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Responsables scientifiques du groupe de projet GrUE : Lola Avril, Samuel B. H. Faure
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[VIDEOS] Les SHS pour sauver les élections européennes 2019 ? Les vidéos du GrUE, pour une recherche qui décrypte et repolitise
Au printemps 2019, le Groupe de recherche sur l’Union européenne (GrUE) de l’Association Française de Science Politique s’associe à la Revue s’associe à la revue Politique européenne pour lancer un outil de réflexion autour des élections au Parlement européen. Celui-ci vise à réunir et diffuser des travaux de sciences humaines et sociales consacrés aux enjeux du scrutin mais aussi au fonctionnement du Parlement européen. Via des formats vidéos originaux, l’objectif est double : pallier le traitement partiel et intermittent des thématiques européennes dans les médias généralistes et en finir avec le cantonnement des résultats des recherches en sciences sociales sur l’UE à des espaces académiques spécialisés.
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Les enjeux politiques des élections européennes de mai 2019 : participez au nouvel outil participatif en ligne du GrUE
Le Groupe de recherche sur l’Union européenne (GrUE) de l’AFSP lance en mars 2019 un appel à participation sur les enjeux politiques des élections européennes de mai 2019. L’objectif est de créer un espace de discussion et d’analyse permettant de restituer la diversité, la complexité mais aussi la dimension politique de nombreux enjeux souvent absents de la couverture médiatique des derniers scrutins européens. L’outil bientôt disponible sera une plateforme participative en ligne, destinée à réunir et à diffuser des travaux de chercheurs en sciences sociales spécialistes des questions européennes.
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La création du « Groupe de recherche sur l’Union européenne » (GrUE) part d’un constat scientifique préoccupant : depuis la fin des années 2000, l’UE est un objet d’étude délaissé par les chercheurs en science politique. A l’international, Vivien Schmidt (Université de Boston), a insisté lors du congrès de l’association américaine d’études européennes (EUSA) de 2015, sur le recul structurel des recherches portant sur l’UE aux États-Unis. En France, malgré des réalisations pédagogiques majeures – comme la création et le développement de plusieurs diplômes d’études européennes, ainsi que la réédition de manuels classiques et la publication de nouveaux – un désengagement scientifique est simultanément observé.
Dans le même temps, l’UE a connu un ensemble de « crises » : crise monétaire et macroéconomique de la zone euro, crise migratoire de l’espace Schengen, crise diplomatique et militaire avec la Russie liée à l’annexion de la Crimée par cette dernière, crise institutionnelle à la suite du « Brexit », crise politique liée à la montée des « populismes ». La liste n’est pas exhaustive. Les causes de ces transformations politiques européennes, ainsi que leurs effets au sein du « champ de l’Eurocratie » comme sur les États et les citoyens européens, demeurent à bien des égards méconnus.
Par conséquent, le GrUE entend générer des savoirs à même de rendre intelligibles les dynamiques multiples de reconfiguration politique à l’œuvre, à partir de l’étude de l’UE. Il faut continuer à étudier l’UE parce qu’elle incarne un objet utile pour poser des questions de science politique, d’ordre théorique et méthodologique. Pour ce faire, il s’agit de réactiver et de fédérer la communauté des politistes, juniors et séniors, français et étrangers, mais aussi celles des sociologues et des historiens, qui analysent l’UE comme un objet « normal ». Au sein de cette communauté scientifique, le GrUE veut valoriser le décloisonnement théorique (entre l’approche socio-historique, la sociologie de l’action publique, la sociologie politique et les théories des relations internationales), et l’innovation méthodologique (en triangulant plusieurs méthodes qualitatives et quantitatives, et en générant des données primaires à partir d’enquêtes de terrain).
Les activités scientifiques du GrUE s’organisent autour de deux axes de recherche qui correspondent à deux enjeux majeurs en science politique : les reconfigurations de la gouvernance d’un système politique et les formes de légitimation de l’action publique. Chaque axe aboutira à la réalisation d’un numéro spécial de revue.
Axe 1 : Conditions et effets des logiques de différenciation de l’intégration européenne
Responsables : Samuel B.H. Faure (SciencesPo-CERI) et Francisco Roa Bastos (Université Paris Ouest-ISP)
Le premier axe de recherche analyse les transformations de la gouvernance de l’UE à partir de la problématique des conditions et des effets des dynamiques de « différenciation » de l’intégration européenne. Alors que les logiques de différenciation de l’intégration européenne renvoient à des processus politiques structurels qui affectent le et la politique, mais aussi les politiques publiques élaborées et mises en œuvre par l’UE, on constate un impensé théorique et méthodologique de la part des chercheurs dans la littérature francophone.
Si les acteurs politiques et les experts des think tanks se sont saisis de cette problématique, aucun numéro spécial d’une revue scientifique, ni aucun livre publié dans une maison d’éditions universitaires francophones, n’y a été consacré. Répondre à cette insuffisance apporterait des contributions théoriques utiles à l’interprétation des conditions ou des effets des dynamiques de différenciation au sein de l’UE. L’argument du néo-institutionnalisme du choix rationnel, dominant dans la littérature anglo-américaine, devrait être complété par la formulation d’hypothèses construites à la croisée d’approches, socio-historique, de l’action publique et des relations internationales. En cela, la proposition du GrUE se situe dans le prolongement, d’initiatives récentes prises dans le cadre des activités soutenues par l’AFSP pour inciter à un décloisonnement théorique, ainsi que d’un mouvement historiographique qui se focalise moins sur l’histoire de l’intégration européenne que sur celle des coopérations européennes.
De plus, l’analyse de cas d’étude multiples situés à des échelles d’action publique, programmatique (programme « Erasmus »), sectorielle (défense européenne, espace Schengen, politique extérieure, zone euro) ou nationale (processus d’élargissements, mécanisme d’ « opt-out », « Brexit ») permettrait de révéler les différentes logiques de différenciation de l’intégration européenne. Pour ce faire, l’élaboration de protocoles d’enquête originaux articulant plusieurs niveaux d’analyse (micro, meso, macro), et mobilisant des méthodes pour produire des données (archives, base de données, entretiens semi-directifs, observation participante) et les analyser (analyse de réseaux sociaux, « process tracing », comparaison), sera encouragée.
Axe 2 : Formes de légitimation de l’action publique européenne
Responsables : Lola Avril (Université Paris 1-CESSP) et Yohann Morival (SciencesPo-CSO)
Le deuxième axe de recherche a trait aux différentes formes prises par un type de légitimation, l’expertise, qui est historiquement au fondement du projet européen mais connaît des remises en causes profondes. La littérature portant sur la légitimation de l’Europe par l’expertise analyse, majoritairement, les effets qu’elle génère sur les modes d’élaboration des politiques publiques européennes, à partir d’études de cas sectoriels. Nous souhaitons contribuer à ces recherches majeures en s’attelant à éclairer deux angles morts.
Un premier enjeu est de penser l’articulation du rôle des acteurs intermédiaires dans la mise sur agenda et l’élaboration des politiques publiques européennes (policies) avec le cadrage global de la politique de l’UE telle que la référence au marché, aux droits fondamentaux ou à la sécurité (politics). Il s’agit par-là de mettre au jour les conditions de la fabrique d’un « problème public » par laquelle émerge des formes de légitimation de l’action publique européenne. L’entrée par les acteurs intermédiaires éclaire également la diversité des espaces au sein desquels se fait ou se discute l’action publique européenne, ce qui invite à poursuivre les réflexions sur les frontières entre les acteurs publics et privés, et celles entre les espaces nationaux et européens.
Le second enjeu concerne l’action publique européenne à l’échelle nationale. Si la littérature a questionné l’affirmation de professionnels de l’Europe au sein d’administration régionale, ou ses appropriations au sein de groupes d’intérêt nationaux, peu de travaux abordent l’effet (ou l’absence d’effet) des processus de légitimation de l’action publique européenne sur l’échelle nationale. En analysant les tensions, conflits et investissements à l’œuvre dans l’application des politiques de l’UE au sein des Etats membres, le projet vise à varier les échelles d’analyse (transnationales, nationales voire locales), afin de saisir les éventuelles adhésions ou contestations aux modes de légitimation identifiées. Pour ce faire, il s’agira d’encourager le dialogue entre positionnements épistémologiques (autour du rapport du chercheur à l’objet), ontologiques (sur l’éclectisme théorique et la montée en généralités) et méthodologiques (sur le type de données et leurs usages), et à la formulation d’une typologie des instruments (stratégiques, institutionnels, idéels et discursifs) de légitimation des politiques publiques européennes.
Simultanément au travail de recherche, le GrUE entend se saisir de deux outils d’action pour diffuser la production scientifique en études européennes : de « l’intérieur », en répertoriant les chercheurs et les enseignants de l’UE ; vers « l’extérieur », en se saisissant des réseaux sociaux. La mobilisation de ces outils aboutira à la réalisation de deux livrables : une cartographie représentant les chercheurs travaillant sur l’UE en France et des capsules vidéos pour promouvoir les recherches portant sur l’UE.
Vous pouvez dès à présent rejoindre la page Facebook du GrUE et le suivre sur le compte Twitter du GrUE..
Lola AVRIL, lola.avril@univ-paris1.fr Doctorante, Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP), Université Paris 1
Samuel B.H. FAURE, samuel.bh.faure@alumni.harvard.edu Docteur associé, Centre de recherches internationales (CERI), SciencesPo
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