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ST 22

Campagnes électorales et numérique : regards croisés à l’international

Digital campaigning and elections: international perspectives

 

Responsables scientifiques :

Julien Boyadjian (Sciences Po Lille, CERAPS) julien.boyadjian@sciencespo-lille.eu
Marie Neihouser (Université de Laval, GRCP) marie-cecile.neihouser.1@ulaval.ca
Anaïs Théviot (Université Catholique de l’Ouest, ARENES) a.theviot@gmail.com

La communication politique ne peut plus désormais se penser sans le recours à Internet (Chadwick and Howard, 2008). Que ce soit aux États-Unis (Issenberg, 2012), en Europe (Brachotte et Frame, 2018) ou en Afrique (Thiery, 2011), le numérique est devenu essentiel à toute campagne électorale, à la fois comme outil de communication (Prior, 2007), de mobilisation (Bond et al., 2012) et de prévision (Tusmajan and al. 2010). Encore peu développées au début des années 2000, les recherches en science politique sur cet objet se sont depuis multipliées et apparaissent comme incontournables pour interroger les reconfigurations de l’action collective et des manières de faire campagne (Kreiss, 2012).

L’ambition de cette ST est de contribuer aux réflexions sur les transformations des partis politiques, sur les évolutions des campagnes électorales et du militantisme à l’aune du numérique. En somme, il s’agit de s’interroger sur ce que fait le web aux campagnes électorales dans une perspective internationale (Politique et société, 2018). La numérisation progressive des partis politiques induit-elle des modifications au sein de l’organisation partisane et de « nouvelles » formes de militantisme (Karpf, 2012) ? L’usage intense du web lors d’échéances électorales introduit-il des pratiques « innovantes » pour mobiliser les électeurs et militer (Shirky, 2008) ? Le recours de plus en plus massif aux data pose-t-il des questions d’ordre éthique (cf. l’affaire Cambridge Analytica) ? Peut-on prévoir le résultat d’une élection (Gayo-Avello, 2012) ?

Cette ST permettra ainsi de contribuer aux débats de portée générale sur la cartellisation des partis politiques, les rétributions du militantisme, les modèles institutionnels de changement et de prendre part à la controverse scientifique internationale sur les effets de « nouveautés » induits par le numérique.

Le premier objectif est de croiser les regards nationaux/locaux et de favoriser les propositions permettant d’adopter ensuite une démarche comparative dans la discussion de la ST. En effet, les travaux sur ces thématiques se cantonnent souvent à des approches nationales et la dimension comparative reste encore peu présente. L’ambition est donc d’investir des débats internationaux sur l’enjeu du numérique en campagne électorale et de croiser les études de cas.   Par ailleurs, nous encouragerons les analyses à l’échelle locale. En effet, le numérique, même dans son volet de mobilisation et de prévision, est aussi de plus en plus utilisé lors de campagne électorales locales, sans que cela n’attire toujours l’attention des chercheurs. Cette approche au local amène pourtant à repérer les processus de mobilisation de certains acteurs en faveur – ou non – du numérique, les logiques de maintien de réseaux, les luttes internes, les phénomènes d’imbrication des activités proprement partisanes dans d’autres pratiques de sociabilité, etc. L’idée n’est pas pour autant de privilégier une échelle ou une autre de façon intrinsèque. Il s’agit plutôt de les combiner : « Le changement de focale permet de voir autrement mais non intrinsèquement mieux » (Hagel, 2007). Le numérique est un objet qui ne peut être pensé qu’en croisant les échelles.

Le deuxième objectif est d’inviter à des analyses fines s’appuyant sur des enquêtes empiriques solides afin de de désenclaver cet objet des imaginaires dont il est imprégné. Par exemple, pour saisir le rôle d’Internet dans les mobilisations collectives et dans le militantisme en ligne, il s’agit de dépasser les oppositions binaires entre le monde « virtuel » du cyber-activisme et le monde « réel » du militantisme de terrain. Il s’agit aussi de sortir des thèses duales opposant cyber-optimistes aux cyber-pessimistes et de proposer une approche de politiste.

En dernier lieu, il convient de préciser qu’à la suite de cette ST, nous envisageons de rendre compte de cette approche comparative via la publication d’un numéro de revue internationale en anglais.

 

Political communication can no longer be analyzed without its online part (Chadwick and Howard, 2008). Whether in the United States (Issenberg, 2012), in Europe (Brachotte and Frame, 2018) or in Africa (Thiery, 2011), digital technologies have become essential for all election campaigns, both as a communication (Prior, 2007), mobilization (Bond et al., 2012) and forecasting tool (Tusmajan et al., 2010). Still underdeveloped in the early 2000s, research in political science on this object is nowadays dynamic and appears as essential to address the question of the reconfigurations of collective action and the ways of campaigning (Kreiss, 2012).

The ambition of this panel is to contribute to the debate on the transformations of the political parties, of the political engagement, and of the electoral campaigns: What does the web do to electoral campaigns in an international perspective (Politics and Society, 2018)? Does the digital tools induce changes in partisan organization or « new » forms of engagement (Karpf, 2012)? Does the use of the web during electoral events introduce « innovative » practices to mobilize voters (Shirky, 2008)? Does the increasingly massive use of big and personal data pose ethical questions (see the Cambridge Analytica case)? Can we predict the outcome of an election (Gayo-Avello, 2012)? This panel will thus contribute to the general debates on the cartelization of political parties, the rewards of militancy and the institutional models of change. The aim is to take part in the international scientific controversy on the effects of « novelties » induced by digital technology.

The first objective is to cross national and local perspectives and to favor proposals for adopting a comparative approach in the panel discussion. Indeed, research on these themes is often confined to national approaches and the comparative dimension is still rare. The ambition is to invest international debates on the issue of digital campaigning and cross case studies. In addition, we will encourage analysis at the local level. Indeed, the digital, even in its component of mobilization and forecasting, is also increasingly used during local election campaigns, without attracting the attention of researchers. However, this local approach leads us to identify the processes of mobilization of certain actors in favor – or not – of the online tools, the logics of maintaining networks, the internal struggles, etc. The idea is not to privilege one scale or another intrinsically. It is rather to combine them: « The change of focal point allows to see differently but not intrinsically better ». Digital is an object that can only be thought of as crossing scales.

The second objective is to invite to fine analyzes based on solid empirical investigations in order to deconnect this object of the imaginary of which it is impregnated. For example, to grasp the role of the Internet in collective mobilization and online activism, we’ll go beyond the binary oppositions between the « virtual » world of cyberactivity and the « real » world of activism. We also want to overpass the dual theses opposing cyber-optimists to the cyber-pessimists and to propose an approach of political scientist. Finally, it should be noted that as a result of this panel, we plan to publish the papers in an international journal issue in English.

 

REFERENCES

Bond R. M. et al. (2012). « A 61 M Pers. Experiment in social influence and political mobilization ». Nature. 489: 295-298.

Brachotte G. et Frame A. (dir). (2018). L’usage de Twitter par les candidats #Eurodéputés @Europarl_FR @Europarl_EN. EMS.

Chadwick A. and Howard P. N. (2008). Handbook of Internet Politics. Routledge.

Gayo-Avello D. (2012). No, you cannot predict elections with Twitter. IEEE Internet Computing.

Issenberg S. (2012). The Victory Lab: The Secret of Winning Campaigns. Crown.

Karpf D. (2012). The MoveOn Effect. The Unexpected Transformation of American Political Advocacy. Oxford University Press.

Kreiss D. (2012). Taking our country back. Oxford University Press.

Politique et sociétés. (2018). Dossier Enpolitique.com. 37(1).

Prior M. (2007). Post-Broadcast Democracy: How Media Choice Increases Inequality in Political Involvement and Polarizes Elections. Cambridge University Press.

Shirky C. (2008) Here Comes Everybody: The Power of organizing Without Organizations. The Pinguin Press.

Thiery G. (2011). Partis politiques et élections de 2011 au Nigeria : L’Action Congress of Nigeria en campagne. Afrique contemporaine. 239(3), 89-103.

Tusmajan et al. (2010). Predicting Elections with Twitter: What 140 Characters Reveal about Political Sentiment. Proceedings of the Fourth International AAAI Conference on Weblogs and Social Media.

Axe 1 / Le numérique et la campagne présidentielle française de 2017

Présidente : Marie Neihouser (Université de Laval, GRCP)
Discutant : Julien Boyadjian (Sciences Po Lille, CERAPS)

Thomas Ehrhard (Université Paris II Panthéon Assas), Antoine Bambade (Université de Cambridge) et Samuel Colin (Collège d’Europe en ‘Études politiques et de gouvernance Européennes’), Données et algorithmes dans la technologie politique. La boite noire de l’electoral targeting

Pierre Lefébure (Université Paris 13 – IRISSO), L’essor du numérique comme support de négativité dans la communication électorale française. Analyse stratégique et de contenu de la chaîne YouTube « Ridicule TV » dans la campagne présidentielle de 2017

Pierre Ratinaud (Université de Toulouse 2 – LERASS), Nikos Smyrnaios (Université de Toulouse 3 – LERASS) et Julien Figeac (Université de Toulouse 2 – UMR LISST, CNRS), Faire campagne sur Facebook : analyse lexicale des publications de soutien aux cinq principaux candidats lors de l’élection présidentielle de 2017

Muhammad Umer Gurchan (Université de Montpellier – CEPEL),“Retweet ≠ endorsement”, not always at least

Thierry Vedel (Centre de recherches politiques de Sciences Po), S’informer, s’engager, se mobiliser ou interagir ? Les activités en ligne électeurs français durant la campagne présidentielle de 2017 mis en perspective

Axe 2 / Campagnes numériques et comparaisons à l’international

Président : Julien Boyadjian (Sciences Po Lille, CERAPS)
Discutante : Marie Neihouser (Université de Laval, GRCP)

Philippe Dubois (Université Laval – GRCP), Campagne numérique et ‘petits partis’ : qui sont les stratèges numériques des formations politiques municipales au Québec ?

Dércio Tsandzana (Sciences Po Bordeaux – LAM), Campagne électorale en ligne au Mozambique : vers un renouvellement des formes de mobilisation politique

Bader Ben Mansour (Université Laval – GRCP), L’usage des médias sociaux par les organisations politiques : le cas de la Tunisie

Sandrine Roginski (Université Catholique de Louvain – LASCO), Permanences et altérations en contexte sociotechnique : comment les dispositifs numériques renouvellent la fabrique de la communication en contexte de campagne électorale ? Le cas des candidats à l’élection européenne

Peter Maurer (NTNU Trondheim), The role of populism in online mobilization: A comparison of anti-elitism and people-centrism in the tweets of candidates in the last French and US presidential election

BEN MANSOUR Bader bader.ben-mansour.1@ulaval.ca

BOYADJIAN Julien julien.boyadjian@sciencespo-lille.eu

DUBOIS Philippe philippe.dubois.3@ulaval.ca

EHRHARD Thomas thomas.ehrhard@gmail.com

FIGEAC Julien julien.figeac@univ-tlse2.fr

GURCHANI Muhammad Umer umergurchani5@gmail.com

LEFEBURE Pierre pierre.lefebure@univ-paris13.fr

MAURER Peter peter.maurer@ntnu.no

NEIHOUSER Marie marie-cecile.neihouser.1@ulaval.ca

RATINAUD Pierre ratinaud@univ-tlse2.fr

ROGINSKY Sandrine sandrine.roginsky@uclouvain.be

SMYRNAIOS Nikos smyrnaios@protonmail.com

THEVIOT Anaïs a.theviot@gmail.com

TSANDZANA Dércio dercio.tsandzana@scpobx.fr

VEDEL Thierry thierry.vedel@sciencespo.fr