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Section du Groupe de recherche Partis politiques en mutation (PARTIPOL)
Responsables scientifiques :
Carole Bachelot (Université de Lille, CERAPS) carole.bachelot@univ-lille.fr
Alexandre Dézé (Université de Montpellier, CEPEL) alexandre.deze@univ-montpellier.fr
Organisée en deux sessions, cette section de groupe se propose de revenir sur les transformations de l’engagement partisan, à partir deux questionnements essentiels (axes 1 et 2).
Axe 1 : l’objectivation de l’engagement partisan
Jusque dans les années 1990, les travaux sur l’engagement partisan sont restés relativement peu nombreux (van Haute, 2009). Il aura fallu, paradoxalement, qu’il soit analysé comme étant en « crise » ou en « déclin » pour faire l’objet d’un regain d’intérêt académique sur le plan international (Poguntke, Scarrow, Webb, 2016), même si l’on doit admettre que le mouvement de démocratisation des partis a contribué à recentrer l’analyse de ces organisations sur les adhérents (Hopkin, 2001 ; Cross, Katz, 2013). En France, la sociologie du militantisme s’est renouvelée autour d’une approche plus qualitative, microsociologique et interactionniste attentive aux trajectoires individuelles et à l’offre organisationnelle, mais il faut reconnaitre que les enquêtes quantitatives restent rares. Aujourd’hui, il est par ailleurs acquis que le membership tend à s’assouplir (Scarrow, 2015, Gauja 2015) même si la définition de l’adhérent (en termes de droits et de devoirs) et les formes que peuvent prendre l’adhésion varient selon les partis, les groupes sociaux qu’ils mobilisent (Challier 2021), les pays (Morales 2009) et les cycles politiques (cycle électoral ou de mobilisation sociale principalement). Si les liens aux partis et les formes d’attachement se pluralisent, et les affiliations partisanes se manifestant à plusieurs vitesses et niveaux d’intensité, le modèle de l’adhésion à l’ancienne n’a pas disparu pour autant. Dans les démocraties occidentales, l’adhésion par cotisation reste dominante (Kosiara-Pedersen, Scarrow, Van Haute, 2017) et n’a pas encore été totalement remplacée par l’adhésion digitale. Dans ce contexte, la session s’intéressera aux enjeux que pose l’objectivation de l’adhésion partisane. Comment disposer de chiffres fiables ? Comment saisir la pluralité des formes d’engagement dans des enquêtes quantitatives et qualitatives ? Comment appréhender les effets de conjonctures et cycles ? Que nous apporte la comparaison des types d’engagement ? Trois cas seront mis ici en perspective : le PS (L. Olivier), le RN (S. Dahani) et LFI (F. Greffet).
Until the 1990s, relatively little work was done on party involvement (van Haute, 2009). Paradoxically, it was not until it was analysed as being in ‘crisis’ or ‘decline’ that it became the subject of renewed academic interest internationally (Poguntke, Scarrow, Webb, 2016). Admittedly, the movement towards party democratisation has helped to refocus the analysis of these organisations on their members (Hopkin, 2001; Cross, Katz, 2013). In France, the sociology of activism has been revitalised around a more qualitative, microsociological and interactionist approach that focuses on individual trajectories and the organisational offer, although it has to be said that quantitative surveys are still rare. Today, it is also accepted that membership is becoming more flexible (Scarrow, 2015, Gauja 2015), even though the definition of a member (in terms of rights and duties) and the forms that membership can take vary according to the parties, the social groups they mobilise (Challier 2021), the countries (Morales 2009) and the political cycles (mainly electoral or social mobilisation cycles). While links to parties and forms of attachment are becoming more diverse, and party affiliations are manifesting themselves at different speeds and levels of intensity, the old-style membership model has not disappeared for all that. In Western democracies, membership by subscription remains dominant (Kosiara-Pedersen, Scarrow, Van Haute, 2017) and has not yet been fully replaced by digital membership. In Western democracies, membership by subscription remains dominant (Kosiara-Pedersen, Scarrow, Van Haute, 2017) and has not yet been fully replaced by digital membership. Against this backdrop, the papers look at French parties and the difficulty of objectifying memberships in the PS (L. Olivier) and the RN (S. Dahani), while digital memberships in LFI make it possible to establish a typology of diversified ‘digital roles’ (F. Greffet).
Axe 2 : les effets sur l’engagement partisan des transformations de la relation des partis à leur environnement
Ce deuxième axe poursuit la réflexion amorcée dans l’axe 1 en s’interrogeant sur la porosité grandissante des frontières partisanes et soulève donc la question des relations que les partis entretiennent avec leur environnement. La labilité de l’engagement incite à reprendre les questionnements hérités de l’approche sociétale des partis (Sawicki, 1997) : compte tenu de la multiplicité des niveaux de participation partisane, quid de l’ancrage social des partis ? N’est-il pas paradoxal que le rôle accru des sympathisants aille de pair avec la rétraction des réseaux partisans dans les milieux associatifs et syndicaux qui constituaient auparavant les soubassements des organisations partisanes ? Les liens avec les ONG, les think-tanks, et surtout avec les groupes d’intérêt, qui font l’objet d’une abondante littérature anglophone (Allern et al., 2020) sont ainsi encore peu étudiés dans les travaux français, y compris sous l’angle de la sociologie de l’action publique.
Plus précisément, la transformation des rétributions de l’engagement dans des partis de plus en plus professionnalisés (Bachelot, Haegel, 2021) implique leur insertion dans des marchés du travail politique étendus et fluidifiés. Dans des partis où les niveaux d’adhésion sont très divers, tous les membres/sympathisants ne sont certes pas amenés à entrer dans ces marchés. L’externalisation de bon nombre de tâches auparavant dévolues aux militants peut également laisser croire à une distance accrue entre des partis peuplés de bénévoles désœuvrés et un milieu entrepreneurial spécialisé dans les activités électorales. Les travaux récents (par exemple sur les mouvements de jeunesse, Fjellman, Sundström, 2021) montrent cependant que les perspectives liées à une professionnalisation politique restent un moteur puissant de l’engagement, et que les permanents, collaborateurs d’élus mais aussi un grand nombre de professionnels du conseil ou de la communication politique affichent fréquemment une forme de proximité partisane. La recherche sur la dépendance des économies partisanes aux cycles électoraux, notamment en ce qui concerne l’étude des recrutements et des reclassements aux postes partisans, mais aussi l’analyse des recyclages entre ces univers connexes de la politique et entre les partis eux-mêmes (surtout en période de recomposition des systèmes partisans) restent encore largement à mener. Les communications porteront ici sur le PS français (P-N. Baudot), les partis palestiniens (F. Cecccaldi), les partis nationalistes corses (O. Graziani et G. Genoud), le parti espagnol Podemos (D. Coppello) et le Parti travailliste britannique (N. Jara Joly et D. Rayer).
The lability of commitment prompts us to return to questions inherited from the societal approach to parties (Sawicki, 1997): given the multiplicity of levels of party participation, what about the social anchoring of parties? Isn’t it paradoxical that the increased role of supporters should go hand in hand with the shrinking of partisan networks in associative and trade union circles? The links with NGOs, think-tanks and above all interest groups, which are the subject of an abundant English-language literature (Allern et al., 2020), are still little studied in French research, including from the perspective of the sociology of public action. More specifically, the transformation of the rewards for involvement in increasingly professionalised parties (Bachelot, Haegel, 2021) implies their integration into extended and more fluid political labour markets. In parties with a wide range of membership levels, not all members/sympathisers are likely to enter these markets. The outsourcing of many of the tasks previously carried out by activists may also suggest a growing distance between parties populated by idle volunteers and an entrepreneurial environment specialising in electoral activities. Recent research (e.g. on youth movements, Fjellman, Sundström, 2021) shows, however, that the prospects of political professionalisation remain a powerful driver of commitment, and that permanent staff, employees of elected representatives, and also a large number of professionals in consultancy or political communication often display a form of partisan proximity. Research into the dependence of partisan economies on electoral cycles, particularly as regards the study of recruitment and reclassification to partisan posts, but also the analysis of recycling between these related universes of politics and between the parties themselves (especially in periods of recomposition of partisan systems) will be the subject of papers on parties as diverse as the French PS (P-N. Baudot), Palestinian parties (F. Cecccaldi), Corsican nationalist parties (O. Graziani and G. Genoud), the Spanish Podemos party (D. Coppello), and the British Labour Party (N. Jara Joly and D. Rayer).
REFERENCES
ALLERN (Elin H.), OTJES (Simon), POGUNTKE (Thomas), HANSEN (Vibeke W.), MARSHALL (David), SAURRUGER (Sabine), 2020, « Conceptualizing and measuring party-interest group relationships », Party Politics, 27, 6.
BACHELOT (Carole), HAEGEL (Florence), 2021, « Back to Basics. Revenir aux rétributions professionnelles du militantisme pour comprendre les partis contemporains », Revue française de science politique, 71, 5-6.
CHALLIER (Raphaël), 2021, Simples militants. Comment les partis démobilisent les classes populaires ?, Paris, PUF.
CROSS (William), KATZ (Richard), (dir), 2013, The Challenges of Intra-Party Democracy, Oxford, Oxford University Press.
Fjellman (Elin), Sundström (Malena Rosén), 2021, « Making a (political) Career: Young Party Members and Career-Related Incentives for Party Membership », Scandinavian Political Studies, 44, 4.
GAUJA (Anika), 2015, « The Construction of Party Membership », European Journal of Political Research, 54 (2).
HOPKIN (Jonathan), 2001, « Bringing the Members Back in? Democratizing Candidate Selection in Britain and Spain », Party Politics, 7, 3
KOSIARA-PEDERSEN (Karina), SCARROW (Susan E.), VAN HAUTE (Emilie), 2017, « Rules of engagement? Party membership costs, new forms of party affiliation and partisan participation », in (Susan) SCARROW, (Paul D.) WEBB, (Thomas) POGUNTKE (eds), Organizing Political Parties: Representation, Participation and Power, Oxford, Oxford University Press.
LEFEBVRE (Rémi), « Engagement : adhérents, militants et sympathisants », in (Florence) HAEGEL (Florence), (Simon) PERSICO (dir.), Les partis politiques, Éditions, Larcier, 2023.
MORALES (Laura), 2009, Joining Political Organizations. Institutions, Mobilisation and Participation in Western Democracies, Colchester, ECPR Press.
POGUNTKE (Thomas), SCARROW (Susan), WEBB (Paul), 2016, « Party Rules, Party Resources and the Politics of Parliamentary Democracies: How Parties Organize in the 21st Century », Party Politics, 22, 6.
SAWICKI (Frédéric), 1997, Les réseaux du Parti socialiste, Paris, Belin.
SCARROW (Susan), 2015, Beyond Party Members. Changing Approaches to Partisan Mobilization, Oxford University Press.
VAN HAUTE (Emilie), 2009, Adhérer à un parti. Aux sources de la participation politique, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles.
Session 1 / L’objectivation de l’engagement partisan
Responsables de séance : Raphaël Challier (Université Paris 8, CRESPPA-GTM), Rémi Lefebvre (Université de Lille, CERAPS)
Discutante : Hélène Combes (Sciences Po Paris, CERI)
Safia Dahani (CESSP/EHESS), Comment objectiver « l’adhésion » à un parti politique ? Le cas d’une enquête au Front National
Fabienne Greffet (Université de Lorraine, IRENEE et GRCP-Laval), Militer au Discord Insoumis/La Barricade, les affiliations numériques en questions
Laurent Olivier (Université de Lorraine, IRENEE), Le parti compte-t-il toujours (sur) ses adhérents ? Objectivation différenciée de l’engagement partisan au PS
Session 2 / Les effets sur l’engagement partisan des transformations de la relation des partis à leur environnement
Responsables de séance : Florence Haegel (Sciences Po Paris, CEE), Carole Bachelot (Université de Lille, CERAPS)
Discutant : Frédéric Sawicki (Université Paris 1, CESSP)
Pierre-Nicolas Baudot (Université Paris-Panthéon-Assas, CECP), Le Parti socialiste et la question « immigrés » : les effets de la rétractation des réseaux partisans sur la production idéelle
François Ceccaldi (EHESS, Chaire Histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France), Le fait partisan en Palestine après Oslo : Engagement sous contrainte et mobilisations alternatives
David Coppello (AGORA – CY Cergy Paris Université, Centre de Recherche et de Documentation sur les Amériques), Un parti d’outsiders ? Sources de légitimation externe et trajectoires de professionnalisation des cadres nationaux de Podemos
Ornella Graziani (Université de Corse – UMR LISA), Guillaume Genoud (Université d’Evry – Paris-Saclay/IDHE.S), Partis nationalistes et société civile en Corse. Le fantasme d’une mainmise ?
Nicolas Jara Joly (CREA/CESSP, Université Paris-Nanterre), Denis Rayer (CESPRA, EHESS, Université de Lille), Sur les traces d’un « fixeur » syndicaliste dans le Parti travailliste du Nord-Ouest de l’Angleterre
BACHELOT Carole carole.bachelot@univ-lille.fr
BAUDOT Pierre-Nicolas pn.baudot@outlook.com
CECCALDI François fr.ceccaldi@gmail.com
CHALLIER Raphael challier.raphael@gmail.com
COMBES Hélène helene.combes@sciencespo.fr
DAHANI Safia safia.dahani@gmail.com
DÉZÉ Alexandre alexandre.deze@umontpellier.fr
COPELLO David david.copello@gmail.com
GREFFET Fabienne fabienne.greffet@univ-lorraine.fr
GENOUD Guillaume guillaume.genoud@outlook.com
GRAZIANI Ornella graziani.orn@gmail.com
HAEGEL Florence florence.haegel@sciencespo.fr
JARA JOLY Nicolas nicolasjj@hotmail.co.uk
LEFEBVRE Remi remi.lefebvre@univ-lille.fr
OLIVIER Laurent laurent.olivier@univ-lorraine.fr
RAYER Denis denis.rayer@ehess.fr
SAWICKI Frédéric frederic.sawicki@univ-paris1.fr