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Le groupe Savoirs Politistes sur le Religieux (SaPoRe) a pour ambition de renouveler les travaux menés en science politique sur des objets dits « religieux ». L’ancrage thématique permet de faire dialoguer des enquêtes empiriques conduites sur des terrains locaux et internationaux et couvrant une pluralité de courants théoriques et de conceptions et d’approches de ce que les politistes considèrent comme relevant du religieux. Outre une réflexion sur ce que la science politique peut apporter à la compréhension des objets religieux, l’enjeu du groupe est de montrer de quelle manière les terrains dits religieux permettent de renouveler la compréhension d’objets canoniques de la discipline, telles que l’autorité, l’idéologie, la domination, l’institution, ou le pouvoir. Le groupe s’adresse tout autant à des collègues qui développent d’emblée des questionnements en lien avec le religieux qu’à ceux qui le découvrent parfois inopinément sur leurs terrains de recherche.
Co-responsables (et coordinateurs *) du groupe :
Juliette Galonnier (Assistant Professor (CERI/Sciences Po) *
Loïc Le Pape (Maître de conférences (CESSP/Université Paris Panthéon-Sorbonne)
Guillaume Silhol (Postdoctorant (ELICO, Université Claude-Bernard Lyon-1) *
Dilek Yankaya (Maîtresse de conférences (Mesopolhis, Sciences Po Aix)
Gabrielle Angey (Maîtresse de conférences (IRISSO/Université Paris-Dauphine)
Julien Argoud (Doctorant, CERI/Sciences Po)
Contacts :
Guillaume Silhol guillaume.silhol12@gmail.com
Juliette Galonnier juliette.galonnier@sciencespo.fr
Le groupe Savoirs Politistes sur le Religieux (SaPoRe) a pour ambition de renouveler les travaux menés en science politique sur des objets dits « religieux ». Prenant acte de l’activité éditoriale récente sur le religieux en science politique, qui s’est notamment traduite par la publication de plusieurs dossiers dans des revues à comité de lecture centrales de la discipline – Genèses (2021), Critique internationale (2022), Mots (2024), Raisons politiques (à paraître), Politix (à paraître)[1] – le groupe permettra de créer une dynamique d’échanges, de rendre visible la richesse des travaux actuellement menés sur le sujet, et de désingulariser l’objet religion au sein de notre discipline.
L’ancrage thématique large du religieux permettra de faire dialoguer des enquêtes empiriques conduites sur des terrains locaux et internationaux et couvrant une grande pluralité de courants religieux. Outre une réflexion sur ce que la science politique peut apporter à la compréhension des objets religieux, l’enjeu sera de montrer de quelle manière les terrains religieux permettent de renouveler la compréhension d’objets canoniques de la discipline, telles que l’autorité, l’idéologie, la domination, l’institution, ou le pouvoir. Le groupe s’adresse tout autant à des collègues qui développent d’emblée des questionnements en lien avec le religieux qu’à ceux qui le découvrent parfois inopinément sur leurs terrains de recherche.
La création d’un groupe de travail sur les études politiques du religieux nous semble d’autant plus nécessaire et pertinente qu’on a observé, depuis les attentats de 2015, un renouveau de l’intérêt public et politique pour la question, qui s’est traduit par des retombées directes et concrètes dans l’ESR. Dès 2016, des postes de maîtres de conférences fléchés, dont les intitulés de profils comportent les termes de religion, politique, violence, radicalité et contre-radicalisation, ont été créés dans de nombreux établissements universitaires (Universités de Nanterre, Paris 1, Metz, Sciences Po Paris, Sciences Po Aix). Le Bureau central des cultes du ministère de l’Intérieur a également lancé en 2015 les appels « Islam et Société » qui financent des recherches doctorales et post-doctorales. Depuis 2008, se sont ouverts des DU « Laïcité, religion et citoyenneté » à destination entre autres des ministres du culte dans 30 établissements d’enseignement supérieur français. Ces formations dispensées par l’université et bénéficiant d’un agrément de l’État sont depuis 2017 obligatoires pour tous les aumôniers. Des projets sur le religieux font, par ailleurs, actuellement l’objet de financements importants par l’ANR (Islamsoc) ou par le ministère de l’Enseignement supérieur dans le cadre de France 2030 (ReligiS). Dix ans après ce tournant, il apparaît nécessaire à la fois de mutualiser les avancées pédagogiques et scientifiques menées par une nouvelle génération de chercheuses et de chercheurs, et de faire collectivement le point sur les conditions de production des savoirs politistes sur le religieux, et notamment sur les conditions de leur autonomie vis-à-vis de la commande publique.
Depuis les travaux pionniers de Guy Michelat et Michel Simon sur Classe, religion et comportement politique (1977), les savoirs politistes sur le religieux n’ont cessé d’évoluer, donnant lieu, au début des années 2000, à des contributions majeures sur le vote, la démocratisation ou encore l’islam politique. Certes, les politistes n’ont jamais vraiment ignoré le religieux, tant ce dernier a pu fournir un registre riche en analogies conceptuelles et en exemples historiques. Toutefois, force est de constater que les objets ont longtemps été traités d’abord par des spécialistes d’aires culturelles, de politique comparée ou de théorie politique, sans bénéficier de visibilité en sociologie politique, en relations internationales et en analyse des politiques publiques. Au tournant des années 2010, ces travaux connaissent un renouveau avec l’ouverture de chantiers de recherche sur les politiques de laïcité ou les politiques de lutte contre la radicalisation qui mobilisent les outils classiques de la sociologie de l’action publique, ou encore sur les mobilisations électorales et engagements politiques à teneur religieuse, qui dialoguent de plus en plus étroitement avec la sociologie des mouvements sociaux. Plus récemment encore, l’intérêt croissant pour la place du religieux dans les relations internationales a donné lieu à des travaux importants. Fort de cet héritage, les activités proposées par le groupe SaPoRe tenteront de faire un bilan critique des travaux menés et de fournir des outils pédagogiques pour l’enseignement du religieux en science politique. Nous pensons nécessaire de penser les objets religieux en les ré-ancrant dans leurs contextes sociaux, au moyen d’enquêtes empiriques, et avec les outils conceptuels de notre discipline.
[1] Gabrielle Angey, Yannick Fer et Martial Vildard (dir.), « Se convertir », Genèses, 2021 ; Lucas Faure, Dilek Yankaya et Nathalie Ferrière (dir.), « Les acteurs confessionnels du développement », Critique internationale, 2022 ; David Douyère, Bochra Kammarti, Marie-Claire Willems, Dilek Yankaya (dir.), « Comment nommer le religieux ? », Mots. Les langages du politique, 2024 ; Loïc Le Pape, Guillaume Silhol, Dilek Yankaya (dir.), « Le religieux des politistes », dossier à paraître dans Raisons politiques ; Nancy Venel, Michèle Baussant et Solveig Hennebert (dir.), « Croire, s’engager et appartenir », dossier à paraître dans Politix.
Rencontres de la science politique 2025 (30 juin-1er juillet 2025)
Session de groupe sur deux panels « Ce que les objets religieux font à la science politique » et « Les conditions de recherche et d’enseignement sur le religieux en science politique aujourd’hui »
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