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ST 20

La vérité électorale : fabrique et contestations

The Making of Electoral Truth and its Contestation

Responsables scientifiques : 

Combes Hélène (CERI, Sciences-Po) helene.combes@sciencespo.fr
Voilliot Christophe (Sophiapol, Université Paris-Nanterre) christophe.voilliot@parisnanterre.fr

 

Ces dernières années, les résultats des élections ont été contestés dans plusieurs pays du monde – des États-Unis à la Bolivie en passant par le Kenya et le Gabon. Dans ces quatre cas, les controverses ont porté sur le décompte des voix et le décalage supposé entre les résultats annoncés par les autorités électorales et les « vrais » résultats. Ces contestations et controverses ont mis à l’épreuve autant des systèmes démocratiques consolidés que des régimes illibéraux. Notre objectif est d’analyser la fabrique de la « vérité électorale », définie comme un accord publiquement exprimé sur les règles de la compétition politique et l’acceptation des résultats des élections. Cet accord est appréhendé comme le produit instable de construits politiques, institutionnels et techniques, à partir des règles régissant les élections sur l’ensemble du cycle électoral. Nous souhaitons nous focaliser sur deux moments : la soirée électorale, peu étudiée dans une perspective de sociologie politique, et la mémoire des élections contestées.

Session 1. La construction de la légitimité de l’élection par la soirée électorale

La représentation commune de la soirée électorale comme simple proclamation et discussion des résultats invisibilise des logiques complexes de ce moment suspendu de la production collective des résultats – qui peut d’ailleurs durer selon les contextes d’une soirée à plusieurs mois. Nous souhaitons placer l’analyse de la soirée électorale au cœur de l’analyse de l’acceptation du résultat, élément in fine essentiel de la légitimation démocratique.

Nous appréhendons la construction des résultats comme un ensemble de processus collectifs et concurrentiels qui concernent la discussion publique des résultats, mais aussi la boîte noire de leur production. Nous nous intéresserons ainsi à l’ensemble du cycle électoral (constitution du corps électoral, vote, comptage, agrégation, transmission), notamment dans ses aspects matériels et techniques. Il s’agira d’analyser – dans une perspective socio-historique – les concurrences autour de cette production  à partir des différents décomptes (comptages parallèles, sondages, sortie des urnes, échantillonnage de bureaux), des professionnels autorisés à produire et commenter ses résultats (personnels d’administration – spécifiques ou non, partisans, sondeurs, journalistes, commentateurs, observateurs), et du rôle des médias dans cette construction.

Session 2. « On refait le match » ?

Cette seconde session a pour but d’introduire un décalage dans cette perspective analytique « classique » en prenant comme objet d’étude l’histoire et la mémoire de ces contestations et non les contestations elles-mêmes.

Comment expliquer que des controverses autour des verdicts électoraux puissent demeurer vivaces des décennies plus tard, alors qu’à l’inverse beaucoup d’élections contestées semblent perdre l‘intérêt ? On interrogera à la fois les instruments de cette mémoire – historiographie, jurisprudence, chronique, etc. -, les éléments qui peuvent lui servir de support – les controverses, les traces archivistiques, les dispositifs d’observation ou de surveillance, l’histoire des notions utilisées pour qualifier ces élections.

 

Recent years have seen election results contested in several countries around the world – from the United States to Bolivia, from Kenya to Gabon. In each of these countries, the controversies have focused on the vote count and the alleged discrepancy between the results announced by the electoral authorities and the “real” results. These debates and controversies have put both consolidated democratic systems and illiberal regimes to the test. Our aim is to analyse the making of “electoral truth”, defined as a publicly expressed agreement on the rules of political competition and the acceptance of election results. This agreement is understood as the unstable product of political, institutional and technical constructs, based on the rules that govern the entire electoral cycle. We will focus on two moments: the election night, which has received little attention from a political sociology perspective; and the memory of past contested elections.

Session 1. The making of the election’s legitimacy through the election night

The common perception of the election night as simply the proclamation and discussion of results fails to take into account the complex logics of this special moment in the collective production of results – which, depending on the context, can last from one evening to several months. Our aim is to bring election night to the centre of the analysis of the final result’s acceptance, which is ultimately an essential element of democratic legitimacy. 

We consider the actual construction of results as a set of collective and competitive processes that concern public discussion of results, but also the black box of their production. We are therefore interested in the full electoral cycle (constitution of the electorate, voting, counting, aggregation, transmission), especially in its material and technical aspects. We will examine the competition surrounding this production, from a socio-historical perspective, based on the different counts (parallel counts, polls, exit polls, sampling of polling stations), the professionals authorised to produce and comment on the results (administration staff – specific or non-specific, party supporters, pollsters, journalists, commentators, observers), and the role of the media in this construction.

Session 2. « Let’s play the game again »?

The aim of this second session is to introduce a shift in this “classical” analytical perspective by taking the history and memory of such disputes, rather than the contests themselves, as our object of study.

How can we explain the fact that controversies surrounding electoral results are still ongoing decades later, while interest for many contested elections seem to have disappeared? We will examine the instruments of this memory – historiography, case law, chronicles, etc. – as well as the elements that support it – controversies, archives, observation and surveillance systems, etc. – and the history of the concepts used to describe these elections.

Session 1 / La construction de la légitimité de l’élection par la soirée électorale

Yves Valéry Obame (Université de Yaoundé I., CERESC), La fabrique de la surveillance citoyenne du vote à l’ère de la biométrie au Cameroun : l’expérience du Mouvement « 11 Millions de Citoyens »

Clément Desrumaux (Université Lyon II, TRIANGLE), La fabrique de l’histoire des observations électorales par les organisations internationales

Alfredo Joignant (Université Diego Portales, COES), Autonomie institutionnelle, vitesse du décompte des voix et contrôle visuel populaire au Chili (2012-2023)

Elise Massicard (CNRS, CERI), La production plurielle de résultats durant les soirées électorales en Turquie

Session 2 / « On refait le match » ?

Jérémie Moualek (Université d’Evry, CPN & INA), La fièvre du dimanche soir. Quand la fiction statistique télévisée impose la réalité électorale (1958-2022)

Thierry Maire (EHESS, Centre Maurice Halbwachs), Une interminable soirée électorale : le crépuscule de la démocratie au Guatemala ?

Pierre-Nicolas Baudot (Université Panthéon ASSAS, CECP), Marion Jacquet-Vaillant (Université Panthéon ASSAS, CECP), “Le sort des urnes en a voulu autrement”, Saisir la fabrique de la vérité électorale à travers les discours des candidats défaits à l’élection présidentielle française (2002-2022)

Marina Machuca (Sciences Po, CERI), Changer les règles du jeu : les traces des controverses électorales sur l’organisation des scrutins au Brésil (2018 et 2022)

Olivier Ihl (IEP Grenoble, CERDAP), A political vice. Sur les fraudes électorales aux Etats-Unis

BAUDOT Pierre-Nicolas pn.baudot@outlook.com

COMBES Hélène helene.combes@sciencespo.fr

DESRUMAUX Clément Clement.Desrumaux@univ-lyon2.fr

IHL Olivier olivier.ihl@sciencespo-grenoble.fr

JACQUET-VAILLANT Marion marion.jacquet90@gmail.com,

JOIGNANT Alfredo alfredo.joignant@mail.udp.cl

MACHUCA Marina marina.machucadegodoi@sciencespo.fr,

MAIRE Thierry thierrymaire477@gmail.com

MASSICARD Elise elise.massicard@sciencespo.fr,

MOUALEK Jérémie jeremie.moualek@univ-evry.fr

OBAME Yves Valéry obameyves@gmail.com

VOILLIOT Christophe christophe.voilliot@parisnanterre.fr