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ST 27

Jeunesses et participations politiques

Youth and political participations

 

Responsables scientifiques :

Courty Amaia (CED/ Sciences Po Bordeaux) amaia.courty@gmail.com
Tiberj Vincent (CED/ Sciences Po Bordeaux) v.tiberj@sciencespobordeaux.fr

 

Très régulièrement, lors des élections, le vote (et le non-vote) de la jeunesse est particulièrement scruté, souvent selon trois angles : celui de la crise de la citoyenneté, celui des banlieues et celui de la France périphérique. La faible participation électorale interroge, régulièrement, notamment à propos de la jeunesse des quartiers populaires sur laquelle certains postulent alors des défauts d’intégration. Une lecture fréquente est faite autour de la crise de la démocratie représentative : la socialisation à la politique et au vote notamment dans sa dimension de devoir ne se ferait plus, ou moins bien (Muxel, 2001) ; les jeunes se désintéresseraient de la politique et donc de leur rôle de citoyen.ne.s. On perçoit bien que derrière cette focale sur les jeunes, c’est plus profondément la question du rapport à la politique qui est posée.

Pourtant d’autres travaux (Inglehart 1977, 1990 ; Norris, 1999, 2003 ; Dalton, 1988, 2007, et pour le cas français Tiberj, 2017, Lardeux, Tiberj, 2020) pointent plutôt vers un changement de culture politique portée par le renouvellement générationnel. Autrement dit, au lieu d’assister à une crise de la démocratie, on se dirigerait vers l’émergence d’une citoyenneté plus protestataire, moins centrée sur les élus et plus capable d’inclure les citoyen.ne.s dans les prises de décisions.

Mais de quoi parle-t-on lorsqu’on parle du rapport au politique de la « jeunesse » ? Il n’y a pas une jeunesse uniforme, mais des jeunesses plurielles et singulières, traversées par des fractures sociales et spatiales. Quand on passe au pluriel, il est alors nécessaire de prendre en compte le genre, les origines sociales, le rapport aux études et à l’emploi (Chevalier, 2018) mais aussi le contexte spatial qu’on oublie trop souvent (Coquard, 2020, Amsellem-Mainguy, 2021). C’est dans ces cadres où se forgent « les trajectoires, où se déroulent les interactions et se nouent les liens d’interdépendance » (Bruneau, Laferté, 2018), le lieu où l’on vit participe du positionnement social de l’individu et donc à son positionnement politique.

Après avoir été une approche majeure dans l’analyse du vote, l’approche par l’espace a été progressivement abandonnée au profit de l’analyse par sondage qu’elle se fonde sur des approches sociologiques ou plus politiques. Progressivement on est donc passée d’une attention forte au local- à l’espace, aux réseaux et aux structures dans lesquels vivent les électeurs- à une focale qui tendait à séparer les individus des contextes dans lesquels ils interagissent, discutent, vivent.

Il s’agira dans cette section thématique de traiter de la question du rapport pluriel à la politique des jeunesses et de confronter les logiques d’explication par le spatial (type de commune, distance à la métropole, ancienneté d’habitation et réseaux personnels) et les usual suspects de l’analyse sociologique des comportements politiques chez les jeunes.

Les jeunes votent moins que leurs aînés, mais sont-ils pour autant désintéressés de la politique ? Qu’est ce qui fait que certains jeunes participent plus que d’autres ? Ont-ielles des valeurs communes malgré leurs différences sociales et spatiales ? Les choix politiques des individus sont-ils uniquement le fruit de leur éducation ? Comment le genre et l’ethnicité par exemple influencent le rapport au politique ? Comment vivent-ielles leur jeunesse dans les centres-ville ou dans les milieux ruraux, ou périurbains ? Comment opèrent-ielles leurs choix d’habitation, leurs choix d’études ou d’emploi ? Est-ce que les jeunes français.e.s entretiennent le même type de rapport à la politique que les jeunes d’autres pays d’Europe et d’ailleurs ?

Pour répondre à ces questions, la section thématique s’ancre sur 3 axes :

Axe 1 : Jeunesses, diversité et participation politique. Nous discuterons de la façon dont les jeunes des années 2000 et 2010 se saisissent des questions politiques, quels sont leurs modes d’action, de participation, et comment ils se situent en tant que citoyen.ne.s face aux attendus démocratiques.

Axe 2 : Jeunesses, politique et inégalités sociospatiales. Nous discuterons de ce que les inégalités sociospatiales font à la jeunesse et plus particulièrement de l’influence de ces inégalités sur les systèmes de valeurs et le positionnement politique. Une approche qui intègre le spatial et les caractéristiques sociales sera la bienvenue.

 

Regularly, during elections, the vote (and the non-vote) of youth is particularly scrutinized, often from three angles: the crisis of citizenship, the suburbs and peripheral France. The low voter turnout regularly raises questions, especially about youth in working-class neighborhoods, about whom pundits postulate integration failures. A frequent reading is made of the crisis of representative democracy: socialization to politics and voting, particularly in its duty dimension, would no longer be done, or less well (Muxel, 2001). Young people would lose interest in politics and therefore in their role as citizens. Behind this approach this is the very relationship to politics which is questioned.

However, other analyses (Inglehart 1977, 1990 ; Norris, 1999, 2003 ; Dalton, 1988, 2007 and Tiberj 2017 for the French case, Lardeux, Tiberj, 2020) plead for a change in the political culture linked to generational changes. More than a democratic crisis, this is the uprising of a protest democracy, less centred on the elected officials and more able to include the citizens in the decision-making process.

But what is at stake when analysing the relationship of « youth » to politics? There is no uniform youth, but plural and singular youths. It is then necessary to consider gender, social origins, the relationship to studies and employment (Chevalier, 2018) but also the spatial context that is too often forgotten (Coquard, 2020, Amsellem-Mainguy, 2021). It is in these settings that « trajectories are forged, where interactions take place and interdependent ties are forged » (Bruneau, Laferté, 2018), the place where one lives contributes to shape the social positioning of the individual and therefore in his or her political positioning.

After having been a major approach in the analysis of voting, the spatial approach was gradually abandoned in favour of survey analysis, whether based on sociological or more political approaches. Gradually, we have moved from a strong focus on the local – on the space, networks and structures in which voters live – to a focus that tends to separate individuals from the contexts in which they interact, discuss and live.

In this thematic section, we will deal with the question of young people’s plural relationship to politics and confront the logics of explanation by space (type of municipality, distance from the metropolis, length of residence and personal networks) with the usual suspects of sociological analysis of political behaviour among young people.

Young people vote less than their elders, but are they disinterested in politics? What makes some young people participate more than others? Do they have common values despite their social and spatial differences? Are individuals’ political choices solely the result of their upbringing? How do gender and ethnicity, for example, influence the relationship to politics? How do they experience their youth in the city centres or in rural or peri-urban areas? How do they choose where to live, study or work? Do young French people have the same type of relationship with politics as young people in other European countries and elsewhere?

To answer these questions, the thematic section is based on three axes:

Axis 1: Youth, diversity and political participation. We will discuss the way in which young people of the 2000s and 2010s take up political issues, what their modes of action and participation are, and how they situate themselves as citizens in the face of democratic expectations.

Axis 2: Youth, politics and socio-spatial inequalities. We will discuss what sociospatial inequalities do to youth and more particularly the influence of these inequalities on value systems and political positioning. An approach that integrates spatial and social characteristics will be welcomed.

Axe 1 / Jeunesses, diversité et participation politique.

Présidente : Amaïa Courty
Discutant : Vincent Tiberj

Antoine Bristielle (Laboratoire Pacte, Université Grenoble-Alpes/ IEP Grenoble), Les effets des nouveaux médias sur la participation politique des jeunes
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Tom Chevalier (CNRS/Arènes) et Anja Durovic (CED/IEP de Bordeaux), It’s not the economy, stupid! Une analyse des déterminants du vote des jeunes des générations Y et Z en Europe
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Boris Metsagho Mekontcho (Université de Dschang- Cameroun), De la démobilisation électorale des jeunes à l’attrait pour les formes non conventionnelles de la participation politique au Cameroun : contribution à la sociologie des comportements politiques des jeunes en contexte de démocratie « non libérale »
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Agathe Piquet (Queen Mary, University of London) et Sarah Wolff (Queen Mary, University of London), It’s the age stupid! Generation gap vis-a-vis post-Brexit European integration

Noriko Suzuki (Université de Waseda) et Xavier Mellet (Université de Waseda), La participation politique des jeunes japonais à travers ses obstacles : enquête sur les formes de socialisation et les perceptions politiques
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Axe 2 / Jeunesses, politique et inégalités sociospatiales

Président : Vincent Tiberj
Discutante : Amaïa Courty

Alexandre Dafflon (CRAPUL-IEP, Université de Lausanne), Le vote des jeunes des classes populaires en milieu rural. La socialisation au sens civique des membres des sociétés de jeunesse campagnarde en Suisse
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Garance Deléris (Centre Max Weber – Université Lumière Lyon II), La socialisation politique dans les espaces publics urbains dans l’enfance : une comparaison entre quartier bourgeois, quartier populaire et quartier mixte

Louise Freulet (CERLIS, Université de Paris), Jeunesses de l’Education populaire et lutte contre les discriminations : une division sociale du travail de politisation ?
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Hadrien Holstein (ISP, Université Paris Nanterre), Comment poursuivre la guerre sans l’avoir vécue ? Modes d’engagement et carrières militantes des jeunes républicains en Irlande du Nord
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Alice Simon (CESDIP), Connaître, comprendre, juger, voter : le rapport des collégiens et des lycéens à la politique

BRISTIELLE Antoine antoine.bristielle@umrpacte.fr

CHEVALIER Tom tom.chevalier@sciencespo.fr

COURTY Amaia  amaia.courty@gmail.com

DAFFLON Alexandre alexandre.dafflon@unil.ch

DELERIS Garance garance.deleris@ens-lyon.fr

DUROVIC Anja anja.durovic@sciencespo.fr

FREULET Louise louise.freulet@sciencespo.fr

HOLSTEIN Hadrien hadrienholstein@gmail.com

MELLET Xavier mellet@aoni.waseda.jp

METSAGHO MEKONTCHO Boris metsaghomekontcho@gmail.com

PIQUET Agathe a.piquet@qmul.ac.uk

SIMON Alice AliceSimon@hotmail.fr

SUZUKI Noriko n-suzuki@waseda.jp

TIBERJ Vincent v.tiberj@sciencespobordeaux.fr

WOLFF Sarah s.wolff@qmul.ac.uk