le portail de la science politique française
Responsables scientifiques :
Mathilde Allain (Centre d’Etudes du Conflit et de la Cohésion Sociale, COES (Chili) et Centre Emile Durkheim, Bordeaux) mathilde.allain27@gmail.com
Antoine Maillet (Université du Chili) antoinemaillet@iap.uchile.cl
La demande insatiable en ressources naturelles stratégiques, l’évolution des technologies d’exploitation (comme la fracturation hydraulique fracking), ainsi que les nouvelles pratiques d’implantation développées par les entreprises (relations avec les communautés locales, RSE et greenwashing) ont contribué à amplifier et reconfigurer les conflits liés aux activités dites « extractives ». Y entrent en jeu de nombreux acteurs (coalitions complexes d’acteurs locaux et internationaux, publics, privés et de la société civile) ainsi qu’une diversité de discours (éco-territorial, écologie politique, développement local, justice environnementale, etc.), au sein desquels les acteurs mobilisés articulent des revendications sociales et politiques aux problématiques environnementales rencontrées sur leurs territoires.
Ces reformulations et/ou re-catégorisations des enjeux autour de la défense du territoire et de l’environnement répondent à une croissante imbrication des échelles. Les habitants locaux, confrontés dans leur quotidien aux effets de l’extractivisme, interagissent avec des industries nationales et transnationales dont l’activité est basée sur la demande mondiale en matières premières, mais aussi avec des acteurs publics, à différents niveaux. Les conséquences multiples de ces investissements alertent également d’autres citoyens, réunis autour d’ONG, d’experts, de réseaux, qui interrogent à leur façon le lien entre les choix de politique économique, l’épuisement des ressources nationales et internationales et le développement des territoires – et leurs déséquilibres. Les effets de ces conflits portent donc sur les trajectoires des acteurs et la constitution des organisations sociales, les systèmes de valeurs au sein d’un mouvement social et/ou d’une société, et sur les politiques et pouvoirs publics (Chabanet, Giugni 2010). Ils restent encore peu étudiés dans le monde universitaire français, alors que les études portant sur le militantisme en France présentent de nombreux concepts fortement heuristiques pour appréhender les effets de ces mobilisations sur les carrières militantes (Fillieule 2001), sur les trajectoires des acteurs (Ollitrault 2004) et sur les politiques publiques (Dupuy, Halpern 2009).
Depuis la fin des années 2000, le terme d’extractivisme a fait son apparition pour décrire ces processus d’exploitation des ressources naturelles à grande échelle (Thomas, 2013). D’abord appliqué à l’Amérique Latine (Svampa, 2013) et à l’Afrique (Magrin, 2013), il a été fortement repris en Amérique du Nord, et plus timidement en France, où son usage est longtemps resté cantonné au champ militant (Bednik, 2016). Certains géographes utilisent ce terme (Bos et Velut, 2016) pour décrire ces pratiques et leurs conséquences sociales et environnementales, mais il est encore peu utilisé en science politique. Cette Section Thématique propose de commencer à y remédier, en prenant pour objet les conflits sociaux liés aux activités extractives. Dans la perspective d’ouvrir un agenda de recherche, nous proposons d’interroger la pertinence d’un cadre d’analyse global pour ces conflits socio-environnementaux particuliers (Siméant et al 2015). Dans quelle mesure les particularités locales et les effets de contexte sont-ils solubles dans la comparaison ? Comment rendre compte des effets complexes de ces mobilisations? Nous invitons donc à réfléchir collectivement sur ces conflits et leurs conséquences à partir de contributions abordant un ou des conflits de l’extractivisme. Etudes de cas, études comparées, ethnographies multi-situées, éventuellement études à partir de bases de données à grande échelle permettront d’aborder la dynamique des échelles dans ces processus.
The growing demand for strategic natural resources, the evolution of technologies (such as fracking), as well as the new practices developed by companies (partnerships with local communities, CSR and greenwashing) have contributed to amplify and reconfigure conflicts related to so-called « extractive » activities. These conflicts involve many actors (complex coalitions of local and international actors, public, private and civil society) as well as discourses (eco-territorial, political ecology, local development, environmental justice, etc.), in which the mobilized actors add up social and political demands to the environmental problems they face in their territories.
These reformulations and / or re-categorizations of the issues surrounding the defense of the territory and the environment respond to an increasing interconnection of scales. Local inhabitants, confronted in their daily lives with the effects of extractivism, interact with national and transnational industries whose activities are based on the global demand for raw materials, but also with public actors at different levels. The multiple consequences of these investments also put on alert NGOs, experts, networks, who question in their own way the link between these economic policy choices, the exhaustion of national and international resources and the (lack of) development of the territories. Therefore, these conflicts have consequences on the trajectories of the actors and the constitution of social organizations, the value systems within a social movement and / or society, and on public policies and authorities (Chabanet, Giugni 2010). They are still scarcely studied by French scholars, even though studies on activism in France have many highly heuristic concepts to understand the effects of these mobilizations either on militant careers (Fillieule 2001) or on the trajectories of actors (Ollitrault 2004) and public policies (Dupuy, Halpern 2009).
Since the late 2000s, the term extractivism has emerged to describe these large-scale natural resource exploitation processes (Thomas, 2013). First applied to Latin America (Svampa, 2013) and Africa (Magrin, 2013), it has been widely used in North America, and timidly in France, where it is mostly proper of activism (Bednik, 2016). Geographers use this term to describe these practices and their social and environmental consequences (Bos and Velut, 2016), but it has hardly been the case in political science. This Thematic Section proposes to begin to fill this gap, putting social conflicts related to extractive activities as object of research. In the perspective of opening a research agenda, we propose to question the relevance of a global analysis framework for these socio-environmental conflicts (Siméant et al 2015). To what extent are local peculiarities and context effects soluble in the comparison? How to account best for the complex effects of these mobilizations? We invite contributions addressing one or more conflicts of extractivism, to build collective knowledge about these conflicts and their consequences. Case studies, comparative studies, multi-located ethnographies, studies based on large-scale databases will allow to address the dynamics of scales in these complex processes.
Axe 1 / Extractivisme et enjeux démocratiques : légitimité et échelles d’action
Discutante de la session : Charlotte Halpern (CEE-Science Po)
Germán Bidegain et Martín Freigedo (Instituto de Ciencia Política, Universidad de la República, Uruguay), The La Paloma deepwater port project in Uruguay: local and national environmental resistance to the governmental agenda
Télécharger la communication
Fanny Lajarthe (Centre d’Etudes du Développement Durable, Université Libre de Bruxelles), La dimension multiscalaire de la lutte anti-charbon en Allemagne l’exemple du conflit autour de la forêt d’Hambach
Julie Massal (Institut Français d’Etudes Andines (IFEA) – Bogotá), Les référendums autour des conflits extractifs en Colombie (2017-2018): un improbable succès de mobilisation locale
Télécharger la communication
Yves-Patrick Mbangue Nkomba (Université de Yaoundé II), Les mobilisations acteurielles contre l’extractivisme en contexte local et la restauration des sites d’exploitation miniers au Cameroun
Télécharger la communication
Françoise Montambeault (Université de Montréal) et Nora Nagels (Université du Québec à Montréal), Martin Papillon (Université de Montréal), Consentement préalable libre et éclairé (CPLE) et conflits de l’extractivisme : les cas de la Bolivie et du Brésil
Télécharger la communication
Sandrine Revet (CERI-Sciences Po/CNRS), Lutter contre l’extractivisme par le droit. Mobilisations locales, traductions juridiques et circulations internationales à partir du cas du Rio Atrato en Colombie
Axe 2 / Configurations des conflits et variétés des mobilisations: perspectives comparées multi-niveaux
Discutante : Camille Goirand (CREDA, IHEAL)
Vincent Bos (Laboratoire EDYTEM (Environnement et Dynamiques des Territoires de Montagne), Université de Savoie Mont Blanc et CREDA, IHEAL), Re/dé/construction, projection et circulation d’une image socio-territoriale locale pure et indigène dans le cadre de deux conflits miniers au Pérou et en Guyane française
Télécharger la communication
Sébastien Chailleux (Passages, E2S UPPA et Centre Emile Durkheim, IEP Bordeaux), Vers une variété des extractivismes ? L’extractivisme français au prisme des conflits sur les hydrocarbures non conventionnels
Télécharger la communication
Ana Carolina Gonzalez (Universidad Externado de Bogotá), Ximena Warnaars (Ford Foundation Center for Social Justice) et Cristian Castro (Universidad Externado de Bogotá), Global advocacy targets in extractive conflicts: lessons from Latin America
Télécharger la communication
Simon Levy (Université Lumière Lyon 2, Triangle), Acteurs, échelles et répertoires d’action dans les « conflits extractifs » en Amérique latine : une approche comparative des cas Colombien et Mexicain
Télécharger la communication
Pierre-Louis Mayaux (CIRAD, UMR G-EAU) et Max Rousseau (CIRAD, UMR Art-Dev), Extraire la ressource, s’extraire du conflit. La régulation différenciée des territoires miniers et des eaux souterraines en contexte autoritaire
Télécharger la communication
Audrey Sérandour, Solène Rey-Coquais, Géraud Magrin, Pierre Gautreau (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR Prodig), Extractivisme sans conflit ? A propos de quelques interactions inattendues entre mines et territoires (Argentine, Bolivie, Chili, Pérou)
ALLAIN Mathilde mathilde.allain27@gmail.com
BIDEGAIN Germán german.bidegain@cienciassociales.edu.uy
BOS Vincent bosvincent@yahoo.fr
CASTRO Cristian cristiandariocastro@gmail.com
CHAILLEUX Sébastien s.chailleux@gmail.com
FREIGEDO Martín marfreigedo@gmail.com
GAUTREAU Pierre pierre.gautreau@univ-paris1.fr
GOIRAND Camille cgoirand@wanadoo.fr
GONZALEZ Ana Carolina anacarogonzalez@yahoo.fr
HALPERN Charlotte charlotte.halpern@sciencespo.fr
LAJARTHE Fanny fanny.lajarthe@ulb.ac.be
LEVY Simon smonlevy@gmail.com
MAGRIN Géraud geraud.magrin@univ-paris1.fr
MAILLET Antoine antoinemaillet@iap.uchile.cl
MASSAL Julie juliemassal74@gmail.com
MAYAUX Pierre-Louis pierre-louis.mayaux@cirad.fr
MBANGUE NKOMBA Yves-Patrick mbanguos@gmail.com
MONTAMBEAULT Françoise francoise.montambeault@umontreal.ca
NAGELS Nora nagels.nora@uqam.ca
PAPILLON Martin martin.papillon@umontreal.ca
REVET Sandrine sandrine.revet@sciencespo.fr
REY-COQUAIS Solène jsolene.rey@gmail.com
ROUSSEAU Max max.rousseau@cirad.fr
SERANDOUR Audrey audrey.serandour@univ-paris1.fr
XIMENA Warnaars ximenaswd@gmail.com