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Responsables scientifiques :
Hugo Bouvard (IRISSO, Université Paris-Dauphine et PSL) hugo.bouvard@dauphine.fr
Mickäel Durand (Centre d’études européennes et de politique comparée, Sciences Po) mickael.durand@sciencespo.fr
Cette Section Thématique se veut un espace de dialogue et de fertilisation croisée entre la sociologie politique et les études LGBTQ (Lesbiennes, Gays, Bi-e-s, Trans’, Queer), et d’importation dans l’espace francophone de problématiques encore largement cantonnées à la production en langue anglaise.
L’étude du genre en science politique s’est essentiellement traduit jusqu’aux années 2000 par une attention portée à la place des femmes dans le champ politique et à l’étude des mobilisations féministes (Achin & Bereni, 2013). Quand la sexualité s’est trouvée au centre de l’analyse, c’est principalement à travers le prisme de la santé reproductive (avortement, contraception), des politiques publiques de l’accès à la parenté et à la filiation (PMA, GPA), ou des violences de genre. A contrario, une analyse critique de la production et de la reproduction de l’ordre des sexualités dans la sphère politique et militante est un chantier encore relativement peu défriché (Paternotte, 2018).
Un certain nombre de questionnements liés aux sexualités minorisées ont cependant été initiés à l’occasion des précédents congrès de l’AFSP (état des lieux en 2009 [Paternotte & Perreau 2012], professionnalisation des organisations LGBT en 2013, mobilisations conservatrices en 2015), mais plusieurs sous-champs de la science politique sont restés à l’écart de ces débats, ce à quoi cette section thématique souhaite justement remédier.
En effet, l’attention de la science politique francophone pour les personnes LGBTQ s’est pour l’instant essentiellement portée sur l’étude des mouvements sociaux et des mobilisations collectives (Broqua, 2012 ; Carstocea, 2010 ; Chetaille, 2009; Delessert & Voegtli, 2012 ; Duyvendak, 1994 ; Eleftheriadis, 2018 ; Guebogo, 2008 ; Prearo, 2014 ; Risse, 2010) – bien souvent en lien avec les mobilisations contre le VIH/sida (Adam, 2001 ; Broqua, 2006 ; Buton, 2005 ; Eboko et al., 2011 ; Voegtli 2016) –, ainsi que sur l’analyse des formes de reconnaissance différenciées du couple et de la parentalité (Descoutures et al., 2008 ; Herbrand, 2012 ; Paternotte 2011 ; Perreau, 2012 ; Roca i Escoda 2010, 2011).
En revanche, les processus individuels de politisation, d’engagement et de désengagement des personnes LGBTQ (Saguy & Stambolis, 2014 ; Broqua & Fillieule, 2001), la représentation politique des minorités sexuelles et de genre (investissement dans les partis politiques, trajectoires de professionnalisation politique, coming-outs d’élu-e-s) (Bouvard, 2013 ; Carabine & Monro, 2004 ; Cooper, 1994 ; Riggle & Tadlock, 1999 ; Haider-Markel, 2010 ; Reynolds 2018, Rosenblum, 1996 ; Le Talec, 2014, Tremblay 2016), ainsi que l’analyse des comportements électoraux (Egan, 2012; Hertzog, 1996 ; Lewis, Rogers, & Sherrill, 2011; Perrella, Brown, & Kay, 2012 ; Smith & Haider-Markel, 2002), sont des axes de recherche peu explorés ou encore cantonnés à l’espace anglophone, que nous souhaiterions discuter et confronter à des enquêtes francophones. En France par exemple, des sondages ont récemment mis en lumière « un ancrage à gauche » des LGB (Kraus, 2012), potentiellement davantage dû aux lesbiennes qu’aux gays (Brouard, 2017). L’influence des caractéristiques socio-sexuelles sur le rapport à la politique restent ainsi encore largement inexplorée. Plus largement, la façon dont les trajectoires sociosexuelles peuvent façonner le rapport à la politique et la façon dont la socialisation politique et militante peut influer sur la manière de vivre son orientation ou ses pratiques sexuelles gagneraient à être investiguées.
This conference aims at fostering dialogue and cross-fertilization between LGBTQ studies and political sociology, as well as importing into the Francophone world debates that are currently mostly being held in English.
For political scientists, researching gender has meant looking at women’s roles in the political field as well as at feminist mobilizations, at least up to the 2000s (Achin & Bereni, 2013). When they dealt with sexuality, it was mostly through the lens of reproductive health, policy on medically assisted reproduction, or gender-based violence. On the other hand, relatively few studies have so far been devoted to the ways in which a hierarchy of sexualities is produced and reproduced in political and activist circles (Paternotte, 2018).
While questions about sexual minorities have already been raised at recent AFSP conferences (including an inventory in 2009 [Paternotte & Perreau, 2012], and panels on the professionalization of LGBT organizations in 2013, and on conservative mobilizations in 2015), several subfields within political science have remained uncharted, which this conference aims to correct.
Indeed, when it comes to LGBTQ people, francophone political scientists have mostly researched social movements (Broqua, 2012 ; Carstocea, 2010 ; Chetaille, 2009; Delessert & Voegtli, 2012 ; Duyvendak, 1994 ; Eleftheriadis, 2018 ; Guebogo, 2008 ; Prearo, 2014, Risse, 2010) – often in connection with HIV/AIDS mobilizations (Adam, 2001 ; Broqua, 2006 ; Buton, 2005 ; Eboko et al., 2011 ; Voegtli 2016) – and provided an analysis of the legal recognition of queer relationships and families and the inequalities surrounding them (Descoutures et al., 2008 ; Herbrand, 2012 ; Paternotte 2011 ; Perreau, 2012 ; Roca i Escoda 2010, 2011). However, questions about individual trajectories of politicization, engagement and disengagement (Saguy & Stambolis, 2014 ; Broqua&Fillieule, 2001), the question of political representation forsexual and gender minorities (including activism within political parties, professionalization paths for LGBTQ activists, and elected officials coming out of the closet) (Bouvard, 2013 ; Carabine & Monro, 2004 ; Cooper, 1994 ; Riggle & Tadlock, 1999 ; Haider-Markel, 2010 ; Reynolds 2018 ; Rosenblum, 1996 ; Le Talec, 2014 ; Tremblay, 2016), as well as questions about electoral behavior (Egan, 2012 ; Hertzog, 1996 ; Lewis, Rogers, & Sherrill, 2011 ; Perrella, Brown, & Kay, 2012 ; Smith & Haider-Markel, 2002) are poorly explored spaces of inquiry, mostly confined within the boundaries of English-speaking academia. We want to discuss and deepen that knowledge by exploring various francophone contexts. In France, for example, recent polls have shown that LGB populations were “anchored to the left” (Kraus, 2012), with lesbians nevertheless accounting much more than gay men for that result (Brouard, 2017). The specific influence of sociosexual characteristics on political behaviors still remains to be investigated. More broadly, more research is needed on the ways in which sociosexual trajectories can shape political identifications and behaviors, and in which political and militant socialization can impact sexual identifications and practices.
REFERENCES
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Axe 1 / Les personnes LGBTQ et le jeu politique : construction des affiliations et des rôles de représentant·e·s
Discutante : Vanessa Jérôme (Université Paris I)
Manon Tremblay (Université d’Ottawa), Quels rôles de représentation pour les député/e/s LGBTQ en politique : le cas canadien
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Maialen Pagiusco (IEP de Toulouse), “Orientations sexuelles” et “orientations politiques”. La politisation des gays et des lesbiennes par l’engagement dans des associations de convivialité
Françoise Bagnaud (militante LGBT féministe associée au projet de recherche), Clémentine Comer (Université Rennes 1), Camille Morin (Paris 8), Alice Picard (Université Rennes 1), Les effets durables de l’engagement associatif subversif des lesbiennes : un rapport au politique revisité
Axe 2 / Pluralité des socialisations militantes et politisation des identifications et/ou pratiques sexuelles
Discutante : Marion Charpenel (université de Rouen Normandie)
Victoria Roure (Université Paris Diderot & ENSAPVS), L’identification bisexuelle des assigné·e·s femmes en France : une socialisation sexuelle et politique
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Camille Masclet (INED), Du politique au sexuel : contestations de la norme hétérosexuelle chez les féministes des années 1970
Sam Seydieh (université Le Havre Normandie), Réflexion sur les socialisations militantes et les contextes institutionnels : rapports au passé et au politique dans les associations LGBT
BAGNAUD Françoise fbagnaud35@gmail.com
BOUVARD Hugo hugo.bouvard@dauphine.fr
CHARPENEL Marion marion.charpenel@sciencespo.fr
COMER Clémentine clementinecomer@gmail.com
DURAND Mickaël mickael.durand@sciencespo.fr
JEROME Vanessa vanessa0jerome@gmail.com
MASCLET Camille camille@masclet.eu
MORIN Camille camille.morin72@orange.fr
PAGIUSCO Maialen pagiusco.m@gmail.com
PICARD Alice alicepicard@orange.fr
ROURE Victoria victoria.roure@sciencespo.fr
SEYDIEH Sam sam_seydieh@yahoo.com
TREMBLAY Manon mtrembla@uottawa.ca