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Responsable scientifique :
Thibaut Rioufreyt (MCF en science politique, Université Lyon2/Triangle) thibaut.rioufreyt1@univ-lyon2.fr
Les « Débats et controverses » sont un format inauguré lors du Congrès de Lille en 2022 : des réunions semi-plénières qui portent sur des thématiques particulièrement saillantes au sein des différentes sous-disciplines de la science politique – sociologie politique, relations internationales, politiques publiques, pensée politique, etc. Dans ce cadre, il nous a paru important qu’une session
« Débats et controverses » soit consacrée aux idées politiques.
Cette session prendra la forme d’une table-ronde organisée et animée par Thibaut Rioufreyt (MCF en science politique, Université Lyon2/Triangle) au cours de laquelle plusieurs collègues sont invité.e.s à traiter ces questions et à les décliner dans les espaces sociaux plus spécifiques qu’ils connaissent particulièrement bien (syndicalisme, partis politiques, action publique et journalisme) :
• Sophie Béroud (Professeure des Universités en science politique à l’Université Lyon2/Laboratoire Triangle), spécialiste notamment du syndicalisme
• David Copello (MCF en sociologie politique à l’Institut catholique de Paris), coordinateur avec Manuel Cervera-Marzal de l’ouvrage collectif à paraître prochainement Intellectuels et direction partisane
• Fabien Escalona, journaliste à Mediapart et docteur en science politique
• Eve Fouilleux (Directrice de recherche CNRS en science politique au Lisis) dont les travaux interrogent notamment la place des idées dans la fabrique des politiques publiques
Cette session sera l’occasion d’aborder quelques grandes questions transversales posées à chaque intervenante et qui serviront de base à la discussion avec le public.
1) Quelle valeur générale est accordée aux idées politiques ?
« Coma », « Mort cérébrale », « électroencéphalogramme plat », les qualificatifs pour désigner le niveau intellectuel du débat politique ne manquent pas. Parallèlement, on note une multiplication des experts, des fondations politiques et des think tanks prétendant contribuer à la production des idées. Dès lors, assiste-on à une désintellectualisation du débat politique ou bien au contraire, n’a-t-on jamais eu autant d’idées mais celles-ci ont changé de forme ?
2) Quel est la valeur respective des idées politiques, c’est-à-dire le type d’idées politiques valorisé et l’usage qui en fait ?
N’assiste-t-on pas à une profonde dévaluation du registre idéologique au profit des autres registres ? Si l’idéologie comme contenu n’a pas disparu, loin s’en faut, elle semble ne plus se présenter sous la forme de l’idéologie. L’idéologie comme grand récit semble être en effet tombée de son piédestal, remplacée qu’elle est par le storytelling, la « punchline » ou les « éléments de langage ». Et à l’intérieur même du champ médiatique, le journaliste politique ou l’intellectuel invité dans les médias ne se voient-ils pas concurrencés par le communicant ? Par ailleurs, l’idéologie comme doctrine produisant un nous collectif au sein de l’organisation partisane ou syndicale ne se voit-elle pas substituée par un « militantisme de dossier » ? L’idéologie, enfin comme vision du monde totalisante a-t-elle cédé la place à l’expertise sectorisée et technicisée ? Et, là encore, à l’intérieur même des mondes de l’expertise, le haut fonctionnaire ne voit-il pas une partie de ses prérogatives lui échapper au profit de think tanks et de cabinets de conseil ?
3) Quelle est la place et la légitimité des politistes dans ces différents milieux et organisations ?
Qu’il s’agisse des étudiant.e.s que nous formons dans le cadre de M2 professionnalisants sur les métiers du politique ou des docteur.e.s qui s’orientent après la thèse dans d’autres secteurs professionnels que l’Enseignement supérieur et la recherche, la science politique contribue à former des professionnels aptes et prompts à produire ou mobiliser des idées politiques. Comment ces professionnels formés à la science politique sont-ils reçus dans leur nouveau monde professionnel ? Quelle image du politiste est projetée et attendue ? Quelle reconnaissance et légitimité le doctorat et/ou le statut de politiste/politologue donnent-ils aux entrepreneurs d’idées politiques ?
Jeudi 4 juillet de 14h15 à 16h15
Table ronde avec la participation de :
• Sophie Béroud (professeure des Universités en science politique à l’Université Lyon2/Laboratoire Triangle)
• David Copello (MCF en sociologie politique à l’Institut catholique de Paris)
• Fabien Escalona (journaliste à Mediapart et docteur en science politique)
• Eve Fouilleux (directrice de recherche CNRS en science politique au Lisis)