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Institutions, action publique et gouvernement

Alors que les effets du néo-libéralisme sur l’action publique ont pour l’essentiel été analysés sous l’angle de leur émergence et de leur institutionnalisation, ce groupe de recherche entend mieux saisir les conditions de leur reproduction sur la période la plus récente – marquée par une accentuation des contradictions de la configuration néo-libérale. Cet objet de recherche sera exploré en déjouant collectivement les cloisonnements sous-disciplinaires, pour mieux ordonner l’apport respectif de la sociologie politique, de la sociologie de l’action publique, de l’histoire sociale des idées ou encore de la sociologie des mobilisations collectives.

 

Depuis une quinzaine d’années au moins, la configuration néo-libérale est soumise à un ensemble de tensions et de contradictions. Ces contradictions travaillent aussi bien l’échelle macro des cadres économiques de l’action publique (que l’on pense aux conséquences des crises financières et des finances publiques) que les instances publiques où celle-ci se fabrique quotidiennement (mise sous tension budgétaire des services publics, surplus de bureaucratisation induit par l’affirmation des agences, effets quantophréniques du gouvernement par les indicateurs, etc.) ou encore les références normatives en vigueur (rhétorique managériale dans un contexte de dégradation des conditions de travail, injonctions bureaucratiques à « l’entreprise de soi »). Ces contradictions se présentent comme un objet de recherche collectif dans la mesure où elles soulèvent une énigme centrale : comment le néolibéralisme peut-il « tenir » – en tant qu’idée, ordre ou configuration ?

Le premier axe du groupe vise à interroger les conditions qui rendent possibles la résilience et le maintien de l’ordre néo-libéral par-delà ces tensions. En croisant les différents apports méthodologiques permis par l’analyse structurale des positions, la sociologie des croyances et de la réception, il s’agit d’une part de se donner les moyens empiriques de mieux capturer les effets de théorie du néo-libéralisme sur les différentes catégories d’agents publics. En étudiant conjointement et relationnellement les stratégies réformatrices (entreprises de discrédit symbolique des alternatives, blame avoidance, politiques de faillibilité, etc.) et les mobilisations d’entrepreneurs de causes hétérodoxes, il s’agit d’autre part de saisir la configuration néo-libérale par le revers – par exemple en objectivant la carrière des possibles non-advenus ou les ressorts de l’« inaction » publique. Les travaux relevant de cet axe pourront s’inspirer des pistes suivantes : comment la pensée d’Etat telle qu’elle se forge et se fixe dans les lectures quotidiennes des hauts fonctionnaires ou les rapports officiels est-elle altérée par la survenue de crises ? comment se renouvellent les conditions d’efficience des doxa budgétaire ou compétitiviste ? comment rendre raison de « l’échec » de certains lanceurs d’alerte pointant les risques véhiculés par les réformes néo-libérales ? comment les orientations néolibérales se (re)consolident via l’appui d’agents extérieurs à l’appareil d’Etat ? quelle est le rôle des firmes dans l’assise sociale et politique du néo-libéralisme ?

Le second axe aimerait tenir à distance une représentation trop mécaniste de la domination de cet ordre néo-libéral pour déplier l’éventail des résistances qu’il suscite, et élucider leurs conditions de possibilité. Les travaux pourront cette fois s’inspirer de certaines des lignes directrices suivantes : quels sont les lieux (ministère du Travail, direction de l’INSEE) où l’enrôlement managérial des fonctionnaires vacille et où ceux-ci bricolent arrangements et espaces d’autonomie ? quelles sont les ressources pertinentes (intellectuelles, partisanes, médiatiques, administratives ou « mouvementistes ») pour amender un consensus sectoriel dominant ? selon quels ressorts des alliances peuvent-elles se nouer entre certains fonctionnaires de guichet et des mobilisations locales ? que peut renseigner la sociologie des émotions sur les pratiques des acteurs, apparemment passifs, qui élaborent des formes de « scripts cachés » (Scott)?

L’activité du groupe pourra s’articuler tant à des études de cas précises qu’à des tentatives de montée en généralité à partir des enquêtes disponibles.

 

Responsables scientifiques :

  • Rafaël Cos, post-doctorant en science politique, LAET (ENTPE) – CERAPS (U. Lille), rafael.cos@univ-lille.fr
  • Ève Fouilleux, directrice de recherche en science politique, LISIS (Université Gustave Eiffel) et MOISA (Cirad), eve.fouilleux@cirad.fr
  • Guillaume Gourgues, maître de conférences en science politique à l’Université Lumière Lyon-2, Laboratoire Triangle guillaume.gourgues@univ-lyon2.fr

 

NOUVEAU / REPLAY du webinaire IAPG du 30 mars 2022

Le groupe « Institutions, Action Publique et Gouvernement » de l’AFSP a organisé son premier webinaire le mercredi 30 mars 2022 de 16h à 18h. Nous avons eu le plaisir d’accueillir Emmanuel Henry pour présenter son ouvrage La fabrique des non-problèmes. Ou comment éviter que la politique s’en mêle (Presses de Sciences Po, 2021). La présentation de l’ouvrage par son auteur était discutée dans un premier temps par Paolo Crivellari (IUT Toulouse 3, CERTOP) et Clémentine Chazal (Science Po Bordeaux, LAM) et a été suivie d’une heure d’échange avec l’ensemble des participant.e.s au webinaire. Nous diffusons ici l’intégralité de l’enregistrement de ce webinaire.

Mars 2022 / Webinaire avec Emmanuel Henry pour présenter son ouvrage La fabrique des non-problèmes.

Le groupe « Institution Action Publique et Gouvernement » de l’AFSP a organisé son premier webinaire le mercredi 30 mars 2022 de 16h à 18h. Nous avons eu le plaisir d’accueillir Emmanuel Henry pour présenter son ouvrage La fabrique des non-problèmes. Ou comment éviter que la politique s’en mêle (Presses de Sciences Po, 2021). La présentation de l’ouvrage par son auteur était discutée dans un premier temps par Paolo Crivellari (IUT Toulouse 3, CERTOP) et Clémentine Chazal (Science Po Bordeaux, LAM) et a été suivie d’une heure d’échange avec l’ensemble des participant.e.s au webinaire. Nous diffusons ici l’intégralité de l’enregistrement de ce webinaire.

 

Juillet 2021 / Module « Vers une sociologie de l’action publique-privée » aux 2èmes Rencontres de la science politique 

Le 2 juillet 2021, le groupe IAPG a organisé un module consacré à un état des lieux de la problématique de la production d’une « action publique » par des acteurs « privés ». L’enjeu de cette session était de soumettre à la discussion collective une première série de diagnostics, d’hypothèses et de propositions autour de plusieurs questions, issues de nos travaux de recherche respectifs. Quelles sont les motivations, ressources et les stratégies mobilisées par les acteurs privés pour exister en tant qu’acteurs de l’action publique ? Comment les acteurs privés parviennent à s’imposer comme des intermédiaires incontournables de la prise en charge de problème public ? Jusqu’où les acteurs privés sont-ils en mesure de définir le cadrage des problèmes publics ? Les animatrices du groupe ont introduit la discussion en présentant la manière dont elles se saisissent de ces questions à partir de leurs enquêtes et des énigmes scientifiques qui s’en dégagent et qui seront mis en perspective par des collègues politistes ou sociologues. Le module a été ouvert à toutes les participantes des Rencontres qui ont souhaité prendre part à cet état des lieux et cette discussion, à partir de leurs propres recherches. Le but étant de parvenir à consolider  dans les mois suivants un agenda de discussion scientifique, nourri d’une pluralité d’objets, de sous-disciplines et de perspectives théoriques, capable de structurer un travail commun.
Plus d’infos…

Juillet 2019 / CONGRES AFSP : Le groupe « Institutions, Action publique et Gouvernement » a organisé l’une des Sections thématiques du 15ème Congrès national de science politique.

Le groupe « Institutions, Action publique et Gouvernement » a organisé une section thématique au congrès de l’AFSP à Bordeaux intitulée « Clivages épistémologiques ou « éclectisme concordataire » ? Les projets intellectuels de la sociologie française de l’action publique au prisme de ses espaces de publication ».
Le groupe IAPG a souhaité s’organiser comme un forum de réflexivité, de débats et de prospective sur la sociologie de l’action publique en France aujourd’hui. Afin de lancer ses travaux, il a proposé une ST entendant réfléchir aux espaces éditoriaux où cette sociologie est produite et à ce que ceux-ci peuvent nous dire aujourd’hui des clivages épistémologiques qui la marquent ou ne la marquent plus.
Retrouvez toutes les infos détaillées sur la ST…

Aucun événement organisé par ce groupe.