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Face à la montée de l’extrême droite en Europe et dans le monde, le groupe CILEX entend repenser les cadres d’analyse traditionnels. En dépassant une lecture strictement électorale, il s’attache à explorer la reconfiguration des idéologies conservatrices et les porosités croissantes entre droite, extrême droite et illibéralisme. Le CILEX propose une approche interdisciplinaire mobilisant théorie politique, histoire des idées et sociologie pour analyser la diffusion, la réception et les usages de ces idées dans les sphères culturelles, médiatiques et partisanes. Pour ce faire, il s’appuie sur un séminaire bimestriel en format hybride, organisé en collaboration avec nos partenaires institutionnels, afin de favoriser une dynamique collaborative à l’échelle internationale et d’encourager les échanges entre chercheur·e·s émergent·e·s et confirmé·e·s. Le CILEX ambitionne ainsi de nourrir les débats scientifiques et publics sur un phénomène politique désormais central.
Co-responsables (et coordinateurs *) du groupe :
Valentin Behr (Chargé de recherche CNRS, EHESS/CESSP)
Anemona Constantin (Postdoctorante, Université libre de Bruxelles/Institute d’études européennes-CEVIPOL)
Raphaël Demias-Morisset (Docteur, George Washington University/ILLSP ; Chercheur associé, IRM, Université de Bordeaux) *
Eve Gianoncelli (Research Fellow, Nord Universitet/KEL)
Marlène Laruelle (Research Professor, George Washington University/ILLSP)
Bénédicte Laumond (MCF, CESDIP, Université de Versailles-Saint Quentin)
Laure Neumayer (PU, Université de Picardie Jules Verne/CURAPP-ESS)
Gisèle Sapiro (PU, DR CNRS, EHESS/CESSP)
Périne Schir (Doctorante, Université de Rouen/ERIAC et George Washington University/ILLSP) *
Contacts :
Périne Schir perineschir@gmail.com
Raphaël Demias-Morisset ra.morisset@gmail.com
Adresse du CILEX : grcilex@gmail.com
La montée électorale de l’extrême droite en Europe et dans le monde exige un réexamen scientifique de cet objet longtemps perçu comme marginal. Désormais capable de conquérir le pouvoir et d’influencer l’agenda politique, ce phénomène reste insuffisamment analysé. La littérature académique privilégie une approche institutionnelle axée sur les dynamiques électorales et partisanes expliquant ces évolutions par des notions de rupture, de dérives ou de crises, au détriment d’une perspective de long terme. Or, la progression de l’extrême droite s’inscrit dans une reconfiguration plus large du champ conservateur, où les frontières idéologiques entre droite et extrême droite deviennent plus poreuses.
Le groupe CILEX vise à dépasser une approche centrée sur le seul champ partisan et sur l’instant présent, en analysant les dynamiques de reconfiguration de l’idéologie conservatrice sur le long terme. Cette évolution a conduit à l’essor d’un « moment illibéral », marqué par une tension au sein de la droite entre, d’une part, une critique des institutions et des valeurs libérales, qui la rend plus perméable à l’extrême droite, et, d’autre part, un compromis avec les cadres démocratiques dicté par des impératifs électoraux.
Dans cette perspective, le groupe CILEX poursuit un double objectif. D’une part, il s’attache à étudier la morphologie idéologique d’un conservatisme illibéral en pleine consolidation intellectuelle, en mobilisant les outils conceptuels de la théorie politique. D’autre part, il s’agit d’analyser, dans une perspective socio-historique, la mise en politique de ces idées illibérales, et de comprendre la manière dont elles circulent entre le champ culturel, médiatique et partisan. Dans cette perspective, la réflexion sur la notion d’illibéralisme au sein du CILEX ne vise pas seulement à qualifier un objet d’étude, mais à interroger la manière dont il se construit, se découpe et s’articule avec d’autres dynamiques idéologiques — notamment le conservatisme et l’extrême droite. Dans ce but, le groupe vise à favoriser un dialogue interdisciplinaire entre théoriciens du politique, spécialistes de l’histoire sociale des idées et ethnographes, dont les approches restent souvent cloisonnées malgré un potentiel d’enrichissement mutuel.
Pour ce faire, le CILEX s’appuie sur un séminaire bimestriel en format hybride, organisé en collaboration avec nos partenaires institutionnels afin de favoriser une dynamique collaborative à l’échelle internationale et d’encourager les échanges entre chercheur·e·s émergent·e·s et confirmé·e·s.
Les recherches menées au sein du CILEX s’articulent autour de trois axes principaux :
Le premier axe analysera le contenu normatif des théories illibérales, ainsi que les réseaux intellectuels qui assurent la circulation de ces « nouvelles » idées conservatrices. Il s’agira d’examiner leur diffusion entre l’Europe occidentale et l’Europe centrale et orientale, ainsi que leurs interactions avec le Sud global, en montrant l’existence de référents idéologiques communs entre ces différents espaces géo-historiques. L’analyse portera aussi sur les processus de labellisation et l’usage différencié des termes « illibéral », « conservateur » et « extrême droite », qui participent à des dynamiques de légitimation et de stigmatisation selon les contextes et les acteurs concerné. Enfin, cet axe interrogera l’inscription de l’illibéralisme dans l’histoire des pensées conservatrices et sa possible rupture idéologique avec d’autres courants, notamment le néolibéralisme.
Le deuxième axe vise à comprendre le phénomène de droitisation du champ politique et médiatique français en s’intéressant à la dynamique de renforcement mutuel entre la diffusion des idées illibérales et la normalisation de l’extrême droite. L’analyse portera sur la circulation des idées illibérales au sein d’espaces infra-politiques qui jouent un rôle clé d’intermédiaires entre la sphère politique et la culture, notamment la littérature, les jeux vidéo et les réseaux sociaux. Ensuite, l’analyse s’intéressera à la propagation des discours illibéraux dans le champ médiatique et à son impact sur le déplacement des débats publics vers des cadres idéologiques alignés sur ceux de l’extrême droite. Enfin, cette réflexion conduira à questionner l’efficacité de ces dynamiques en tant que stratégie politique, en mobilisant notamment le concept de métapolitique.
Le troisième axe explore la réception et les usages des idées illibérales par les militants ordinaires et les appareils partisans. Il s’agit de comprendre comment les idées traditionnellement associées à l’extrême droite se diffusent au sein des partis et de mouvements de droite et de gauche traditionnellement attachés au consensus libéral. Cette dynamique s’inscrit dans un phénomène de syncrétisme et d’appropriation idéologique du féminisme, des études de genre, de l’écologie, des approches postcoloniales et anti-impérialistes ou encore du républicanisme et de laïcité.
Rencontres de la science politique 2025 (30 juin-1er juillet 2025)
Session de groupe « Aux origines du tournant idéologique des droites : assiste-t-on à une nouvelle révolution conservatrice ? »
En savoir plus…
Partenaires internationaux :
Illiberalism Studies Program (ILLSP), Université George Washington (Etats-Unis)
Reactionary Politics Research Network (RPRN), Université de Bath (Royaume-Uni)
Contestations of the Liberal Script (SCRIPTS), Université Libre de Berlin (Allemagne)
Department of History, European Studies, and Religious Studies, Université d’Amsterdam (Pays-Bas)
Centre français de recherche en sciences sociales (CEFRES), Prague (Tchéquie)
“National varieties of illiberalism” project, Université de Copenhague (Danemark)