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DC 06

La science politique face aux rapports sociaux de classe, de genre, et de race

Political science and class, gender and race relations

 

Responsables scientifiques :

Sarah Mazouz (CR, CNRS, CERAPS) sarah.mazouz@cnrs.fr
Sidonie Verhaeghe (MCF, Université de Lille, CERAPS) sidonie.verhaeghe@univ-lille.fr

Table ronde organisée par le CERAPS, partenaire de Congrès Lille 2022.

En s’appuyant sur les travaux de chercheuses et chercheurs qui mobilisent la notion d’intersectionnalité depuis des champs différents des sciences sociales, l’enjeu de cette table ronde est de montrer comment la démarche intersectionnelle permet de dessentialiser les rapports sociaux. Elle invite à saisir dans des situations concrètes la manière dont la classe, la race, le genre mais aussi la sexualité, l’âge, le statut administratif, la religion ou encore l’état de santé s’articulent et dessinent des formes d’oppressions spécifiques pour celles et ceux qui se trouvent soumis à plusieurs de ces rapports de pouvoir.

 

Héritière des débats sur la place des personnes se trouvant au croisement de plusieurs rapports de domination (au premier rang desquels la classe, la race, le genre et la sexualité) au sein du féminisme états-unien, la notion d’intersectionnalité a été forgée par la juriste Kimberlé W. Crenshaw au tournant des années 1990, même si la généalogie du concept est plus complexe. Sa transposition au contexte français a pu susciter ces dernières années des controverses scientifiques entre chercheur.se.s. Depuis deux ans, elle est également utilisée pour nourrir des polémiques politico-médiatiques. Si ces attaques appartiennent à deux registres distincts, elles partagent toutefois le fait de prêter à la notion d’intersectionnalité des caractéristiques qui ne sont pas les siennes afin d’en délégitimer l’usage et de discréditer les chercheur.se.s qui l’utilisent. Le problème n’est bien sûr pas de critiquer la notion d’intersectionnalité ou de la discuter mais d’en rendre compte de manière déformée. Pour ces détracteurs et détractrices, la notion d’intersectionnalité ferait ainsi prévaloir une lecture essentialisée des rapports sociaux, donnerait le primat à la race sur les autres logiques sociales à l’œuvre dans la production des inégalités et marquerait la prédominance d’une interprétation identitaire du social.

En s’appuyant sur les travaux de chercheuses et chercheurs qui mobilisent cette notion tout en venant de disciplines ou de champs différents des sciences sociales et en utilisant des méthodes variées, l’enjeu de cette table ronde est donc de montrer au contraire comment la démarche intersectionnelle permet de dessentialiser les rapports sociaux en ne donnant pas a priori le primat à une forme de domination sur l’autre. Bien au contraire, elle invite à saisir dans des situations concrètes la manière dont la classe, la race, le genre mais aussi la sexualité, l’âge, le statut administratif, la religion ou encore l’état de santé s’articulent et dessinent des formes d’oppressions spécifiques pour celles et ceux qui se trouvent soumis à plusieurs de ces rapports de pouvoir sans que cela fonctionne systématiquement comme un cumul de handicaps ou une addition de privilèges. Ce faisant, la table ronde s’intéressera à la façon dont la notion d’intersectionnalité permet de dévoiler la coproduction de ces rapports de pouvoir.

 

Drawing on Black feminist critical analysis of “white middle class bias” within US second wave feminism, legal scholar Kimberlé W. Crenshaw developed the notion of intersectionality at the turn of the 1990s, although the genealogy of the concept is more complex. Its transposition to the French context has given rise to scientific controversy among researchers in recent years. For the past two years, it has also fed political and media polemics. Although these attacks belong to two distinct registers, they both attribute to the notion of intersectionality characteristics that are not its own to delegitimate its use and to discredit the researchers who employ it. The problem is not, of course, to criticize or discuss the notion of intersectionality, but to report on it in a distorted way. For these detractors, the notion of intersectionality would give an essentialized reading of social relations, would prioritize race over the other social logics at work in the production of inequalities and would mark the predominance of an identity-based interpretation of the social.

Leaning on the work of researchers who mobilize this notion even though they come from different disciplines or fields of social sciences and use a variety of methods, our goal in this panel is to show, on the contrary, how the intersectional approach desessentializes social relations by not giving a priori primacy to one form of domination over the other. On the contrary, it makes us understand in concrete situations how class, race, gender, but also sexuality, age, administrative status, religion or health status are articulated. Intersectionality also shows how this articulation spawn specific forms of oppression for those who are subject to more than one of these power relations, without considering that this systematically functions as an addition of handicaps or a reinforcement of privileges. In doing so, the panel will look at how the notion of intersectionality can reveal the co-production of these power relations.

Intervenant.e.s

Audrey Célestine (MCF, Université de Lille, CERAPS)

Camille Froidevaux-Metterie (PU, Université de Reims Champagne-Ardennes)

Ary Gordien (CR, CNRS, LARCA)

Éléonore Lépinard (Professeure associée, Université de Lausanne)

Modératrices

Sarah Mazouz (CR, CNRS, CERAPS)

Sidonie Verhaeghe (MCF, Université de Lille, CERAPS).

CELESTINE Audrey audrey.celestine@univ-lille.fr

FROIDEVAUX-METTERIE Camille cfroidevaux.metterie@free.fr

GORDIEN Ary ary.gordien@univ-paris-diderot.fr

LEPINARD Éléonore Eleonore.Lepinard@unil.ch

MAZOUZ Sarah sarah.mazouz@cnrs.fr

VERHAEGHE Sidonie sidonie.verhaeghe@univ-lille.fr