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Responsables scientifiques :
Maximilien Gidon (Sciences Po Toulouse LaSSP) maximiliengidon@gmail.com
Fabienne Greffet (Université de Lorraine IRENEE) fabienne.greffet@univ-lorraine.fr
La généralisation des usages des outils numériques à l’ensemble de l’espace social a contribué, en partie, à des redéfinitions de l’économie de pratiques sociales. Loin de rester en marge de ces dynamiques, les pratiques militantes ont connu un certain renouvellement, que ce soit au niveau des répertoires d’action ou des formes organisationnelles. Néanmoins, les potentialités objectives offertes par ces outils ne suffisent pas à elles seules à expliquer ces changements, toujours dépendants de contextes socio-historiques de possibilité, d’autant plus que leurs usages demeurent faiblement institutionnalisés et tributaires d’une forte sélectivité sociale (Neihouser, 2016 ; Greffet, Wojcik et Blanchard 2014 ; Théviot, 2013). Ainsi, les pratiques numériques de certains groupes de hackers (Bocquet, 2014, Macq et Jacquet, 2018), pour qui elles constituent à la fois les seuls moyens et les fins de leurs actions politiques, se distinguent des pratiques au sein des partis politiques, pour lesquels elles constituent un moyen parmi d’autres en vue de rationaliser les campagnes électorales (Lefebvre, 2016).
Face à ces imbrications multiples et circulaires, le recours au cadre d’analyse proposé par Daniel Gaxie en termes de coûts et rétributions du militantisme apparait comme particulièrement heuristique (Gaxie, 1977 et 2005). En effet, il incite à articuler les pratiques numériques aux conditions sociales des investissements et désinvestissements militants, ainsi qu’aux styles de militantisme offerts par les organisations collectives et les dispositions qu’elles nécessitent. Cela constitue un atout précieux dans un contexte de reconfiguration des formes organisationnelles militantes autour de revendications « participationnistes » (Gauja, 2017 ; Gerbaudo, 2022), où les rôles et leurs hiérarchisations sont moins formalisés et déniés. Les intérêts sous-tendant ces engagements sont dès lors plus difficilement objectivables, car moins objectivés. C’est pourquoi cette section thématique invite les chercheuses et chercheurs à articuler leur réflexion autour de deux axes :
Cette section thématique accueille des recherches explorant dans leurs diversités la numérisation des pratiques militantes et leurs implications sur les trajectoires militantes, que cela soit à l’échelle des organisations ou des militant.e.s. L’engagement est envisagé sans exclusive, aussi bien dans les organisations structurées telles que les partis ou les syndicats, qu’au sein de collectifs plus informels comme les Gilets jaunes. La section entend contribuer aux débats internationaux sur les effets des usages des outils numériques sur les pratiques militantes dans leurs multiplicités, en restant attentif aussi bien aux dispositifs qu’aux conditions sociales et transformations sociopolitiques qui affectent les engagements politiques.
The growing use of digital tools has contributed to redefining social practices. Far from remaining on the margins of these dynamics, activist practices have been renewed, whether in terms of action-repertoire or organisational forms. However, these changes are also dependent on the contexts, as they remain weakly institutionalised and dependent on the social background of activists (Neihouser, 2016; Greffet, Wojcik and Blanchard 2014; Théviot, 2013). As an example, the digital practices of hacker groups (Bocquet, 2014, Macq and Jacquet, 2018), for whom the digital repertoire is central, greatly differ from the digital practices within political parties, where they are part of a bunch of means aiming at rationalizing electoral mobilization (Lefebvre, 2016).
To analyse these multiple and circular phenomena, the analytical framework in terms of costs and rewards of activism, initially developed in France by Daniel Gaxie (1977 and 2005), seems relevant, in a sense that it bounds the digital activist practices to their social conditions, and to the styles of activism offered by collective organisations, as well as the skills and competences they require. This framework also helps analysing the reconfiguration of organisational forms around ‘participationist’ demands (Gauja, 2017; Gerbaudo, 2022), where roles and their hierarchies are less formalised and often denied. It allows the objectivation of interests of activism and activists in a digital context.
That’s why this section welcomes papers focusing on two areas:
The section will include research papers looking at the diversity of the digitisation processes of activist practices and their implications, whether at the level of organisations or activists. Activism is understood here in a broad sense, both within structured organisations such as parties or trade unions, and within more informal groups such as the Yellow vests movement.
The section aims to contribute to international debates on the effects of the use of digital tools on activist practices, by paying attention to both the devices and the social conditions and socio-political transformations that affect political engagements.
REFERENCES
Bocquet, J. (2014), « La culture Pirate à l’épreuve de la forme partisane », Tracés, n°26, 89-110.
Boyadjian, J. et Wojcik, S. (2022), « Une première analyse de l’activité militante en ligne des militants Reconquête, RN, LREM et LFI durant la présidentielle 2022 », Politiques de communication, n°19, 153-185.
Gauja, A. (2017), Party Reform, The Causes, Challenges and Consequences of Organizational Change, Oxford University Press/ECPR.
Gaxie, D. (1977), « Economie des partis et rétributions du militantisme », Revue française de science politique, vol. 27, n°1, 123-154.
Gaxie, D. (2005), « Rétributions du militantisme et paradoxes de l’action collective », Revue suisse de science politique, vol. 11, n° 1, 157-188.
Gerbaudo, P. (2022), « Le parti plateforme. La transformation des organisations politiques à l’heure du Big Data », Réseaux, 2022/6 (N° 236), 37-56.
Greffet, F., Wojcik, S., Blanchard, G. (2014), « S’engager dans la campagne présidentielle. Les formes multiples de la participation politique en ligne », Politiques de communication, n°3, 25-58.
Lefebvre, R. (2016), « La modernisation du porte-à-porte au Parti socialiste. Réinvention d’un répertoire de campagne et inerties militantes », Politix, n° 113, 91-115.
Macq, H., Jacquet, V. (2018), S’engager dans un cyberparti. Internet et militantisme au sein du parti pirate belge, Reset, n° 7, [En ligne] disponible à l’adresse : https://journals.openedition.org/reset/1102.
Neihouser M., Un nouvel espace médiatique. Sociologie de la blogosphère politique française, Paris, Varenne, 2016.
Sobieraj, S. (2019), Credible threat: attacks against women online and the future of democracy, New York, NY, Oxford University Press, coll. Oxford studies digital politics series.
Théviot, A. (2013), « Qui milite sur Internet ? Esquisse du profil sociologique du « cyber-militant » au PS et à l’UMP, Revue française de science politique, vol. 63, n°3, 663-678.
Session 1 / Coûts et rétributions des engagements partisans, para-partisans et professionnels en contexte numérique
Présidente : Fabienne Greffet (Université de Lorraine/IRENEE)
Discutant : Jérémie Nollet (Sciences Po Toulouse/LaSSP)
Lise Cottet (EHESS/CMH), S’engager en ligne, s’engager sans coût ? (Re)configuration des rapports de pouvoir dans les espaces militants des professionnel·les du jeu vidéo
Romain Fargier (Université de Montpellier/CEPEL), Youtubeurs de droite radicale et d’extrême droite : les nouveaux professionnels périphériques de la politique
Max-Valentin Robert (Université Catholique de Lille/Espol) et Anaïs Theviot (Université Catholique de l’Ouest/ARENES), Le cyber-activisme sur les réseaux sociaux : un renouvellement des pratiques militantes ? Une analyse comparée Etats-Unis-France
Abdoul Malick Ba (Université Paris 1/CESSP), Le militantisme numérique comme nouvelle réalité politique au Sénégal : l’avènement de PASTEF et les enjeux autour de la médiatisation de l’engagement politique et partisan
Session 2 / Coûts et rétributions des engagements au sein de structures informelles en contexte numérique
Président : Maximilien Gidon (Sciences Po Toulouse/LaSSP)
Discutant : Jérémie Nollet (Sciences Po Toulouse/LaSSP)
Jean-Gabriel Contamin (Université de Lille/CERAPS), La digitalisation du pétitionnement et les coûts et risques de l’engagement
Irène Despontin Lefèvre (Universités de Lille et Paris 8/Cemti et Carism), Militer avec #NousToutes : les revers de l’engagement en quelques clics
Benoît Luczak (Sciences Po Aix/Mesopolhis), Exposer sa radicalité pour servir la cause. Effets du témoignage en ligne sur les parcours biographiques des militants climats
Valentine Crosset (Université de Genève/Médialab), Les coûts de la modération sur les pratiques de visibilité de groupes extrémistes
BA Abdoul Malick diokha@live.fr
CONTAMIN Jean-Gabriel jean-gabriel.contamin@univ-lille.fr
COTTET Lise Cottet lise.cottet@gmail.com
CROSSET Valentine Valentine.Crosset@unige.ch
DESPONTIN LEFEVRE Irène idespontin-lefevre02@univ-paris8.fr
FARGIER Romain romain.fargier@umontpellier.fr
GIDON Maximilien maximiliengidon@gmail.com
GREFFET Fabienne fabienne.greffet@univ-lorraine.fr
LUCZAK Benoît luczakbenoit@gmail.com
NOLLET Jérémie jeremie.nollet@sciencespo-toulouse.fr
ROBERT Max-Valentin maxvalentin.robert@iepg.fr
THEVIOT Anaïs atheviot@uco.fr