le portail de la science politique française

rechercher

ST 10

L’action multilatérale dans la gestion civile des conflits

Multilateral Action in Civil Conflict Management

 

Responsables scientifiques :

Gilles Bertrand (Sciences Po Bordeaux, Centre Émile-Durkheim) g.bertrand@sciencespobordeaux.fr
Charles Tenenbaum (Sciences Po Lille, CERAPS) charles.tenenbaum@sciencespo-lille.eu

 

Dans le sillage du rapport Brahimi sur les opérations de paix de l’ONU et des critiques des modèles d’intervention de la “paix libérale”, on observe, sur plus de deux décennies, des évolutions notables, mais par à-coups, de la doctrine. Sur le terrain, l’apparition des composantes “stabilisation” des missions de paix cristallise, par exemple, ces réformes. Ces dynamiques de changement au sein de la conception militaire du maintien de la paix s’accompagnent d’un rééquilibrage des logiques d’intervention internationale vers une valorisation du versant civil. C’est le sens de la “Nouvelle architecture pour la consolidation de la paix” de l’ONU ainsi que de la création d’une Direction “Approche intégrée pour la paix et la sécurité” (ISP) au sein du Service européen d’action extérieure (SEAE) de l’Union européenne.

L’importance de la gestion civile des conflits a été soulignée par deux événements récents organisés par l’UE. En janvier 2021, le Conseil adopte une nouvelle “Note de concept” réaffirmant le rôle de l’UE dans la médiation des conflits, dix ans après le texte fondateur qui inaugurait la stratégie de prévention et de médiation des conflits du SEAE. Fin avril 2021, son unité de soutien à la médiation (ISP.2) organise trois jours de visioconférence, réunissant 180 diplomates, praticiens et experts autour d’une ambition commune : la “communauté de pratique” (Community of Practice) ou comment “Donner vie ensemble au nouveau concept de l’UE sur la médiation pour la paix”. Au gré des évolutions de l’organigramme du SEAE, prévention des conflits et soutien à la médiation ont été placés au coeur d’une approche dite “intégrée” pour la paix et la sécurité. En d’autres termes, on observe une articulation renforcée entre les instruments de gestion des crises relevant du recours aux moyens militaires et le versant civil.

De la participation à des processus de négociation, au soutien politique et financier à la médiation, l’UE revendique un rôle déterminant dans les transitions de la guerre à la paix sur une grande diversité de terrains et de niveaux d’intervention (local, national, régional) : Syrie, Cameroun, République centrafricaine, Colombie, Guinée, etc.

Inspirée du modèle onusien, la stratégie européenne de médiation reflète les évolutions récentes, au sein des organisations multilatérales, des doctrines et répertoires d’actions dédiés à la construction de la paix. L’Union africaine, l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, l’Organisation internationale de la Francophonie ou la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest reproduisent toutes de manière similaire le modèle original promu par l’ONU, celui d’une (ré)invention d’une “gestion pacifique” des conflits politiques violents de la scène internationale. Une évolution dont les effets portent autant sur le fonctionnement des institutions, leurs interactions avec des acteurs diplomatiques tiers – publics et privés – ou encore la portée et la légitimité de ces missions sur le terrain (multiplications des mécanismes, des instruments de financement, création de directions spécialisées au sein des organisations).

La ST s’intéressera notamment à l’étude de la diversité des types d’interventions des organisations multilatérales sur le terrain (médiation, soutien à la médiation, accompagnement des initiatives de dialogue national, soutien aux programmes de réconciliation, initiatives de désarmement post-conflit, etc.). Elle proposera une analyse critique des programmes spécialisés des institutions multilatérales (OSCE, Union européenne, Union africaine, Nations unies) fruit d’enquêtes de terrain approfondies.

 

Following the Brahimi report on UN peace operations and the criticism of « liberal peace » intervention models, there have been notable, but intermittent, changes in doctrine, for over more than two decades. In the field, the appearance of « stabilization » components of peace missions, for example, crystallizes these reforms. These dynamics of change within the military conception of peacekeeping are accompanied by a rebalancing of the logic of international intervention towards a valorization of the civilian side. This is the meaning of the UN’s « New Peacebuilding Architecture » as well as the creation of an « Integrated Approach to Peace and Security » (IPS) Directorate within the European Union’s External Action Service (EEAS).

The importance of civilian conflict management has been highlighted by two recent EU events. In January 2021, the Council adopted a new « Concept Note » reaffirming the EU’s role in conflict mediation, ten years after the founding text that inaugurated the EEAS’ conflict prevention and mediation strategy. At the end of April 2021, its Mediation Support Unit (ISP.2) is organizing a three-day videoconference, bringing together 180 diplomats, practitioners and experts around a common ambition: The « Community of Practice » or how to « Bring to life together the new EU concept on mediation for peace ». As the EEAS organizational chart has evolved, conflict prevention and mediation support have been placed at the heart of a so-called « integrated » approach to peace and security. In other words, there is a strengthened articulation between crisis management instruments involving the use of military means and the civilian side.

From participation in negotiation processes to political and financial support for mediation, the EU is claiming a decisive role in transitions from war to peace on a wide variety of terrains and levels of intervention (local, national, regional): Syria, Cameroon, Central African Republic, Colombia, Guinea, etc.

Inspired by the UN model, the European mediation strategy reflects recent developments within multilateral organizations in doctrines and repertoires of action dedicated to peacebuilding. The African Union, the Organization for Security and Cooperation in Europe , the International Organization of the Francophonie and the Economic Community of West African States all reproduce in a similar way the original model promoted by the UN, that of a (re)invention of a « peaceful management » of violent political conflicts on the international scene. This evolution has had an impact on the functioning of the institutions, their interactions with third-party diplomatic actors – public and private – and the scope and legitimacy of these missions (multiplication of mechanisms and financing instruments, creation of specialized departments within the organizations).

The Thematic Section will particularly focus on the study of the diverse types of field interventions by multilateral organizations (mediation, support to mediation, support to national dialogue initiatives, support to reconciliation programs, post-conflict disarmament initiatives, etc.). It will provide a review of specialized programs of multilateral institutions (OSCE, European Union, African Union, United Nations) based on in-depth field surveys.

Emilija Pundziūtė-Gallois (Université Vytautas Magnus, Kaunas, Lituanie et CERI, Sciences Po, Paris), Le Processus de Minsk : comment l’innovation diplomatique transforme le rôle de l’OSCE dans la résolution des conflits

Théotime Chabre (Mesopolhis, IEP d’Aix-en-Provence), « Faciliter la réunification de Chypre » au quotidien : les ambivalences du mandat de la Commission européenne.

Ladislas Nze Bekale (Commission de l’Union Africaine, Centre d’Analyse et Prospective sur les Afriques, UQAM-Canada), L’initiative “Faire taire les armes” de l’Union Africaine : quelle contribution de la gouvernance locale à l’édification d’un continent sans armes ?

Camille Bayet (Université Paris II, Panthéon-Assas), Un nouveau genre de paix : l’inclusion des femmes dans les mandats politiques des opérations de paix de l’ONU

Charles Tenenbaum (Sciences Po Lille, CERAPS) et Sophie-Marie Annen (Evaluation and Public Communication, GIZ), Médiation et consolidation de la paix selon l’ONU et l’Union européenne : effets politiques des transformations institutionnelles

Fatoumata Manifa Coulibaly (Faculté des Sciences administratives et politiques, Université des Sciences juridiques et politiques de Bamako), La médiation endogène comme facteur de stabilisation dans les conflits : le cas du Mali

Discutant : Gilles Bertrand (Sciences Po Bordeaux, Centre Émile-Durkheim)

ANNEN Sophie-Marie sophiemarie.annen@gmail.com,

BAYET Camille camille.bayet.42@gmail.com

BERTRAND Gilles g.bertrand@sciencespobordeaux.fr

CHABRE Théotime theotime.chabre@sciencespo.fr

COULIBALY Fatoumata Manifa fatoucoul.dos@gmail.com

NZE BEKALE Ladislas nzebekale@yahoo.fr

PUNDZIUTE-GALLOIS Emilija emilija.p.g@gmail.com

TENENBAUM Charles charles.tenenbaum@sciencespo-lille.eu