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ST 10

Pour une sociologie des intermédiaires politiques entre gouvernants et gouvernés

For a sociology of political intermediaries between governments and citizens

 

Responsables scientifiques :

Lorenzo Barrault-Stella (CRESPPA- CSU) lorenzo.barrault-stella@cnrs.fr
Sébastien Michon (SAGE) smichon@unistra.fr

La science politique a établi de longue date combien la politique constitue dans la plupart des sociétés contemporaines une activité spécialisée et « relativement autonome ». Au croisement de plusieurs champs d’étude, cette section thématique propose d’ouvrir un espace de discussions entre chercheur.e.s qui s’intéressent aux intermédiaires politiques, c’est-à-dire à l’ensemble des acteurs individuels et collectifs qui mettent en relation l’offre politique et les divers groupes sociaux (électorats, groupes professionnels) qui participent, même indirectement, aux activités politiques. D’un côté, beaucoup de travaux portent sur le personnel politique. D’un autre côté, la recherche a été aussi particulièrement foisonnante en analyses électorales. Peu d’études se situent toutefois au croisement de ces deux champs qui sont chacun traversés par des débats propres et que l’on souhaite contribuer à décloisonner. Cette section vise à les faire dialoguer en interrogeant les « intermédiaires » entre les activités politiques instituées et les divers groupes sociaux et professionnels variablement intéressés par ces activités. Le point de départ n’est aucunement d’affirmer qu’il n’y a jamais eu de recherches sur ces intermédiaires du champ politique, mais plutôt qu’il y a là une catégorie qui mérite davantage investigations. Il s’agit, pour l’étude des relations gouvernants-gouvernés, de s’inspirer des travaux de sociologie de l’action publique sur les « médiateurs », les « passeurs », les intermédiaires incarnés par des street level bureaucrates ou encore les « courtiers » des politiques publiques (Nay, Smith, 2002). A l’instar de ces travaux surtout ancrés dans l’analyse de l’action publique, ou encore de ceux portant la focale sur les groupes d’intérêts, la section souhaite systématiser l’analyse des intermédiaires du champ politique au-delà du seul acte électoral, des divers médiateurs qui participent à façonner les pratiques et les goûts ou dégoûts politiques des citoyens. L’objectif est donc de contribuer à l’analyse des reconfigurations des relations gouvernants/gouvernés et de l’articulation entre champ politique et espace social. Plus précisément, on souhaite ici insister sur la variabilité – historique, spatiale, sociale – des systèmes d’intermédiation observables (Roueff, 2013) entre les activités politiques instituées et les groupes sociaux parfois nommés, le temps d’un scrutin, des « électorats » – autrement dit, l’étude des diverses formes de médiation qui mettent (ou non) en relation l’offre politique et la « demande sociale ». En se concentrant concomitamment sur ce que sont les intermédiaires politiques, leurs trajectoires et leurs caractéristiques dans différentes situations (axe 1), comme sur ce qu’ils font et leurs diverses pratiques selon les situations (axe 2), les travaux réunis étudieront la manière dont se font et se défont les goûts comme les dégoûts politiques.

Axe 1 : L’identification et la variabilité des intermédiaires politiques selon les situations

Il s’agit d’abord de réunir des travaux qui identifient ces intermédiaires et questionnent les situations plus ou moins favorables à ce qu’ils le deviennent. Si l’on dispose d’éléments sur certains intermédiaires (les prêtres, les militants partisans, les membres d’associations de parents d’élèves, les journalistes, etc.), tel est moins le cas pour d’autres. Les travaux de la section pourront ainsi étayer la position d’intermédiaire de militants ou de sympathisants de partis politiques qui participent à des porte-à-porte, mais aussi celle de consultants, experts, salariés de think tanks, porte-parole de diverses associations ou groupements localisés, éditeurs de maison d’édition militante ou critique, journalistes politiques ou critiques, intellectuels médiatiques ou même de travaux de sciences sociales. Des études qui adoptent des perspectives comparées selon des territoires, des conjonctures et des périodes historiques différentes seront bienvenues. Par exemple, si des travaux socio-historiques ont souligné le travail d’encadrement (des milieux populaires, des paysans, etc.) par des intermédiaires aussi divers que des acteurs religieux ou des enseignants le sont-ils toujours et sous quelles conditions ?

Axe 2 : Les pratiques d’intermédiation et le façonnage des goûts politiques des citoyens

Il s’agit ensuite de s’intéresser aux pratiques d’intermédiation et à la manière dont les goûts politiques des citoyens sont façonnés. De quoi sont faites les activités d’intermédiations et le façonnage des (dé)gouts des profanes ? Qu’est-ce qui est transmis dans quelle situation et comment ? Quels sont les effets des pratiques d’intermédiation sur les préférences des citoyens ? Comment la socialisation politique produite par ces intermédiaires s’articulent-elles avec les dispositions des groupes concernés ? Plusieurs échelles d’analyse sont envisageables, qu’il s’agisse de l’étude de formes d’intermédiation à distance (par exemple une sociologie de la réception des informations), de travaux focalisés sur les relations directes gouvernants/gouvernés (de face-à-face en période électorale ou à l’instar des recherches sur le « contacting »), des enquêtes relatives aux enjeux européens ou aux champs politiques locaux. Dans ce second axe, il s’agit donc d’interroger, au prisme des activités de médiation, les catégories de perception et d’évaluation du politique telles qu’elles sont élaborées et prescrites aux citoyens à différentes échelles.

Constituant un espace de débat international autour des intermédiaires du politique, des intérêts comme des limites de cette catégorie encore en friche à travers la mise en relation d’enquêtes variées, cette section thématique réunira des travaux ancrés empiriquement, relatifs à différentes situations historiques, et conjonctures routinières ou critiques. La section souhaite réunir des communications qui s’inscrivent dans des approches théoriques et méthodologiques diverses.

 

Political science has established that politics, in most contemporary societies, are specialized and « relatively autonomous » activities. At the intersection of several fields of study, this thematic section proposes to open a space for discussions between researchers who are interested in political intermediaries. That is to say, to all the individual and collective actors who link the political offer to various social groups (electorates, professional groups) who participate, even indirectly, in political activities. There is already an extant literature on political recruitment and political staff, and on electoral analysis. Nevertheless, few studies are at the crossroads of these two fields of research. This track proposes to cross these two literatures by questioning the « intermediaries » between the instituted political activities and the different social and professional groups that are variably interested in these activities. The starting point of the track is not to affirm that there has never been any research on these intermediaries in the political field, but rather that there is a category that deserves more investigation. We propose to rely on public action sociology to develop an original approach of the governments/citizens relationships; more precisely, the « mediators », state intermediaries embodied by street level bureaucrats or the « brokers » of public policies (Nay, Smith, 2002).

This track wishes to systematize the analysis of the intermediaries of the political field. We propose to shift the focus from the electoral act, to the mediators who participate in shaping the practices and political tastes or disgusts of different social groups. The contribution will be twofold. First, it will contribute to the analysis of the reconfigurations of the governments/citizens relationships. Second, it will contribute to the articulation between the political field and the social space. More precisely, we would like to stress on the variability of intermediation systems (Roueff, 2013) between the political activities instituted and the social groups named, the time of a ballot, the « electorates ». That is to say the study of the various forms of mediation that link (or not) the political offer with the « social demand ». By concentrating concomitantly on what are the political intermediaries, their trajectories and their characteristics in different situations (axis 1), as well as on what they do and their various practices according to the configurations (axis 2), the works will study the formation process of political tastes.

Axis 1: Identification and variability of political intermediaries according to the situations

First, we are looking for proposals that identify the intermediaries between the political offer and the social demand. Second, we are seeking for works that address the contingency of the intermediary position. If we have elements on certain intermediaries (priests, partisan activists, members of parents’ associations, journalists, etc.), this is less the case for others. The works of this section will therefore document the position of intermediary of political parties’ activists or sympathizers who participate in door-to-door, but also that of consultants, experts, employees of think tanks, spokespersons of various associations or localized groups, publishers of militant or critical publishing houses, political or critical journalists, media intellectuals or even social science works. Studies that adopt comparative perspectives across different territories, conjunctures, and historical periods will be welcomed. For example, if socio-historical works have underlined the work of supervision (working classes, peasants, etc.) by intermediaries as diverse as religious actors or teachers is it always the case and under which conditions?

Axis 2: Intermediation practices and shaping of citizens’ political tastes

 

The next step is to focus on practices of intermediation and on how they influence the political tastes of citizens. Papers that address the following questions are welcomed. What are the activities of intermediation and how do they shape citizens’ tastes? What is transmitted in which situation and how? How the political socialization produced by these intermediaries does interact with the dispositions of the groups concerned? The intermediation process can occur at different levels. Intermediation can occur at a distance, it can be direct relations governments / citizens (face-to-face during election period or such as research on « contacting »), surveys relative to the European issues or to the local political fields. In this second axis, it will therefore be necessary to question, through the prism of mediation activities, the categories of perception and evaluation of the policy as they are elaborated and prescribed to the citizens at different levels and in different situations.

This track will offer an international debate space on the intermediaries of politics. It will allow to debate on the contribution and limits of this emerging conceptual category, though the presentation of diverse empirical studies. This track will bring together empirically grounded work related to different historical situations, national or local contexts, and routine or critical conjunctures. The section wishes to gather communications that are part of various theoretical and methodological approaches.

Axe 1/ Des intermédiaires politiques dans l’action publique

Modérateur : Lorenzo Barrault-Stella (CRESPPA-CSU)
Discutant : Philippe Aldrin (CHERPA)

Laura Giraud (ERMES-CEPEL), ‘Aïcha c’est la porte d’entrée de madame Estrosi sur le quartier !’ Analyse de la trajectoire et des pratiques d’intermédiaires de la droite en milieu populaire

Aymé Prunelle (CERI), « Nous construisons des ponts » : les femmes comme intermédiaires du gouvernement local sous l’AKP en Turquie

Virginie Dutoya (CEIAS), Intermédiaires malgré eux ? Les conseillers citoyens dans la politique locale de la Seine-Saint-Denis

Gabriel Montrieux (TRIANGLE), Les réseaux de sensibilisation éco-citoyenne en position de doubles intermédiaires. Entre mobilisations militantes et prescriptions institutionnelles

Thomas Lépinay (CESSP), Comment devenir un intermédiaire ? La Cour des comptes, les pouvoirs publics et le « passant de la rue Cambon »

Axe 2/ Les intermédiaires aux marges des champs politiques

Modérateur : Sébastien Michon (SAGE)
Discutante : Annie Collovald (ISP)

Cyrielle Maingraud-Martinaud (LAM), Intermédiaires de l’autoritarisme : les leaders religieux comme courtiers du régime en Tanzanie

Yann Raison du Cleuziou (CED), La revue Limite, une matrice de reconfiguration de l’espace politique et un dispositif de subjectivation militant ?

Jessy Bailly (CHERPA), L’audit citoyen des finances locales : inclusion participative ou participation exclusive de nouveaux représentants « citoyens »?

Emilien Julliard (CMH-IRISSO), Politiser les syndiqués pour faire des échanges politiques ? Les syndicats états-uniens comme intermédiaires politiques

Clément Petitjean (PRINTEMPS), Les community organizers, des intermédiaires invisibles ? Le community organizing et ses professionnels à Chicago, de Saul Alinsky à Barack Obama

ALDRIN Philippe ‎philippe.aldrin@sciencespo-aix.fr

BAILLY Jessy jessy.bailly@yahoo.fr

BARRAULT-STELLA Lorenzo lorenzo.barrault-stella@cnrs.fr

COLLOVALD Annie annie.collo@wanadoo.fr

DUTOYA Virginie virginie.dutoya@ehess.fr

GIRAUD Laura lauragiraud@live.fr

JULLIARD Emilien emilienjulliard@gmail.com

LEPINAY Thomas thomas.lepinay@univ-paris1.fr

MAINGRAUD-MARTINAUD Cyrielle cyrielle.maingraud@gmail.com

MICHON Sébastien smichon@unistra.fr

MONTRIEUX Gabriel gabriel.montrieux@univ-lyon2.fr

PETITJEAN Clément clement.petitjean@uvsq.fr

PRUNELLE Aymé prunelle.ayme@sciencespo.fr

RAISON DU CLEUZIOU Yann raison_du_cleuziou@yahoo.fr