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ST 40

Transnationalisme et diplomatie d’influence : Attractivité et instrumentalisation des acteurs privés à l’étranger

Transnationalism and diplomacy of influence: Attractiveness and instrumentalization of private actors abroad

Responsables scientifiques :  

Christian Lequesne (Sciences Po, Paris) christian.lequesne@sciencespo.fr
Emilija Pundziūtė-Gallois (Université Vytautas Magnus de Kaunas) emilija.p.g@gmail.com

 

La littérature de relations internationales s’intéresse depuis longtemps à l’interaction entre les Etats et les acteurs non-étatiques. Il existe par exemple une abondante littérature sur le rôle que jouent les ONG dans la politique internationale des Etats. Ces études interactionnistes posent généralement la question du pouvoir des acteurs non-étatiques dans la décision diplomatique ou la décision de politique étrangère.

Dans les études francophones, il existe une dimension moins travaillée qui est le rapport entre les diplomaties d’influence des Etats et les acteurs privés. Par diplomatie d’influence, il faut entendre des pratiques qui cherchent à attirer des acteurs au-delà des frontières grâce aux instruments d’une action institutionnelle volontariste. L’Etat d’origine comme l’Etat de résidence cherchent ainsi à faire usage de la transnationalisation des acteurs privés pour se renforcer. Ce n’est nullement un hasard si la diplomatie d’influence s’accorde souvent bien avec les recettes néolibérales des Etats dans la confection des politiques publiques. L’un des modes opératoires du néolibéralisme consiste pour l’Etat à promouvoir les partenariats avec les acteurs privés. Empiriquement, on observe que les Etats qui développent des diplomaties d’influence actives ont souvent une certaine facilité à faire de l’acteur privé un partenaire, rompant ainsi avec une conception régalienne de la diplomatie. La construction de la diplomatie d’influence vise des objectifs politiques qui peuvent être très divers : gain économique, diffusion d’un modèle culturel, consolidation identitaire, rapprochement idéologique.

Dépassant le cadre de la « diplomatie publique » et valorisant la société civile dans sa complexité, au-delà des acteurs organisés et institutionalisés (telles les ONG), la ST cherche à éclairer les interactions public-privé dans la diplomatie contemporaine. Si, comme l’écrit Martin Wight, « l’habileté des gouvernements à parler aux peuples par-dessus des têtes d’autres gouvernements » est devenue classique, la diplomatie d’influence prend de nouvelles formes qui rendent son étude nécessaire.

Plusieurs domaines d’interaction entre la diplomatie d’influence et les acteurs privés intéressent particulièrement la ST.

-La diplomatie des diasporas (pour les Etats d’origine comme pour les Etats de résidence) ;

-La diplomatie d’attractivité des étudiants étrangers ;

-La diplomatie d’attractivité d’acteurs économiques ciblés (retraités comme en Thaïlande et au Portugal, investisseurs immobiliers, « exilés » fiscaux, candidats à la naturalisation)

-La diplomatie idéologique (accueil des réfugiés et des oppositions politiques, comme l’opposition biélorusse par la Lituanie)

-La diplomatie du renseignement (mise en place de moyens à l’étranger pour recueillir des informations auprès d’acteurs privés ciblés).

La sociologie des acteurs, les processus de construction de la relation diplomatique, les effets sur les politiques publiques des Etats d’origine et de résidence intéressent la réflexion de la ST.

 

International relations literature has long been studying the interaction between states and non-state actors. There is, for example, an abundant literature on the role played by NGOs in the international politics of states. These interactionist studies generally raise the question of the power of non-state actors in diplomatic or foreign policy decision-making.

In French-language literature, there is a dimension that has received less attention, namely the relationship between states’ diplomacy of influence and private actors. The term « diplomacy of influence » refers to practices that seek to attract actors beyond national borders by means of deliberate institutional action. In this way, both home and host countries seek to leverage the transnationalization of private players to increase their power. It is no coincidence that diplomacy of influence often goes hand in hand with the neo-liberal recipes of state policy-making. One type of the neoliberal modus operandi is for the state to promote partnerships with private players. Empirically, we can observe that states that actively develop diplomacy of influence often find it relatively easy to turn private players into partners, thus breaking with a regalian conception of diplomacy. The construction of diplomacy of influence pursues political objectives that can be very diverse: economic gain, dissemination of a cultural model, consolidation of identity, ideological rapprochement.

Going beyond the framework of « public diplomacy » and assessing the civil society in all its complexity, beyond organized and institutionalized actors (such as NGOs), this ST seeks to shed new light on public-private interactions in contemporary diplomacy. If, as Martin Wight writes, the « skill of governments in speaking to peoples over the heads of other governments  » has become classic, the diplomacy of influence is taking on new forms that make its examination especially relevant.

Several areas of interaction between diplomacy of influence and private players are of particular interest to the ST.

-Diaspora diplomacy (for both home and host countries);

-Diplomacy to attract foreign students;

-Diplomacy to attract targeted economic players (retirees, as in Thailand and Portugal, property investors, tax ‘exiles’, applicants for naturalisation).

-Ideological diplomacy (welcoming refugees and political opponents, such as the Belarusian opposition in Lithuania)

-Intelligence diplomacy (setting up resources abroad to gather information from targeted private players).

The sociology of actors, the processes of construction of diplomatic relations, and the effects of such diplomacy on public policies of the countries of origin and residence are all of interest to the ST.

Présidents et discutants : Christian Lequesne (Sciences Po, Paris) et Emilija Pundziūtė-Gallois (Université Vytautas Magnus de Kaunas) 

Louis Baudrin (CERI- Sciences Po), Les alumni, des « ambassadeurs privés » ? Culture régalienne contre logique partenariale dans la diplomatie d’influence en France et en Allemagne

Guillaume Placide-Breitenbucher (SAGE, Université de Strasbourg), D’une diplomatie d’influence à l’autre ? L’héritage américain des programmes d’échange étudiants allemands

Soufiane Taif (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, CESSP), L’implantation de la Mission laïque française au Maroc : un tournant libéral dans la diplomatie éducative française

David Ambrosetti (CNRS, Les Afriques dans le monde – LAM), La transnationalisation de la diplomatie d’influence en temps de guerre : l’Éthiopie, le Tigré et les États-Unis

Fankem Fankem (Sup-de-Co Université de Yaoundé II), De la diplomatie culturelle à la diplomatie d’influence : le Cameroun, un petit Etat qui construit son influence à partir du sport et de la musique

AMBROSETTI David d.ambrosetti@sciencespobordeaux.fr

BAUDRIN Louis louis.baudrin@sciencespo.fr

FANKEM Fankem ffankem6@gmail.com

LEQUESNE Christian christian.lequesne@sciencespo.fr

PLACIDE-BREITENBUCHER Guillaume guillaume.placide-breitenbucher2@etu.unistra.fr

PUNDZIUTE-GALLOIS Emilija emilija.p.g@gmail.com

TAIF Soufiane taif.soufiane@gmail.com