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Responsables scientifiques :
Sophie Louey (Chaire Transformation des Organisations et du Travail, Centre de Sociologie et des Organisations, Sciences Po Paris) sophie.louey@sciencespo.fr
Jean-Marie Pillon (IRISSO, Paris Dauphine) jean-marie.pillon@dauphine.psl.eu
Les Chambres dites consulaires (d’Agriculture, de Commerce et d’Industrie, des Métiers et de l’Artisanat) sont des institutions légales faisant partie des groupements patronaux (Offerlé, 2009) contribuant à la production et la mise en œuvre de l’action publique. Soumises à des prérogatives, elles ont aussi la possibilité de proposer des services à leurs adhérents selon les ressources dont elles disposent et les politiques qu’elles mettent en place. La littérature sur le tournant néolibéral des politiques publiques présente l’intérêt de mettre l’accent sur la contribution des acteurs privées à l’écriture voire à la mise en œuvre des programmes d’action publique. Toutefois à une échelle plus locale, les travaux d’histoire de l’économie et les approches territorialisées de l’action publique ont, de longue date, souligné à quel point la mobilisation des intérêts privés constitue une constante, si ce n’est le moteur, des politiques de développement.
La ST rassemble des chercheurs et des chercheuses travaillant sur les Chambres et leurs réseaux en interrogeant leurs contributions à l’action publique.
Des institutions au cœur de l’action publique
Les Chambres contribuent à l’action publique au niveau local ou national (Lemercier, 2003). Publiques, ces institutions sont destinées à défendre les intérêts privés de leurs ressortissants. Parcourues de tensions entre leurs prérogatives, elles contribuent à l’action publique en mobilisant des ressources qui leurs sont propres et/ou extérieures. Les Chambres contribuent à un « gouvernement privé » de l’action publique aux échelons locaux (Healy, 2007). Se saisir de l’activité des chambres avec les outils de la science politique paraît d’autant plus stimulant qu’elles ont par ailleurs connu ces dernières décennies différentes réformes et n’ont pas échappé à différentes « politiques d’organisation » (Bezes et Le Lidec, 2016). Ces dernières sont supposées rationaliser leur intervention à moindre frais ce appelle à une réflexion sur les effets de bords de ces redimensionnements.
Les chambres opératrices de l’action publique
Historiquement pourvoyeuses de services à leurs adhérents et à leur public, les Chambres ont été largement mobilisées par les processus de délégation de l’action publique si bien qu’elles font aujourd’hui figure d’opératrices dans nombre de domaines : formation, emploi ou encore développement local. Par ailleurs, le cas de l’agriculture tend à souligner la capacité des Chambres à appliquer des orientations stratégiques qui leur sont propres, en soutien de l’agriculture conventionnelle notamment. Mais comment s’y prennent les Chambres pour rendre leurs services ? Quelles modalités d’organisation de l’activité favorisent-elles, selon quelle rationalité et pour quelle sélection des publics ? Sont-elles toutes également en mesure de favoriser certaines orientations ? En regardant les Chambres comme, et depuis, un « guichet », il nous semble stimulant d’appeler les chercheurs travaillant sur ces espaces à s’interroger sur la « politique du guichet » qu’elles mènent (Dubois, 1999).
The consular Chambers (of Agriculture, Commerce and Industry, Trades and Crafts) are legal institutions forming part of employers’ groups (Offerlé, 2009) contributing to the production and implementation of public action. Subject to prerogatives, they also have the possibility of offering services to their members according to the resources they have and the policies they put in place. The literature on the neoliberal turn in public policies has the advantage of emphasizing the contribution of private actors to the writing and even the implementation of public action programs. However, on a more local scale, work on the history of the economy and territorialized approaches to public action have, for a long time, highlighted the extent to which the mobilization of private interests constitutes a constant, if not the engine, development policies.
The ST brings together researchers working on Chambers and their networks by questioning their contributions to public action.
Institutions at the heart of public action
The Chambers contribute to public action at the local or national level (Lemercier, 2003). Public, these institutions are intended to defend the private interests of their nationals. Filled with tensions between their prerogatives, they contribute to public action by mobilizing resources that are their own and/or external. The Chambers contribute to a “private government” of public action at local levels (Healy, 2007). Understanding the activity of the chambers with the tools of political science seems all the more stimulating given that they have also undergone various reforms in recent decades and have not escaped different “organizational policies” (Bezes and Lidec, 2016). The latter are supposed to rationalize their intervention at a lower cost, which calls for reflection on the side effects of these resizings.
Chambers operating public action
Historically providers of services to their members and their public, the Chambers have been largely mobilized by the processes of delegation of public action so that today they are operators in a number of areas: training, employment or further local development. Furthermore, the case of agriculture tends to underline the capacity of the Chambers to apply strategic orientations of their own, in support of conventional agriculture in particular. But how do the Chambers go about providing their services? What methods of organizing the activity do they favor, according to what rationality and for what selection of audiences? Are they all equally able to promote certain directions? Looking at the Chambers as, and since then, a “window”, it seems stimulating to us to call on researchers working in these spaces to question the “wicket policy” that they pursue (Dubois, 1999).
REFERENCES
Bezés Philippe et Le Dilec Patrick, “Politiques de la fusion. Les nouvelles frontières de l’état territorial”, Revue Française de science politique, vol. 66, 2016, p. 507-541.
Dubois Vincent, La vie au guichet. Relation administrative et traitement de la misère, Paris, Economica, 1999.
Healy Aisling, Le gouvernement privé de l’action publique urbaine : sociologie politique de la « gouvernance métropolitaine » du Grand Lyon, Thèse de Science Politique, Université Lyon 2, 2007.
Lemercier Claire, Un si discret pouvoir. Aux origines de la chambre de commerce de Paris 1803-1853, La Découverte, 2003.
Offerlé Michel, Sociologie des organisations patronales, La Découverte, 2009.
Discussion : Aisling Healy (Laboratoire Triangle, Université Jean Monnet Saint-Etienne)
Bétina Boutroue (UMR Art Dev, Université Paul Valéry Montpellier 3), L’intégration de l’adaptation au changement climatique au sein des chambres d’agriculture françaises. Entre régionalisation et pouvoir d’action limité, le (nouveau) rôle des Chambres d’Agriculture dans l’action publique d’adaptation de l’agriculture au changement climatique
Léo Magnin (CNRS, LISIS) et Antoine Doré (INRAE, AGIR), Les chambres d’agriculture dans l’action publique climatique
Adrien Thibault (UMR SAGE – Université de Strasbourg – Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, Tunis), Des chambres doublement consulaires : les chambres mixtes tunisoeuropéennes comme guichets de l’immigration au service des entreprises
BOUTROUE Bétina betina.boutroue@cirad.fr
DORÉ Antoine antoine.dore@inrae.fr
HEALY Aisling aisling.healy@univ-st-etienne.fr
LOUEY Sophie sophie.louey@sciencespo.fr
MAGNIN Léo leo.magnin@univ-eiffel.fr
PILLON Jean-Marie jean-marie.pillon@dauphine.psl.eu
THIBAULT Adrien adrienthibault@outlook.fr