’études auront pour objectif de s’interroger sur l’hypothèse d’une déconnexion (partielle ?) des « marchés » » politiques national et locaux. Les questionnements pourront s’articuler autour de plusieurs axes :

  • Le premier axe consistera à évaluer le rôle des partis dans cette élection municipale. Il s’agira ici, de se demander quel rôle les différentes organisations partisanes ont-elles concrètement joué dans le choix des alliances électorales, la désignation des têtes de liste, la composition des listes et la gestion des éventuelles dissidences électorales.
  • Le second axe porte sur les enjeux et les pratiques électorales. Il conduit à s’interroger sur la thèse de la standardisation des thèmes électoraux et des stratégies argumentatives et symboliques, au principe d’une nationalisation de la vie politique.
  • Le troisième axe propose de confronter les analyses sur les résultats électoraux de ces élections à la thèse de la nationalisation des comportements électoraux.
  • Enfin, un dernier axe portera sur la manière dont l’enjeu « coronavirus » est venu modifier la configuration de ces élections municipales.

Une valorisation sous forme de publication scientifique est envisagée.

Vous pouvez consulter et télécharger ci-dessous l’appel à communications détaillé.

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