le portail de la science politique française
La section 04 du CNU a adopté le 30 avril 2024 une motion sur les avancements de carrière pour rappeler l’exigence et l’urgence d’une autre politique universitaire, ambitieuse au plan scientifique et capable donner des moyens aux enseignant·es-chercheur·es comme des perspectives d’intégration et d’évolution dans la fonction publique.
La section CNU 04 souhaite interpeller le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation sur la situation des avancements de carrière à l’université, et singulièrement en science politique. Elle s’associe aux revendications de la CP-CNU récemment exprimées.
La section dénonce d’abord la baisse du nombre de promotions hors classe à pourvoir pour les MCF. L’arrêté du 13 février 2023 a en effet acté l’effondrement du taux de promotion pour l’ensemble des enseignant·es-chercheur·es : ce taux, qui était de 20% des promouvables jusqu’en 2022, est passé à 15% en 2023, puis 12,5% en 2024 pour atteindre 10% en 2025.
Pour la science politique, cela équivaut à la perte d’encore une possibilité de promotion en 2024 : seulement 3 pour 24 dossiers. Pour rappel, en 2023, il y avait 4 promotions à la HC, 8 en 2022 et 15 en 2021 (les promotions des PU sont stables). Ces chiffres sont d’autant plus problématiques pour la science politique que la voie nationale d’avancement est la seule voie de promotion accessible aux nombreux collègues qui exercent dans des établissements à effectifs restreints.
Cette situation est inacceptable : la qualité des dossiers ne fait que croître et nous promouvons à la HC de plus en plus de candidat·es ayant des dossiers de professeur·e. Or les promotions sont censées permettre de réaliser une carrière sur deux grades (comme rappelé dans le protocole Parcours professionnel, carrières et rémunérations du Ministère) et sont importantes pour l’évolution de carrière des collègues, au bénéfice du service public.
La section CNU 04 demande un retour au taux de promotion d’au moins 20% pour l’avancement au grade de MCF HC et s’associe aux demandes déjà faites par le bureau de la CP-CNU.
De plus, la section souhaite attirer l’attention sur les difficultés d’accès au corps des PU. Le repyramidage, dispositif provisoire annoncé comme devant permettre de rééquilibrer le ratio MCF/PU (objectif de 40% de PU), ne permet pas d’améliorer réellement la situation de la science politique.
La section réclame donc le dé-contingentement de l’accès aux postes de PU à la « voie longue » : cette année encore seulement 4 postes sont ouverts. La situation actuelle affaiblit la science politique qui perd des postes de PU au profit des disciplines ayant abandonné l’agrégation, tout en décourageant les MCF qui pourraient légitimement prétendre à un changement de corps, voire les contraint à changer de section pour devenir PU.
De façon générale, la section 04 dénonce la gestion « comptable » de la politique universitaire conduite par le gouvernement actuel. Une politique universitaire ambitieuse au plan scientifique suppose au contraire de donner des moyens aux enseignant·es-chercheur·es, des perspectives d’intégration et d’évolution dans la fonction publique, conforme au statut de 1984. Comme le pointe un récent rapport[1], le nombre de vacataires dans les universités a explosé depuis 7 ans : +30%, et les vacataires sont aujourd’hui plus nombreux·ses que les titulaires, ce qui n’est pas viable sur la durée.
Explosion des vacataires, effondrement des promotions pour les MCF : ces évolutions vont dans le sens d’une précarisation croissante voire d’un délitement du service public de l’éducation, pourtant considéré comme une priorité de l’actuel quinquennat. Il faut désormais accorder la parole aux actes et donner des moyens aux universités.
[1] https://nosservicespublics.fr/vacataires
Pour retrouver plus d’informations sur la section 04 du CNU…