le portail de la science politique française

rechercher

ST 63

Des gouvernant·es gouverné·es ? Recomposition des fonctions d’encadrement et de l’exercice de l’autorité dans l’État contemporain

How are “rulers” ruled? Transformations of the exercise of authority in the contemporary state

 

Responsables scientifiques :

Jean-Baptiste Devaux (Triangle) jeanbaptiste.devaux@sciencespo-lyon.fr
Rachel Vanneuville (Triangle) rachel.vanneuville@wanadoo.fr
Laurent Willemez (Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Laboratoire Printemps) laurent.willemez@uvsq.fr

Section thématique organisée par le groupe Savoirs, disciplines, pouvoirs de l’AFSP.

 

De nombreux travaux en sociologie de l’action publique, de l’administration ou de l’État ont pris pour objet l’ensemble des dispositifs, savoirs et instruments visant à encadrer et discipliner l’activité et la conduite des acteurs et actrices en charge du fonctionnement des administrations et de la mise en œuvre des politiques publiques. Un ensemble de recherches a ainsi éclairé les conséquences des transformations de l’État dans la conduite de l’action publique, au regard notamment de la mise en place de technologies que l’on pourrait qualifier de managériales (benchmarking, indicateurs, etc.) D’autres travaux ont montré la manière dont cet impératif modernisateur a transformé l’État du point de vue de son architecture organisationnelle et de ses institutions. Enfin, une importante littérature a été consacrée à l’analyse des effets de ces politiques et dispositifs de gouvernement sur l’activité et l’identité professionnelle des agents et agentes. Faisant l’objet de nombreuses enquêtes, la haute fonction publique est cependant généralement considérée comme un groupe actif dans le processus de transformation de l’État plus que comme un groupe affecté par ces recompositions.

Dans le cadre du congrès 2022 de l’AFSP, nous souhaitons approfondir les réflexions engagées sur la manière dont les groupes que l’on peut réunir derrière l’étiquette de « gouvernants » sont eux-mêmes gouvernés, notamment dans l’exercice de leur travail. Par « gouvernant·es », nous entendons ici les membres de l’administration qui occupent des fonctions d’encadrement et de direction, mais également des positions de choix dans les cabinets et entourages politiques. L’occupation de positions d’encadrement supérieur ou de direction requiert l’apprentissage et l’intériorisation de toute une série de qualités et de savoir-faire, ainsi que la capacité à endosser des habits conformes aux attendus de l’exercice de la fonction. Nous cherchons ainsi à questionner la manière dont les injonctions à la responsabilisation, à l’autonomie, à l’entreprise et au projet de soi, caractéristiques des transformations managériales contemporaines, ont pu, ou non, modifier les façons dont les positions d’autorité et de commandement sont légitimement exercées. Ce faisant, il s’agit plus largement de contribuer à l’analyse des formes de production historiques de la figure du « gouvernant » ou de la « gouvernante », tout en questionnant les façons dont on peut rendre compte de ces transformations.

Les communications pourront s’inscrire dans l’un des axes suivants :

  1. Les effets du développement d’instruments managériaux sur le travail des gouvernant·es : comment les acteurs et actrices de la haute fonction publique/des cabinets ont-elles et ils vu l’exercice de leur travail se transformer face à la multiplication des dispositifs managériaux (audits, procédures d’évaluation…), des réformes organisationnelles (fusions, refonte des hiérarchies…), des politiques de recrutement (politiques d’égalité, contractualisation…) ? Comment ces changements recomposent-ils l’identité professionnelle de ces groupes, le sens de leur travail et la manière dont elles et ils se le représentent (garant du service public, de l’efficacité de l’État, de la compétitivité des territoires…) ? Comment cela affecte-t-il les discours et les ethos professionnels, voire les hexis?
  2. Les lieux et modalités de formation: comment apprend-on à diriger et encadrer dans le contexte d’un Etat marqué par des transformations managériales ? Où, comment et par quel·les intermédiaires s’opère l’apprentissage du rôle de dirigeant·e ? Comment des espaces de sociabilités professionnelles (amicales des Corps, associations professionnelles, etc.) œuvrent-ils à la (re)définition des attributs et fonctions de direction ? Quels dispositifs de formation ont été mis en place, et avec quels effets (media training, coaching…) ? De quelle manière les corps sont-ils engagés dans ces apprentissages ? En substance, comment des espaces de formation ou de sociabilité œuvrent-ils à l’encadrement des encadrant·es et à la formation d’un ethos de « gouvernant·e » ?

 

Scholarship in sociology of public policies, of public administration or of the state has long shed light on the devices, knowledge and instruments aimed at framing and disciplining the activity of the actors in charge of the functioning of administrations and the implementation of public policies. A body of research has thus enlightened the consequences of the transformation of the state in the conduct of public policies, particularly with regard to the implementation of managerial technologies (benchmarking, indicators, etc.) Other works have shown how this modernising imperative has transformed the State from the point of view of its organisational architecture and its institutions. Finally, a large body of literature has been devoted to analyzing the effects of these managerial transformations on the activity and professional identity of state agents. Although the senior public service has been the subject of numerous studies, it is generally considered to be an active group in the process of transforming the state rather than a group affected by these changes.

We would like to deepen our reflections on the way in which the groups that can be labeled as « rulers » are themselves governed. By « rulers », we mean members of public administration who hold leading positions, as well as positions in cabinets and political entourages. The occupation of management positions requires the learning and internalization of a series of qualities and know-how, as well as the ability to fit with the expectations of the exercise of the function. In this way, we seek to question how the injunctions of accountability, autonomy, enterprise of one-self, which are characteristic of contemporary managerial transformations, may or may not have modified the ways in which positions of authority and command are legitimately exercised. In doing so, the aim is to contribute to the analysis of the historical forms of production of the figure of the « ruler », while questioning the ways in which we can account for these transformations

Papers may fall into one of the following topics:

  1. The effects of the development of managerial instruments on the work of rulers: how have the actors of the senior civil service/offices seen the exercise of their work transformed in the face of the multiplication of managerial devices (audits, evaluation procedures…), organizational reforms (mergers, reorganization of hierarchies…), recruitment policies (equality policies, contractualization…)? How do these changes recompose the professional identity of these groups, the meaning of their work and the way they describe it (responsible for public service, for the efficiency of the state, for the competitiveness of territories…)? How does this affect professional discourses and ethos, and even hexis?
  2. The places and methods of training: how does one learn to lead and supervise in the context of a state marked by managerial transformations? Where, how and through which intermediaries does one learn to be a leader? How do professional social spaces (Corps associations, professional associations, etc.) work to (re)define the attributes and functions of leadership? What training mechanisms have been put in place, and with what effects (media training, coaching, etc.)? In essence, how do training or sociability spaces contribute to disciplining managers and to shaping an ethos of “ruler”?

Session 1 : Conditions et modalités de transformations des métiers et des identités professionnelles des cadres dirigeant.es

Axe 1/ Logiques d’appropriations différenciées des outils managériaux au sein des administrations

Discutant : Jean-Marie Pillon (IRISSO –Université Paris Dauphine)

Brice Nocenti (SAGE – Université de Haute-Alsace), Gouverner les lignes hiérarchiques de l’Etat par objectifs : une comparaison statistique des modèles d’organisation du travail entre cadres publics et cadres d’entreprises.

Marylou Hamm (CEVIPOL-IEE–Université Libre de Bruxelles, SAGE – Université de Strasbourg), Tensions autour du souci de soi de l’Etat grec : le travail normatif des entrepreneurs de modernisation français de l’assistance technique européenne.

Guillaume Beaud (CERI-Sciences Po), Gouverner par la performance un corps administratif ingouvernable. Le cas du Pakistan Administrative Service.

Session 2 : Conditions et modalités de transformations des métiers et des identités professionnelles des cadres dirigeant.es

Axe 2/ Les réformistes de l’intérieur : le management au service de recompositions professionnelles

Discutante : Caroline Frau (Triangle – Université Lyon 2)

Mathieu Uhel (ESO – Université de Caen Normandie), Le colloque de l’Association des DGS : lieu de redéfinition de l’identité et de la fonction de l’encadrement supérieur des universités.

Julien Barrier (Triangle-LLE – ENS Lyon), Etienne Bordes (PLEIADE, Université Sorbonne Paris Nord), La main invisible des présidents d’université : socialisation managériale, ambitions réformatrices et capacités d’action collective d’une nouvelle élite professionnelle (1988-2001).

Axe 3/ L’apprentissage du métier de dirigeant·e en temps de managérialisation : de nouveaux lieux de socialisation

Discutante : Julie Gervais (CESSP – Université Paris 1)

Natacha Gally (CERSA, Université Paris 2), Gouverner les cadres dirigeants du secteur public. Entre rationalisation administrative, professionnalisation des hauts fonctionnaires et contrôle politique des nominations.

Franck Duchesne (ISP- Université Paris Nanterre), Les chasseurs de tête du Secrétariat Général du Gouvernement et la formation des hauts fonctionnaires français.

BARRIER Julien julien.barrier@ens-lyon.fr

BEAUD Guillaume guillaume.beaud@sciencespo.fr

BORDES Etienne etienne.bordes@univ-paris13.fr

DEVAUX Jean-Baptiste jeanbaptiste.devaux@sciencespo-lyon.fr

DUCHESNE Franck franckduchesne@pm.me

FRAU Caroline caroline.frau@univ-lyon2.fr

GALLY Natacha natacha.gally@gmail.com

GERVAIS Julie julie.gervais@univ-paris1.fr

HAMM Marylou marylou.hamm@ulb.be

NOCENTI Brice brice.nocenti@gmail.com

PILLON Jean-Marie jean-marie.pillon@dauphine.psl.eu

UHEL Mathieu mathieu.uhel@unicaen.fr

VANNEUVILLE Rachel rachel.vanneuville@wanadoo.fr

WILLEMEZ Laurent laurent.willemez@uvsq.fr