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ST 49

Politique de l’alimentation et territoires, politique des territoires et alimentation

Politics of Food and Territories, Politics of Territories and Food

 

Responsables scientifiques :

Alexandre Fauquette (CERAPS (Centre de Recherches Politiques, Administratives et Sociales, Université de Lille, Maison Européenne des Sciences de l’Homme et de la Société Lille Nord de France) alexandre.fauquette@meshs.fr
Christophe Gibout (Université du Littoral – Côte d’Opale, TVES / Territoires, Villes, Environnement & Société) christophe.Gibout@univ-littoral.fr

L’alimentation demeure, à quelques exceptions près (Douillet, Faure, 2006), un objet relativement peu étudié sous l’angle de l’action publique locale et de l’aménagement urbain. D’un côté, la sociologie de l’alimentation se concentre principalement sur les rapports que les individus ou les groupes sociaux entretiennent à l’acte alimentaire (Régnier, Lhuissier, Gojard, 2009). D’un autre côté, la sociologie politique dédiée aux politiques alimentaires se focalise principalement sur le secteur agroalimentaire, les stratégies d’influence (Alam, 2011) ou les mobilisations sociales autour des modes de production alternatifs. En revanche, peu de travaux prennent pour objet d’étude l’alimentation sous le prisme de la mise à l’agenda des politiques publiques locales et de ses effets potentiels sur les territoires. Et ce alors même que l’alimentation des pays industrialisés a connu des évolutions majeures qui transforment les rapports aux territoires et que l’alimentation semble répondre à une nouvelle demande sociale (Brand, Bonnefoy, 2011). Face à ce constat, nous proposons ici de creuser ce lien entre alimentation et action publique territoriale, au croisement de plusieurs disciplines, via 4 prismes :

  • Le rôle des croyances et des systèmes de valeurs associés au localisme alimentaire dans l’élaboration des politiques publiques. Il s’agit, entre autres, de questionner la normalisation sous-jacente de l’investissement du politique dans l’alimentaire et ce qu’elle permet de mettre en lumière : Une nouvelle forme d’hygiénisme ou de biopouvoir ? Une disqualification du social au profit d’une conception irénique de l’action publique locale valorisant « le bien-manger » et le « lien social » ? Une dépolitisation qui en est tout sauf une ? Un moyen de produire du consentement ?
  • L’alimentation sous l’angle de l’aménagement urbain et périurbain, que ce soit à travers la question des capacités d’aménagement public, de division sociale de l’espace, d’agencement de la distribution spatiale des biens et des services, et/ou de la traditionnelle question de la gentrification urbaine. Les politiques alimentaires territoriales sont-elles, au fond, des politiques d’aménagement urbain comme les autres ou révèlent-elles certaines spécificités ? En quoi l’alimentation constitue-t-elle une grille de lecture heuristique pour analyser les processus complexes de flux et/ou de reflux de gentrification urbaine ? Comment l’alimentation, en tant que sujet qui touche au plus près l’intimité de l’individu et son rapport au corps, les pratiques quotidiennes (Ferrant, 2015), se traduit-elle en matière d’aménagement de l’espace ? Comment sont pensés les liens entre le corps humain et le corps urbain ?
  • Les formes de légitimité de l’intervention publique dans le domaine de l’alimentation et la mise à l’agenda politique local du fait alimentaire. Quelles sont les sources endogènes et exogènes aux scènes politiques locales qui permettent de comprendre le succès mondial de l’appel au localisme ? Cet appel à la reterritorialisation est-il partout le même, autrement dit renvoie-t-il à un même référentiel d’action publique, ou prend-il des formes différenciées en fonction des contextes dans lequel il s’applique ? Comment comprendre que la thématique alimentaire, qui est traditionnellement perçue sous l’angle des politiques nationales, soit réinvestie à ce point par le local alors qu’elle a plutôt été historiquement délaissée à cette échelle ? Quelles sont les marges de manœuvre laissées au politique local dans des mouvements de territorialisation/déterritorialisation de la question alimentaire ?
  • La sectorialisation/désectorialisation des politiques alimentaires territoriales. L’institutionnalisation de l’alimentation comme domaine d’action publique locale relève-t-elle d’une sectorialisation de l’action publique alimentaire ou relève-t-elle davantage d’une réforme sociale plus générale essaimée en différentes politiques ? Les politiques alimentaires territoriales ne sont-elles pas, au fond, des politiques sanitaires et/ou sociales, voire des politiques de peuplement, qui n’en portent pas le nom ? Comment se gère localement la tension entre la promotion d’une alimentation alternative de qualité et la problématique de l’intégration sociale, de la pauvreté urbaine et/ou encore celle de la justice alimentaire telle qu’elle est irriguée, aux Etats-Unis notamment, par les discours des tenants du food movement (Paddeu, 2012) ?

 

Food is, with a few exceptions (Douillet, Faure, 2006), a relatively understudied object through the lens of local policymaking and urban planning. On the one hand, the sociology of food focuses on the relations that individuals and social groups develop to food deeds (Régnier, Lhuissier, Gojard, 2009). On the other hand, studies of food policies in political sociology primarily deal with the agrofood industry, influence strategies (Alam, 2011), and the social movements around alternative modes of production. By contrast, few studies take as a research object food through the lens of agenda-setting in local public policy and its potential effects on territories. And so even as food in industrialized countries has changed considerably, resulting in transformed relations to territories, and that food seems to address new social demands (Brand, Bonnefoy, 2011). Based on this assessment, we propose to investigate the link between food and local public policy through 4 interdisciplinary approaches :

  • The role of beliefs associated to food localism in the elaboration of public policy. In particular, the underlying naturalization of the involvement of politics in food and what it highlights: A new form of hygienics or biopower? A disqualification of the social in favor of an irenic conception of local public policy, valuing “healthy eating” and the “sense of community”? A depoliticization that is anything but one? A way to produce consent?
  • The lens of urban planning, be it through the questions of the capacities of public planning, the social division of space, the organization of the spatial distribution of goods and services, as well as the classical question of urban gentrification. Several specific questions are relevant here: Do territorial food policies boil down to urban planning policies like others, or do they reveal particular issues? How is food a heuristic lens to analyze complex, conflicting processes of urban gentrification? How does food, as a topic that is close to individuals’ intimacy, relationship to the body, and daily practices (Ferrant, 2015), relate to space planning? How to conceptualize the relations between the human body and the urban body?
  • The legitimacy of public involvement in the realm of food, as well as food in local political agenda-setting. What are the endogenous and exogenous sources to local political settings that help understand the global success of the call to localism? Is this call to reterritorialization the same everywhere – in other words, does it refer to a similar public policy framing –, or does it take differentiated forms across contexts? Are we witnessing an uniformization of collective action repertoires? Generally, how to understand that the topic of food, usually perceived through the lens of national policies, is that reinvested by the local while having historically been neglected at this scale? What is, eventually, the leeway given to local politics in the movements of territorialization/deterritorialization of the food question? Does politics benefit from the success of the relocalization of food production as a window of opportunity to reassert its power? Sociohistorical and comparative approaches that allow to trace the local involvement of politics in the food sector and counterbalance the impression of a renewal are particularly welcomed.
  • The sectorization/desectorization of territorial food policies. Does the institutionalization of food as a realm for local public policy belong to a sectorization of food public policy or does it rather belong to a broader social reform spreading into different policies? Aren’t territorial food policies, essentially, sanitary and social policies, or even unrecognized population policies? What is the local management of the tension between, on the one hand, the promotion of high-quality alternative food that is generally bound to advantaged social classes as well as residents sensitive to alternative discourses, and, on the other hand, problems of social integration, urban poverty, and food justice as promoted, particularly in the U.S.A., by food movement discourses (Paddeu, 2012)?

Thème 1 – Localisme alimentaire et transformations sectorielles

Axe 1/ Croyances, système de valeurs & instruments de la transition alimentaire

Président(e) de séance : Christophe Gibout
Discutant(e) : Alexandre Fauquette

Anaïs Malié (LaSSP, IEP de Toulouse) / CESAER, INRA de Dijon), De la critique de l’agriculture « productiviste » à la « dynamisation » du bourg-centre »

Caroline Brand (Pacte), Hélène Caune (Sciences Po Grenoble/Pacte), La restauration collective comme instrument de la transition agro-alimentaire territoriale. Le développement de l’approvisionnement bio et local dans les cantines scolaires en milieu rural

Axe 2/ Alimentation, normes étatiques & intersectorialité

Président(e) de séance : Coline Ferrand
Discutant(e) : Florian Lebreton

Loïc Sallé (Atelier SHERPAS, URePSSS, EA 7369, Université de Lille), Marina Honta (Centre Emile Durkheim, UMR CNRS 5116, Université de Bordeaux), Nadine Haschar-Noé (CreSco (EA 7419), LaSSP (EA, 4175) et Ifériss (FED 41-42), Université de Toulouse), L’Etat territorial et l’impossible intersectorialité des politiques nutrition-santé

Marie Berthoud (Geriico, Université de Lille), Communication publique et réécritures locales : la circulation des prescriptions normatives liées à l’alimentation scolaire ».

Léo Perrette (Clersé, Université de Lille), Les Projets Alimentaires Territoriaux, vers une territorialisation de la « conduite du changement » en agriculture ? Enjeux pour le monde agricole face au surgissement de nouveaux acteurs et à leur difficulté à faire système

Thème 2 – L’alimentation au prisme de l’urbanité et de ses acteurs

Axe 1 / La mise à l’agenda urbain des politiques alimentaires

Président(e) de séance : Marina Honta
Discutant(e) : Coline Ferrand

Jeanne Pahun (UMR Lisis, CNRS) et UMR Moisa, Cirad), Les politiques alimentaires urbaines transforment-elles la régulation du secteur agricole ? Microsociologie des entrepreneurs de cause de l’alimentation dans trois agglomérations françaises

Lisa Rolland (Université Paris Nanterre),  Quand le commerce équitable arrive en ville : normalisation et tensions autour du localisme

Axe 2 / L’alimentation durable, entre consensus et dissensus urbain

Président(e) de séance : Coline Ferrand
Discutant(e) : Marina Honta

Alexandre Fauquette (MESHS Lille Nord de France, CERAPS, Université Lille 2), Christophe Gibout (TVES, ULCO), Le ‘bien manger’ : une arme de consentement massif pour repenser le territoire ?

Delphine Thivet (Emile Durkheim, Université de Bordeaux), Romain Blancaneaux (Centre Emile Durkheim, Université de Bordeaux), Politiques d’agriculture urbaine en temps de crise(s) : nourrir la ville pour mieux la ‘réenchanter’ ?

Axe 3 / Alimentation, gentrification & inégalités urbaines

Président(e) de séance : Alexandre Fauquette
Discutant(e) : Loïc Sané

Coline Ferrant (OSC – Sciences Po / CNRS, Northwestern University, Department of Sociology), L’action publique sur l’alimentation dans un quartier gentrifié de Paris et ses effets imprévus

Quentin Courcier (TVES, ULCO), Florian Lebreton (TVES, ULCO), Christophe Gibout (TVES, ULCO), Promotion de la santé, pratiques alimentaires et activités physiques au prisme des inégalités sociales et territoriales

BERTHOUD Marie marie.berthoud@laposte.net

BRAND Caroline carolinebrand@hotmail.fr

BLANCANEAUX Romain romain_bx@hotmail.fr

CAUNE Hélène helene.caune@sciencespo-grenoble.fr

COURCIER Quentin courss07@gmail.com

FAUQUETTE Alexandre fauquettea@live.com

FERRANT Coline colineferrant2018@u.northwestern.edu

GIBOUT Christophe christophe.gibout@univ-littoral.fr

HASCHAR-NOE Nadine hascharnoe@orange.fr

HONTA Marina marina.honta@univ-bordeaux.fr

LEBRETON Florian florian.lebreton@univ-littoral.fr

MALIE Anaïs anais.malie@gmail.com

PAHUN Jeanne jeanne.pahun@cirad.fr

PERRETTE Léo leo.perrette@gmail.com

ROLLAND Lisa lisa.rolland@lyon.archi.fr

SALLE Loïc loic.salle@univ-lille.fr

THIVET Delphine delphine.thivet@u-bordeaux.fr