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Le groupe SOPORA poursuit ses activités et son développement en 2025-2027. Ce groupe rassemble des chercheurs et des chercheuses s’intéressant aux rapports au politique, aux processus de socialisation politique et de politisation à l’échelle individuelle. Son objectif est d’approfondir les chantiers amorcés en 2023-2024 autour de l’articulation entre ces trois notions centrales de la science politique et les enjeux méthodologiques que soulève leur appréhension. Il entend également développer de nouveaux axes d’investigation quant à l’emboîtement des socialisations politiques au fil de la vie.
Co-responsables (et coordinatrices *) du groupe :
Alexandre Dafflon (Postdoctorant au CRAPUL, Université de Lausanne)
Elodie Druez (Postdoctorante au Germe, ULB, Bruxelles) *
Camille Masclet (Chargée de recherche au CNRS, CESSP, Paris) *
Julie Pagis (Chargée de recherche au CNRS, IRIS, Paris)
Contacts :
Elodie Druez druez@sciencespo.fr
Camille Masclet masclet@cnrs.fr
Trois axes de réflexion seront au cœur des activités du groupe.
Penser l’articulation des socialisations politiques au fil des âges
Saisir l’emboîtement des socialisations et la manière dont se reconfigurent (ou non) les acquisitions politiques forgées pendant la socialisation primaire au fil des socialisations secondaires constitue un questionnement central du groupe depuis ses débuts. En sus des réflexions précédemment développées autour des « socialisations politiques en tension », deux nouvelles entrées sont privilégiées en 2025-2026.
Il s’agit d’une part de réfléchir au rôle de l’événement dans la (trans)formation du rapport au politique individuel de manière diachronique. Si les effets des évènements historiques ont été bien étudiés, ceux des évènements biographiques méritent encore d’être interrogés. À quelles conditions et à travers quelles médiations des expériences biographiques fortes et imprévues engendrent-elles des bifurcations politiques dans les trajectoires et comment les saisir empiriquement ?
D’autre part, nous nous intéresserons aux processus qui se déroulent à des âges adultes plus avancés et associés au vieillissement de l’individu. Peu étudiée en comparaison avec les autres âges de la vie (adolescence, entrée dans l’âge adulte, etc.), la socialisation politique des personnes de 50 ans et plus soulève des questions intéressantes : ce qui est vécu dans la deuxième partie de la vie et au cours du vieillissement n’est-il que l’actualisation des dispositions politiques préalables ? Jusqu’à quel âge change-t-on politiquement ?
Socialisation politique, politisation et rapport individuel au politique : approfondir la mise en dialogue de trois notions
Le groupe entend poursuivre le décloisonnement du champ de la socialisation politique en continuant le dialogue avec les recherches sur les politisations individuelles et plus largement sur les rapports au et à la politique. Si les précédentes activités ont permis d’examiner les définitions respectives de ces concepts, l’analyse de leur imbrication mutuelle mérite d’être approfondie. Il s’agit de s’interroger sur ce qu’une analyse en termes de socialisation politique apporte à l’étude de la politisation, en considérant quels sont les agents, espaces et expériences qui favorisent ou non la politisation. L’enjeu est de distinguer les dynamiques socialisatrices qui conduisent respectivement à différents degrés ou formes de (dé)politisation – allant de dispositions conservatrices voire réactionnaires à la critique de l’ordre social, en passant par des dispositions à la conformation ou à la mise à distance de la politique. Une grille de lecture en termes de socialisation politique apparaît également heuristique pour saisir les articulations existant entre les multiples dimensions qui composent le rapport au et à la politique (valeurs, identifications, rapport aux institutions, opinions politiques, préférences partisanes, comportements électoraux, etc). Une telle perspective permet d’affiner notre compréhension des passages qui existent entre ce qui relève du politique au sens large et ce qui concerne la sphère politique spécialisée. A contrario, penser ensemble ces trois notions invite à élargir les objets dont se saisissent les travaux sur la socialisation politique, les valeurs et le rapport aux institutions étant par exemple peu étudiés à l’aune de ce concept.
Comment « attrape-t-on » une disposition[1] politique ?
Enfin, le dernier axe concerne les dispositifs méthodologiques susceptibles de rendre compte des processus de politisation et de socialisation politique. Il s’agit de réfléchir aux manières de saisir les effets des expériences sociales sur le rapport au politique. Face aux explications causalistes des études « classiques » de la socialisation politique, des travaux récents ont proposé de déplacer le questionnement des « produits » de la socialisation à la socialisation « en train de se faire », en mobilisant principalement l’observation participante et l’entretien. Si ces méthodes permettent d’identifier les rouages concrets de la fabrique politique des individus dès le plus jeune âge, elles restent peu adaptées quant à la compréhension de l’aménagement et de la transformation des dispositions à moyen et long terme. L’enjeu est alors de réfléchir à ce défi et aux innovations méthodologiques qui pourraient permettre d’y pallier (entretiens répétés ou panélisés, suivi des traces numériques des individus, revisite de terrains passés, etc.). Saisir les effets de la socialisation politique consiste aussi à mener une réflexion face aux problèmes classiques de l’illusion rétrospective et de dégradation de la mémoire, en s’appuyant sur des dispositifs réactivant les souvenirs comme les calendriers de vie par exemple ou en faisant varier et en recoupant les sources.
[1] Pour paraphraser le titre d’un texte de Muriel Darmon (2019)
Rencontres de la science politique 2025 (30 juin-1er juillet 2025)
Session de groupe « Ce que le vieillissement fait à la socialisation politique »
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