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ST 01

Conditions de travail et exercice des mandats politiques ou syndicaux

Working conditions and political or trade union mandates

Responsables scientifiques :

Catherine Achin (Université Paris Dauphine-PSL, IRISSO) catherine.achin@dauphine.psl.eu
Didier Demazière (CNRS-Sciences Po, CSO) didier.demaziere@sciencespo.fr

 

L’objet de cette ST est d’enrichir l’analyse des manières dont les élu.es exercent leurs mandats et investissent leur travail politique ou syndical, en France ou ailleurs. L’accent est mis sur l’étude des conditions de travail des élu.es, soit l’organisation de leur activité, le temps qui y est consacré, les contraintes notamment psychiques et les gratifications en résultant, mais aussi les façons d’articuler exercice des mandats, vie hors travail et emploi éventuel. Pour nous, l’intérêt de cette approche est renforcé par le poids de normes valorisant l’engagement des élu.es, leur sens du sacrifice et leur endurance. Ces normes sont mises à l’épreuve de l’exercice des mandats, contribuant à la perception des composantes du travail comme ‘naturelles’, normales, supportables ou pas, et à la régulation des manières dont les élu.es considèrent et gèrent les interactions entre leurs activités, leur profession éventuelle, leurs proches et leur santé.

Les rapports à ces normes dépendent d’évolutions structurelles comme la croissance des couples biactifs, la recherche de sens du travail, le recul de la syndicalisation et du militantisme partisan, ou le renforcement de l’encadrement juridique des carrières politiques et syndicales (quotas électoraux, transparence financière, limitation du cumul des mandats, etc.). On en trouve des indices dans la progression des situations de « surmenage » ou des « difficultés personnelles » conduisant à des retraits de la politique (Dalibert, 2022) et leur publicisation fréquente (voir le cas des premières ministres néo-zélandaise et écossaise, des « burn-out en série à Borgen », ou de la démission de Michèle Rubirola du poste de maire à Marseille). Au-delà des cas individuels, le « malaise des élu.es » est construit par les associations professionnelles comme le symptôme d’une crise de la démocratie appelant un réaménagement profond de leur statut, notamment à l’échelon local, tandis que dans le domaine syndical, surmenage, burn out, démissions et difficultés du renouvellement des représentant.es constituent des enjeux tout aussi prégnants (Béroud et al., 2018), qui se posent notamment en termes de genre (Le Quentrec, Rieu 2002).

Cette section thématique propose donc d’analyser l’évolution des conditions d’exercice des mandats politiques ou syndicaux, les manières de les éprouver, de les supporter et les gérer, tant dans la réalisation du travail politique ou syndical, que dans les interactions avec la vie personnelle des élu.es, leur santé et le déroulement de leur carrière. Elle repose sur la conviction de l’intérêt heuristique de croiser sociologie du travail et sociologie du personnel politique. L’analyse des conditions de travail des salarié.es et (plus tardivement) des indépendant.es constitue en effet un champ de recherche à part entière, jalonné par moult enquêtes qualitatives et monographiques comme par de grandes enquêtes statistiques (Gollac, Volkoff et Wolff 2014), qui ont balisé les dimensions des conditions de travail susceptibles de porter atteinte à la santé des travailleur.ses. Du côté de la sociologie politique, des travaux ont pointé la centralité des dimensions temporelles des activités des élu.es (Godmer, Marrel 2016 ; Ollion 2021), mais aussi la forte charge mentale de la prise de décision et de l’exercice de responsabilités (Flinders et al. 2020, Weinberg 2012) et le brouillage des frontières entre sphères professionnelle et privée (Gris 2021).

Dans leur prolongement, nous entendons approfondir l’analyse de la manière dont les élu.es, dans leur diversité (sexe, âge, situation matrimoniale, ancienneté, parti politique, syndicat, etc.) éprouvent leurs conditions de travail, investissent les activités issues de leurs mandats, affrontent des normes et exigences spécifiques. Nous en attendons un enrichissement des connaissances tant sur le métier politique et l’activité syndicale que sur les évolutions des rapports aux mandats, aux engagements et aux carrières électives.

 

The aim of this ST is to enrich the analysis of the ways in which elected representatives exercise their mandates and invest in their political or trade union work, in France or elsewhere. The emphasis is put on the working conditions of elected representatives, i.e. the organisation of their activity, the time devoted to it, the constraints, particularly psychological, and the resulting rewards, as well as the ways in which the exercise of mandates, life outside work and possible employment are combined. In our view, the value of this approach is enhanced by the weight of standards that value the commitment of elected representatives, their sense of sacrifice and their endurance. These norms are put to the test in the exercise of their mandates, contributing to the perception of the components of work as ‘natural’, normal, bearable or not, and to the regulation of the ways in which elected representatives consider and manage the interactions between their activities, their possible profession, their family and their health.

Elected representatives’ relationships with these norms depend on structural changes such as the growth in bi-active couples, the meaning given to work, the decline in trade union membership and party activism, and the strengthening of the legal framework for political and trade union careers (electoral quotas, financial transparency, limits on multiple mandates, etc.). Evidence of this can be seen in the increase in situations of « burn-out » or « personal difficulties » leading to retirement from politics (Dalibert, 2022) and the frequent publicity surrounding these (see the cases of the New Zealand and Scottish prime ministers, the « serial burn-outs at Borgen », or the resignation of Michèle Rubirola from the post of mayor in Marseille). Beyond individual cases, the ‘malaise of elected representatives’ is seen by professional associations as a symptom of a crisis in democracy calling for a radical overhaul of their status, particularly at local level, while in the trade union field, overwork, burnout, resignations and difficulties in renewing representatives are just as significant issues (Béroud et al., 2018), which are posed in particular in terms of gender (Le Quentrec, Rieu 2002).

This ST therefore proposes to analyse changes in the conditions under which political or trade union mandates are exercised, and the ways in which they are experienced, endured and managed, both in the performance of political or trade union work and in the interactions with the personal lives of elected representatives, their health and the course of their careers. It is based on the conviction of the heuristic interest of combining the sociology of work and the sociology of political staff. Analysis of the working conditions of employees and (more recently) the self-employed is in fact a field of research in its own right, punctuated by numerous qualitative and monographic studies as well as major statistical surveys (Gollac, Volkoff and Wolff 2014), which have identified the dimensions of working conditions likely to affect workers’ health. In political sociology, studies have highlighted the centrality of the temporal dimensions of elected representatives’ activities (Godmer, Marrel 2016; Ollion 2021), but also the high mental burden of decision-making and the exercise of responsibilities (Flinders et al. 2020, Weinberg 2012) and the blurring of the boundaries between professional and private spheres (Gris 2021).

So, we intend to analyse in greater depth the way in which elected representatives, in all their diversity (gender, age, marital status, seniority, political party, trade union, etc.) experience their working conditions, invest in the activities arising from their mandates, and face up to specific standards and requirements. We expect this to enrich our knowledge of the political profession and trade union activity, as well as the changing relationship between mandates, commitments and elective careers.

 

REFERENCES 

Béroud S., Giraud B., Yon K. (2018), Sociologie politique du syndicalisme, Paris, Armand Colin

Dalibert L. (2022) Les retraits de la vie politique. Doctorat de science politique, Université de Nantes.

Flinders M., et al. (2020) Governing under Pressure? The Mental Wellbeing of Politicians, Parliamentary Affairs, 73(2), 253-273.

Godmer L., Marrel G. (2016) La politique au quotidien. L’agenda et l’emploi du temps d’une femme politique, Lyon, ENS édition.

Gollac M., Volkoff S., Wolff L. (2014) Les conditions de travail, Paris, La Découverte.

Gris C. (2021) Femmes d’élus, sociologie d’un second rôle, Lormont, Le Bord de l’eau.

Le Quentrec Y., Rieu A. (2002), Femmes élues et syndicalistes : une participation sous contraintes, Lien social et politiques, 47, 109-125.

Ollion E. (2021) Les candidats. Novices et professionnels en politique, Paris, PUF.

Weinberg A. (ed.) (2012) The Psychology of Politicians, Cambridge University Press.

Session 1 / Conditions de travail et d’exercice du mandat de député
Présidence : Rémy Le Saout

Axe 1 / Les apprentissages du travail parlementaire et de la gestion de ses frontières
Discutant : Sébastien Ségas

Juliette Bresson (Université de Lille, CERAPS), Le corps est fatigué, le mental aussi, c’est très dur ». Les conditions de travail et de vie des politiques à travers les novices

Hugo Miroufle (Université Paris I, CESSP), Pouvoir exercer son mandat de député, les conditions du travail à l’Assemblée nationale (2017-2024)

Axe 2 / Perspectives comparatives sur les variations des conditions de travail
Discutante : Sandrine Lévêque

Louise Dalibert (Université de Nantes, Droit & Changement Social), Le travail en circonscription des députés. Un travail différent en ruralité et en aire urbaine

Martin Baloge (Université Catholique de Lille), « Asseyez-vous où vous pourrez ». Ce que les bureaux des députés français et allemands disent de l’exercice du mandat politique

Session 2 / A l’épreuve des conditions de travail
Présidence : Jérôme Pélisse

Axe 1 / Des conditions de travail dégradées ou pénibles ?
Discutant : Jean-Noël Jouzel

Cécile Guillaume (Université de Surrey) et Frédéric Rey (CNAM, LISE), La représentation syndicale saisie au prisme de la dégradation des conditions d’exercice des mandats syndicaux

Anne-Cécile Douillet (Université de Lille, CERAPS) et Aurore Granero (Université de Bourgogne), Les conditions de travail des élu.es conduisent-elles à leur démission ?

Axe 2 / Les tensions du mandat avec les sphères familiale, privée, professionnelle
Discutant : Renaud Crespin

Pauline Chevalier (Université de Lille, CERAPS), Les temps contraints des conseiller.es départementaux.ales dans un contexte de semi-professionnalisation : la place laissée aux sphères professionnelle et privée

Nolwenn Armogathe (Sciences Po Toulouse, LaSSP), Élu.es avant tout ? Les ressorts de l’accommodement au mandat des élu.es municipaux à Marseille

ACHIN Catherine catherine.achin@dauphine.psl.eu

ARMOGATHE Nolwenn nolwennarmogathe@yahoo.fr

BALOGE Martin martin.baloge@univ-catholille.fr

BRESSON Juliette bresson.juliette@gmail.com

CHEVALIER Pauline pauline.chevalier@univ-lille.fr

CRESPIN Renaud renaud.crespin@sciencespo.fr

DALIBERT Louise louise.dalibert@gmail.com

DEMAZIÈRE Didier didier.demaziere@sciencespo.fr

DOUILLET Anne-Cécile anne-cecile.douillet@univ-lille.fr

GRANERO Aurore aurore.granero@u-bourgogne.fr

GUILLAUME Cécile cecile.guillaume94@gmail.com

JOUZEL Jean-Noël jeannoel.jouzel@sciencespo.fr

LE SAOUT Rémy remy.le-saout@univ-nantes.fr

LEVÊQUE Sandrine sandrine.leveque@sciencespo-lille.eu

MIROUFLE Hugo hugo.miroufle@gmail.com

PÉLISSE Jérôme jerome.pelisse@sciencespo.fr

REY Frédéric frederic.rey@lecnam.net

SÉGAS Sébastien sebastien.segas@univ-rennes2.fr