le portail de la science politique française

rechercher

ST 28

Pour une sociologie politique des « outre-mer »

Towards a political sociology of the French « overseas territories »

 

Responsables scientifiques :

Audrey Célestine (CERAPS , Université Lille 3) audrey.celestine@gmail.com
Pierre Odin (CERI, Sciences Po) Pierre.odin@gmail.com

Depuis quelques années, l’intérêt pour les « outre-mer » est croissant, comme en témoignent l’augmentation des programmes de recherche et des travaux universitaires qui prennent pour objet les phénomènes politiques de cet ensemble disparate de territoires marqués par des formes originales de sortie du statut colonial. Cette dénomination commune, qui renvoie en théorie à un ensemble de statuts particuliers de territoires éloignés géographiquement reste mal définie, semblant surtout pointer l’absence d’indépendance vis-à-vis de la métropole a longtemps été utilisée de façon générique pour souligner la différence existant entre France hexagonale et territoires ultra-marins. Ce faisant, la catégorie d’ « outre-mer » a historiquement participé à réifier sous une même entité juridique et politique des territoires et des populations bien différentes (Beauvallet, Célestine et Roger ; 2016).

C’est précisément avec l’idée de sortir de cette indistinction qu’un certain nombre de travaux récents ont cherché à mettre en avant la question de l’Etat et du legs colonial pour saisir la « diversité des processus de décolonisation et à la complexité de leurs chronologies dans les Outre-mer » ainsi que la construction d’une exceptionnalité « ultramarine » (Guyon, 2016) ; à interroger l’outre-mer comme catégorie politique et de la production de modes particulier de décolonisation là-aussi avec une attention particulière à la question des inégalités (Lemercier, Palomares, Muni Toké, 2014)  ou encore à se pencher plus spécifiquement sur les legs coloniaux et justice dans le cadre du programme Prodisdom sur les rapports de distance et de proximité à l’Etat en outre-mer ou encore le programme Autochtom, autour de la justice dans les territoires.

Autant de programmes et de publications qui ont permis d’améliorer les connaissances sur des territoires marqués par des défis importants (chômage important, vieillissement rapide de la population aux Antilles, hostilité et violence contre les étrangers en Guadeloupe, en Guyane ou à Mayotte, montée du vote d’extrême-droite, scandales sanitaires, vie chère ) et qui posent eux-mêmes un certain de questions quant à la gestion par la France d’une partie de son ancien Empire colonial. Ces évolutions du champ de la recherche sur la politique outre-mer, outre qu’elles témoignent souvent d’un changement d’échelle et de méthode (avec un recours plus fréquent à l’ethnographie) invitent à dé-singulariser le regard sociologique sur les mécanismes de fonctionnement de la vie politique – tant la vie institutionnelle que les dynamiques de pouvoir, la conflictualité, les rapports de domination et la politisation.

C’est donc avec la volonté de rendre compte des nouvelles configurations au sein desquelles se donne à voir le politique outre-mer et d’analyser le travail politique réalisé par les différents acteurs qui en sont partie prenante que nous avons retenu les trois axes de communication suivants – étant entendu que ces axes ne sont pas mutuellement exclusifs et que les propositions de communication peuvent s’inscrire dans les différentes thématiques.

Tout d’abord, l’administration des populations à travers la gestion racialisée des relations sociales, les politiques familiales et sociales, les politiques de migrations organisées et de mobilité et leurs évolutions sociohistoriques, les politiques de l’emploi et de la formation, les politiques mémorielles de la « métropole » aux territoire. Nous encourageons également les communications prenant pour objet les mobilisations protestataires (anticolonalisme et antiracisme, mouvement communiste, ex.gauche) et leurs articulations éventuelles avec les pratiques politiques dites conventionelles pour saisir l’ensemble des enjeux de la représentation politique en « outre-mer ». Enfin, la section thématique s’attachera également à interroger les frontières du politique en outre-mer avec des communications sur le positionnement des acteurs de différents univers sociaux (groupes religieux, associations, intellectuels, artistes, groupes de carnaval pour ne donner que quelques exemples) vis-à-vis du jeu politique sur les différents territoires.

Cette section thématique constitue pour nous l’occasion de mettre un espace à disposition des politistes travaillant sur les outre-mer afin d’échanger autour de leurs travaux respectifs et faire le point sur les recherches en cours et les publications récentes. Partisan.e.s d’une approche davantage axée sur les outils et méthodes de la sociologie politique et de la sociohistoire, que sur les « area studies » (Caraïbe, Océan Indien et Pacifique), nous privilégierons notamment les communications empiriquement fondées et s’inscrivant dans une démarche ethnographique.

 

In recent years, a growing number of academic articles, research projects and edited volumes have demonstrated a strong interest in various aspects of the political and social life in the french « overseas territories ». The label « overseas » is often considered ill-conceived as it refers to a variety of territories with various political statuses that only share their geographical remoteness from the « métropole ». Actually, such overarching label may be a way to address the fact that these territories are not independent and heavily rely on mainland France. It’s worth noting however that the denomination « overseas » to designate these territories has become a political and administrative category that has largely reified very distinct territorial dynamics and populations. (Beauvallet, Célestine et Roger ; 2016).

Our goal with this panel is precisely to put forward the results of recent scholarship that have sought to debunk the globalizing perspective on these various territories. Several projects have stressed the role of the state, the colonial legacy in order to grasp the commonalities and differences of territories that do share the fact that decolonization has not paved the way to independence but rather to various statuses within the French republic (Guyon, 2016). Scholars have wondered whether the situation of the overseas territories was specific and unique. They also asked how we could interrogate the administrative label that encompasses them, analyze its political effects and how it shaped the very specific forms taken by decolonization in these territories while looking at the important social and economic inequalities (Lemercier, Palomares, Muni Toké, 2014). Other programs have looked at the role of national institutions such as the judicial system and its adaptation in various local contexts.

These programs and scholarship have expanded our knowledge and understanding of territories that each face major challenges (high levels of unemployment everywhere, a rapidly aging population in Martinique and Guadeloupe, hostily against foreign immigrants in Mayotte, French Guiana and Guadeloupe, rise of the far-right, health-related scandals, high prices of basic goods etc..) They also clearly tackle the question of the French national public policies towards part of its former colonial empire. These evolutions in the study of political matters in French overseas territories is also the results of different methods and levels of analysis – for instance a more systematic use of ethnographic methods. Recent scholarship thus manages to use the ordinary tools of sociological analysis to study the institutional life, power dynamics, conflicts, relations of domination and politicization.

The organizers of the panel are seeking papers in which the political realities of the French overseas territories are analyzed through such perspectives and more specifically :

  • The administration of populations through the racializaed government of social relations, family and social policies, organized migration, labor and training public policies, public policies of memory decided both in the mainland and in the territories ;
  • Contentious politics (anticolonial and antiracist movements, communist movements…) and their articulation to more conventional political practices in order to grasp the full picture of the issue of political representation in these territories
  • The frontiers of politics : roles and actions of various actors in local politics (for instance : religious groups, non-profits organizations, artists, intellectuals, carnival groups).

With this panel, we seek to offer a space in which political and social scientists can exchange and share their respective scholarships. We insist that papers showing the use of the methods of political sociology and socio-history as well as those with strong empirical (preferably ethnographic) data will be favored over works based on an « area studies » approach.

 

REFERENCES

Arnaud Lionel, Guionnet Christine. Les frontières du politique. Presses Universitaires de Rennes, 2005.

Beauvallet Willy, Célestine Audrey et Roger Aurélie (coord.), « L’État outre-mer », Politix, 2016, no 116.

Chauvin Sébastien et Cousin Bruno, « L’entre-soi élitaire à Saint-Barthélemy », Ethnologie française, 2012, pp.335-345.

Gagné Natacha, Guyon Stéphanie et Trépied Benoît (coord.), « Justices ultra-marines », Ethnologie française, 25 janvier 2018, no 169.

Gordien Ary, Nationalisme, race et ethnicité en Guadeloupe: constructions identitaires ambivalentes en situation de dépendance, Sorbonne Paris Cité, 2015.

Guyon, Stéphanie. « Trajectoires post-coloniales de l’assimilation ». Politix, 2016, n°116.

Lavenaire-Pineau Maël, Décolonisation et changement social aux Antilles françaises: De l’assimilation à la «Départementalisation»: socio-histoire d’une construction paradoxale (1946-1961), Université des Antilles, 2017.

Lemercier Élise, Toke Valelia Muni et Palomares Élise (coord.), « Les Outre-mer français », Terrains & travaux, 8 octobre 2014, no 24.

Leobal Clemence, « Osu », « baraques » et « batiman »: redessiner les frontières de l’urbain à Soolan (Saint-Laurent-du-Maroni, Guyane), 2017.

Odin Pierre, « Travayè an larila – Les travailleurs sont dans la rue »: syndicalisme et protestation en Guadeloupe et en Martinique, Paris, Institut d’études politiques, 2017.

Trépied Benoît et Guyon Stéphanie, « Outre-mers indigènes », Genèses, 19 décembre 2013, no 91, pp. 2‑6.

Axe 1 / Pouvoirs, représentation et mobilisations

Président : Justin Daniel (LC2S – Université des Antilles)

Edenz Maurice (Centre d’histoire de Sciences Po), Repenser le ‘‘préfet d’Outre-mer’’. Le cas de Robert Vignon en Guyane française (1947-1955)
Télécharger la communication

Willy Beauvallet (Triangle – Université Lyon2) et Aurélie Roger (LC2S – Université des Antilles), Vers une reconfiguration des espaces politiques outre-mer ? La distribution des positions politiques ultramarines à l’issue des élections de 2017
Télécharger la communication

Discutant : Justin Daniel (LC2S – Université des Antilles)

Myriam Paris (CESSP – Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne), « Prendre en main ses propres affaires » : autodétermination vs assimilation. Le basculement stratégique de l’Union des femmes de la réunion en 1958
Télécharger la communication

Lionel Arnaud (LaSSP – Sciences Po Toulouse), Pour une sociologie des mouvements culturels antillais.
Télécharger la communication

Discutant : Pierre Odin (CERI – Sciences Po) 

Axe 2 / Gestion publique, racialisation et circulations migratoires

Présidente : Stéphanie Guyon (CURAPP – Université Jules Vernes Picardie)

Clémence Léobal (IRIS – EHESS), L’Outre-mer, « laboratoire » de l’habitat adapté.
Télécharger la communication

Marie Salaün (CANTHEL – Université Paris Descartes), Vers une gestion « républicaine » de l’altérité ultramarine ? Les enjeux de la réforme pénitentiaire dans le Pacifique français. Le cas de la détention en Polynésie française.
Télécharger la communication

Discutante : Audrey Célestine (CERAPS, Lille3)

Marine Haddad (OSC – Sciences Po), L’emploi public de l’Outre-mer : entre promotion sociale et inégalités exacerbées.
Télécharger la communication

Myrtille Ferné (LC2S – Université des Antilles), Réflexions sur l’opérationnalité de la catégorie « originaires d’outre-mer » dans le contexte d’une formation au métier d’aide-soignante.
Télécharger la communication

Discutant : Sébastien Nicolas (LAM – Sciences Po Bordeaux)

ARNAUD Lionel lionelarno@gmail.com

BEAUVALLET Willy willy.beauvallet@univ-lyon2.fr

CELESTINE Audrey audrey.celestine@gmail.com

DANIEL Justin justin.daniel@univ-antilles.fr

FERNE Myrtille marlux@live.fr

GUYON Stéphanie stephanie_guyon@hotmail.com

HADDAD Marine marine.haddad@sciencespo.fr

LEOBAL Clémence clemence@leobal.eu

MAURICE Edenz edenz.maurice@sciencespo.fr

NICOLAS Sébastien sebastien.nicolas.edu@gmail.com

ODIN Pierre pierre.odin@gmail.com

PARIS Myriam myriamparis@gmail.com

ROGER Aurélie au.roger@yahoo.fr

SALAUN Marie marie.salaun@parisdescartes.fr