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ST GA « Institutions, Action publique et Gouvernement »

Clivages épistémologiques ou « éclectisme concordataire » ? Les projets intellectuels de la sociologie française de l’action publique au prisme de ses espaces de publication

Epistemological cleavages or concordatory eclecticism? Intellectual intentions within the French public policies sociology through its editorial spaces.

 

ST du Groupe AFSP « Institutions, Action publique et Gouvernement »

Responsables scientifiques :

Rafaël Cos (Université Lille 2, CERAPS) rafael.cos@univ-lille.fr
Julie Gervais (Université Paris 1, CESSP) gervais_julie@yahoo.fr
Julien Weisbein (Sciences-Po Toulouse, LaSSP) julien.weisbein@sciencespo-toulouse.fr

Le groupe IAPG entend servir de forum de réflexivité, de débats et de prospective sur la sociologie de l’action publique en France aujourd’hui. Afin de lancer ces travaux, nous proposons de réfléchir aux espaces éditoriaux où cette sociologie est produite et à ce que ceux-ci peuvent nous dire aujourd’hui des clivages épistémologiques qui la marquent ou ne la marquent plus.

Un phénomène général de forte spécialisation de la science politique est souvent évoqué – certain.e.s parlent d’étanchéité, de segmentation, d’atomisation et de fonctionnement en vase clos, voire de balkanisation. Ce constat (qu’il conviendrait déjà d’interroger : en quoi l’autonomisation est-elle néfaste à l’avancée des recherches ?) concerne, certes, les sous-espaces de la discipline (sociologie politique, relations internationales, théorie politique, analyse des politiques publiques) mais il est plus rarement interrogé à l’intérieur même de ces sous-espaces. C’est l’objectif de cette table-ronde, centrée sur la sociologie de l’action publique en France aujourd’hui. En tant qu’instruments de régulation des débats scientifiques (consécration de certaines approches, disqualification de certains objets, certification de la qualité scientifique etc.), les lieux d’édition et de publication tels que les revues, les collections dédiées ou les manuels constituent des observatoires pertinents pour la cartographie, l’analyse et l’objectivation de ce segment académique.

Cette table-ronde part du constat que les revues ou les manuels de sociologie de l’action publique rendent visible un phénomène repérable dans d’autres sous-champs de la science politique, à savoir un certain décloisonnement des approches théoriques, une plus grande transversalité des thématiques, voire un certain mélange des genres par l’ouverture du spectre des objets et des questionnements. En témoigne le caractère épistémologiquement hétéroclite de la liste des contributeurs.rices aux différents traités, manuels, ou revues actuels, ou encore la place souvent limitée – essentiellement en introduction des manuels ou bien de manière dispersée – accordée aux différents paradigmes disponibles (« école grenobloise », « modèle des 3i », « champ des pouvoirs », approche « pragmatique », etc.). On retrouverait de la sorte ce que Bernard Lacroix a pu, au sujet de l’importation de la sociologie au sein de la science politique, qualifier d’« éclectisme concordataire de bon ton et de bonne compagnie » (2006).

Si cet œcuménisme n’est pas forcément critiquable en soi et peut garantir un certain pluralisme des approches, voire la possibilité de présenter un front uni – pour ne pas dire une « French touch » dans l’espace académique international – cette table-ronde suivra l’hypothèse que ce rapprochement de programmes de recherche éloignés ne s’accompagne pas vraiment de débats de fond ou de controverses sur les façons de faire de la sociologie de l’action publique. Celles-ci s’additionnent, coexistent, mais ne se parlent pas vraiment…

Afin d’ouvrir cet espace de réflexivité, de débats, et de prospective sur la sociologie de l’action publique en France aujourd’hui, le groupe IAPG entend réunir les collègues qui ont contribué de diverses manières à l’animation des espaces éditoriaux dans lesquels celle-ci est produite (rédaction d’un manuel, direction d’une collection spécialisée, participation à un comité de rédaction d’une revue dédiée). Cette table-ronde sera structurée autour de trois questions auxquelles les participant.e.s seront invité.e.s à répondre :

  • Quels objectifs ? La fédération de ces travaux et/ou chercheur.e.s vise-t-elle à ouvrir un espace de communication, à nourrir des échanges intellectuels, à confronter des paradigmes et des points de vue, ou bien s’agit-il de promouvoir une forme de pluralisme par principe ? Et, si oui, lequel et pour quoi faire ?
  • Quelles méthodes ? Comment se matérialise concrètement la production de cet œcuménisme théorique ? Il s’agit ici de rentrer dans la « cuisine » de la confection d’un manuel, de la définition de la ligne éditoriale d’une publication collective, de la composition d’un comité de rédaction ou bien des modalités d’évaluation des articles d’une revue. Comment concilier des points de vue différents ? Par qui faire évaluer les articles ? Selon quelles normes/critères ?
  • Quels risques ? On peut poser différentes questions relatives à la visibilité/lisibilité à l’international de ce brouillage des frontières, à l’identité floue des revues/manuels, au lectorat des revues, etc. Ainsi, à quel prix se fait cette « ouverture » ? Quels sont les effets des injonctions dominantes (publier et faire exister la sociologie française de l’action publique au niveau international, etc.) sur la production des analyses théoriques ? Dit autrement, n’est-ce pas là verser dans une forme d’impératif du consensus qui invisibiliserait les repères épistémologiques et s’imposerait au détriment d’un projet intellectuel clair et structurant – et de conflits fertiles entre approches concurrentes ?

 

The general trend of specialization within political science in France is usually evoked – some even speak about segmentation, atomization, balkanization and self-ruled operation. Such an assessment (which could be questioned: why should this move towards autonomy be prejudicial for research?) concerns traditional areas of the discipline such as political sociology, international relations, political theory and public policies analysis). But this process of segmentation is rarely questioned within these different fields. Thus, this round-table discussion aims to address these questions to the nowadays public policies analysis in France. And because they can be seen as tools for scientific debate organization (confirmation of certain approaches, disqualification of certain objects, and certification of scientific quality…), editorial spaces such as reviews, book collections or handbooks constitute a very useful level to scrutinize this academic segment.

This project is based upon the fact that a general trend of de-compartmentalization of theoretical approaches and a more transversal analysis of public policies can be observed through reviews and handbooks. A certain mélange des genres now characterizes the French public policies analysis: its principal handbooks and reviews are written by scholars who do not share the same epistemological background but these questions are somehow hidden in their works. And the different paradigms which are available within this segment (the “Grenoble school”, the “3i model”, the Bourdieusian approach, the pragmatist model, etc.) are not actually discussed, even in handbooks introductions. We could, thus, speak about a “concordatory eclecticism” (B. Lacroix) which stands for a gentlemen’s agreement within French scholars.

Such an ecumenism is not dubious, because it can guarantee a certain pluralism of approaches and, also, can be seen as a “French touch” regarding public policies analysis. But the discussion should address the hypothesis that this gathering of approaches is not followed by debates or controversies regarding theoretical aspects. Different paradigms coexist but do not discuss.

In order to open such a dialogue regarding what is and what could become public policies analysis in France nowadays, our standing group of the AFSP aims to bring together scholars who have actively contributed to the organization of editorial spaces in which public policies are analyzed (writing of an handbook, management of a collection, participation to the board of a review…). This round-table discussion will be structured by three questions:

  • What are the objectives? Bringing together researchers and make them discuss about their epistemological background could lead to confront as well as to understate different point of views.
  • What are the methods? How this theoretical ecumenism is produced? The discussion could question concrete aspects of the making of a handbook, the definition of an editorial strategy, the composition of a steer committee or the peer-reviewing of an article. How could different points of view be reconciled? To what conditions is epistemological pluralism possible?
  • What are the risks? Blurring theoretical boundaries and identities within French scholars’ community is considered as “mainstreaming” such a literature within international academic networks. The discussion could thus question the actual injunction to “publish in English” (i.e. in Anglo-Saxon reviews) and its effects on research design. Is there kind of an imperative consensus which could blur theoretical aspects regarding public policies analysis? And to what extend does it prevent fecund epistemological debates between them?

La ST sera constituée de :

  • Anne-Cécile Douillet (Université Lille 2, CERAPS)
  • Vincent Dubois (Université de Strasbourg, SAGE)
  • Brigitte Gaïti (Université Paris 1, CESSP)
  • Guillaume Gourgues (Université de Franche-Comté, CRJFC/CHERPA)
  • Charlotte Halpern (CEE, Sciences-Po Paris)
  • Patrick Hassenteufel (Université de Versailles-Saint-Quentin-Paris-Saclay, Laboratoire Printemps)
  • Patrick Le Galès (CEE, Sciences-Po Paris)
  • François-Mathieu Poupeau (CNRS, LATTS)
  • Pauline Ravinet (Université Lille 2, CERAPS)

Animation :

  • Rafaël Cos (Université Lille 2, CERAPS)
  • Julie Gervais (Université Paris 1, CESSP)
  • Julien Weisbein (Sciences-Po Toulouse, LaSSP)

COS Rafaël rafael.cos@univ-lille.fr

DOUILLET Anne-Cécile anne-cecile.douillet@univ-lille2.fr

DUBOIS Vincent vincent.dubois@misha.fr

GAITI Brigitte brigitte.gaiti@univ-paris1.fr

GERVAIS Julie gervais_julie@yahoo.fr

GOURGUES Guillaume guillaume.gourgues@hotmail.com

HALPERN Charlotte charlotte.halpern@sciencespo.fr

HASSENTEUFEL Patrick patrick.hassenteufel@icloud.com

LE GALES Patrick patrick.legales@sciencespo.fr

POUPEAU François-Mathieu fm.poupeau@enpc.fr

RAVINET Pauline pauline.ravinet-2@univ-lille2.fr

WEISBEIN Julien julien.weisbein@sciencespo-toulouse.fr