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ST 17

Les partis politiques et l’écologie : discours et acteurs 

Political parties and environmentalism: discourse and actors

Responsables scientifiques : 

Laura Chazel (École des hautes études hispaniques et ibériques (EHEHI), Casa de Velázquez, Madrid) laura.chazel@sciencespo-grenoble.fr
Vincent Dain (Arènes – UMR CNRS, Université de Rennes) vincent.dain@univ-rennes.fr

 

L’accélération du dérèglement climatique, la multiplication des mobilisations écologiques ou encore les bouleversements socio-économiques induits par les politiques de transition s’accompagnent d’une intensification du clivage écologie/productivisme (Persico, 2014), à l’origine de transformations dans les systèmes partisans. La progression récente des partis verts en Europe de l’Ouest en est l’une des manifestations les plus patentes. Appelés à devenir incontournables dans la compétition partisane, les enjeux écologiques font l’objet d’appropriations différenciées selon les contextes politiques et les familles de partis.  À partir d’études monographiques ou d’analyses comparées, sur des cas français ou internationaux, cette ST propose d’examiner les formes d’appropriation partisane de l’écologie : comment les partis politiques incorporent-ils les questions environnementales et climatiques à leur agenda ? Quels sont les canaux et les acteurs par lesquels s’opère la mise en forme de ces écologies partisanes ? 

  • Les discours partisans :

Comment les partis politisent-ils les questions écologiques et comment celles-ci se traduisent-elles dans les discours de leurs dirigeant·es et militant·es ? De quelle façon ces enjeux s’imbriquent-ils à un corpus idéologique plus large ?

À droite, la littérature a identifié des interrelations possibles entre discours climato-sceptique et idéologie conservatrice (Hourcade et Wagener, 2021). La remise en cause des consensus scientifiques est fréquente dans les discours des partis de droite radicale, qui perçoivent dans les politiques climatiques une menace pour la souveraineté nationale, la liberté d’entreprendre et/ou les modes de vie supposés des classes populaires (Huber et al., 2021 ; Küppers, 2022). Ces discours co-existent avec un travail de « verdissement » de l’extrême-droite qui peut prendre appui sur de solides fondations théoriques et donner lieu à des formes d’« écofascismes » (Dubiau, 2022).

À gauche, des travaux récents se sont intéressés à l’appropriation croissante des enjeux écologiques par les partis de gauche radicale, démontrant des différences notables entre les organisations les plus récentes, nourries des apports de l’écologie politique, et des formations communistes traditionnelles davantage attachées à la matrice productiviste (Keith et Wang, 2020). L’écologisation des partis socialistes et sociaux-démocrates, très variable selon les contextes nationaux, se traduit par des formes d’articulation dont les soubassements et les expressions restent largement à explorer, à l’image de la « social-écologie » revendiquée par le Parti socialiste français. De leur côté, comment les partis verts s’adaptent-ils à l’incorporation croissante des enjeux écologiques par des organisations souvent rivales, parfois partenaires ?

  • Les réseaux et les acteurs :

Cet axe souhaite rassembler des éclairages sur les processus d’appropriation partisane des enjeux écologiques, par des approches attentives à l’organisation interne des partis, mais aussi à leur inscription dans un environnement social plus large (Sawicki, 1997).

Quels sont les outils mobilisés par les partis pour développer leur agenda écologique ? Peuvent-ils s’appuyer sur des think-tanks qui leur sont adossés ou privilégient-ils des groupes de réflexion interne ? Ont-ils recours à des formes d’expertise extérieure (ONG, cabinets de conseil) ?

Pourront plus largement être interrogés les relations entretenues par les partis avec le champ scientifique, les modalités de transcription des savoirs environnementaux dans l’agenda partisan, ainsi que les rapports aux mouvements sociaux. Comment les partis investissent-ils les mobilisations écologistes ou les mouvements d’opposition aux politiques de transition ? Peut-on par exemple repérer des circulations militantes entre partis et mobilisations (anti-)écologiques ? Les partis cherchent-ils à recruter des cadres et des candidats issus de ces mouvements ?

 

The acceleration of climate change, the growing number of environmental protests and movements, and the socio-economic upheavals caused by transition policies are all accompanied by an intensification of the environmentalism/productivism divide (Persico, 2014), which has led to changes in party systems. The recent rise of green parties in Western Europe is one of the most visible manifestations of this. Environmental issues are becoming an essential part of party competition, and their appropriation varies according to political contexts and party families.  Based on monographic studies or comparative analyses of French or international cases, this thematic section (ST) examines the different forms of partisan appropriation of environmentalism: how do political parties incorporate environmental and climate issues into their agendas? What are the channels and actors through which these partisan ecologies are shaped? 

  1. Parties’ discourses

How do parties politicise environmental issues and how are these issues reflected in the discourse of their leaders and activists? How do these issues fit into a broader ideological corpus?

On the right, the literature has identified possible interrelations between climate scepticism and conservative ideology (Hourcade and Wagener, 2021). The questioning of scientific consensus is common in the discourse of radical right parties, which perceive climate policies as a threat to national sovereignty, free-market principles and/or the supposed lifestyles of the working classes (Huber et al., 2021; Küppers, 2022). The ‘greening’ of the far right also exists and can be based on solid theoretical foundations, giving rise to forms of ‘ecofascism’ (Dubiau, 2022).

On the left, recent studies have looked at the growing appropriation of environmental issues by radical left parties, demonstrating significant differences between the most recent organisations, which have drawn on the contributions of political environmentalism, and traditional communist formations that are more attached to the productivist matrix (Keith and Wang, 2020). The ‘greening’ of socialist and social-democratic parties, which varies greatly depending on the national context, is reflected in forms of articulation whose foundations and expressions remain largely to be explored, in the image of the ‘social ecology’ claimed by the French Socialist Party. For their part, how are green parties adapting to the growing incorporation of environmental issues by other organisations that are often rivals, but sometimes partners?

  1. Networks and actors

The aim of this axis is to shed light on the processes by which environmental issues are appropriated by political parties, by taking a close look at the internal organisation of political parties and their place in a wider social environment (Sawicki, 1997).

What tools do parties use to develop their environmental agenda? Can they rely on think-tanks or do they favour internal channels? Do they draw on outside expertise, through links with NGOs or consultancies?

More broadly, we will be looking at the relationship between parties and the scientific field, the ways in which environmental knowledge is incorporated into the party agenda, and the relationship with social movements. How do parties invest in environmental mobilisations or movements opposing transition policies? Is it possible, for example, to identify a transfer of activists between parties and (anti-)environmental movements? Do parties seek to recruit executives and candidates from these movements?

Session 1 / Les discours partisans

Cecilia Biancalana (Université de Turin), Gilles Ivaldi (Sciences Po Paris, CEVIPOF), Mainstreaming or radicalization? The evolution of right-wing populist parties’ environmental and climate change positions in Italy and France

Émilien Houard-Vial (Sciences Po Paris, CEE), Une écologie anti-écolos ? La difficile appropriation de l’enjeu écologique par Les Républicains

Théo Aiolfi (Université CY de Cergy Paris, LT2D), L’équilibre fragile entre radicalité et crédibilité : analyse comparée des cas d’Alexandria Ocasio-Cortez et de Sandrine Rousseau

Malo Jan (Sciences Po Paris, CEE), L’incorporation de la question climatique à l’agenda partisan ∶ une analyse comparative de la communication des partis politiques européens sur twitter (2010-2022)

Session 2 / Les réseaux et les acteurs

Laurent Olivier (Université de Lorraine, IRENEE), L’appropriation de l’enjeu écologiste au Parti socialiste. Écosocialisme et social-écologie

Basile Imbert (Université de Montpellier, CEPEL), Penser, formuler, légitimer et diffuser l’écologie à droite : le rôle des associations, des think-tanks et des revues dans l’appropriation des questions environnementales par « Les Républicains » (2019-2023)

Denis Rayer (École des hautes études en sciences sociales, CESPRA), Labour for a Green New Deal (Lab4GND) : influencer la politique écologique d’un parti par en bas

Adrien Bidaud-Bonod (Université Lumière Lyon 2, Triangle), L’écologie au pouvoir dans les villes ? Analyse comparée de la cooptation politique et partisane de militants écologistes à Lyon (France) et à Valence (Espagne)

AIOLFI Théo theo.aiolfi@cyu.fr

BIANCALANA Cecilia  cecilia.biancalana@unito.it

BIDAUD-BONOD Adrien adrien.bidaud-bonod@univ-lyon2.fr

CHAZEL Laura laura.chazel@sciencespo-grenoble.fr

DAIN Vincent vincent.dain@univ-rennes.fr

HOUARD-VIAL Émilien emilien.houardvial@sciencespo.fr

IMBERT Basile basileimbert@wanadoo.fr

IVALDI Gilles  gilles.ivaldi@sciencespo.fr

JAN Malo malo.jan@sciencespo.fr

OLIVIER Laurent laurent.olivier@univ-lorraine.fr

RAYER Denis denis.rayer@ehess.fr