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ST 22

Action collective et pouvoir local : encadrement institutionnel et pacification sociale

Collective Action and Local Power: Institutional Channeling and Social Control

 

Responsables scientifiques :

Thomas Chevallier (IRISSO – Université Paris-Dauphine / CERAPS – Université de Lille) thomas.chevallier@univ-lille.fr
Julien Talpin (CERAPS – Université de Lille) julien.talpin@univ-lille.fr

 

L’ambition de ce panel est de remettre sur le métier une question classique de la science politique (Dahl, 1961 ; Grémion, 1978 ; Balme, 1987), à savoir la façon dont les interactions entre institutions, associations et mouvements sociaux contribuent à la reproduction ou à l’inverse à la fragilisation des hégémonies politiques locales (Mattina, 2015). Deux champs de recherche se sont en effet développés de façon relativement parallèle : d’un côté les travaux sur l’action publique locale se sont peu intéressés aux mouvements sociaux et aux acteurs associatifs en particulier (voir par exemple Douillet, Lefebvre, 2015 ; voir néanmoins de Maillard, 2002) ; de l’autre la sociologie des mouvements sociaux, si elle s’est intéressée aux conditions politiques de mobilisation (notamment via les concepts, depuis critiqués, de structure des opportunités politiques et discursives, voir Kitschelt, 1986 ; Tarrow 1990 ; Koopmans, Staham, 1999) a eu tendance à privilégier un prisme national et macroscopique, s’intéressant peu à la déclinaison locale de ces enjeux, aux opportunités et contraintes que génère la structuration des gouvernements locaux pour l’action collective et inversement.

Cette question, classique, mérite d’être aujourd’hui réinterrogée à la lumière de certaines transformations de l’action publique. On a assisté au brouillage croissant des frontières entre les secteurs publics et privés, à l’émergence d’une « gouvernance » (Le Galès, 1995) sinon d’une « action publique partenariale » (Bordiec, Sonnet, 2020) se traduisant par la multiplication des logiques de délégation (Hely 2009 ; Cottin Marx et al. 2017) et de co-construction (Mazeaud, Nonjon, 2018) des politiques publiques en lien avec des acteurs privés, y compris des associations. Si des travaux ont cherché à déconstruire ces catégories, l’enjeu ici sera d’interroger les conséquences de ces mutations sur les mobilisations collectives, le fonctionnement du champ politique ou les formes d’ancrage du pouvoir local (Briquet, Sawicki, 2000 ; Massicard, 2012). Entre cooptation, institutionnalisation et disqualification (Talpin, 2016), quelles formes prennent les relations entre acteurs protestataires et institutions ? Assiste-t-on à une socialisation des premiers au partenariat ou à un « ensauvagement des institutions » (Neveu, 2011) ? Il s’agit ainsi d’étudier le rapport ordinaire à l’État des mouvements sociaux et inversement, et leurs effets de feedback réciproques.

 

The ambition of this panel is to revisit a classic question of political science (Dahl, 1961; Grémion, 1978; Balme, 1987), namely how interactions between institutions, associations and social movements contribute to the reproduction or, conversely, the weakening of local political hegemonies (Mattina, 2015). Two fields of research have in fact developed in a relatively parallel way: on the one hand, work on local public action has shown little interest in social movements and associative actors (see, for example, Douillet, Lefebvre, 2015; see, however, de Maillard, 2002); on the other hand, the sociology of social movements, if it has been interested in the political conditions of mobilization (notably via the concepts, since criticized, of political and discursive opportunity structure, see Kitschelt, 1986; Tarrow 1990; Koopmans, Staham, 1999) has mostly adopted national and macroscopic lenses, showing little interest in the local declension of these issues, in the opportunities and constraints generated by the structure of local governments for collective action and vice versa.

This classic question deserves to be reexamined today in light of certain transformations in public action. A growing blurring of the boundaries between the public and private sectors, the emergence of « governance » (Le Galès, 1995), or even of « partnership-based public action » (Bordiec, Sonnet, 2020), have led to a proliferation of forms of delegation (Hely, 2009; Cottin Marx et al., 2017) and co-construction (Mazeaud, Nonjon, 2018) of public policies in conjunction with private actors, including associations. While works have sought to deconstruct these categories, the issue here will be to question the consequences of these mutations on collective mobilizations, the functioning of the political field or the forms of anchorage of local power (Briquet, Sawicki, 2000; Massicard, 2012). Between co-optation, institutionalization and disqualification (Talpin, 2016), what forms do the relations between protesting actors and institutions take? Are we experiencing a socialization of the former into partnership or a « bewilderment of institutions » (Neveu, 2011)? The goal is to study the ordinary relationships between social movements and the State and vice versa, and their reciprocal feedback effects.

Discutant : Cesare Mattina (MESOPOLHIS, Université Aix-Marseille)

Anaïs Bertron (CERAPS, Université de Lille), Le Mouvement Associatif, porte-voix des contestations associatives ou instrument de l’administration publique locale ?

Lucie Longuet (ERMES, Université Nice-Côté d’Azur), Les associations et collectifs étudiants dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes à l’Université : entre relai des  politiques institutionnelles et réappropriation critique

Anouk Flamant (Grhapes, INSHEA / Triangle), Les villes face aux mobilisations en faveur des populations exilées : entre pacification et tentative de dénonciation des politiques étatiques

Thomas Sommer-Houdeville (CERTOP, CNRS), Face à l’État, la solidarité envers les éxilé.es au Pays Basque Nord. Rapports de force et collaborations entre les collectifs de soutiens aux exilé.es et les collectivités locales

Adrien Mollaret (PACTE, Université Grenoble Alpes), Le développement local comme scène d’intermédiation à distance entre l’État et les mouvements sociaux

BERTRON Anaïs anais.bertron@univ-lille.fr

CHEVALLIER Thomas thomas.chevallier@univ-lille.fr

FLAMANT Anouk anouk.flamant@gmail.com

LONGUET Lucie lucie.longuet@ens-paris-saclay.fr

MATTINA Cesare cesare.mattina@univ-amu.fr

MOLLARET Adrien adrien.mollaret@umrpacte.fr

O’MIEL Julien julien.o-miel2@univ-lille.fr

SOMMER Thomas thomas.sommer@univ-tlse2.fr

TALPIN Julien julien.talpin@univ-lille.fr