En 2009 paraissait un article séminal qui, faisant le bilan des recherches françaises en sociologie politique de l’engagement militant, invitait au décloisonnement tant théorique que disciplinaire et méthodologique (Sawicki et Siméant, 2009). Dix ans plus tard, où en est-on ?

Cette session thématique a moins vocation à faire une revue exhaustive des recherches actuelles en science politique sur les engagements politiques et militants qu’à interroger les profits heuristiques et les écueils éventuels du décloisonnement promu au sein de la science politique et en dialogue avec d’autres disciplines. Qu’ont pu par exemple apporter la sociologie, l’histoire, les études urbaines ou la psychologie aux politistes travaillant sur l’engagement – et inversement ?

Le décloisonnement sera envisagé sous plusieurs angles : entre sous-disciplines, entre objets, entre méthodes et entre terrains de recherche. Plutôt que de raisonner en croisant des entrées thématiques, on interrogera les modalités et les incidences – conceptuelles, méthodologiques et empiriques – du décloisonnement de l’étude de l’engagement.

Par exemple, quels apports et quelles difficultés théoriques et/ou méthodologiques le croisement de l’étude de l’engagement et celle des mouvements sociaux, des partis politiques, des associations, des ONG internationales, de la démocratie participative, de l’action publique, de l’État, du journalisme ou de la communication etc. a-t-il produits ? Comment les mutations contemporaines de l’engagement – pour n’en citer que quelques-unes, transnationalisation, participation en ligne, désinstitutionalisation, transformations des répertoires d’action – sont-elles appréhendées au sein de différents sous-champs de recherche ? En quoi les méthodes historiennes, sociologiques ou expérimentales de psycho-sociologie peuvent-elles être utiles aux politistes ? Dans quelle mesure des outils conceptuels communs ont-ils pu émerger ? Ont-ils permis une appréhension plus fine du monde social, ou ont-ils méconnu et invisibilisé la singularité de cas empiriques étudiés ? Le décloisonnement consiste-t-il en une fertilisation heureuse ou un braconnage inattentif des méthodes et concepts ? Se traduit-il par une division du travail entre disciplines et spécialistes, ou la réaffirmation de l’unité des sciences sociales ?

Ces deux sessions viseront à faire dialogue plusieurs chercheur×e×s, appartenant à différentes disciplines des sciences sociales ou sous-champs de la science politique afin de croiser les approches, théorisations et méthodes concernant l’engagement politique et militant. La ST sera organisée sous forme de table-ronde avec les intervenant×e×s suivants.

In 2009, a seminal article reviewing French research on the political sociology of activism called for a decompartmentalization of theories, disciplines and methodologies. Ten years later, where do we stand ?

This thematic session is not intended to offer an exhaustive review of current research in political science on activist commitment, but rather to examine the heuristic benefits and possible pitfalls of the decompartmentalization promoted within political science and in dialogue with other disciplines. What have sociology, history, urban studies or psychology brought to political scientists working on activism – and vice versa ?

The decompartmentalization will be considered from several angles: between sub-disciplines, between objects, between methods and between fields of research. Rather than reasoning by crossing thematic entries, we will question the modalities and the conceptual, methodological and empirical incidences of the decompartmentalization of the study of activism.

For example, what theoretical and/or methodological contributions and difficulties has the intersection of the study of activism with that of social movements, political parties, associations, international NGOs, participatory democracy, public action, journalism or communication, etc. produced ? How are contemporary mutations of militant commitment – to name but a few, transnationalization, online participation, deinstitutionalization, transformations of repertoires of action – apprehended within different subfields of research? How can historical, sociological or experimental psycho-sociological methods be useful to political scientists? To what extent have common conceptual tools emerged? Have they allowed for an in-depth understanding of the social world, or have they ignored and made invisible the singularity of the empirical cases studied? Does decompartmentalization consist in a happy cross-fertilization or an inattentive “poaching” of methods and concepts? Does it result in a division of labor between disciplines and specialists, or a reaffirmation of the unity of the social sciences?

These two sessions will aim to bring together several researchers from different social science disciplines, or subfields of political science, in order to cross approaches, theorizations and methods concerning political and activist engagement. The panel will be organised as a round table with the following speakers.

Mounia Bennani-Chraïbi, Université de Lausanne (Crapul)

Anne Bory, Université de Lille (Clersé)

Francis Chateauraynaud, EHESS (GSPR)

Vanessa Codaccioni, Université Paris 8 (CRESPPA)

Magali Della Sudda, CNRS (CED)

Charlotte Halpern, FNSP/Sciences Po Paris (CEE)

Fabrice Ripoll, Université Paris Est Créteil (Lab’Urba)

Frédéric Sawicki, Université Paris 1 (CESSP)

BENNANI-CHRAIBI Mounia mounia.bennani@unil.ch

BORY Anne anne.bory@univ-lille.fr

BOUILLY Emmanuelle e.bouilly@sciencespobordeaux.fr

CHATEAURAYNAUD Francis chateau@msh-paris.fr

CODACCIONI Vanessa vanessa.codaccioni@univ-paris8.fr

DELLA SUDDA Magali m.dellasudda@sciencespobordeaux.fr

HALPERN Charlotte charlotte.halpern@sciencespo.fr

RIPOLL Fabrice fabrice.ripoll@u-pec.fr

SAWICKI Frédéric frederic.sawicki@univ-paris1.fr

TALPIN Julien julien.talpin@univ-lille.fr