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Responsables scientifiques
Frédéric Nicolas (INRA-CESAER – Université de Bourgogne et LaSSP – IEP de Toulouse) frederic.nicolas@sciencespo-toulouse.fr
Yves Pourcher (Laboratoire des sciences sociales du politique – LaSSP, IEP de Toulouse) yves.pourcher@wanadoo.fr
La violence politique, le conservatisme et le vote aux extrêmes, le désintérêt pour la chose publique et la dépolitisation, le clientélisme et le cumul des mandats, les difficultés extrêmes liées à la désertification, etc. sont autant de manières de se représenter la vie et les sociabilités politiques en milieu rural. L’analyse des sociabilités politiques et des politiques de sociabilités en milieu rural ne se libère qu’imparfaitement des représentations que véhiculent ces territoires en tant que supports d’un passé mythifié (tradition) ou d’un futur rêvé (utopie) : la vie et les événements politiques sont fréquemment perçus à travers ces deux prismes de la « tradition » et de la « modernité », sans que soient interrogées les scènes et les occasions de sociabilités politiques dans leur dimension sociohistorique. Dans l’esprit des grandes enquêtes monographiques menées par des chercheurs étrangers (Wylie 1974) ou dans le cadre du Musée national des arts et traditions populaires (Jolas et al. 1990 ; Morin 2013), des enquêtes collectives contemporaines (ANR ESMR et ANR Mondex) et des travaux autour des « paysans et de la politique », les communications de cette section thématique interrogeront les sociabilités politiques et les politiques de sociabilités en milieu rural à partir de 4 scènes — singulières, mais non-exclusives les unes des autres — saisies avec les outils de l’ethnographie (Mischi 2008) :
– La scène politique et administrative, en insistant plus particulièrement sur la sélection du personnel politique (Pourcher1987 ; Bruneau et Renahy 2012 ; Renahy 2008), l’éligibilité, le travail politique au quotidien et le travail de mobilisation électorale (Baronne et Troupel 2010 ; Pourcher 2004) ainsi que l’action collective. Les communications ne sauraient se limiter au temps de la campagne électorale : nous encourageons les travaux qui interrogent les « temps morts » et le temps long de la mobilisation électorale (construction de clientèles) et de l’action collective (construction de problèmes publics), afin de remettre sur le métier certaines questions classiques de la science politique (professionnalisation et transformations des ressources notabiliaires, déplacement des frontières du politique, hybridation des répertoires d’action, etc.).
– La scène du travail et de l’emploi, où le rapport aux familles, aux parentés, aux collègues, à la hiérarchie (Noiriel 1988), aux organisations professionnelles et syndicales (Mischi 2011), mais également le rapport au travail lui-même et à la juridiction professionnelle (Retière 1994) participent à la fabrique du jugement et de l’opinion politiques. Il s’agit également d’une scène où la précarisation de l’emploi et des conditions de travail (Renahy 2010 ; Baisnée, Bory et crunel 2014), la distance au bassin d’emploi, les perspectives d’évolution de carrière, etc. sont constitutives de processus d’homogénéisation et de différenciation sociale qui, ayant un impact sur les conditions et les styles de vie, ont un impact sur la compétition politique locale.
– La scène associative, culturelle et cultuelle, où les fêtes (lotos, festivals, célébrations religieuses, etc.) (Rougier 2010), les rencontres sportives (Renahy 2001) et les rencontres culturelles (autour du cinéma, de la littérature, des reconstitutions historiques, des cueillettes et des plantes, etc.) (POUR 2015) sont autant d’occasions de réaffirmer sa position dans l’espace social local et les ressources sur lesquelles celle-ci repose. Ces événements peuvent également participer à l’apprentissage ou à la mise à l’épreuve du rôle politique pour les élus comme pour ceux qui entrent dans la compétition politique. Nous encourageons ainsi les communications qui combineraient des approches sociohistoriques et interactionnistes des scènes associative, culturelle et cultuelle afin de comprendre leur rôle dans la définition de l’ordre politique local.
– La scène domestique (pensée en relation avec la scène de l’école) enfin, puisque la famille reste aujourd’hui une des principales instances de socialisation politique des enfants, mais également parce que la famille en milieu rural est l’objet de projections et de représentations proprement politiques, au point d’en faire peut-être parfois une cause morale. Dans cette perspective, il est nécessaire d’encourager les communications qui poursuivraient le travail déjà amorcé sur la socialisation politique familiale des enfants, mais également les travaux qui réfléchiraient aux évolutions du modèle familial (monoparentalité, homoparentalité, etc.) (Weber, Gojard et Gramain 2003), à la division du travail domestique entre sexes et aux formes de domination genrée (Bessière et Gollac 2007 ; Annes 2012), ainsi qu’à la circulation locale de normes domestiques (alimentation, santé, éducation, décoration, jardinage, etc.) (Weber 2009).
L’analyse de ces 4 scènes singulières, mais non exclusives les unes des autres, doit permettre d’interroger des questions classiques de la science politique – professionnalisation politique, travail de mobilisation électorale, politisation, construction des problèmes publics – dans leur dimension sociohistorique et localisée. Elle doit également permettre de questionner les spécificités des formes d’encadrement et des logiques de domination en milieu rural. Elle doit enfin nous éclairer sur les effets éventuels des nouvelles configurations sociopolitiques (notamment les réformes territoriales et organisationnelles de l’État, les multiples effets des politiques européennes) sur la structuration et la stratification sociale des mondes ruraux. Les organisateurs de la section seront particulièrement attentifs aux propositions de communication explicitant clairement les dimensions ethnographique et/ou sociohistorique et/ou interactionniste de l’analyse des sociabilités politiques et des politiques de sociabilité en milieu rural. Six communications seront retenues : elles feront l’objet d’une présentation de 15 minutes, suivie d’une discussion de 20 minutes (3 discutants différents). 30 minutes de discussion avec le public et entre participants concluront la session. Une publication est envisagée à l’issue de la session.
Political violence, conservatism, lack of interest in public affairs and politics, clientelism and multiple office holding, extreme difficulties linked to the lack of inhabitants, etc. are some of the few lenses through which life and political sociabilities in rural areas are seen. The analysis of political sociabilities and policies of sociabilities in rural areas is entangled in the representations that these areas convey. They are seen as a mystified past (tradition) or a possible future (utopia). Life and political events are often approached solely through the notions of « tradition » and « modernity » leaving out any socio-historical analysis. In mind of the vast monographic studies lead by foreign researchers or for the Musée national des arts et traditions populaires, as well in mind of contemporary collective studies and research linked to the notions of « countrymen and politics », the papers of this thematic section will use the tools of ethnography to question political sociabilities and policies of sociabilities in four different scenes :
– The political and administrative scene, paying particular attention to the selection of political personnel, eligibility, daily political work, campaigning and collective action. The papers will not only cover moments of electoral campaigns. We will encourage studies that question moments outside electoral campaigns and electoral engagement and collective action on the long run (building clientele and public problems). The aim here is to come back to some classical political science questions (professionalisation and the transformation of local political resources, the symbolic boundaries of politics, repertoires of action, etc.).
– The work and employment scene in which the construction of judgement and political opinion is influenced by family, colleagues, hierarchy, professional and trade-union organisations as well as work itself and professional jurisdiction. It is a scene in which the increasing insecurity of work and working conditions, the fact of being far from the employment market, carrier paths, etc. create process of social homogeneisation and differenciation. This has an impact on life conditions and styles, and thus on local political competition.
– The assocative, cultural and religious scene in which gatherings (bingos, festivals, religious celebrations, etc.), sporting events and cultural events (linked to cinema, litterature, historical reenactments, picking and plants, etc.) are moments when people’s position in the local social space are reaffirmed, as well as the resources on which these positions depend. These events may also be of importance for elected and non elected politicians in challenging their political role. We thereby encourage papers that would combine both a sociohistorical and an interactionist approach of associative, cultural and religious scenes in order to comprehend the role they play in defining local political oder.
– The domestic scene (apprehended in relation to the school scene) since family remains today one the main influences as far as children’s political socialisation is concerned, but also because the family in rural areas is subject to political projections and representations (so much so that it is sometimes put forth as a moral cause). In this perspective we would have to encourage papers that would continue the work that has been started on children’s domestic political socialisation. We would also have to encourage works that would reflect on the evolutions of the family model (single parenting, LGBT parenting, etc.), on the division of domestic activities between men and women, on gender domination and on the local spreading of domestic trends (food, health, education, decoration, gardening, etc.).
The analysis of these four scenes which are separate yet may be linked will enable us to approach the socio-historical and localised dimension of classical political science questions (political professionalization, electoral engagement, politicisation, social construction of public problems). It will also enable us to question leadership and domination in rural areas. Finally, it will shed light on the possible effects of the new socio-political settings (in particular organiztionnal and territorial reforms of the State, and the many impacts of european policies) on the structuring and stratification of rural worlds.
We will pay particular attention to propositions which clearly state the ethnographic and/or sociohistoric and/or interactionnist dimensions of the analysis of political sociability and the policies of sociabilities in rural areas. Six papers will be accepted. They will be subjected to a 15 minute presentation followed by a 20 minutes discussion (with 3 people discussing). A 30 minutes discussion with the audience and participants will then follow and end the session. A volume may be published as a result of the session.
Axe 1 / Transformations des ressources et de la domination notabiliaires
Discutant : Sébastien Vignon (CURAPP et Université de Picardie Jules Verne)
Stéphanie Guyon (CURAPP et Université de Picardie Jules Verne), Représentation politique, sociabilité locale et transformation des rapports sociaux de race, de classe et de genre à Saint-Laurent de Maroni (Guyane) de 1949 à 1983
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Mario Bilella (CESSP et Université de Paris 1), Les liens entre formes de sociabilité et participation politique : le cas d’un village rural de l’après-guerre à nos jours
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Axe 2 / Le genre des sociabilités politiques en milieu rural
Discutant : Anaïs Malié (LaSSP, IEP de Toulouse, et INRA-CESAER)
Victor Marneur (CED et IEP de Bordeaux), Le genre des sociabilités au village. Quelle place pour les femmes en politique dans les espaces ruraux ? Le cas de la Gironde
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Clémentine Comer (CRAPE-Arènes et Université de Rennes 1), La “cause des agricultrices”, prétexte à la suspension du politique dans les groupements professionnels féminins
Axe 3 / Sociabilités festives et encadrement des zones rurales
Discutant : Benoît Coquard (GRESCO et Université de Poitiers)
Alexandre Dafflon (CRAPUL et Université de Lausanne), Construire ses propres référents culturels à travers des sociabilités festives et récréatives. La socialisation politique des jeunes en milieu rural
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Quentin Schnapper (CESAER et École normale supérieure), Un altruisme intéressé. De l’investissement des commerçants dans les festivités des mondes ruraux : le cas d’un bourg périurbain de Vendée (1945-2016)
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Stéphanie Guyon (CURAPP et Université de Picardie Jules Verne)
Représentation politique, sociabilité locale et transformation des rapports sociaux de race, de classe et de genre à Saint-Laurent de Maroni (Guyane) de 1949 à 1983
Cette communication portera sur l’évolution des mobilisations politiques à St Laurent du Maroni de 1949 à 1983. Il s’agira de montrer comment les inégalités sociales, sexuées et raciales produites pendant la période coloniale se reproduisent ou se modifient dans les nouvelles institutions politiques locales. Les Amérindiens et des Noirs-marrons étant exclus de la citoyenneté jusqu’en 1969, l’espace politique de St Laurent du Maroni a d’abord été investi et aménagé par les membres du groupe créole. Toutefois les élites coloniales créoles n’ont pas conservé le pouvoir politique dans la commune qui a été investi par les membres des fractions ascendantes des classes populaires et moyennes créoles. Ce renouvellement du personnel politique a profondément modifié la place des femmes dans les activités politiques locales : alors que du temps des notables, les femmes créoles faisaient campagne dans les maisons, dans la sphère privée et que cette activité de sollicitation des suffrages étaient très liées à l’église, à partir des années 1970, elles apparaissent dans l’espace public et accèdent au mandat électif. A partir de matériaux ethnographiques, nous appréhenderons l’organisation sociale locale comme matrice de l’institutionnalisation partisane. Nous verrons en effet comment les processus de politisation et d’institutionnalisation partisane empruntent les voies des sociabilités et réseaux locaux traditionnels du milieu populaire créole.
Political representation, local sociability and transformation of social relations of race, class and gender in St-Laurent du Maroni (French Guiana) from 1949 to 1983
This paper will deal with the evolution of political mobilization in St Laurent du Maroni from 1949 to 1983. It will show how the social, gender and racial inequalities produced during the colonial period are reproduced or modified in the new local political institutions. Since the Amerindians and Maroons were excluded from citizenship until 1969, the political space of St Laurent du Maroni was first invested and managed by members of the Creole group. However, the Creole colonial elites do not retain political power in the commune which is invested by the members of the ascending fractions of the popular and middle Creole classes. This renewal of the political staff profoundly changed the place of women in local political activities: whereas in the days of notables, Creole women campaigned in houses in the private sphere and this activity of soliciting votes was very related to the church, from the 1970s, they appeared in the public space and acceded to elective mandates. From ethnographic data, we will understand local social organization as a matrix of partisan institutionalization. Indeed, we will see how the processes of politicization and partisan institutionalization follow the paths of the traditional local societies and networks of the Creole community.
Mario Bilella (CESSP et Université de Paris 1)
Les liens entre formes de sociabilité et participation politique : le cas d’un village rural de l’après-guerre à nos jours
Les démarches ethnographique et sociohistorique appliquées à l’étude d’un village rural permettent de saisir les recompositions à l’œuvre dans l’espace social local et leurs incidences sur la scène politique municipale. L’étude des réseaux de sociabilité permet ainsi de comprendre les modalités d’investissement de cette dernière par différents groupes sociaux au cours du temps. Les réseaux porteurs d’activités majoritairement ouvrières (la chasse, le club de football ou le comité des fêtes), qui dans les années 1980 ont permis l’investissement en politique de membres des classes populaires, sont peu à peu confrontés au déclin du groupe et à l’arrivée de nouvelles populations. De nouvelles activités, portées par de nouveaux groupes sociaux, deviennent centrales sur la scène associative et bouleversent les modalités d’accès à la scène politique. La composition des conseils municipaux mais aussi une mobilisation contre un projet d’implantation de supermarché sont ainsi analysées à la lumière de phénomènes non spécifiquement politiques. En accord avec de nombreux travaux, ce travail réaffirme la très forte imbrication des différentes scènes (politique, associative, professionnelle, etc.) dans la définition d’un ordre politique local.
The links between forms of sociability and political participation: the case of a rural village from the post war period to today
The ethnographic and socio-historic approach employed in the study of a rural village allows us to comprehend the changes at work in the local social space and their repercussions on the local political stage. The study of networks of sociability thus allows us to comprehend the modes of investment in local political life by different social groups over time. The networks based on primarily working-class activities (hunting, the football club or the events committee), which, in the 1980s, enabled the political investment of the working classes, are gradually being confronted with a decline of this social group and the arrival of new populations. New activities introduced by new social groups become central in community life and disrupt the modes of access to the political scene. The composition of municipal councils as well as the mobilisation against the construction of a new supermarket are thus analysed in the light of phenomenons which are not specifically political. In line with various pieces of research, this study reaffirms the interconnectedness of different scenes (political, community, professional, etc.) in the definition of a local political order.
Victor Marneur (CED et IEP de Bordeaux)
Le genre des sociabilités au village. Quelle place pour les femmes en politique dans les espaces ruraux ? Le cas de la Gironde
Cette communication traite de la question de la place des femmes dans les municipalités rurales sous l’angle des sociabilités. Si les femmes restent moins souvent élues dans les petites communes, les mécanismes qui conduisent à leur élection sont mal connus. En ce sens, nous aborderons la question des sociabilités associatives, et en particulier des sociabilités liées à l’école (associations de parents d’élèves notamment) qui représentent une voie d’accès privilégiée au conseil municipal pour les femmes dans les espaces ruraux. À partir d’une quarantaine d’entretiens menés avec des élu-e-s municipales de Gironde, nous montrerons que les sociabilités associatives permettent à des femmes qui ne disposent pas des ressources édilitaires classiques dans les espaces ruraux (notabilité, propriété terrienne), d’accéder au conseil municipal voire au poste de maire. Nous montrerons également que le type de sociabilité locale investi oriente tendanciellement la carrière municipale de ces élues.
Gender of sociability in the village. What role for women in politics in rural areas ? The case of Gironde
This paper deals with the question of the place of women in rural municipalities from the perspective of sociability. While women remain less often elected in small towns, the logics which lead to their election are badly known. This way, we will deal with the issue of associative sociabilities (parents’ associations in particular) which represent a privileged access to the city council for women in rural areas. From about forty interviews conducted with municipal elected representatives in Gironde, we will show that associative sociabilities allow women who do not have traditional political ressources in rural areas (notabilité, land ownership), to reach the city council even at the post of mayor. We will also show that the type of local sociability invested orient the municipal career of these elected representatives.
Clémentine Comer (CRAPE-Arènes et Université de Rennes 1)
La “cause des agricultrices”, prétexte à la suspension du politique dans les groupements professionnels féminins
À partir d’une enquête ethnographique menée auprès de groupements professionnels féminins internes aux organisations agricoles (syndicats, chambres d’agriculture, groupes de développement), cette communication interroge les processus d’« évitement » du politique en leur sein. Plus particulièrement, nous postulons que les agricultrices engagées dans ces groupes mobilisent des compétences tactiques et des savoir-faire militants afin de rester « à distance » du politique. D’abord, la « cause » des agricultrices, censée transcender les lignes de fracture idéologiques, se révèle être un puissant outil de valorisation des groupes féminins au sein de l’espace de la représentation agricole. Ce faisant, la règle de la neutralité régule leurs échanges et est sans cesse réaffirmée dans le cours de leur action. Ensuite, cette présentation de soi stratégique fonctionne à la fois comme instrument de ralliement, de préservation des liens de sociabilité, mais également de réprimande efficace d’opinions dissidentes. Enfin, l’entretien de cette illusion favorise l’émergence d’un « esprit de corps » homogène, qui exclut, de manière tacite, les participantes qui ne souscrivent pas aux évidences partagées. En définitive, derrière la vitrine officielle de « neutralité », s’opère un véritable « tri sélectif » des opinions syndicales et politiques qui accompagne la clôture des groupes féminins sur eux-mêmes.
The « cause of women farmers », pretext for the suspension of politics in the women farmers’ groups
Based on an ethnographical fieldwork conducted among women’s professional groups in agricultural organizations (farmers’ unions, the Chambers of Agriculture, agricultural producer groups), this paper analyses the processes of « avoidance » of politics within them. In particular, we postulate that women farmers involved in these groups use tactical and militant skills to remain « at a distance » from politics. First, the « cause » of women farmers, supposed to transcend ideological demarcation lines, proves to be a powerful tool for promoting women’s groups within the field of agricultural representation and advocacy. In so doing, the rule of neutrality channels their exchange views and is constantly reaffirmed in the course of their action. Secondly, this strategic self-presentation functions both as an instrument for rallying, for preserving the bonds of sociability, but also for stifling dissenting opinions. Finally, the maintenance of this illusion favors the emergence of a homogeneous « esprit de corps », which tacitly excludes participants who do not subscribe to shared evidence. In short, behind the mask of apparent « neutrality », an insidious « selective sorting » of trade union and political views takes place, with the closing of the women’s groups on themselves.
Alexandre Dafflon (CRAPUL et Université de Lausanne)
Construire ses propres référents culturels à travers des sociabilités festives et récréatives. La socialisation politique des jeunes en milieu rural
À partir d’une enquête ethnographique menée auprès de jeunes membres de sociétés de jeunesse campagnarde, cette communication propose d’étudier le rôle des sociabilités festives et récréatives dans le processus de construction des attitudes politiques des jeunes en milieu rural en Suisse romande. Elle montre que dans un contexte où les transformations sociales remettent en cause les fondements de la légitimité du groupe, les jeunes, à travers l’organisation de manifestations festives, sont poussés à s’engager collectivement pour valoriser une culture propre qui repose sur une conception pratique du monde et un mode d’organisation social fondé sur une société d’interconnaissance. Au cours de ce processus, les jeunes se positionnent politiquement dans le monde qui les entoure. Ils apprennent à s’opposer à la domination symbolique en subordonnant systématiquement la « théorie » à la « pratique » et en défendant une certaine image de la jeunesse, une jeunesse responsable socialement.
Building its own cultural referents through festive and recreational sociabilities. The political socialization of rural youth
Based on an ethnographic investigation of members of rural youth groups, this paper intends to examine the role of festive and recreational sociabilities in the formation of the political attitudes of rural youth in the French-speaking part of Switzerland. In a context in which social transformations challenge the social legitimacy of the group, it shows that young people, through the organization of festive events, engage in collective action to valorize their own cultural referents that is based on a practical conception of the world and an interpersonal relationships society. During this process, they learn to resist symbolic domination by systematically subordinating « theory » to « practice » and by defending a certain image of youth, a responsible youth.
Quentin Schnapper (CESAER et École normale supérieure)
Un altruisme intéressé. De l’investissement des commerçants dans les festivités des mondes ruraux : le cas d’un bourg périurbain de Vendée (1945-2016)
Depuis ses origines à la fin du XIXe siècle les organisations locales de petits commerçants ont ajouté à la panoplie de leurs actions contestataires – qui ont focalisé l’attention de la littérature – l’organisation de festivités locales. À partir du cas d’un bourg périurbain et d’une ancienne foire agricole, cette communication se propose d’étudier les ressorts et l’évolution de l’investissement collectif de commerçants sédentaires dans les festivités locales en milieu rural. Cela suppose de restituer les trajectoires, les propriétés sociales singulières et les raisons d’agir de ces petits patrons et d’expliciter les liens qu’entretiennent le commerce, la foire et le bourg. Après avoir retracé l’histoire de la foire et le rôle des commerçants dans l’animation festive du bourg même en l’absence de comité d’organisation formel, nous soulignerons l’ambivalence de cette participation qui repose sur un enchevêtrement d’intérêts économiques directs et indirects, de formes d’altruisme territorial et de recherche de sociabilités professionnelles et festives ; le tout résultant directement de la détention d’une boutique dans un même espace d’interconnaissance qui brouille les frontières de leur travail et confond les intérêts du commerce et ceux du bourg.
Self-interested altruism. On shopkeepers’ engagement in festivals in rural areas : A case-study of a peri-urban village (1945-2016)
From late nineteenth century on, shopkeepers’ organizations have been setting up local festivals, an aspect overlooked by the literature. Based on a case-study of a peri-urban village and it’s former agricultural fair, this communication analyses the motives underpinning and the evolution of shopkeepers’ collective engagement in local festivals in rural areas. To this end, shopkeepers’s social backgrounds and motives will be explored and the relations between retail, village and fair will be clarified. Retracing the history of the fair will first show the importance of shopkeepers in livening up the village through festive sociabilities even in lack of any formal institution. Then the ambiguity of shopkeeper’s collective engagement in local festivals will be underscored by exploring the entanglement of direct or indirect interests, of forms of territorial altruism and longing for profesionnal and festive sociabilities underpinning it. This being the result of owning a shop in a village that blurs the borders of their work and merge village’s and retail’s interests.
Lundi 10 juillet 2017 13h30-17h30
BILELLA Mario mario.bilella@hotmail.fr
COMER Clémentine clementinecomer@gmail.com
COQUARD Benoît benoit.coquard@gmail.com
DAFFLON Alexandre alexandre.dafflon@unil.ch
GUYON Stéphanie stephanie_guyon@hotmail.com
MALIE Anaïs anais.malie@gmail.com
MARNEUR Victor victor.marneur@gmail.com
NICOLAS Frédéric frederic.nicolas@sciencespo-toulouse.fr
POURCHER Yves yves.pourcher@wanadoo.fr
SCHNAPPER Quentin quentin.schnapper@ens.fr
VIGNON Sébastien sebastienvignon@yahoo.fr