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ST 58

L’austérité en débats : échelles, instruments, secteurs

Investigating austerity: scales, instruments, sectors

 

Responsables scientifiques :

Thomas Hélie (Université de Reims, Centre de Recherche Droit et Territoire – CRDT) thomas.helie@univ-reims.fr
Nicolas Maisetti, (Université Paris-Est, Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés – LATTS) nicolas.maisetti@enpc.fr

La question de l’« austérité » a ressurgi dans les agendas médiatiques et politiques des Etats à l’occasion de la crise financière de 2008. Elle est brandie aussi bien par des gouvernements (Boriello, 2017) qui mettent en œuvre des politiques de réduction des dépenses publiques fréquemment justifiées « par la fragilité financière et la probabilité future de la faillite » (Juven, Lemoine, 2018), que par les organisations politiques, syndicales et les mouvements sociaux qui dénoncent ses logiques et leurs effets (Rüdig, Karyotis, 2014). Pour les premiers, l’enjeu est de renouer avec une plus grande « rigueur » dans la gestion des ressources publiques afin de rétablir les grands équilibres économiques (déficit budgétaire, capacité d’endettement, taux de désendettement…) ; ceux-ci auraient été déstabilisés par plusieurs décennies de politiques de redistribution et d’investissement d’inspiration keynésienne, reprenant une antienne de la critique néo-institutionnaliste des années 1970 (Buchanan, Wagner, 1977). Pour les autres, ce discours et ces politiques résultent de la mise en œuvre d’un agenda néolibéral qui se traduit par une réduction du champ d’intervention de l’État et une extension du domaine du marché, donnant la priorité au remboursement de la dette financière sur tout autre objectif de politique publique (Streeck, 2013 ; Lemoine, 2016) et conduisant à la fragilisation des politiques sociales. Au-delà de la dimension polémique que cette division sémantique recouvre (« bonne gestion », « rigueur budgétaire », « discipline fiscale », « austérité »), les conflits autour de la construction et de la diffusion multi-niveaux et multisectorielle des pratiques, des instruments, des représentations de l’austérité permettent d’interroger des questions classiques en termes d’analyse de recomposition de l’État et de production de l’action publique.

Les tensions sur les enjeux financiers n’apparaissent certes pas à la fin des années 2000 (Descamps, Quenouëlle-Corre, 2018 ; Bezes, 2018 ; Gayon, Lemoine, 2014 ; Burlaud, 2011), mais l’histoire récente des politiques produites au nom de l’austérité réactualise les débats académiques sur les échelles de son déploiement (axe 1), les instruments sur lesquels elle repose (axe 2), ainsi que les secteurs d’action publique dans lesquels elle se diffuse (axe 3). De manière transversale à ces axes, la section thématique accueillera, d’une part, les travaux qui se concentrent sur les acteurs, relais, porte-voix des politiques d’austérité ou de leur contestation, ainsi que sur leur histoire ; elle s’ouvrira, d’autre part, à des recherches comparées permettant d’établir un nuancier des politiques et des pratiques de l’austérité.

Axe 1 / Les échelles de construction et de diffusion de l’austérité

L’austérité se construit et se diffuse à l’occasion de processus relationnels inscrits sur plusieurs échelles (Boriello, 2018). On pourra en distinguer trois, qui sont en interaction. Premièrement, l’histoire des programmes d’ajustement structurels promus par des organisations internationales (FMI, Banque mondiale…) constituent des cas bien connus, étudiés par une littérature (Weaver, 2008 ; Gayon, 2017) qui a documenté les enjeux de domination se jouant à l’occasion de ces circulations transnationales. On invitera les propositions à s’intéresser aux processus spécifiques de transformations des rapports à la dépense publique occasionnés par plusieurs décennies de programmes, ainsi qu’à leurs effets en termes de recompositions des périmètres et des modes de gouvernance et de mise œuvre de l’action publique. Les organisations régionales, comme l’Union européenne (Leroy, 2018 ; Kickert, Randma-Liiv, Savi, 2015 ; Lebaron, Weber, 2013) pourront constituer un deuxième type d’échelle, parfois en interdépendance avec la première, comme le montre le cas des politiques d’austérité appliquées en Grèce. Troisièmement, les recompositions au sein de l’État permettent d’appréhender les effets différenciés de la circulation transnationale des politiques d’austérité dans deux directions au moins : les réagencements internes à l’appareil politico-administratif, d’une part, qui renvoient à l’un des aspects étudiés par les travaux critiques sur l’application du New Public management depuis au moins trente ans en Europe et aux Etats-Unis (Bezès, 2012 ; Clifford, Wright, 1998 ; Hood, 1991). Sans confondre New public management, réformes néolibérales et réduction de la dépense publique, les contributions sont invitées à analyser la place des pratiques d’austérité dans des évolutions plus vastes identifiées par certaines recherches d’économie politique, au premier rang desquelles figure l’hypothèse « d’austérité permanente » (Pierson, 2012). Les relations entre l’Etat central et les collectivités locales (Lippi, Tsekos, 2018 ; Gourgues, Houser, 2017), d’autre part, constituent une autre piste de recherche dans laquelle pourront s’inscrire des contributions portant sur le débat international relatif à « l’urbanisme   d’austérité » (Peck, 2012).

Axe 2 / Les instruments de la mise en œuvre de l’austérité

La construction, la mise en œuvre et la diffusion des politiques d’austérité reposent sur une instrumentation. Dans la lignée des travaux qui s’intéressent au gouvernement par les finances (Bezès, Siné, 2011), à l’économie politique de la dette (Lemoine, 2016) et aux instruments de l’action publique (Halpern, Lascoumes, Le Galès dir., 2014), cet axe regroupera les contributions qui questionnent la fabrique et la diffusion d’outils normalisés de gestion, de rationalisation financière ou de « dispositifs financiers » (Le Saout, Ségas, 2011 ; Le Saout, 2015). Des budgets jusqu’aux nomenclatures comptables, en passant par les outils de régulation des flux financiers entre et au sein des administrations publiques (Programmes pluriannuels d’investissements, tableaux de bords, certifications des comptes…), l’ensemble de ces instruments contribuent à construire et à renouveler les relations de pouvoir. Structurés par des conceptions de ce que doit être une « bonne gestion », ils méritent de se trouver au cœur de l’analyse empirique.

Axe 3 / Les secteurs d’action publique en régime d’austérité

Si la littérature a bien documenté les transformations dans les organisations qui mettent en œuvre et / ou subissent les effets de l’austérité, elle a relativement moins investi la question des conséquences sur le contenu des politiques publiques (Math, 2017). Cet axe interrogera donc les re-compositions substantielles, et non pas seulement processuelles, que les contraintes budgétaires impliquent. Par ailleurs, on se demandera si les politiques sectorielles sont toutes affectées, et avec la même ampleur, par la réduction des ressources budgétaires. Existent-il une hiérarchie entre elles pouvant aller jusqu’à dessiner des cercles concentriques d’exposition, mettant à l’abri certaines d’entre elles (par exemple, des prérogatives régaliennes à l’échelle nationale, les politiques de développement économique aux échelles locales ?) et menaçant davantage d’autres (politiques culturelles, sociales, écologiques ?) ? Quelles sont, enfin, les dynamiques et les configurations politiques qui peuvent expliquer l’évolution de ces hiérarchies et le passage d’un secteur « protégé » à un secteur « menacé » (ou inversement) ? Les approches comparatives seront ici de première importance pour évaluer les effets différenciés de l’austérité sur les secteurs d’action publique.

 

The issue of « austerity » have reappeared on the media and political agendas of States since the 2008 financial crisis. It is brandished by governments (Boriello, 2017) that implement policies to reduce public spending, as well as by political and trade union organisations who denounce its logic and its effects. For the former, the challenge is to return to greater « rigour » in the management of public resources in order to restore the major economic balances (budget deficit, debt capacity, deleveraging rates, etc.). Indeed, to the neo-institutionalist criticism, several decades of Keynesian-inspired redistribution and investment policies would have weakened the financial stability (Buchanan, Wagner, 1977). For others, this discourse and policies have resulted from the implementation of a neoliberal agenda that have led in a reduction of the State’s field of intervention and an extension of the market’s scope. As a consequence, on the one hand, this evolution would have given priority to the repayment of financial debt over any other public policy objective (Streeck, 2013). On the other hand, it would have undermined social policies. Beyond the semantic polemics (« sound management », « rigour », « fiscal discipline », « budgetary stringency » « austerity »), conflicts about the construction and dissemination of multi-level and multi-sectoral practices, tools, conceptions and world views encourage us to address basic questions on the recomposition of the State and the construction of public policies. Austerity or rigor here booth refer in a broad way to a range of policies and practices that constitute a dynamic framework, submitted to power relations, and offering constraints and / or opportunities for actors and organisations involving in public policies.

            The tensions over financial issues did certainly not appear at the end of the 2000s. However, the recent history have updated academic controversies about the scales (Axis 1.), the policy tools (Axis 2.), as well as the policy sectors where it is disseminated. Across these axis, the thematic section will welcome, the papers that will deal with actors, relays, resounding voice to the austerity policies or contesting them, as well as the long-term process. Furthermore, comparative studies are expected to draw a color chart of austerity policies, politics and practices.

Axis 1 / Scales of construction and dissemination of austerity

            Austerity is built and diffused through relational processes on several scales. Three interrelated scales can be distinguished. First, the history of structural adjustment programmes promoted by international organizations (IMF, World Bank…) are well known cases (Weaver, 2008 ; Gayon, 2017). The authors have analyzed the issues of domination at stake in these transnational circulations. Proposals will be invited to focus on the specific processes of transformations in the relationship with public spending caused by several decades of programmes, as well as their consequences in the recompositions of governance and implementation of public policies. Regional organisations such as European Union (Leroy, 2018 ; Kickert, Randma-Liiv, Savi, 2015 ; Lebaron, Weber, 2013) represent a second configuration of scale, not separated from the latter one, as illustrated by the case of Greece. Third, changes within the State help to understand the differential effects of the transnational circulation of austerity policies in two directions: internal rearranging within the political-administrative system, on the one hand, which refer to one of the aspects studied by the critical works on the New Public Management agenda (Bezès, 2012 ; Clifford, Wright, 1998 ; Hood, 1991); without confusing New public management, neoliberal reforms and reduction of public expenditure, contributions are convened to observe austerity practices in broader developments identified by some political economy research, with the hypothesis of « permanent austerity » at the forefront (Pierson, 2012). Relations between central State and local authorities (Gourgues, Houser, 2017), on the other hand, constitute another avenue of research in which contributions may be part on the international debate on « austerity urbanism » (Peck, 2012).

Axis 2 / Instruments for implementing austerity

            The building-up, implementation and dissemination of austerity policies are based on instrumentation. In line with the work on government through finance (Bezès, Siné, 2011), the political economy of debt (Lemoine, 2016) and public policy instruments (Halpern, Lascoumes, Le Galès dir., 2014), this axis will include contributions that question the spread of standardized management tools, financial rationalization and « financial mechanisms » (Le Saout, Ségas, 2011 ; Le Saout, 2015). From budgets to accounting classifications, including tools for regulating financial flows between and within public administrations (multi-year investment programmes, dashboards, certification of accounts, etc.), all these instruments contribute to building and renewing power relations; structured by conceptions of what « good management » should be. Consequently, they should be at the heart of empirical analysis.

Axis 3 / Public action sectors under austerity regime

            While changes in organizations implementing and/or experiencing the effects of austerity are well described by the literature, the questions of consequences on the content of public policies are less known (Math, 2017). Therefore, this axis will not only address the procedural dimension implied by budgetary constraints, but also the substantial recompositions. In addition, the contribution will wonder if all sectoral policies are affected, and to the same extent, by the reduction of budgetary resources. Is there a hierarchy between them with concentric circles of exposure, sheltering some of them (for instance, sovereign prerogatives at the national level, economic development policies at the local level?) and threatening others more (cultural, social, environmental policies?)? Eventually, what are the dynamics and political configurations that could explain the evolution of these hierarchies and the transition from a « protected » sector to a « threatened » sector (or vice versa)? Comparative approaches will be of primary importance to enquire the differentiated effects of austerity on policy sectors.

 

REFERENCES

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Bezès P. (2018), « Contraintes budgétaires », dans Hay C., Smith A., (dir.), Dictionnaire d’économie politique, Presses de Sciences Po, p. 111-117.

Boriello A.(2017), « Les métaphores de l’austérité. Abolition et préservation de l’autonomie du champ politique dans les discours de crise en Italie et en Espagne », Mots. Les langages du politique, 115.

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Weaver C. (2008), The World Bank and the Poverty of Reform, Princeton: Princeton University Press.

Axe 1 / Les échelles locales de l’austérité

Discutant : Sébastien Ségas (Université Rennes 2, Arènes)

Marie Bigorgne et Nicolas Maisetti (Université Paris-Est, LATTS), Austérité et administration publique locale. Une analyse des formes endogènes de la contrainte budgétaire

Thomas Frinault (Université Rennes 2, Arènes), De l’échec de la loi Marcellin au succès relatif des communes nouvelles. L’austérité budgétaire comme fenêtre d’opportunité pour le regroupement communal

Axe 2 / Le cadre national et le déploiement sectoriel de l’austérité

Discutant : Benjamin Lemoine (CNRS, IRISO)

Clémence Cardon-Quint (Université de Bordeaux, ESPE-CEMMC), L’orientation partisane est-elle soluble dans les politiques d’austérité ? Une réflexion à partir du secteur de l’Éducation nationale (1976-1984)

Catherine Hoeffler (Sciences Po Bordeaux, Centre Emile Durkheim) et Jean Joana (Université de Montpellier, CEPEL), ‘Faire rentrer l’édredon dans la valise’. Des stratégies d’adaptation à la crise dans la politique de défense française (2008-2017)

Axe 3 / Perspectives internationales comparées : les politiques culturelles au miroir de l’austérité

Discutant : Frédéric Lebaron (ENS-Cachan, IDHES)

Elodie Bordat-Chauvin (Université Paris 8, CRESPPA) et Thomas Hélie (Université de Reims, CRDT), Des politiques culturelles à l’économie. Effets et usages des programmes d’austérité en Grèce et en Argentine

Miriam Šebová et Zuzana Révészová (Université de Kosice, Slovaquie), The resurgence in cultural policy in Slovakia in the era of an overall austerity

BIGORGNE Marie marie.bigorgne@enpc.fr

BORDAT Elodie elodie.bordat@univ-paris8.fr

CARDON-QUINT Clémence clemence.cardon-quint@u-bordeaux.fr

FRINAULT Thomas thomas.frinault@univ-rennes2.fr

HÉLIE Thomas thomas.helie@univ-reims.fr

HOEFFLER Catherine c.hoeffler@sciencespobordeaux.fr

JOANA Jean jean.joana@umontpellier.fr

LEBARON Frédéric frederic.lebaron@ens-cachan.fr

LEMOINE Benjamin benjamin.lemoine@dauphine.fr

MAISETTI Nicolas nicolas.maisetti@enpc.fr

RÉVÉSZOVÁ Zuzana zuzana.reveszova@nocka.sk

ŠEBOVÁ Miriam miriam.sebova@tuke.sk

SÉGAS Sébastien sebastien.segas@univ-rennes2.fr