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ST 36

De la circulation internationale des modèles d’enseignement supérieur et de recherche à l’évolution des modèles nationaux de politiques scientifiques

From the circulation of higher education and research models to the transformations of the science policy models

 

Responsables scientifiques :

Cécile Crespy (Sciences Po Toulouse, LaSSP, Université de Toulouse) cecile.crespy@sciencespo-toulouse.fr
Jean-Philippe Leresche (Université de Lausanne, Institut d’études politiques, historiques et internationales (IEPHI) et Observatoire science, politique et société) jean-philippe.leresche@unil.ch

L’internationalisation des politiques d’enseignement supérieur et de recherche constitue un des faits majeurs de l’évolution des systèmes académiques des trente dernières années (Dubois et al., 2016 ; Leresche et al., 2009). Cette internationalisation a fait l’objet de travaux pour en identifier les principales caractéristiques (ressource, discours, pratiques, processus, valeurs, normes, labels/standards, programmes politiques, etc.) et en examiner les effets sur les systèmes nationaux (i.e. les politiques publiques, les financements, les organisations, les carrières, les recrutements, les mobilités, les curricula, etc). Marqués par des traditions nationales distinctes, les Etats seraient confrontés à la diffusion au choix d’un « modèle international de politiques scientifiques », de « grands paradigmes internationaux » ou de « modèles étrangers » (Louvel, Hubert, 2016 ; Dubois, et al., 2016) fortement empreints des réformes managériales (Braun, Merrien, 1999) qui ont d’abord vu le jour dans les pays anglo-saxons et soutenue par les organisations internationales. Ce « modèle international » s’imposerait de plus en plus aux Etats et acteurs académiques, participant de l’imposition de recettes néo-managériales dans l’enseignement supérieur et la recherche.

Les travaux menés en science politique et en sociologie (Paradeise et al., 2009 ; Kogan, Hanney, 2000) ont bien étudié les effets sur les organisations, les professionnels, les instruments et les pratiques. Cette proposition invite à reconsidérer ces transformations de manière plus globale en décalant le propos pour lier la question de l’internationalisation des modes de faire les politiques publiques et celle des effets sur les modèles nationaux (acteurs, systèmes, institutions, etc.). En effet, on parle bien souvent de ces modèles historiquement construits (Ruegg, 2011), sans toutefois interroger comment les évolutions des dernières décennies ont pu affecter certaines composantes ou leur cohérence d’ensemble. Peut-on parler de disparition des modèles nationaux au profit d’un modèle international ? Quel rôle jouent les organisations internationales dans de telles dynamiques ?

La ST considèrera les politiques scientifiques au sens large en prêtant attention à la fois aux politiques universitaires et aux politiques de la recherche.

La Section thématique cherchera à nourrir la discussion dans deux directions principales :

– D’une part, en prêtant attention aux espaces de production et de mise en circulation de modèles de politiques, que ce soit au sein ou autour des organisations internationales comme l’OCDE, l’Union européenne (Dakowska, 2017) mais aussi la Banque mondiale, pour mieux saisir quels sont les éléments qui s’imposent, par quels groupes sont-ils portés, quels autres sont en revanche délaissés. Comment l’autonomie des établissements, les normes de qualité, l’évaluation ou le financement sur projet se sont-ils progressivement imposés comme des catégories centrales des politiques menées et selon quelles temporalités ? Quels sont les modèles ou les composantes des modèles qui sont mis en avant ? Il ne s’agit pas seulement de s’intéresser à ce qui circule mais à examiner également le processus en amont en s’intéressant aux registres bilatéraux et multilatéraux qui nourrissent ces circulations.

– D’autre part, en s’attachant aux références, appropriations, résistances face à ces éléments en forme parfois d’injonctions internationales. Ce second axe vise à questionner les différents usages qui sont faits des composantes ou des éléments de réforme des politiques scientifiques. Qui s’en saisit ? De quoi les acteurs se saisissent-ils exactement? Y a-t-il instrumentalisation de l’international par des acteurs nationaux ? Quels sont les effets sur les modèles nationaux et les formes de résilience ?

La Section thématique propose de traiter ce questionnement en privilégiant le comparatisme historique et international. Sur un plan plus théorique, cette ST vise d’une part à réfléchir sur les modèles nationaux (Hastings, 2006), et d’autre part, à poursuivre le dialogue autour des politiques publiques internationales (Petiteville, Smith, 2006) en s’intéressant aux effets des programmes portés par les organisations internationales et en croisant de manière plus systématique politiques publiques et relations internationales.

 

The internationalization of higher education and research policies is one of the major trends of the evolution of the academic systems of the last thirty years (Dubois et al., 2016; Leresche et al., 2009). A lot of works have identified the main features of this internationalization (resources, discourses, practices, processes, values, labels/standards, political programs) and have examined the effects on the national systems (i.e. public policies, funding, the organizations, the careers, the recruitments, the mobilities, the curricula). Characterized by different national traditions, States face to the diffusion of an « international model of science policy », of « international paradigms » or of « foreign models » (Louvel, Hubert, 2016; Dubois et al., 2016) strongly marked by the managerial reforms (Braun, Merrien, 1999) which were born at first in Anglo-Saxon countries and supported by the international organizations. This « international model » would be more and more mandatory for the states and academic actors, underlying the implementation of neo-managerial guidelines in the higher education and research.

Works in political science and in sociology (Paradeise et al., 2009; Kogan, Hanney, 2000) have studied the effects on organizations, professionals, instruments and practices. This proposition wants to reconsider these transformations in a more global way by the question of the internationalization of the shaping of public policies and the effects on the national models (actors, systems, institutions). Indeed, if these models, that are historically shaped (Ruegg, 2011), are frequently evoked, the impacts of the reforms of the last decades are few questioned. Can we speak about the disappearance of the national models to the benefit of an international model? Which role do the international organizations play?

This panel will consider the science policies in the broad sense by paying attention at the same time to the higher education policies and to the research policies.

This panel will propose discussions in two main directions:

– on one hand, by paying attention to the spaces of production and diffusion of policy models, inside or around international organizations such as the OECD, the European Union (Dakowska, 2017) or the World Bank, to capture which elements are imperative, which others are given up, by which groups they are carried out. How is the autonomy of establishments, the quality standards, the evaluation or funding project becoming central categories of the policies? What are the models or the components of the models that are put forward? It is not only a question of being interested in what circulates but to examine the bilateral and multilateral registers that feed these circulations too.

– On the other hand, by paying attention to the references, the appropriations, the resistances faced to theses international guidelines. This second point aims at questioning the various components that feed the reforms of the science policies. Who seizes it? What do the actors seize exactly? Is there an instrumentalization of the international by national actors? What are the effects on the national models and the forms of path dependency?

The panel suggests historical and international comparison to answer these questions. From a more theoretical perspective, this ST aims at questioning the national models (Hastings, 2006) on one hand, and the international public policies (Petiteville, Smith, 2006) on the other hand. It will focus on the effects of the programs of the international organizations by crossing in a more systematic way literature on public policies and international relations.

 

REFERENCES

Braun D., Merrien F.-X. (eds), 1999, Towards a new governance of universities? A comparative perspective, London, Jessica Kingsley Publisher.

Dakowska D., 2017, « What (ever) works. Les organisations internationales et les usages de « bonnes pratiques » dans l’enseignement supérieur », Critique internationale, 4, pp.81-102.

Dubois M., Gingras Y., Rosental C., 2016, « Pratiques et rhétoriques de l’internationalisation des sciences », Revue française de sociologie, 3, pp. 407-415.

Hastings M., 2006, « Le modèle nordique : avant-propos », Revue internationale de politique comparée, 3, pp.373-375.

Kogan M., Hanney S., 2000, Reforming Higher Education, London, Jessica Kingsley Publisher.

Leresche J.-Ph, Larédo Ph., Weber K. (dir.), 2009, Recherche et enseignement supérieur face à l’internationalisation. France, Suisse et Union européenne, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes.

Louvel S., Hubert M., 2016, « L’usage des exemples étrangers dans les politiques de financement de la recherche », Revue française de sociologie, 3, pp. 473-501.

Paradeise C.et al., 2009, University Governance. Western European Comparative Perspectives, Dordrecht, Springer.

Petiteville F., Smith A., 2006, « Analyser les politiques publiques internationales», Revue française de science politique, 3, pp.357-366.

Rüegg W., 2011, A History of Universities in Europe. Universities since 1945, vol. 4, Cambridge, Cambridge University Press.

Axe 1 / Circulation de modèles par et autour des organisations internationales

Catherine Larouche (Université du Québec à Chicoutimi), Denis Savard (Université Laval), Une analyse des conceptions des universités prônées par les principaux organismes internationaux (OCDE, UNESCO, Banque mondiale) intervenant en enseignement supérieur

Dorota Dakowska (Université Lyon 2), Eppur si muove. Circulation transnationale des réformes de l’enseignement supérieur entre résistances, alliances et usages politiques

Quentin Fondu (CESSP-EHESS/Universität Bielefeld), Mélanie Sargeac (IDHES-Université Paris Nanterre), Aline Waltzing (CAK-EHESS), Des espaces internationaux de circulation des modèles de gestion de l’enseignement supérieur ? Le programme sur la gestion des établissements d’enseignement supérieur de l’OCDE (1969-2008)

Michaela Martin (Institut international de planification de l’éducation de l’UNESCO), Assurance qualité interne dans l’enseignement supérieur : Un isomorphisme global ou produit de la régulation nationale ?

Facundo Solanas (CONICET, IIGG-UBA, Facultad de Humanidades, UNMdP), De l’européanisation à la mercosurisation des politiques d’enseignement supérieur : une comparaison des politiques de reconnaissance académique 

Kim Jongheon (Lagape – Université de Lausanne / Clersé – Université de Lille), Governing Brain Research by Large-Scale Initiatives: a comparative study from the scientific-imaginary perspective (European Union and South Korea).

Axe 2 / Appropriations nationales des modèles internationaux: une comparaison

Catherine Fallon (SPIRAL, Département de sciences politiques, Faculté de Droit, Université de Liège), La politique d’ESR au service de la construction de l’espace régional : une analyse comparée de la traduction des prescriptions internationales dans les régimes universitaires d’enseignement et de recherche des deux communautés belges

Yamina Bettahar (Université de Lorraine (Nancy), Laboratoire des Archives Henri Poincaré), L’enseignement supérieur et de recherche algérien, entre velléités de rupture et continuités (XXe-XXIe siècle)

Jérôme Aust (Sciences Po, CSO, CNRS), Christine Musselin (Sciences Po, CSO, CNRS), L’international vu du national, ou Comment des réformes universitaires à visée internationale ont fini par créer un jardin à la française

Johan Giry (Université de Strasbourg, Laboratoire Sociétés, Acteurs, Gouvernement en Europe (SAGE, UMR 7363) & Université du Québec à Montréal, Centre Interuniversitaire de Recherche sur la Science et la Technologie – CIRST), Emilien Schultz (Groupe SINCRO – Sociologie des Innovations Thérapeutiques en Cancérologie, Gustave Roussy SOCRATE 2.0 – DITEP / SESSTIM U1252 INSERM), Méprise sur le sens de l’autonomie scientifique : l’Agence Nationale de la Recherche sous le gouvernement socialiste (2012-2017)

Teele Tõnismann (LaSSP, Sciences-Po Toulouse et Institut de l’innovation et de la gouvernance de Ragnar Nurkse, Université de Technologie de Tallinn), International policy models of research funding, diffused or transferred: the case of post-communist Baltic States

Juan Felipe Duque (Sciences Po Grenoble – Université Grenoble Alpes), Tendance globale, appropriations nationales : l’assurance qualité dans l’enseignement supérieur au Chili et en Colombie

AUST Jérôme jerome.aust@sciencespo.fr

BETTAHAR YaminaYamina.Bettahar@univ-lorraine.fr

CRESPY Cécile cecile.crespy@sciencespo-toulouse.fr

DAKOWSKA Dorota dorota.dakowska@univ-lyon2.fr

DUQUE Juan Felipe juan.duque@umrpacte.fr

FALLON Catherine catherine.fallon@uliege.be

FONDU Quentin fonduquentin@yahoo.fr

GIRY Johan giry.johan@gmail.com

JONGHEON Kim jongheon.kim@unil.ch

LAROUCHE Catherine catherine_larouche@uqac.ca

LERESCHE Jean-Philippe jean-philippe.leresche@unil.ch

MARTIN Michaela m.martin@iiep.unesco.org

MUSSELIN Christine christine.musselin@sciencespo.fr

SARGEAC Mélanie melanie.sargeac@parisnanterre.fr

SAVARD Denis denis.savard@fse.ulaval.ca

SCHULTZ Emilien emilien.schultz@gustaveroussy.fr

SOLANAS Facundo fsolanas@yahoo.com

TONISMANN Teele teele.tonismann@gmail.com

WALTZING Aline aline.waltzing@ehess.fr