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ST 42

Syndicats et patronats face à l’action publique : des groupes d’intérêt comme les autres ?

Trade unions and employers’ organizations facing public action: are they « interest groups » like any others?

 

Responsables scientifiques :

Yolaine Gassier (Université Lyon 2, LEST-MESOPOLHIS) yolaine.gassier@univ-lyon2.fr
Guillaume Gourgues (Université Lyon 2, TRIANGLE guillaume.gourgues@univ-lyon2.fr

 

Le rôle des groupes d’intérêt dans la production de l’action publique constitue une question classique de la science politique. Elle a pourtant rarement été étudiée sous l’angle de la place particulière qu’y occupent les syndicats de salariés et patronaux, et ce malgré les spécificités qui peuvent les distinguer d’autres groupes organisés, comme le poids du cadre législatif sur le niveau de leurs ressources. Si ces spécificités sont peu traitées par les spécialistes de l’action publique, la sociologie des relations professionnelles, en miroir, se désintéresse bien souvent de leur action en dehors des entreprises ou des branches. Les recherches vont alors se concentrer sur des dimensions ciblées, et peu liées entre elles, de leur place dans l’action publique : la perte d’influence des syndicats de salariés sur la définition de l’action publique qui accompagne leur fragilisation dans l’espace des relations professionnelles, ou au contraire la capacité des « milieux d’affaire » à façonner les politiques publiques qui les concernent.

Cette ST propose de rassembler des travaux qui dépassent cette division et interrogent à nouveaux frais l’engagement de ces acteurs privés dans l’action publique, en explorant notamment les enjeux de leur coopération et concurrence, de leur rapport aux institutions publiques à différentes échelles territoriales, de leurs stratégies et répertoires d’action. Sans éviter la question de l’hétérogénéité des situations nationales, il s’agira approfondir la comparaison du rôle de ces acteurs dans la production de l’action publique.

Les communications, qui englobent une diversité d’échelles et de contextes nationaux, s’inscrivent dans deux axes complémentaires :

1) Syndicats et patronats face aux recompositions de l’État et de l’action publique

Les communications interrogent ce que les changements des principes et des niveaux de l’action publique (territorialisation, européanisation, transnationalisation, participationnisme, reconfiguration des espaces de « dialogue social », etc.) font aux acteurs représentatifs du monde socio-économique. Dans quelle mesure les incitent-ils à réviser leur structuration, les modalités de leur fonctionnement ou encore les intérêts défendus ? Au-delà donc de la question de l’influence, cet axe s’intéresse à la manière dont se reconfigure le travail syndical de représentation politique sous l’effet des mutations de l’État.

2) Les contributions syndicales et patronales au policy-making

Ce deuxième axe déplace la réflexion du point de vue de ce que les syndicats de salariés et/ou patronaux, confrontés à ces transformations politico-institutionnelles, font ou ambitionnent de faire pour prendre part à la fabrique de l’action publique, en interrogeant la façon dont ils concourent à l’élaboration voire à la mise en œuvre des politiques dans une configuration d’action particulière. S’ils disposent grâce à leur représentativité d’un « droit à parler » au nom des salariés et des chefs d’entreprise, ce statut ne les érige toutefois pas au rang d’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics. Dans quelle mesure articulent-ils droit à la représentation et logique d’implication ? Comment adaptent-ils leur périmètre et répertoire d’action pour accéder aux affaires publiques, et avec quelles ressources ? Leurs investissements se limitent-ils aux espaces institués d’action ? Et quels sont leurs impacts du point de vue des rapports noués avec les pouvoirs publics, et des modalités de définition et d’application des politiques ?

À travers ces axes, il s’agira plus largement de se demander en quoi la participation de ces acteurs aux affaires publiques contribue à une « redéfinition des rôles syndicaux [et patronaux] légitimes » (Giraud B. et al, 2018), mais également ce que ces implications différenciées nous disent de la persistance de formes de domination que la labellisation de « groupes d’intérêt » tend à dissimuler.

 

The role and influence of interest groups in policymaking is a classic issue for political science. However, the particular roles played by trade unions and employers’ organizations in this process are rarely been studied, despite the specificities that may distinguish them from other organised groups. Specialists in public action rarely consider these specificities, while sociology of industrial relations at the same time often underestimate what is at stake outside the companies for these groups.

The available research therefore focuses on restricted issues, which remain not very closely linked. The role of these actors in policymaking is quickly reduced to the loss of influence of trade unions, which echoes their weakening in companies and industrial relations or, to the contrary, the capacity of the ‘business communities’ to shape public policies that concern them.

This thematic section proposes to bring together works that go beyond this division in order questioning in a new way the roles and commitments of these private actors in policymaking, by exploring more particularly the issues of their cooperation and competition, their relationship with public institutions in a multilevel approach, their strategies and repertoires of action. Without avoiding the inevitable question of the heterogeneity of national situations, we aim deepening the comparative study of the role of these representative actors within policy-making.

The papers, which encompass a diversity of scales and national contexts, fall into two complementary areas:

1) Trade unions and employers’ organisation facing the reconfiguration of State and policymaking

The papers examine the impacts of reconfigurations of the core ideas, spaces and scales of policymaking (such as territorialisation, Europeanisation, transnationalisation, participationism, dissemination of the rhetoric of social partnership, renewed spaces of ‘social dialogue’, etc.) are doing to the representative socio-economic actors. To what extent do these reconfigurations force or encourage them to revise their structuring, methods and functioning, or their claims? Beyond the question of influence, the changes in policymaking can directly pressure the way these organizations try to represent their members and interests, in other words their “work of representation”.

2) The way trade union and employers’ organisation contribute to policy-making

The proposals will study what the trade unions and/or employers’ organisations, faced with these politico-institutional transformations, are doing and/or aiming to do to take part in policymaking. The aim is to question the way in which they contribute to the framing or even the implementation of policies in particular configurations. Although these organisations, because of their representativeness, have a « right to speak » on behalf of employees and company managers, this status does not automatically make them the privileged interlocutor of public authorities. To what extent do they articulate the right to representation and the logic of involvement? How do they adapt their scope and repertoire of action to access public affairs, and according to what resources? What are the repercussions of these investments, not only on the relations established with public authorities but also on the framing and implementation of policies?

Beyond these two main issues, our aim is to deepen our understanding of the participation of these private actors in public affairs, to see how it contributes to a ‘redefinition of legitimate trade union [and employer] roles’. We can learn a great deal of these differentiated implications about the persistence of forms of domination that the label of ‘interest groups’ conceal.

 

Références / References

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Cadiou S. (dir.), Gouverner sous pression ? La participation des groupes d’intérêt aux affaires territoriales, Paris, LGDJ, 2016.

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Dörre K., Holst H., Nachtwey O., « Organising – A Strategic Option for Trade union Renewal? », International Journal of Action Research, vol. 5, 2009, p. 33-67.

Gassier Y., Giraud B. (dir.), Le travail syndical en actes. Faire adhérer, mobiliser, représenter, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2020.

Giraud B., Yon K., Béroud S., Sociologie politique du syndicalisme, Paris, Armand Colin, 2018.

Gourgues G., Les Métropoles comme enjeu syndical. Marginalité et avenir de l’action syndicale dans la territorialisation de l’action publique, Paris, rapport Ires, 2019.

Hassenteufel P., « Les groupes d’intérêts dans l’action publique : l’État en interaction », Pouvoirs, n°74, 1995, p. 155-168.

Howell C., « The transformation of French industrial relations: Labor Representation and the State in a Post-Dirigiste Era », Politics & Society, vol. 37, n°2, 2009, p. 229-256.

Hyman R., Gumbrell-Mc Cormick R., Trade Unions in Western Europe, Hard Times, Hard Choices, Oxford, Oxford University Press, 2013.

Jobert A. (dir.), Les nouveaux cadres du dialogue social. Europe et territoires, Bruxelles, Peter Lang, 2008.

Michel H., « Le syndicalisme dans la « gouvernance » européenne. Formes de représentation et pratiques de défense des intérêts sociaux en questions », Politique européenne, vol. 27, n°1, 2009, p. 129-152.

Michel H., « Businesseurope au-delà du « lobbying » : le travail d’intégration européenne d’une organisation patronale », Critique internationale, vol. 59, n°2, 2013, p. 133-155.

Mouriaux R., Syndicalisme et politique, Paris, Éditions ouvrières, 1985.

Offe C., Wiesenthal H., « Deux logiques d’action collective », Participations, vol. 1, n° 8, 1985 (traduit de l’anglais par K. Yon, 2014).

Offerlé M., Sociologie des groupes d’intérêt, Paris, Montchrestien, 1998.

Savoir/Agir, « Syndicalisme et politique : dé-liaisons dangereuses ? », vol. 45, n°3, 2018.

Soubiran-Paillet F., L’Invention du syndicat (1791-1884). Itinéraire d’une catégorie juridique, Paris, LGDJ, 1999.

Axe 1 / Les syndicats dans les systèmes nationaux de relations professionnelles

Présidente de séance : Yolaine Gassier (Université Lyon 2, LEST-MESOPOLHIS)
Discutant.e : à confirmer

Dominique Andolfatto (Université de Bourgogne, Credespo), Cartellisation des syndicats français et co-construction des politiques publiques ?

Collombat Thomas (Université du Québec en Outaouais), Le syndicalisme québécois face aux reconfigurations de l’action publique : du partenaire privilégié au groupe d’intérêt ?

Anne Guisset (KU Leuven (Belgium), HIVA), Social partners’ representation in Belgium: beyond a neo-corporatist organization of interests?

Axe 2 / Défendre les intérêts économiques sur la scène locale

Président.e de séance : à confirmer
Discutante : Yolaine Gassier (Université Lyon 2, LEST-MESOPOLHIS)

Quentin Schnapper (École normale supérieure, CESAER), Des mobilisations au coin de la rue. Union des commerçants et action publique locale dans un bourg périurbain de l’ouest de la France (1980-2017)

Stéphane Cadiou (Université de Saint-Etienne, TRIANGLE), Peut-on compter sur les commerçants dans les politiques urbaines ?

Axe 3 / Devenir des policy-makers, stratégies d’alliance et d’influence

Président.e de séance : à confirmer
Discutant : Guillaume Gourgues (Université Lyon 2, TRIANGLE)

Victor Demenge (Université de Strasbourg, SAGE), Prévoir pour les « entreprises » : la prévision macroéconomique comme instrument d’influence patronal (années 1970-années 2000)

Marieke Louis (Sciences Po Grenoble, PACTE, UGA), L’union patronale fait-elle la force ? Les mobilisations de la Chambre de commerce internationale et de l’Organisation internationale des employeurs contre les initiatives onusiennes de régulation des entreprises multinationales (1970-nos jours)

Adrien Thomas (Luxembourg Institute of Socio-Economic Research – LISER), Organisations d’employeurs et syndicats face aux politiques climatiques : l’exemple de la réforme du système européen d’échange de quotas d’émission

Axe 4 / Les répertoires d’action à l’épreuve du multi-niveaux

Président de séance : Guillaume Gourgues (Université Lyon 2, TRIANGLE)
Discutant.e : à confirmer

Pauline Grimaud (Sciences Po Paris, CSO), Faire respecter la loi ou la changer ? L’affrontement entre syndicats de salariés et représentants patronaux sur le repos hebdomadaire le dimanche dans le commerce (1993-2015)

Carole Kerduel (Sciences Po Lyon, TRIANGLE), Les syndicats de travailleurs portuaires à l’assaut de Bruxelles : usage croisé des répertoires d’action contestataires et du lobbying institutionnel

ANDOLFATTO Dominique dominique.andolfatto@u-bourgogne.fr

CADIOU Stéphane stephane.cadiou@univ-st-etienne.fr

COLLOMBAT Thomas thomas.collombat@uqo.ca

DEMENGE Victor demengevictor@gmail.com

GASSIER Yolaine yolaine.gassier@univ-lyon2.fr

GOURGUES Guillaume guillaume.gourgues@univ-lyon2.fr

GRIMAUD Pauline pauline.grimaud@sciencespo.fr

GUISSET Anne anne.guisset@kuleuven.be

KERDUEL Carole carole.kerduel@sciencespo-lyon.fr

LOUIS Marieke marieke.louis@iepg.fr

SCHNAPPER Quentin quentin.schnapper@gmail.com

THOMAS Adrien adrien.thomas@liser.lu