le portail de la science politique française
Responsables scientifiques :
Elisa Chelle (Université Paris Nanterre, Sciences Po, Institut universitaire de France) elisa.chelle@parisnanterre.fr
Isabel M. Perera (Cornell University, Institut universitaire de Florence) isabel.m.perera@cornell.edu
Organisée en partenariat avec l’Association américaine de science politique (APSA), en coopération avec la revue French Politics et le Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (LIEPP) de Sciences Po.
L’épidémie de Covid-19 a renouvelé l’attention autour de la dimension politique des dispositifs sanitaires (Bergeron et al., 2018), depuis le consentement politique des populations aux choix étatiques opérés. La politique française du « quoi qu’il coûte » a déclenché des financements massifs dans la santé, rompant ainsi avec des décennies de coupes budgétaires. Les réformes engagées pendant le premier quinquennat Macron (« Ma Santé 2022 ») se sont données pour mission de résorber les déserts médicaux (offre territoriale de soins, déroulement des études de médecine, investissement dans les infrastructures). Pour autant, les mobilisations des personnels soignants (infirmières, internes, médecins généralistes), bien que récurrentes, n’ont jamais été aussi prégnantes. Le burnout à l’hôpital a été mis en avant pour demander une amélioration des conditions de travail. La crise pandémique a donc ouvert des fenêtres d’opportunité pour le personnel médical. Le système de santé français est régulièrement présenté en France comme en crise voire au bord de l’effondrement.
Or, dans une perspective internationale, ce même système de santé a pu apparaître comme une référence, notamment en matière de protection assurantielle ou de faiblesse des restes-à-charge en comparaison avec les pays de l’OCDE (Or et al., 2023). L’Organisation mondiale de la santé (2000) avait qualifié le système de santé français comme le meilleur au monde. Par contraste, la santé publique a pu être présentée comme le parent pauvre de la politique de santé française. Dans le domaine du cancer, la prévention peine à progresser – un facteur qui contribue à faire du cancer la première cause de mortalité en France, et non les maladies cardio-vasculaires, comme dans le reste de l’Europe (Or et al., 2023, p. xxv). En revanche, d’autres grands indicateurs sont plutôt favorables. L’OCDE estime par exemple que les Français vivent deux ans de plus que les habitants des autres pays développés, en partie en raison d’une moindre prévalence de l’obésité, et ce malgré une consommation d’alcool et de tabac supérieure à la moyenne (Organisation de coopération et de développement économiques, 2021).
Cette section thématique analyse le paradoxe français à la lumière des tensions autour du modèle universaliste. Les contributions examinent une caractéristique de la politique de santé française, allant de la question classique de la couverture assurantielle à des aspects moins souvent abordés tels que la politique pharmaceutique. Les sujets au cœur des réformes actuelles, offre territoriale de soins et réforme des études de santé, y tiennent une bonne place. Un regard comparatif sur l’expertise de santé publique en France et aux États-Unis permet enfin de faire un pas de côté afin de mieux saisir les spécificités du modèle français. La notion même de modèle sera questionnée à la lumière de ses transformations à travers le temps (Lima et Steffen, 2004). Cette section thématique favorise les échanges entre chercheurs francophones et anglophones en vue de la publication d’un numéro spécial de French Politics en 2025 (remise des papiers à l’automne 2024, 8 000-10 000 mots). Les communications pourront être présentées en français ou en anglais, mais les papiers finaux devront être rédigés en anglais.
The Covid-19 epidemic has renewed attention to the politics of health (Bergeron et al., 2018), laying bare the importance of range of issues: from how elites make public policy decisions to whether the public consents to them. After decades of budget cuts, France’s “whatever it costs” policy has increased health care funding massively,. The reforms undertaken during President Macron’s first term (“Ma Santé 2022”) aimed to tackle medical deserts (by improving health care supply across the territory, reforming medical education accordingly, and investing in related infrastructure). At the same time, health care workers (nurses, interns, GPs) have never been so mobilized and militant. Their protests, though historically recurrent, have become prevalent today. Calling attention to their rising burnout levels and seeking to improve hospital working conditions, medical staff have made use of the pandemic crisis as a window of opportunity to change public policy. In their telling, the French health care system is in crisis, even on the brink of collapse.
Yet international analysts view this same health system as a model, noting in particular its generous insurance coverage and low out-of-pocket expenses (Or et al., 2023). The World Health Organization (2000) described the French health care system as the best in the world. To be sure, France’s public health policy is less developed than the country’s health care system. For example, cancer screening and prevention systems have long struggled–a factor that contributes to cancer’s place as the leading cause of death in France (and not cardiovascular disease, as in the rest of Europe) (Or et al., 2023, p. xxv). On the other hand, other major indicators are quite positive. For example, the OECD estimates that, on average, French people live two years longer than people in other developed countries, partly because of the lower prevalence of obesity (and despite their above-average alcohol and tobacco consumption, Organisation for Economic Co-operation and Development, 2021).
This thematic section analyzes the paradoxes of the French health care system. The contributions examine a feature of French health care policy, ranging from the classic topic of insurance coverage to the less often discussed area of pharmaceutical policy. The subjects at the heart of current reforms—territorial health care provision and professional training and education —also feature prominently. A comparative look at public health expertise in France and the United States also allows us to take a step back and better grasp the specificities of the French model. Finally, the very notion of the “French model” will be questioned in the light of its transformations over time (Lima and Steffen, 2004). This thematic section encourages exchanges between French- and English-speaking researchers, with the goal of publishing the papers in a special issue of French Politics in 2025 (revised drafts due in autumn 2024, 8,000-10,000 words). Papers may be presented in French or English, but article submissions to the special issue must be written in English.
REFERENCES
Bergeron, Henri, Patrick Castel. Sociologie politique de la santé. 2nd ed. Paris: PUF. 2018.
Lima, Léa, Monika Steffen, « Comparaison internationales en politiques publiques : stratégies de recherche, méthodes et interprétation », Revue internationale de politique comparée, 11(3), 2004, p. 339-348.
Or, Zeynep, Coralie Gandré, Anna-Veera Seppänen, et al. France: Health System Review 2023. Report 25(3). The European Observatory on Health Systems and Policies. 2023.
Organisation for Economic Co-operation and Development. Health at a Glance 2021: OECD Indicators. Highlights for France. [s.n.]. 2021.
World Health Organization. “World Health Organization Assesses the World’s Health Systems.” February 7, 2000.
Présidence : Elisa Chelle (Université Paris Nanterre, Sciences Po, Institut universitaire de France), Isabel M. Perera (Cornell University, Institut universitaire de Florence)
Discutante : Amy G. Mazur (Washington State University)
Mauricio Aranda (CNAM, CEET), Igor Martinache (Université Paris Nanterre, ISP), Nadège Vezinat (Université Paris 8, CRESPPA-GTM), An Alternative to the Hospital-Liberal Dualism? Municipal Health Centres Caught Between Territorialised Healthcare Provision and “Proportionate Universalism”
Matthias Brunn (Sciences Po, LIEPP), Masha Kharkhordine (Sciences Po, EAP), William Genieys (Sciences Po, CEE), Patrick Hassenteufel (Université Paris Saclay, PRINTEMPS), Decision-making and new insiders : une sociologie de la réforme des études de santé
Takuya Onoda (Sciences Po), A Bitter Pill to Swallow: Ministers, Experts, and the Politics of Pharmaceutical Policies in France
Sarah Rozenblum (Cornell University), Institutional Competition and Redundancy: The Strategic Use of the French and US Public Health Advising Arsenal during the Covid-19 Pandemic
Raphaëlle Sors (Université Dauphine), Public Health Insurance Policies in France: Extending Protection or Controlling Expenditure?
ARANDA Mauricio mauricio.aranda-rodriguez@lecnam.net
BRUNN Matthias matthias.brunn@sciencespo.fr
CHELLE Elisa elisa.chelle@parisnanterre.fr
GENIEYS William william.genieys@sciencespo.fr
HASSENTEUFEL Patrick patrick.hassenteufel@uvsq.fr
KHARKHORDINE Masha masha.kharkhordine@sciencespo.fr
MARTINACHE Igor igor.martinache@parisnanterre.fr
MAZUR Amy G. mazur@wsu.edu
ONODA Takuya takuya.onoda@sciencespo.fr
PERERA Isabel M. isabel.m.perera@cornell.edu
ROZENBLUM Sarah sdr85@cornell.edu
SORS Raphaëlle raphaelle.sors@dauphine.eu
VEZINAT Nadège nadege.vezinat@univ-paris8.fr