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ST 47

Corps et politisation

Politicisation and the body

Responsables scientifiques :  

Lucile Quéré (Centre en Etudes Genre, Université de Lausanne) lucile.quere@unil.ch
Lucile Ruault (CNRS, Cermes3) lucile.ruault@cnrs.fr

 

Cette section thématique a pour ambition de faire dialoguer des contributions qui articulent corps et politisation. Les travaux sur les liens entre corps et politique se sont majoritairement intéressés à la représentation politique pour montrer les logiques sexuées, raciales et sexuelles de l’incarnation politique. Au sein de la sociologie des mouvements sociaux, c’est principalement via des registres d’action protestataire comme la grève de la faim et la redécouverte des émotions que le corps a fait son entrée. Pour autant, dans un contexte de forte visibilité des enjeux politiques liés au corps, que l’on pense par exemple au renouveau mondial des mobilisations féministes ou LGBTQI+ qui le politisent de longue date ou aux crises sanitaire et climatique qui mettent sur le devant de la scène les questions corporelles, l’articulation entre corps et politisation demeure trop peu étudiée.

La section thématique 47 propose de mettre en relation différentes études de cas croisant une approche élargie de la politisation avec une sociologie attentive au corps et aux inégalités qui le construisent. Certains de ces travaux contribuent à questionner les manières dont les acteur·rice·s politisent stratégiquement le corps et ses enjeux. Il s’agit alors de s’intéresser tant à la manière dont sont construites les revendications sur ces enjeux qu’aux répertoires d’action mobilisés afin d’affirmer la dimension politique des questions corporelles. Quelles définitions de ce qui est corporel et de ce qui est politique sous-tendent les revendications ? Comment le corps, et quel type de corps est-il mis à contribution dans les actions menées pour le politiser ?

La focale retenue pour cette ST propose de faire dialoguer des travaux qui s’intéressent aux logiques corporelles des processus de socialisation politique. Au-delà des mobilisations et des politiques publiques qui portent spécifiquement sur ces questions, il s’agit de considérer le corps comme une entrée pertinente pour saisir les processus de politisation individuelle et les rapports sociaux qui les structurent. À partir d’objets d’étude originaux et d’approches méthodologiques variées, les communications examinent alors la manière dont les rapports au corps et les vécus corporels (performances sportives, pratiques d’entretien du corps, fouilles et confrontations corporelles, douleurs et maladie, violences, alimentation, parures et marquages, sexualité, pratiques de santé, etc.) façonnent les rapports politiques au monde social. Un certain nombre d’entre elles s’intéressent à la dimension proprement corporelle de l’activité politique, qu’elle soit militante ou professionnalisée. Le pari étant que ces sphères politiques gagnent à être analysées comme des arènes de socialisation corporelle.

Une préoccupation transversale à l’ensemble des contributions concerne les enjeux méthodologiques soulevés par l’observation des liens entre corps et politisation. On peut se demander comment un questionnement sur le corps peut amener à repenser les outils méthodologiques dont on dispose pour l’analyse du politique, en particulier l’infra-politique. Si l’approche ethnographique peut sembler privilégiée pour saisir les gestes et les postures, les expressions faciales et les tonalités de la voix, elle n’est pas la seule possible. Comment retrouver la trace des corps dans les archives politiques et les textes des militant·es ? Comment saisir les socialisations corporelles préalables, et celles à l’œuvre dans les processus de politisation ? Nos discussions dans le cadre de cette ST veilleront aussi à questionner la place du corps de l’enquêteur·rice. Quelle matière pour l’objectivation sociologique fournit-il et à quelles conditions ?

Au total, le dialogue entre ces différentes contributions entend réinterroger les processus de politisation et de socialisation politique au prisme du corps.

 

This thematic section aims to bring together contributions that articulate body and politicization. Studies on the links between the body and politics have mainly focused on political representation, in order to demonstrate the gendered, racial and sexual logics of political embodiment. In the sociology of social movements, the body has been studied mainly via protest actions such as the hunger strike, and the rediscovery of emotions. However, in a context of high visibility of political issues linked to the body – such as the worldwide revival of feminist or LGBTQI+ mobilizations, which have long politicized the body, or the health and climate crises that have brought bodily issues to the fore – the articulation between the body and politicization remains too little studied.

This thematic section presents case studies that combine a broad approach to politicization with a sociology that focuses on the body and the inequalities that shape it. Some of these studies question the ways in which actors strategically politicize the body and what is at stake in it. The aim is to examine both the way in which claims on these issues are constructed, and the repertoires of action mobilized to assert the political dimension of bodily issues. What definitions of what is bodily and what is political underpin these demands? How is the body, and what type of body, put to contribution in the actions carried out to politicize it?

The focus of this ST is to bring together works that examine the bodily logics of political socialization processes. Beyond the mobilizations and public policies that specifically address these issues, the aim is to consider the body as a relevant entry for understanding the processes of individual politicization and the social relations that structure them. Drawing on original objects of study and a variety of methodological approaches, the papers examine the ways in which relations to the body and bodily experiences (sporting performances, body maintenance practices, body searches and confrontations, pain and illness, violence, diet, adornments and markings, sexuality, health practices, etc.) shape political relations to the social world. A number of them focus on the bodily dimension of political activity, whether militant or professionalized. We contend that these political spheres benefit from being analyzed as arenas of bodily socialization.

A concern that cuts across all the contributions concerns the methodological issues raised by observing the links between the body and politicization. We might ask how questioning the body can lead us to rethink the methodological tools available for analyzing the political, particularly the infra-political. While the ethnographic approach may seem the preferred one for capturing gestures and postures, facial expressions and tones of voice, it is not the only one possible. How can we trace bodies in political archives and activists’ texts? How can we grasp prior bodily socializations, and those at work in politicization processes? Our discussions in this ST will also question the place of the investigator’s body. What material does it provide for sociological objectification, and under what conditions?

All in all, the dialogue between these different contributions aims to reinterrogate the processes of politicization and political socialization through the prism of the body.

Session 1 / Les logiques corporelles des rapports ordinaires au politique
Présidente de session : Lucile Ruault

Discutante : Amélie Beaumont (CESSP et Cresppa-CSU) 

Anthéa Bienvenot (CERAPS, Université de Lille), Du féminisme sur patins à roulettes : les corps sportifs comme sites de résistances dans le roller derby

Aline Daillère (CESDIP, Université Paris-Sarclay), Contrôles, palpations, arrestations, violences : expériences corporelles de police et rapports politiques au monde social

Discutante : Julie Pagis (CNRS, Iris)

Lise Laudren (CMH et Cermes3, EHESS et ENS-PSL), Les expériences corporelles de l’endométriose : une matrice de socialisation au féminisme ?

Miléna Younes-Linhart – Pratiques dépilatoires en évolution : socialisation de genre et raciale au fil de la politisation

Session 2 / Les logiques corporelles de la socialisation militante
Présidente de session : Lucile Quéré

Discutante : Sarah Nicaise (CESSP, Université Paris 1, et LaSSP, Toulouse 1)

Coralie Douat (ISP, Université Paris X Nanterre), Masculinités et féminités punks : la production d’un corps non (re)productif comme rapport politique au monde

Nolwenn Veillard (Arènes, Université de Rennes), La cause chevillée au corps. Usages politiques de la corporéité dans l’engagement antispéciste

Discutante : Bleuwenn Lechaux (Arènes, Université de Rennes)

Lucie Drechselová (CETOBaC, EHESS), Genre, corps, classe : les logiques corporelles de la socialisation politique dans la gauche révolutionnaire en Turquie

Iris Lambert (CERI, Sciences Po/CNRS), Corps-à-corps : place et rôle du corps féminin au sein de la guérilla des FARC-EP

BEAUMONT Amélie  beaumont.amelie@gmail.com

BIENVENOT Anthéa anthea.bienvenot@univ-lille.fr

DAILLÈRE Aline daillere.aline@gmail.com

DOUAT Coralie coraliedouat@gmail.com

DRECHSELOVA Lucie lucie.drechselova@ehess.fr

LAMBERT Iris iris.lambert@sciencespo.fr

LAUDREN Lise lise.laudren@ens.psl.eu

LECHAUX Bleuwenn bleuwenn.lechaux@univ-rennes2.fr

NICAISE Sarah sarahnicaise1@gmail.com

PAGIS Julie julie.pagis@cnrs.fr

QUÉRÉ Lucile lucile.quere@unil.ch

RUAULT Lucile lucile.ruault@cnrs.fr

VEILLARD Nolwenn veillard.nolwenn@outlook.com

YOUNES-LINHART Miléna milenayouli@gmail.com