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Responsables scientifiques :
Safia Dahani (LaSSP, Université de Toulouse) safia.dahani@gmail.com
Estelle Delaine (CESSP/EHESS) estelle.delaine1@gmail.com
Il se passe rarement un jour sans que les médias rappellent l’avènement des partis populistes et d’extrême droite européens. Les universitaires parlent parfois de “vagues” (Von Beyme, 1988) : nous serions dans la quatrième vague, anti-européenne et islamophobe, qui ne se réclamerait plus de l’antisémitisme (Cas Mudde, 2016). Toutefois, les partis d’extrême droite européennes, rassemblés sous la même appellation, n’en restent pas moins divers, et peu appréhendés par l’ethnographie (Kathleen Blee, 2007). L’objectif de cette section thématique est de compléter les recherches sur les extrêmes droites européennes par des études des organisations, des mobilisations partisanes, des profils des militants (Bert Klandermaans et Nonna Mayer, 2006). Nous voulons questionner ces organisations regroupées dans les mêmes catégorisations à l’échelle européenne, moins pour renouveler le débat sur la dénomination que pour comparer les pratiques, les répertoires d’actions collective (Olivier Fillieule, 2010) et électoraux (Clément Desrumaux et Rémi Lefebvre 2017), les identités et cultures partisanes permettant de déconstruire l’apparente homogénéité des extrêmes droites européennes.
Axe 1 : Trajectoires de dirigeant.e.s et candidat.e.s
En fonction des régions et de l’échelon des responsabilités, les propriétés sociales et politiques des militants et responsables diffèrent. En Italie les leghisti (Lega Nord) sont souvent issus de milieux populaires ruraux (Martina Avanza, 2007; Lynda Dematteo, 2007), quand en France les militants d’Action française sont souvent de jeunes bourgeois (Humberto Cucchetti, 2015) et les dirigeants du FN issus des classes supérieures (Guy Birenbaum, 1992). Certains milieux socio- professionnels ou mouvements sociaux ont un rôle important dans la constitution de partis (Luck et Dechezelles, 2011; Combes, 2011) ce que nous souhaitons interroger dans les partis d’extrême-droite européens (par exemple, l’AFD allemande est surnommé le “parti des professeurs” en raison de l’identité de ses créateurs). Martin Baloge compare les profils et les trajectoires des député.e.s AfD, néophytes et présentés comme ayant des parcours disparates. Benjamin Biard et Maximilien Cogels présenteront ensuite une analyse de la composition et de la place des candidat.e.s sur les listes électorales du Parlement fédéral belge de quatre partis d’extrême droite (Lijst Dedecker, Vlaams Belang, Front national, Parti populaire). Enfin, partant de son ethnographie, Jennifer Simons propose de revenir sur des parcours et engagements « atypiques » (gays, juifs, musulmans) au Rassemblement national et à l’AfD.
Axe 2 : Emprunts et internationalisations des pratiques des groupes d’extrême droite
Cet axe revient sur les circulations et les formes d’alliances entre formations d’extrême droite. D’une part, deux communications seront axées sur l’activisme pour l’exportation des pratiques et pour les rencontres entre cadres et militant.e.s de divers pays. Adrien Nonjon présentera les tentatives de persuasion de groupes d’extrême droite ukrainiens (Svoboda et Corps national) auprès des partis et mouvements d’extrême droite d’Europe occidentale, pour les faire dévier de leur positions majoritairement pro-russes. Marion Jacquet-Vaillant exposera ensuite les dynamiques rendant possible l’européanisation de Génération identitaire (France) en Italie, Belgique, Portugal, inimaginable la décennie précédente.
D’autre part, si l’utilisation d’internet s’est popularisée parmi les groupes et partis d’extrême droite, rendant parfois accessibles des programmes politiques ou agendas, il est nécessaire de souligner les spécificités des pratiques partisanes en ligne. Gina Papamichail détaillera l’attractivité du site internet d’Aube dorée (Grèce), organisé comme une plateforme d’échanges pour véhiculer l’idéologie horizontalement.
Rarely a day goes by without the media recalling the advent of European populist and far-right parties. Academics sometimes speak of « waves » (Von Beyme, 1988): we would be in the fourth wave, anti-European and Islamophobic, which would no longer claim to be anti-Semitic (Cas Mudde, 2016). However, European far-right parties, grouped under the same name, remain diverse and little understood by ethnography (Kathleen Blee, 2007). The objective of this thematic section is to complement research on extreme European rights with studies of organisations, partisan mobilisations, profiles of activists (Bert Klandermaans and Nonna Mayer, 2006). We want to question these organisations grouped in the same categories at European level, less to renew the debate on denomination than to compare practices, collective (Olivier Fillieule, 2010) and electoral (Clément Desrumaux and Rémi Lefebvre 2017) action repertoires, partisan identities and cultures allowing to deconstruct the apparent homogeneity of the European far rights.
Session 1 – Leaders and candidates.
Depending on the region and level of responsibility, the social and political properties of activists and leaders differ. In Italy, leghisti (Lega Nord) often come from rural working class backgrounds (Martina Avanza, 2007; Lynda Dematteo, 2007), while in France, Action Française activists are often young bourgeois (Humberto Cucchetti, 2015) and FN leaders from the upper classes (Guy Birenbaum, 1992). Some socio-professional circles or social movements have an important role in party building (Luck and Dechezelles, 2011; Combes, 2011), which we wish to question in extreme right-wing European parties (for example, the German AFD is nicknamed the « teachers’ party » because of the identity of its creators). Martin Baloge compares the profiles and trajectories of AfD MPs, neophytes and presented as having disparate backgrounds. Benjamin Biard and Maximilien Cogels will then present an analysis of the composition and place of candidates on the electoral lists of the Belgian Federal Parliament of four far-right parties (Lijst Dedecker, Vlaams Belang, Front national, Parti populaire). Finally, based on her ethnography, Jennifer Simons proposes to return to « atypical » paths and commitments (gays, Jews, Muslims) at the National Rally and the AfD.
Session 2: Borrowing and internationalization of the practices of extreme right-wing groups
This axis returns to the circulations and forms of alliances between extreme right-wing formations. On the one hand, two papers will focus on activism for the export of practices and for meetings between executives and activists from various countries. Adrien Nonjon will present the attempts of extreme right-wing Ukrainian groups (Svoboda and the National Corps) to persuade far-right parties and movements in Western Europe to deviate from their predominantly pro-Russian positions. Marion Jacquet-Vaillant will then present the dynamics making it possible to Europeanize Generation Identity (France) in Italy, Belgium, Portugal, unimaginable the previous decade.
On the other hand, if Internet use has become more popular among extreme right-wing groups and parties, sometimes making political programmes or agendas accessible, it is necessary to highlight the specificities of online partisan practices. Gina Papamichail will detail the attractiveness of the website of Golden Dawn (Greece), organized as an exchange platform to convey ideology horizontally.
Axe 1 / Trajectoires de dirigeant.e.s et candidat.e.s
Discutante : Stéphanie Dechézelles (CHERPA, Science Po Aix en Provence)
Martin Baloge (Université Paris 1), Séisme politique, transformations du recrutement politique ? Contribution à une analyse des trajectoires militantes et dirigeantes des députés AfD (Allemagne)
Jennifer Simons (Université de Virginie, ENS), Identities in Contest?: An Intersectional Look at Minority Identification with the Radical Right (France, Allemagne)
Axe 2 / Emprunts et internationalisations des pratiques des groupes d’extrême droite
Discutant : Samuel Bouron (IRISSO, Université Paris Dauphine)
Adrien Nonjon (Université Paris 1), Penser et bâtir la nouvelle « Reconquista » européenne : l’extrême droite ukrainienne comme nouvel incubateur de l’activisme identitaire européen (Ukraine)
Marion Jacquet-Vaillant (Université Paris 2), Comprendre les mécanismes de diffusion de l’extrême droite. L’exemple de l’européanisation du mouvement identitaire (France)
BALOGE Martin mbaloge@gmail.com
BOURON Samuel sam.bouron@gmail.com
DAHANI Safia safia.dahani@gmail.com
DECHEZELLES Stéphanie stephanie.dechezelles@sciencespo-aix.fr
DELAINE Estelle estelle.delaine1@gmail.com
JACQUET-VAILLANT Marion marion.jacquet90@gmail.com
NONJON Adrien nonjon.adrien@gmail.com
SIMONS Jennifer jennifer.simons@ens.fr