le portail de la science politique française

rechercher

ST 51

Un nouvel âge de l’écologie politique ? Mouvements et partis écologistes à la suite des mobilisations pour le climat

The new age of ecologism? Green movements and parties in the wake of climate mobilizations

 

Responsables scientifiques :

Vanessa Jérome (University of Victoria) vanessa0jerome@gmail.com
Simon Persico (Sciences Po Grenoble, Pacte, UGA) simon.persico@iepg.fr

 

Ces dernières années, le conflit autour des questions d’environnement a gagné du terrain en Europe occidentale, tant sur le plan électoral que dans le champ des mobilisations. L’essor d’une nouvelle génération d’organisations telles que Friday for future ou Extinction Rebellion a revivifié l’activisme climatique (de Moor et al. 2020), dont la dynamique se manifeste aussi dans les sondages d’opinion, où ces enjeux sont considérés parmi les plus importants (Crawley, Coffé, et Chapman 2020). Dans les urnes, les partis écologistes ont connu des succès inégaux mais inédits, surtout en Europe du Nord et de l’Ouest (Pearson et Rüdig 2020). Cette ST vise à interroger les ressorts et les caractéristiques de cette nouvelle phase de développement du mouvement écologiste, considéré au sens large, autour de deux grandes questions.

Quoi de neuf ?

La “vague verte” entamée en 2018 avec les marches pour le climat a pu étonner par son ampleur. Refluant en partie sous les effets de la crise sanitaire, elle a constitué un cycle de plus dans le déploiement du clivage entre Ecologie et Productivisme (Persico 2014), marqué par des hauts et des bas depuis les années 1970 (Downs 1972). Un premier objectif sera de déterminer les éléments d’innovation de ce nouvel activisme par rapport aux mobilisations écologistes passées. Mobilise-t-il des groupes sociaux inédits ? Renouvelle-t-il des répertoires d’action, les modes d’organisation ou le corpus intellectuel de l’écologie politique ? Comment les partis écologistes et les organisations environnementales réagissent-elles ? Du côté des partis, les succès des élections européennes ont connu des lendemains divers, entre renforcement local (et peut-être national) en Allemagne, et dans une moindre mesure en France, et maintien d’une situation de faiblesse, en Europe du Sud notamment. Quelle est l’ampleur et la forme de cette nouvelle “vague” ? Les partis verts ont-ils modifié leur fonctionnement et leur communication, ou leurs relations aux autres organisations ?

Une logique de décloisonnement de l’écologie politique ?

L’histoire de l’intrication du mouvement social et du mouvement écologiste est marquée par des cycles de (re)flux qui peuvent paraître similaires. Il y a plusieurs raisons à cela. Elles tiennent aux trajectoires militantes de ceux qui s’investissent dans ces espaces, et qui en politisent les intentions et les revendications (Jérome 2021). Dans le même temps, les organisations environnementales ont aussi réaffiché leur volonté de se distinguer du champ partisan et de celui des organisations traitant d’autres enjeux (Herry 2021). Les revendications du nouveau mouvement climat sont marquées par la domination du cadre de la justice climatique (Aguiton et Cabioc’h 2010), qui lie crise écologique et différents types d’inégalités (socio-économiques, internationales, de genre, post-coloniales). Dans quelle mesure les organisations et militants écologistes concrétisent-elles ce décloisonnement ? Celui-ci se manifeste-t-il par des liens plus étroits avec des organisations extérieures au champ des organisations environnementales (syndicats, associations de solidarité, féministes) ? Assiste-t-on à un alignement des conflits et des positions autour ou l’écologie politique ou l’écologie politique continue-t-elle de vivre une vie autonome ? Comment cette dynamique de réalignement se matérialise-t-elle dans un champ partisan morcelé ? A-t-elle eu un effet sur les frontières entre mouvement social et parti ?

Pour répondre à ces questions, cette ST est ouverte aux perspectives micro, observant les organisations et mobilisations écologistes de l’intérieur, et aux perspectives macro comparant des dynamiques nationales. Si une attention particulière sera accordée aux communications faisant un lien explicite entre champ des mobilisations et champ partisan, la ST est également ouverte aux travaux mobilisant la sociologie des mouvements sociaux et des mobilisations comme la science politique électorale et partisane.

 

In recent years, the conflict around environmental issues has gained ground in Western Europe, both in the electoral field and in the public and activist sphere. The rise of a new generation of organisations such as Fridays for future or Extinction Rebellion has given rise to a new wave of climate activism (de Moor et al. 2020), which is reflected in opinion polls, where environmental issues are considered among the most important (Crawley, Coffé, and Chapman 2020). In the polls, green parties have had uneven but unprecedented success, particularly in Northern and Western Europe (Pearson and Rüdig 2020). The aim of this ST is to question the nature and characteristics of this new stage in the development of the environmental movement considered in a broader sense, around two main questions.

What’s new?

The « green wave » that has begun in 2018 with the climate marches may have come as a surprise. While it seems to have already flown back in the wake of the health crisis, it seems to represent yet another cycle in the politicization of the Ecology vs. Productivism cleavage (Persico 2014), marked by ups and downs since the 1970s (Downs 1972). A first objective of the ST will be to highlight the innovation carried by this new activism compared to past environmentalist mobilizations. Does it mobilize new social groups? Does it renew the repertoires, the modes of organization or the theoretical stances of ecologism? And how are both green parties and environmental organizations reacting? The success of the European elections has led to a variety of outcomes for environmentalist parties, ranging from local (and perhaps national) successes in Germany, and to a lesser extent in France, to continued weakness, particularly in southern Europe. What are the contours of this new ‘wave’? Have the green parties changed their internal organization and communication, or the relationships they have established with other organizations?

Is there a logic of decompartmentalisation of ecologism?

The history of the intertwining between the social and political dimensions of the environmental movements is marked by cycles of (re)flux that may seem linked. There are several reasons for this. First, they relate to the individual trajectories of those who commit themselves in both of these fields, and who politicize their demands (Jérome 2021). At the same time, environmental organizations have traditionally tried to distinguish themselves from the partisan field as well as from organizations dealing with other non-environmental issues (Herry 2021). The climate justice frame (Aguiton and Cabioc’h 2010) that has marked the new climate movement links the ecological crisis to different types of inequality (socio-economic, international, gender, post-colonial). To what extent have environmental organizations and activists participated to this decompartmentalization of ecologism and trespassed political borders? Have they built closer links with organizations outside the field of environmental organizations (trade unions, solidarity associations, feminist organisations)? Are we witnessing an alignment of conflicts and positions or does ecologism carry on living an autonomous life? How does this realignment set out in fragmented party systems? Has it affected the boundaries between the environmental social movement and political parties?

To answer these questions, this ST is open to micro perspectives, which observe environmentalist organizations and mobilizations from the inside, and to macro perspectives comparing national dynamics. While particular attention will be paid to papers that explicitly link mobilizations and the partisan field, the ST is also open to works inspired by social movements and mobilizations studies as well as comparative electoral and partisan political science.

 

Références / References

Aguiton, Christophe, et Hélène Cabioc’h. 2010. « Quand la justice climatique remet en cause la modernité occidentale ». Mouvements 63(3): 64‑70.

Crawley, Sam, Hilde Coffé, et Ralph Chapman. 2020. « Public Opinion on Climate Change: Belief and Concern, Issue Salience and Support for Government Action ». The British Journal of Politics and International Relations 22(1): 102‑21.

Downs, Anthony. 1972. « Up and Down with Ecology: The Issue Attention Cycle ». Public Interest 28(1): 38‑50.

Herry, Malo. 2021. « Verdir la société : les organisations environnementales nationales à la croisée des champs ». Thèse de doctorat. Université de Rennes 1.

Jérome, Vanessa. 2021. Militer chez les Verts. Paris, France: Presses de Sciences Po.

Le Lann, Yann, Maxime Gaborit, Giuseppe Cugnata, et Gauthier Delozière. 2019. « Chez les militants pour le climat, un verbe tend à s’imposer, “désobéir” ». Le Monde, 10 octobre 2019.

de Moor, Joost, Michiel de Vydt, Katrin Uba, et Mattias Wahlström. 2020. « New kids on the block: taking stock of the recent cycle of climate activism ». Social Movement Studies 0(0): 1‑7.

Pearson, Mitya, et Wolfgang Rüdig. 2020. « The Greens in the 2019 European elections ». Environmental Politics 29(2): 336‑43.

Persico, Simon. 2014. « Un clivage, des enjeux. Une étude comparée de la réaction des grands partis de gouvernement face à l’écologie ». Thèse de Doctorat. Sciences Po.

Wahlström, Mattias, Piotr Kocyba, De Vydt Michiel, et Joost de Moor. 2019. Protest for a Future. Composition, Mobilization and Motives of the Participants in Fridays For Future Climate Protests on 15 March,  2019 in 13 European Cities.

Axe 1 / Ecologie et compétition partisane : décloisonnements, circulations, ancrages

Discutante : Stéphanie Dechézelles (CHERPA, Sciences Po Aix)

Chloé Alexandre (Pacte, Sciences Po Grenoble UGA), Quel débouché électoral pour le mouvement climat à l’horizon de l’élection présidentielle 2022 ? Une approche par l’espace des possibles électoraux et ses déterminants

Manuel Cervera-Marzal (FNRS, Université de Liège), L’écosocialisme escamoté de la France insoumise, ou le décloisonnement contrarié de l’écologie politique
Télécharger le document

Alexis Clot (CESSP, Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Les nouvelles figures politiques : influenceurs, créateurs de contenus et leaders politiques, comment militer pour l’écologie aujourd’hui ?

Antoine Maillet (Institut des Affaires Publiques, Université du Chili), Une écologie politique sans parti mais influente dans la Convention Constitutionnelle chilienne
Télécharger le document

Nicolas Poirel (IRISSO, Université Paris-Dauphine PSL), Un décloisonnement tempéré : la diffusion contrariée de la cause animale dans les partis écologistes français
Télécharger le document

Katryne Villeneuve-Siconelly et Philippe R. Dubois (Université Laval), Politiser la ville ou municipaliser la crise climatique? L’arrivée d’un parti écologiste et ses conséquences en politique municipale

Axe 2 / Transformations contemporaines des mouvements écologistes

Discutant : Joost De Moor (CEE, Sciences Po) (sous réserve)

Giuseppe Cugnata (COSMOS, École Normale Supérieure de Pise), Le réveil des marches pour le climat en Italie : quels groupes sociaux et quels répertoires d’action ?
Télécharger le document

Maxime Gaborit (Université Saint Louis et CEE, Sciences Po), Cartographie et clivages inter-organisationnels dans le mouvement pour le climat en France
Télécharger le document

Dorna Javan (Triangle, Université Lumière Lyon 2), Vers une nouvelle articulation du mouvement social et du mouvement écologiste en Iran : le cas de la publicisation de l’assèchement du lac d’Ourmia

Thomas Liénart (CESP, Paris 2 Panthéon-Assas), Urgence et perspective d’effondrement : les nouvelles temporalités du militantisme climatique et leurs effets

Jessica Rakotoarisoa (Université du Québec à Trois-Rivières), L’écoféminisme politique : la lutte féministe à l’intersection de la lutte écologiste et celle de la justice socio-environnementale. Cas du Québec.

Lucien Thabourey (CEE, Sciences Po), Après la « vague verte » : que reste-t-il de la « nouveauté » d’Extinction Rebellion ? Signification, réception et évolution du répertoire d’Extinction Rebellion France
Télécharger le document

ALEXANDRE Chloé chloe.alexandre@umrpacte.fr

CERVERA-MARZAL Manuel manuelcerveramarzal@gmail.com

CLOT Alexis alexis.clot@hotmail.fr

CUGNATA Giuseppe giuseppe.cugnata@sns.it

DE MOOR Joost joost.demoor@sciencespo.fr

DECHEZELLES Stéphanie sdechezelles@wanadoo.fr

DUBOIS Philippe R. philippe.dubois.3@ulaval.ca

GABORIT Maxime maxime.gaborit@gmail.com

JAVAN Dorna dorna.javan@sciencespo-lyon.fr

JEROME Vanessa vanessa0jerome@gmail.com

LIENART Thomas thomasm.lienart@gmail.com

MAILLET Antoine antoinemaillet@iap.uchile.cl

PERSICO Simon simon.persico@iepg.fr

POIREL Nicolas n.poirel@gmail.com

RAKOTOARISOA Jessica Jessica.Rakotoarisoa@uqtr.ca

THABOUREY Lucien lucien.thabourey@sciencespo.fr

VILLENEUVE-SICONELLY Katryne katryne.villeneuve-siconnelly.1@ulaval.ca