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ST 36

Socio-histoire de la mondialisation économique libérale

Socio-historic perspectives on liberal economic globalization

Responsables scientifiques :  

Romain Lecler (Université du Québec à Montréal) lecler.romain@uqam.ca
Yohann Morival (Université de Lille, CERAPS) yohann.morival@univ-lille.fr

 

La mondialisation économique libérale fait l’objet de nombreux débats, que ce soit pour critiquer ses impensés sociaux et écologiques, pour en dénoncer les héritages postcoloniaux ou pour en constater la structure inégalitaire (Börzel & Zürn 2020 ; Lake, Martin & Risse 2021). Afin d’éclairer ces débats, cette ST propose de restituer à la mondialisation économique contemporaine son historicité, d’en retracer les possibles inexplorés, les territoires progressivement associés et les formes de contestations enfouies.

Ce faisant, il s’agit de participer, avec les outils de la socio-histoire, au courant des travaux sur la diffusion internationale du libéralisme économique (Fourcade-Gourinchas & Babb 2002 ; Slobodian 2018). Toutefois, la mondialisation libérale reste encore souvent majoritairement saisie par le prisme des échanges transatlantiques, des organisations économiques internationales et des circulations de capitaux (Clift 2018).

La ST propose ainsi plusieurs pistes de décentrements par rapport aux travaux existants sur les généalogies de la mondialisation économique libérale. Décentrement par rapport à l’espace atlantique, en dirigeant l’attention par exemple d’autres espaces comme l’ex-bloc socialiste, l’Asie du Sud et de l’Est, les mondes arabes, etc. Décentrement par rapport aux acteurs traditionnellement étudiés que sont les organisations économiques internationales et leurs experts, en s’intéressant par exemple aux acteurs privés ou aux groupes professionnels. Décentrement par rapport à la dimension financière, en exhumant d’autres dimensions moins explorées de la mondialisation économique libérale, mais qui relèvent tout autant de l’économie politique internationale (environnement, santé, inégalités, culture, éducation, etc.).

Afin de permettre une discussion entre les communications, la ST propose d’analyser le moment des années 1960 – 2000, période de l’augmentation rapide du nombre d’acteurs économiques privés, de constitutions de réseaux et de recomposition des espaces internationaux avec la fin de guerre froide et l’affirmation de nouveaux acteurs (étatiques et non étatiques). Deux axes de questionnement seront particulièrement creusés :

  • Explorer les espaces et les acteurs négligés de la mondialisation économique libérale

La ST rassemble des propositions portant sur les socio-histoires de la mondialisation économique libérale élaborées ailleurs que dans l’espace transatlantique, ou situées à l’articulation entre plusieurs espaces. Quels autres projets de la mondialisation libérale et quelles alternatives ont émergé dans ces autres espaces ? Comment la mondialisation libérale s’y est diffusée, réfractée, y a été contestée ? La ST propose aussi de repenser la mondialisation néolibérale au-delà des seules organisations économiques internationales. L’objectif est de faire ressortir les pratiques d’un cercle plus élargi d’acteurs impliqués dans les projets de la mondialisation libérale comme les réseaux, associations et groupes professionnels, les cercles élitaires transnationaux, les clubs élitistes transnationaux ou les syndicats internationaux. Quelles sont les structures de ces groupes, les dynamiques de diffusion des savoirs néolibéraux ? Comment la diversité des acteurs étudiés et de leurs pratiques éclaire les divergences, les prises de position et les contestations de la mondialisation néolibérale ?

  • Restituer les autres projets de la mondialisation néo-libérale

Depuis quelques années, plusieurs travaux ont questionné la résilience du néo-libéralisme, (cf. V. Schmidt). D‘autres ont proposé une sociologie des formes de contestation de la mondialisation libérale (Kay & Evans 2018). L’enjeu sera ici de faire ressurgir, avec les outils de la socio-histoire, les remises en cause de la mondialisation libérale, ses agendas oubliés, mais aussi les formes d’hybridation du libéralisme dans son processus de diffusion internationale. Il s’agira aussi d’exhumer les autres dimensions économiques de la mondialisation au-delà des seuls enjeux financiers, ou encore de proposer une socio-histoire des critiques, contestations et remises en cause de la mondialisation économique libérale (postcoloniale, environnementale, sociale, etc.).

 

Liberal economic globalization is the subject of much debate, whether it be to criticize its social and ecological blind spots, to denounce its postcolonial legacies or to note its inegalitarian structure (Börzel & Zürn 2020; Lake, Martin & Risse 2021). To shed light on these debates, this TS proposes to restore contemporary economic globalization to its historicity, tracing its unexplored possibilities, progressively associated territories and buried forms of contestation.

In so doing, we intend to further research on the international spread of economic liberalism (Fourcade-Gourinchas & Babb 2002; Slobodian 2018), with a socio-historic methodology. Until now, liberal globalization has often been captured through the prism of transatlantic trade, international economic organizations and capital flows (Clift 2018). The TS wishes to underline three paths to shift the focus on other genealogies of liberal economic globalization. First, it suggests to redirect attention away from the Atlantic area, towards other areas such as the former Socialist bloc, South and East Asia, the Arab world, etc. Away from international economic organizations and their experts, that are traditionally scrutinized, towards private actors or professional groups. Away from the financial dimension, towards less explored dimensions of liberal economic globalization, which are nevertheless just as much a part of international political economy (environment, health, inequalities, culture, education, etc.).

To enable a productive discussion between the papers, the TS proposes to center around the 1960s – 2000s, a period of rapid growth in the number of private economic actors, the formation of networks and the reconfiguration of international spaces, with the end of the Cold War and the assertion of new state and non-state actors.  In order to do so, we welcome proposal that examined the three following areas :

1) Exploring neglected spaces and actors of liberal economic globalization

The TS brings together proposals concerning the socio-histories of liberal economic globalization developed outside the transatlantic space or at the interface with other regions. What other liberal globalization projects and alternatives have emerged in these other spaces? How has liberal globalization been disseminated, refracted and contested in those spaces? The TS also intends to rethink neoliberal globalization beyond international economic organizations and to highlight the practices of a wider circle of actors involved in liberal globalization projects, such as networks, associations and professional groups, transnational elite circles, transnational elitist clubs or international trade unions. What are the structures of these groups, and the dynamics of neoliberal knowledge dissemination? How does the diversity of these actors and their practices shed light on divergences, positions and challenges to neoliberal globalization?

2) Restoring the other projects of neo-liberal globalization

In recent years, several works have questioned the resilience of neo-liberalism (cf. V. Schmidt). Others have proposed a sociology of forms of contestation of liberal globalization (Kay & Evans 2018). The challenge here will be to use the tools of socio-history to bring to the surface the questioning of liberal globalization, its forgotten agendas, but also the forms of hybridization of liberalism in its process of international diffusion. We then welcome proposal that aims to unearth the other economic dimensions of globalization, beyond financial issues, and to propose a socio-history of critiques, contestations and challenges to liberal economic globalization (post-colonial, environmental, social, etc.).

Session 1 / Restituer les autres projets de la mondialisation néo-libérale

Discussion : Marieke Louis (Centre Marc Bloch, Berlin/Sciences Po Grenoble, PACTE)

Pablo Barnier-Khawam (Université de Lille, CERAPS), Autodétermination et dépendance en Bolivie et au Chili. La contestation de l’ordre économique international dans les années 1970

Karim Fertikh (Université de Strasbourg, SAGE, Institut universitaire de France), Les autres globalistes : sociologie d’une mondialisation de la sécurité sociale (1945-2000)

Olessia Kirtchik (CNRS, Centre Internet et Société), Économistes et abandon du projet socialiste dans l’Union soviétique : conversion au (néo)libéralisme ?

Médéric Martin-Mazé (Université Paris 8, CRESPPA-LabToP), A l’épreuve du capital. Linéaments pour une sociogénétique des possibles gouvernementaux écartés par la mondialisation libérale

Yohann Morival (Université de Lille, CERAPS), Un capitalisme européen ? Mobilisations patronales pour un marché commun européen de Gibraltar à Vladivostok (1988-1995)

Session 2 / Explorer les espaces et acteurs négligés de la mondialisation économique libérale

Discussion : Sarah Kolopp (Université Paris 1, CESSP)

Alice Chessé (McGill), D’une redistribution réparatrice à une redistribution technocratique. L’internationalisme anticolonial et l’échec du Nouvel Ordre Économique International (1961-1979)

Léo Corbel (Université de Strasbourg, SAGE), Le club du WEGS face aux transformations de l’économie publique de la géologie en Europe (1971-2005)

Arthur Kramer (EHESS, CMH), Une nouvelle alliance du trône et de l’autel ? La collaboration entre le Vatican et les hauts-fonctionnaires français autour des questions financières (1988-1994)

Romain Lecler (UQAM), Mettre en pratique la mondialisation sur les salons professionnels internationaux. Professionnalisation de l’international et libéralisation économique (1970-2000)

Paul-Malo Winsback (Université Grenoble Alpes, PACTE), Les eaux libérales de la « renaissance africaine ». Ressorts de la néolibéralisation des politiques hydriques en Afrique australe (1980-2000)

BARNIER-KHAWAM Pablo pablo.barnierkhawam@sciencespo.fr

CHESSÉ Alice alice.chesse@mail.mcgill.ca

CORBEL Léo l.corbel@unistra.fr

FERTIKH Karim karim.fertikh@unistra.fr

KIRTCHIK Olessia olessya.kirtchik@cnrs.fr

KOLOPP Sarah Sarah.Kolopp@univ-paris1.fr

KRAMER Arthur 41011160@parisnanterre.fr

LECLER Romain lecler.romain@uqam.ca

LOUIS Marieke marieke.louis@cmb.hu-berlin.de

MARTIN-MAZÉ Médéric mederic.martinmaze@gmail.com

MORIVAL Yohann yohann.morival@univ-lille.fr

WINSBACK Pau-Malo pm.winsback@gmail.com