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ST 43

Repenser les dynamiques instables de politiques publiques en régime de conflictualité et d’incertitude

Rethinking the uncertain dynamic of policy process in a regime of conflict and instability

Responsables scientifiques :  

Céline Mahieu (Centre de recherche en Approches sociales de la santé, Ecole de santé publique- Université Libre de Bruxelles) celine.j.mahieu@ulb.be
Philippe Zittoun (ENTPE-Université de Lyon) pzittoun@gmail.com

 

Lorsque l’on regarde les décisions gouvernementales de ces dernières années, que ce soit au cours des problèmes et crises environnementaux, sanitaires, financiers, énergétiques, sociaux, on ne peut être que frappé par la façon dont les gouvernements enchaînent les mesures « temporaires », « réversibles » et/ou « ciblées » mais aussi les « expérimentations » dans les politiques publiques qu’ils conduisent n’hésitant pas à modifier, ajuster ou même effectuer des revirements de position dans des temporalités très courtes, soulignant la montée en puissance d’un nouveau rapport au temps et à l’espace dans les modes de gouverner.

Or, si les théories et approches qui se développent depuis les années 1990 pour saisir les politiques publiques avaient déjà remis en cause la linéarité et la spatialité des théories systémiques, incrémentalistes et séquentielles des années 1970, elles se trouvent aujourd’hui en difficulté pour rendre compte de ces ajustements rapides, de ces revirements fréquents et de la multiplication de ces décisions temporaires. Il faut dire que si elles ont remis en cause l’idée de l’unicité d’un système politique, elles y ont substitué des configurations appelées « policy subsystem », « policy stream » ou encore « policy community » qui forment « l’unité première de l’analyse »  et qui par leur niveau méso ne permettent pas de saisir la fragmentation beaucoup plus complexe et fine de ces sous-systèmes. On trouve ainsi, y compris chez les anciens partisans de ces concepts, de plus en plus de questionnements sur leur pertinence, sur l’insuffisante prise en compte du degré de fragmentation des espaces de politiques publiques et les risques d’invisibilisation des phénomènes que ce décalage génère.

Pour mieux comprendre les phénomènes à la fois plus instables et arythmique qui caractérisent les formes de gouvernements contemporains, nous voudrions au sein de cette ST nous interroger sur les façons de réduire d’abord la focale en repartant des « situations » concrètes où se déploient ces processus. Une telle réduction permet non seulement de mieux appréhender les espaces et les temporalités où se façonnent les accords et les disputes mais aussi de questionner la fabrique plus ou moins mouvantes de concepts trop souvent considérés dans ces approches processuelles comme fixes tels que les formes d’intéressement, de valuation, d’enrôlement, de problématisation et de résolution qui y prennent place. Il s’agit enfin de saisir la façon dont ces situations se juxtaposent et s’enchevêtrent pour former un assemblage hétérogène où coexiste une diversité de temporalités et de configurations au cours desquelles les politiques publiques se forment et se déforment tout autant que les coalitions qui les portent ou les critiquent. Nous voudrions ainsi inviter des communications théoriques, empiriques ou méthodologiques qui proposent d’étudier les processus de politiques publiques à travers ces espaces fragmentés et ces temporalités multiples.

 

When we look at government decisions in recent years, whether in the context of environmental, health, financial, energy or social problems and crisis, it is striking to see how governments have made repeatedly “temporary”, “targeted” , “timely”, as well as “experiments” policies. They do not hesitate to modify, adjust or even reverse their decisions in very short timeframes, highlighting the rise of new relationship to time and space in mode of governance.

 However, if the theories that have been developing since 1990s to understand public policies had already challenged the linearity and the spaciality of the systemic, incrementalism and step-by-step theories of the 1970s, they now face difficulties in accounting for these rapid adjustments, frequent reversals and the proliferation of temporary decisions. It should be noted that while they have questioned the idea of the uniqueness of a political system, they have substituted it with configurations called “policy subsystems”, “policy streams”, “policy communities” which constitute the primary unit of analysis” and, at their meso-level, do not capture the much more complex and nuanced fragmentation of these subsystems. Thus, even among former proponents of these concepts, there is an increasing questioning of their relevance and the risks of invisibility of the phenomena shaped by this gap.

To better understand the increasingly unstable and arythmic phenomena characterizing contemporary forms of governance, within research framework, we aim in this panel to explore ways to narrow the focus by starting from concrete “situations” where these processes unfold. Such reduction not only help in gaining a better understanding of the spaces and the times where agreements and disputes are shaped but also questions the more or less processual construction of concepts often considered fixed in these process-oriented approaches, such as interestment, valuation, enrolment, problematization, resolution that come in the process. Finally, it is  about grasping how these situations juxtapose and interweave to shape a heterogeneous assemblage where a diversity of temporalities and configurations coexist in the formation and deformation of public policy as well as the coalitions that support or critique them. We would like to welcome theoretical, empirical or methodological papers that propose to study policy process through these fragmented spaces and multiple temporalities.

Session 1 / Morcellement des espaces-temps des politiques publiques

Patrick Hassenteufel (Université Paris Saclay-Printemps), Philippe Zittoun (Université de Lyon, LAET-ENTPE), L’approche en termes de Policy Transaction : une perspective constructiviste et pragmatiste pour analyser relationnellement les processus de politiques publiques

Hugo d’Assenza-David, (CERI, Sciences Po), Associated milieu and instrumental individuation: rethinking policy subsystems from an innovation in governance perspective

Alèxe Duvaut (Sciences Po Bordeaux – Centre Emile Durkheim, CED), Des obsèques à quels prix ? Régulations morcelées d’un service public concurrentiel

Céleste Bonnamy (Département de Science Politique de la LUISS, Guido Carli, Rome), Le travail politique dans les espace-temps de l’action publique européenne : une grille d’analyse pour comprendre les arbitrages politiques

Ahmed Fouad El Haddad (Sciences Po Bordeaux – Centre Emile Durkheim, CED), Quand les temps longs cèdent aux temps courts : Agent versus contingence dans le raccourcissement des temporalités de réforme

Session 2 / Dynamiques incertaines des politiques publiques

Behnaz Khosravi (Ined UR10 Elfe – ANR Lectores, Centre Max Weber – Equipe DPCS, ENS de Lyon), Politiques publiques en zigzags, entre islamisme anti-impérialiste et ajustements structurels – Étude de cas de l’Iran postrévolutionnaire

Antoine Dufourd-Lévêque (LC2S (Laboratoire Caribéen de Sciences Sociales, Université des Antilles) et Sylvain Le Berre (INRAE, UR ETTIS), Décider pour plus tard ou ne pas décider de ne pas décider ? Étudier l’administration d’une pollution en régime de conflictualité à travers l’analyse diachronique d’un processus décisionnel

Antoine Lemor et Éric Montpetit (Université de Montréal), Science ou émotions ? Le rôle de l’incertitude dans la formulation des politiques publiques durant la pandémie de COVID-19

Nikolas Kouloglou (Laboratoire des Signaux et Systèmes (L2S) à CentraleSupélec, Université Paris-Saclay & Laboratoire de droit, sciences politiques, économiques et de gestion d’Avignon Université), La « Pop-up governance » et la reconfiguration des sous-systèmes politiques à travers la mise en œuvre des hotspots en Grèce pendant la « crise des migrants » de 2015

Julien Pelet (ENGEES, GESTE) et Joana Guerrin (INRAE, GESTE), Innover conceptuellement pour sauver l’agenda biodiversité ? L’intégration des Solutions fondées sur la nature dans les politiques européennes de recherche et d’environnement

BONNAMY Céleste celeste.bonnamy@gmail.com

D’ASSENZA-DAVID Hugo hugo.dassenzadavid@sciencespo.fr

DUFOURD-LÉVÊQUE Antoine antoine.dufourd-leveque@outlook.com

DUVAUT Alexe alexe.duvaut@scpobx.fr

EL HADDAD Ahmed Fouad ahmedfouad.elhaddad@scpobx.fr

GUERRIN Joana joana.guerrin@inrae.fr

HASSENTEUFEL Patrick patrick.hassenteufel@uvsq.fr

JOBERT Bruno Bruno.Jobert@grenoble-inp.fr

KHORAVI Behnaz behnaz.khosravi@ens-lyon.fr

KOULOGLOU Nikolas nkouloglou@hotmail.com

LE BERRE Sylvain e.montpetit@umontreal.ca

LEMOR Antoine antoine.lemor@umontreal.ca

MAHIEU Céline celine.j.mahieu@ulb.be

MONTPETIT Éric e.montpetit@umontreal.ca

PELET Julien julien.pelet@engees.unistra.fr

ZITTOUN Philippe pzittoun@gmail.com