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ST09

Les circulations comme révélateur des transformations de l’action publique urbaine

Circulations as tracers for the transformations of urban policy making

Responsables scientifiques
Vincent Béal (SAGE – Université de Strasbourg) vbeal@unistra.fr
Renaud Epstein (CESDIP – Sciences Po Saint-Germain-en-Laye) renaud.epstein@sciencespo-saintgermainenlaye.fr
Gilles Pinson (Centre Émile Durkheim, Sciences Po Bordeaux) g.pinson@sciencespobordeaux.fr

Quelle que soit l’échelle à laquelle on la considère – internationale, nationale ou infra-nationale – l’action publique procède désormais largement d’imitations ou d’emprunts exogènes. Souvent présentés sous l’angle de la radicale nouveauté, les transferts d’un espace politique vers un autre s’inscrivent pourtant dans l’histoire longue de la gestion publique, en particulier pour les gouvernements urbains (Saunier, 2002). Il n’en reste pas moins que la globalisation économique, la montée en puissance des organisations inter/transnationales, l’européanisation des politiques publiques et les restructurations étatiques contemporaines se sont accompagnées d’une intensification de la circulation des expériences et des modèles, des savoirs et des pratiques, des instruments et des formats organisationnels : l’imitation, l’emprunt, la légitimation par l’importation sont désormais bien souvent considérés comme les leviers de l’innovation publique, et constituent un moteur des processus de convergence voire de standardisation des politiques publiques (Ancelovici et Jenson, 2012).
L’étude de ces circulations constitue un champ bien balisé des sciences sociales (Delpeuch, 2008 ; Vauchez, 2013), au carrefour de la science politique (Dolowitz et Marsh, 2000 ; Raddaeli, 2000 ; Evans, 2004), de la sociologie (Powell, DiMaggio, 1991 ; Dezalay, Garth, 2011), de la géographie (McCann, Ward, 2011 ; Peck, 2011) et de l’urbanisme (Espaces et Sociétés, 2007). Bien qu’inscrites dans des traditions disciplinaires diverses et portant sur des échelles, des territoires et des objets qui le sont tout autant, les recherches sur les circulations (analysées en termes de diffusion, de transferts, de policy mobilities…) convergent sur un point : l’intensification des circulations participe d’un processus de désétatisation et de dénationalisation des politiques publiques (Hassenteufel et Maillard, 2013), et constitue tout à la fois un indice et un moteur des processus de redistribution du pouvoir entre échelons politiques, dont les villes sont souvent présentées comme les grandes gagnantes.
A cette échelle urbaine, l’intensification récente des circulations est ainsi révélatrice d’une transformation profonde du contexte dans lequel les villes évoluent et des modalités de leur gouvernement. En l’espace de quelques années, les villes sont devenues des points d’ancrages essentiels des dynamiques de la globalisation néolibérale (Brenner, 2004). Dans un contexte de globalisation, d’intensification de la compétition entre les territoires et de « desserrement du verrou de l’Etat » (Le Galès, 1999), les acteurs locaux se tournent de façon croissante vers des expériences exogènes – souvent présentées comme des « modèles » et distinguées comme tels par des prix, trophées ou labels – pour construire les stratégies et politiques urbaines. Cette évolution s’est accompagnée de la constitution, aux échelles nationale, européenne et internationale, d’un véritable secteur de la consultance propre aux questions urbaines et de la multiplication des réseaux des villes, voyages d’études, salons et congrès ou encore guides de « bonnes pratiques » qui fonctionnent comme des accélérateurs de la diffusion et de la circulation des politiques urbaines considérées comme innovantes ou exemplaires.
Cette section thématique vise à revenir sur une série de questions classiques de la sociologie de l’action publique en les considérant au prisme des circulations. Elle cherche plus particulièrement à questionner la transformation des modalités de gouvernement des villes que révèlent – et qui résultent de – ces circulations, en partant du constat que cette dimension a, pour l’heure, été analysée principalement par des chercheurs en géographie et en études urbaines. Pour ce faire, elle aborde les deux axes thématiques suivants.
Circulations et rapports entre échelles de gouvernement
La multiplication des circulations a souvent été appréhendée comme un signe de l’affaiblissement des Etats et de l’obsolescence du cadre stato-national comme espace de référence principal de la construction des politiques publiques. Toutefois, des travaux récents montrent que les Etats ne sont pas totalement absents de ces processus et qu’ils peuvent même se repositionner dans la gouvernance multi-niveaux en suscitant des circulations et en organisant la capitalisation des « bonnes pratiques » (Béal, Epstein, Pinson, 2015). Ainsi, l’orchestration et le cadrage des circulations seraient devenus un instrument essentiel de gouvernement, notamment pour les niveaux les moins impliqués dans la mise en œuvre des politiques publiques, comme le montre l’essor récent dispositifs européens ou nationaux visant à décerner labels et prix aux gouvernements locaux et régionaux. Dans ce contexte, il s’agira d’interroger la place des circulations dans la transformation des rapports entre niveaux de gouvernement. Quels sont les dispositifs et les instruments mis en place pour encourager et cadrer les circulations ? Est-ce que ces dispositifs visant à désigner les « bons élèves » génèrent uniquement des comportements compétitifs ou sont-ils l’occasion de l’établissement de rapports de coopération ? En quoi ces dispositifs contribuent à renouveler les modèles d’intervention territoriale ? Et au final, quels nouveaux équilibres et rapports de force entre niveaux résultent de cette multiplication et multilatéralisation des circulations ?
Circulations et distribution des ressources dans le gouvernement urbain
Si les circulations ont fait évoluer les rapports inter-scalaires, elles ont également un rôle croissant dans le gouvernement des villes, qui sont aujourd’hui considérées comme des espaces politiques fragmentés, pluralistes où les acteurs sont nombreux et les ressources dispersées. La mise en valeur d’exemples extérieurs ou l’importation de recettes constituent donc des leviers mobilisées pour construire des politiques urbaines dans un contexte où les élus et techniciens peinent à identifier les groupes sociaux qui composent la ville et se saisir de leurs demandes. Du côté des villes exportatrices, les opportunités d’être reconnue comme une ville « modèle » sont sources de mobilisations collectives, voire d’émulation au sein des communautés techniques et politiques. Plus généralement, il s’agira aussi d’analyser les ressources que fournissent les circulations et les effets qu’elles produisent sur la hiérarchisation des acteurs de la gouvernance urbaine. Quelles ressources ces circulations offrent aux élus, techniciens, professionnels de la ville, agences et structures locales des partis politiques ? Dans quelles espaces (sphère de la production des politiques urbaines ou sphère de la compétition politique) ces ressources sont-elles mobilisées ? A l’inverse, on peut aussi s’interroger sur les limites de ces recompositions. En quoi le positionnement en tant que passeurs ou de champions de « solutions » innovantes et exportables permet-il de constituer un capital international ? Est-ce qu’à l’inverse le « capital d’autochtonie », compris comme la capacité à contrôler voire à censurer les mécanismes d’institutionnalisation des solutions importées, n’est-il pas une ressource encore plus puissante ? Quelle est la place dans ces mécanismes de recomposition des consultants experts de la traduction et de l’hybridation des modèles ?

Whatever the scale at which it is considered – international, national or sub-national – policy making involves now increasingly imitations or external borrowings. Often considered as a new phenomenon, policy circulations are part of the long history of public management, particularly for urban governments (Saunier, 2002). However, recent trends such as the economic globalization, the rise of inter/transnational organizations, the Europeanization of public policies and the state restructuring has generated an increased circulations of experiments and models, knowledge and practices, instruments and organizational models. Very often, these circulations are considered as the only trigger for policy innovation and they constitute one of the driving forces of processes of convergence and standardization of public policies (Ancelovici and Jenson, 2012).

The study of these circulations is now a well-delineated field of social sciences (Delpeuch, 2008 Vauchez, 2013), at the crossroads of political science (Dolowitz and Marsh, 2000; Raddaeli, 2000; Evans, 2004), sociology (Powell, DiMaggio, 1991; Dezalay, Garth, 2011), geography (McCann, Ward, 2011; Peck, 2011) and urban planning (Espaces et scoiétés, 2007). While related to various disciplinary traditions, scales of analysis or objects, these researches on the circulation (analyzed in terms of diffusion, transfers, policy mobilities…) converge on one point: the intensification of circulation is part of a process of denationalization and destatization of public policies (Hassenteufel and Maillard, 2013), and is at once a sign and an engine of power redistribution between different levels of government – a process in which cities are often presented as the main winners.

At this scale, the recent intensification of circulations is indicative of a profound transformation of the context within which cities are governed. Within a few years, cities have become essential nodal spaces in the dynamics of neoliberal globalization (Brenner, 2004). In a context of globalization, intensifying competition between territories and « loosening the state grip » (Le Gales, 1999), local actors are increasingly relying on exogenous experiences – often presented as « models » and distinguished as such by rewards, certifications and labels – to build strategies and urban policies. This change was accompanied by the emergence at the national, European and international levels, of a community of urban consultants and of the proliferation of transnational municipal networks, study tours, conferences, or guides « good practices » that operate as accelerators in the dissemination and circulation of urban policies considered as innovative or exemplary.
This session is intended to address a series of classical questions of the sociology of public action by considering the issue of policy circulations. It specifically seeks to question the transformation of urban governance that reveals these circulations and which have so far mainly been analyzed by researchers in geography and urban planning. To do this, this session will be organized around two major themes.
Circulations and relationships between scales of government
The proliferation of circulation has often been understood as a sign of the weakening of the state and of the obsolescence of the national space as the main reference area for the construction of public policies. However, recent studies show that states are not entirely absent from these processes and can even reposition themselves in the multi-level governance by stimulating circulations and capitalizing on their effects (Béal, Epstein, Pinson, 2015). Thus, the framing of these policy circulations becomes a central instrument of government, as shown by the recent boom of European or national schemes which reward local and regional governments’ initiatives. In this context, it seems increasingly important to explore the influence of policy circulations in the transformation of the relationship between levels of government. What are the instruments put in place to encourage and frame policy circulations? Are these instruments only generating competitive behavior or are they an opportunity to establish cooperative relationships?
Circulations and distribution of resources in the urban government
If policy circulations have impacted scales relationships, they also play an increasing role in the government of cities, which today are considered as fragmented and pluralistic political spaces where actors are numerous and resources are scattered. The increasing use of external examples is therefore mobilized to construct urban policies at a time when elected officials struggle to identify social groups that make up the city and seize their demands. As for exporting cities, opportunities to be recognized as a model city are sources of collective mobilizations or emulation in the technical and political communities. More generally, it will also be necessary to analyze the resources that provide policy circulations. What resources provide these circulations for elected officials, technicians, urban professionals, local parties? In what areas (sphere of production of urban policies or sphere of political competition) are these resources used? Conversely, one can also question the limits of these trends and ask whether the involvement in circulation allow constructing an “international capital”? Finally, what is the role of consultants in these processes?

REFERENCES

Ancelovici, M., Jenson, J. (2012). « La standardisation et les mécanismes du transfert transnational ». Gouvernement et action publique, (1), p. 37-58.
Béal V., Epstein R., Pinson G. (2015) « La circulation croisée. Modèles, labels et bonnes pratiques dans les rapports centre-périphérie », Gouvernement et action publique, 3(3), p. 103127.
Dezalay Y., Garth B. (2011) « Hegemonic Battles, Professional Rivalties and the International Division of Labor in the Market for the Import and Export of State-Governing Expertise », International Political Sociology, 5(3), p. 276-293.
Delpeuch, T. (2008). « L’analyse des transferts internationaux de politiques publiques : un état de l’art », Questions de recherche, 27, p. 1-69.
Dolowitz, D., Marsh, D. (2000), « Learning from Abroad: The Role of Policy Transfer in Contemporary Policy-Making », Governance, 13(1), p. 524.
Espaces et sociétés (2007). « Villes et ‘best practices’ », 131(4).
Evans, M. (2004). Policy transfer in global perspective, Aldershot, Ashgate.
Hassenteufel, P., de Maillard, J. (2013). « Convergence, transferts et traduction ». Gouvernement et action publique, (3), p. 377-393.
McCann, E., Ward, K. (dir.) (2011). Mobile Urbanism: city policymaking in the global age, Minneapolis, University of Minnesota Press.
Le Galès P. (1999), « Le desserrement du verrou de l’Etat ? », Revue internationale de politique comparée, 6(3), p. 627652.
Peck, J. (2011) « Geographies of policy: from transfer-diffusion to mobility-mutation », Progress in Human Geography, 35(6), p. 773-797.
Powell W., Di Maggio (1991), « The Iron Cage Revisited: Institutional Isomorphism and Collective Rationality in Organizational Fields », in Powell W., Di Maggio (dir.) The New Institutionalism in Organizational Analysis, Chicago, University of Chicago Press, p. 63-84.
Radaelli, C. (2000). « Policy Transfer in the European Union: Institutional Isomorphism as a Source of Legitimacy », Governance, 13 (1), p. 25-43.
Saunier, P. Y. (2002). « Taking up the bet on connections: a municipal contribution », Contemporary European History, 11(2), p. 507-527.
Vauchez, A. (2013). « Le prisme circulatoire. Retour sur un leitmotiv académique », Critique internationale, (2), p. 9-16.

Camille Al Dabaghy (IRIS – EHESS), Ce que la transnationalité de l’action publique fait aux relations entre État et villes « sous régime d’aide », un éclairage malgache

Victor Bailly (GESTE – ENGEES), L’expertise associative en action : émergence et circulation des innovations sociales en matière de prévention des déchets

Laura Bonn (ICEE – Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 / Friedrich-Alexander-Universität Erlangen-Nürnberg), Le transfert de dispositifs d’accueil de réfugiés à Paris : une ressource pour renforcer le rôle de la ville dans les processus d’action publique
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Marine Bourgeois (CEE – Sciences Po Paris), L’Etat et le pouvoir local d’attribution à l’épreuve des circulations. Sélection et promotion d’instruments exemplaires
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Rémi Dormois (EVS – Université de Lyon), Sylvie Fol (Géographie-Cités – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Marie Mondain (Géographie-Cités – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), L’impossible circulation de « bonnes pratiques » entre les villes en déclin
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Nicolas Maisetti (LATTS – ENPC), La French Tech, la circulation multi-scalaire d’un label territorial
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Alice Mazeaud (CEJEP – Université de la Rochelle), Magali Nonjon (CHERPA – Sciences Po Aix), Le marché de la démocratie participative : un facteur de standardisation des politiques participatives locales ?
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Marie Piganiol (CSO – Sciences Po Paris), L’Etat et les « EcoQuartiers ». Genèse et usages d’une politique des promesses
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Camille Al Dabaghy (IRIS – EHESS)

Ce que la transnationalité de l’action publique fait aux relations entre État et villes « sous régime d’aide », un éclairage malgache.
Dans les pays du Sud, l’action publique urbaine résulte des interactions non seulement des gouvernés, de leurs organisations et groupes d’intérêt, des collectivités locales, des services centraux et déconcentrés des gouvernements nationaux mais aussi des organisations étrangères productrices de l’aide au développement (agences bi- et multilatérales, collectivités locales Nord, ONG, bureaux d’étude, etc.), ces dernières pouvant intervenir au niveau central comme au niveau local. Les programmes d’« aide » au développement y constituent en outre le principal canal des circulations de savoirs, modèles, pratiques, instruments de l’action publique urbaine. Les luttes et les alliances pour la maîtrise de l’action publique urbaine y sont donc aussi des luttes et des alliances pour la stimulation ou la limitation, l’organisation et le bénéfice de ces circulations. Cette communication vise à analyser les modalités et les effets de ces médiations dans les circulations, en particulier les médiations opérées concurremment, par les États « récipiendaires » et les Etats « pourvoyeurs » d’aide. Elle repose sur une enquête socio-historique et ethnographique portant sur les « appuis techniques et financiers » à la décentralisation et au développement urbain à Madagascar, à l’échelle de l’ensemble des communes et à l’échelle d’une capitale provinciale en particulier (Diégo-Suarez), dans un contexte de polyarchisation, d’intensification, de privatisation et de sous-traitance croissante de l’aide au cours des années 1990-2000. Elle montre comment les acteurs de l’aide ont pris un poids déterminant dans les dynamiques d’expérimentation, de légitimation et de diffusion des politiques urbaines et donc plus largement comment se sont reconfigurées les relations entre Etat et villes à la faveur des transformations de l’aide.

What transnational policy-making does to the State-City relationship “under aid regime” – a Malagasy approach.
In Southern countries, urban public action results from interactions not only between individual and collective private actors, local governments, central and local state authorities, but also development aid organizations (bilateral and multilateral aid agencies, northern local governments, NGOs, consultancy firms, etc.). The latter can intervene at a central or local level. Furthermore, foreign aid projects are the main channel for the circulation of knowledge, models, practices and instruments in the matter of urban policies. Struggles and alliances for the control of urban policy choices are also struggles and alliances for the regulation of these transnational circulations. This paper aims at analyzing the forms and effects of the mediations of these circulations – especially mediations operated by aid-recipient States and aid-donor States. It draws on a sociohistorical and ethnographical research focused on “technical and financial support » to devolution process and local development, at a national level for the whole of urban municipalities, and at a local level for a specific provincial capital (Diégo-Suarez), in a context of “polyarchization”, intensification, privatization and increasing outsourcing of aid policies during the 1990’s and 2000’s. It shows how aid-producing organizations increasingly weigh in on the testing, legitimization and diffusion of urban policies, and thus reshape the relationship between Cities and State.

Victor Bailly (GESTE – ENGEES)

L’expertise associative en action : émergence et circulation des innovations sociales en matière de prévention des déchets
Les travaux récents sur la circulation des politiques urbaines ont mis en évidence le caractère concomitant de la montée en puissance de la capacité d’expertise et d’action des villes ainsi que de l’émergence d’un État régulateur qui gouverne à distance le contenu de ces politiques (Béal, Esptein & Pinson, 2015). Ils ont toutefois eu tendance à borner leur champ d’analyse aux échanges entre acteurs publics et à mettre de côté la place du tiers-secteur dans ces dynamiques. Or, depuis les années 1980, le « tournant néo-libéral » s’est accompagné de l’essor du secteur associatif qui vient à la fois pallier le désengagement de l’État (logique de réparation) et proposer des modèles socioéconomiques alternatifs (logique de transformation). Sans rentrer dans le débat sur le sens à accorder à cette montée en puissance de l’économie sociale et solidaire (Hély, 2014), nous pouvons repérer une multiplication des espaces locaux d’expérimentation considérés comme de véritables laboratoires d’innovation sociale (Klein, Laville& Moulaert, 2014). A côté d’un monopole historique de l’expertise par l’État de plus en plus contesté et d’un renforcement du pouvoir des villes, nous pouvons repérer l’émergence d’une expertise associative qui renouvelle profondément les ressources disponibles, les modèles urbains proposés et les modes d’intervention publique tant au niveau central qu’au niveau périphérique. Si la société civile est parfois encore considérée comme un obstacle par les pouvoirs publics (contestation), elle représente également et de façon croissante un point de passage obligé (participation), voire un levier à la mise en place des politiques publiques (gouvernance des conduites). C’est ce rôle du secteur associatif dans les processus d’expérimentation, de circulation des innovations, d’instrumentation et de mise en œuvre des politiques environnementales que nous nous proposons d’approfondir dans cette communication. Nous le ferons à partir du cas de la politique sectorielle des déchets en étudiant le dispositif « Plans et Programmes de Prévention », orchestré par l’ADEME et destiné à essaimer au niveau local les bonnes pratiques en matière de réduction des ordures ménagères. Quelles ressources les circulations entre l’État et les pouvoirs urbains offrent à la société civile dans la production de politiques publiques alternatives ? Reprenant les travaux de Bruno Jobert (1994) et d’Ève Fouilleux (2000) sur la production et l’institutionnalisation des idées en matière de politiques publiques, nous verrons comment les forums de la société civile (Boussaguet & Muller, 2005) mobilisent les expérimentations locales en tant que ressources (tel un démonstrateur) pour alimenter de manière plus ou moins directe une circulation ascendante d’idées et de modèles alternatifs. Cette stratégie d’intéressement se double de l’émergence de professionnels militants (Lochard & Simonet, 2009) dotés de compétences spécifiques auxquels font appel de façon croissante les pouvoirs publics, tant au niveau central pour participer à la conception des dispositifs d’action publique, qu’au niveau périphérique pour accompagner et parfois même prendre en charge la mise en œuvre de programmes d’action territorialisés (prestations de conseil ou de service, partenariats). Les acteurs associatifs intègrent peu à peu les communautés de politiques publiques et se voient ainsi conférer une légitimité croissante dans l’orientation et la production de l’action publique, au niveau national comme au niveau local. Loin de se contenter de cette « entrée au temple », ceux-ci tendent en parallèle à développer leurs propres instruments, ainsi que leurs propres réseaux à travers lesquels ils cherchent notamment à enrôler les pouvoirs urbains. Pour ce faire, ils n’hésitent pas à mobiliser des expériences et des modèles étrangers dans l’objectif de rompre avec une tendance au comparatisme infranational largement encouragée par les agences étatiques dans le cadre des programmes d’action publique qu’elles animent (Béal, Esptein & Pinson, 2015). Au final, nous montrerons que le secteur associatif joue un rôle croissant dans la production des politiques publiques et la circulation des modèles, profitant ainsi des espaces ouverts par la recomposition des équilibres et des rapports entre, d’une part, un État qui cherche à gouverner à distance les territoires en sélectionnant et promouvant des expériences innovantes à travers différents instruments et, d’autre part, des pouvoirs urbains en quête de nouveaux modèles, de reconnaissance et de financements étatiques.

The rise of civil society expertise: emergence and circulation of social innovations in French waste prevention policy
Recent researches on the dynamics of urban policies development and diffusion highlighted the link between the increasing power of expertise of cities and the (re)emergence of regulatory States which steer the content of these policies (Béal, Esptein & Pinson, 2015). However, these researches tend to restrict the scope of analysis to the interactions of public actors and to ignore the role of the third sector organizations in these dynamics. Yet, since the 1980s, the neo-liberal watershed has been marked by the expansion of non-profit sector which aims to mitigate State withdrawal and to propose alternative development models. Although the meaning of this communication is not to discuss of the rise in power of the third sector (Hély, 2014), we can notice the proliferation of local-scale experiments which might be considered as laboratories for social innovations (Klein, Laville& Moulaert, 2014). Beside the historical lock-in of State expertise and the increasing power of cities, we can spot the emergence of specific knowledges from non-profit organizations which renew the type of resources, models and forms of public intervention involved in public governance at both central and local levels. While civil society is sometimes seen as an obstacle by public authorities (source of protest), its contribution to policy-making also tend to be considered as a necessary step (civic participation), even as a central resource for public policies implementation. In this paper, I want to discuss the role of the third sector in experimentation, circulation, instrumentation and implementation of environmental policies. I will deal with this issue by focusing on French waste prevention policy, which aims to spread best practices in household waste reduction. What kind of resources the circulations between State and Cities offer to civil society in designing alternative policies? Following Jobert (1994) and Fouilleux’s (2000) works about production and institutionalization of ideas in public policies, we will examine the way civil society (Boussaguet & Muller, 2005) uses local experiments as resources (as demonstrators) to feed, more or less directly, an upward flow of alternative ideas and models. This strategy of local experiments mobilization involves professional activists (Lochard & Simonet, 2009) who hold a specific expertise and contribute, together with public actors, to the design (consultancy) and implementation (service delivery, partnership) of policies. Actors from the third sector gradually take part to policy communities and are given an increasing legitimacy in the policy-making. To conclude, civil society is playing an increasing role in policy-making and in circulation of urban policy models. The emergence of this new expertise is due to the new spaces opened by, on one hand, a State that seek to steer at a distance territories by selecting and promoting innovative experiments, and, on the other hand, cities which are looking for new models, recognition, and governmental funding.

Laura Bonn (ICEE – Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 / Friedrich-Alexander-Universität Erlangen-Nürnberg)

Le transfert de dispositifs d’accueil de réfugiés à Paris : une ressource pour renforcer le rôle de la ville dans les processus d’action publique
Lors de l’annonce de l’ouverture d’un camp de réfugiés à Paris, la Maire de la capitale s’est référée explicitement à des projets similaires, à savoir celui de Grande-Synthe et de deux villes allemandes. Ce camp parisien constitue un nouveau dispositif d’hébergement, d’accompagnement et de prise en charge médicale des réfugiés. L’exécutif parisien intervient dans la politique d’asile alors que celle-ci relève des compétences des acteurs étatiques. La politique de la capitale est à l’opposé de celle du gouvernement français, caractérisée par le refus de se joindre à l’Allemagne dans l’accueil massif de réfugiés et le démantèlement du camp de Calais. Cette communication montrera que le transfert d’un modèle exogène représente pour les élus de Paris une ressource de changement de contenu et d’acteurs de la politique d’asile. Le transfert constitue un élément important de la gouvernance des villes et un moyen de renforcer leur rôle face à l’Etat dans les processus d’élaboration des politiques publiques. La communication donnera lieu à une remise en question du modèle de la « circulation croisée » (Béal, Epstein, Pinson, 2015). L’argumentation s’appuiera sur l’analyse des discours et stratégies des élus de Paris à partir d’une enquête qualitative, dont les sources principales sont les comptes-rendus et communiqués de presse du Conseil de Paris et des élus des années 2015 et 2016 ainsi que des entretiens semi-directifs conduits avec des élus et leurs collaborateurs.

The transfer of refugee reception measures in Paris: a resource to reinforce the city’s role within public policy processes
While announcing the construction of a refugee camp in Paris, the mayor of the French capital explicitly referred to similar projects carried out in Grande-Synthe and in two German cities. The Parisian camp represents a new measure in terms of housing, assistance and health care for refugees. The municipality intervenes in asylum policy although this field is regulated by state actors. The city’s policy differs from the one of the French government, which is characterized by the closing of the camp in Calais and the refusal to support Germany regarding the admission of numerous asylum seekers. This paper points out that the transfer of an exogenous measure enables Parisian representatives to impact French asylum policy in terms of content and actors. Transfer is an important element of urban governance and an instrument to reinforce the city’s role against that of the state in public policy processes. The contribution challenges the model called “crossed circulation” (Béal, Epstein, Pinson, 2015). The argumentation will be based upon an analysis of discourses and strategies of Parisian representatives, which is made up of a qualitative survey of reports and press releases issued by the Paris Council and representatives in 2015 and 2016 and of semi-structured interviews with representatives and their policy officers.

Marine Bourgeois (CEE – Sciences Po Paris)

L’État et le pouvoir local d’attribution à l’épreuve des circulations : sélection et promotion d’instruments exemplaires.
À partir du cas des politiques d’attribution des logements sociaux, cette communication s’intéresse au rôle des circulations interurbaines dans la reconfiguration des rapports entre l’État et les villes. Elle montre que l’intensification des circulations constatée depuis le début des années 2000 est une réponse aux ambiguïtés normatives de la politique étudiée. Face à la montée des incertitudes et des risques sociaux, les acteurs locaux élaborent des solutions communes : ils s’inspirent de modèles français et étrangers, organisent des visites de terrain, recourent à des cabinets de conseil et rédigent des guides de « bonnes pratiques ». L’étude de la fabrique de la loi du 24 mars 2014 révèle, ensuite, deux aspects centraux de la transformation des relations centre-périphérie. D’une part, l’État contribue à la production de l’action publique par le repérage et la promotion d’expériences locales jugées innovantes, ce qui lui permet d’orienter à distance les politiques menées et de retrouver des capacités d’action dans la régulation de l’accès au logement social. D’autre part, les villes et les organismes HLM cherchent à se distinguer en valorisant leurs dispositifs afin d’influer sur les cadres nationaux. Ce modèle de circulation croisée, éprouvé dans d’autres secteurs, tend à normaliser les comportements des professionnels de terrain et à homogénéiser leurs pratiques, sans remettre en cause leurs marges de manœuvre.

The State and the local power of housing allocation shaped by circulations: selection and promotion of exemplary tools.
Through the example of social housing allocations, this paper focuses on the circulation of urban policy models and its influence on the reshaping of relationships between States and local governments. It shows that the increasing mobility of best practices, since the early 2000’s, is an answer to the weakness of the normative power of the State. Faced with the rise of uncertainties and social risks, local actors elaborate common solutions, based on French and foreign models, with the support of private consultants. They organize field visits and develop best practices codes. Besides, the study of a 2014 law reveals two central dimensions of the reshaping of central-local relationships. First, the State strengthens its capacity to mobilize and steer policies at a distance by tracking and promoting “innovative” or “exemplary” initiatives. Second, cities and social housing providers seek to influence national frames by highlighting their own tools. Finally, this model of cross circulation, observed in other policy sectors, tends to standardize behaviours and homogenize professional practices without curtailing the latitude of housing authorities.

Rémi Dormois (EVS – Université de Lyon), Sylvie Fol (Géographie-Cités – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Marie Mondain (Géographie-Cités – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

L’impossible circulation de « bonnes pratiques » entre les villes en déclin.
La quasi-absence de circulation de bonnes pratiques entre les villes en déclin constitue un objet intéressant pour nous réinterroger, en creux, les conditions nécessaires à la mise en circulation de référentiels et de modèles entre villes. Dans une première partie, nous essaierons de répondre aux trois questions suivantes. Pourquoi les techniciens travaillant dans les villes en déclin investissent-ils assez peu les forums et les réseaux d’échanges professionnels ? Existe-t-il une expertise adaptée aux villes en déclin chez les bureaux d’études et les cabinets de conseil ? Est-il inacceptable politiquement pour un maire de s’afficher dans un réseau regroupant des villes en déclin ? Est-ce que l’Etat impulse une mise en réseau ? Dans une seconde partie, nous tenterons de comprendre l’émergence de référentiels d’action sur le déclin urbain en étudiant les initiatives des réseaux d’organismes HLM pour mettre sur agenda le devenir du parc de logement social dans les villes au marché immobilier détendu. Comment s’organisent-ils pour que leur interpellation puisse être entendue par les élus et l’Etat ? Font-ils émerger une expertise adaptée aux villes en déclin ? Obtiennent-ils des résultats opérationnels ? A la frontière de la sociologie de l’action publique, de la sociologie des professions et de l’urbanisme, cette communication vise à mieux comprendre les facteurs d’inertie ou au contraire de mobilisation des acteurs locaux dans les réseaux interurbains d’échanges.

The impossible circulation of “best practices” between shrinking cities
The lack of “best practices” circulation between shrinking cities make them a relevant starting point to analyze the necessary preconditions for implementing the circulation of norms, ideas and models. In the first part, we will discuss the following issues. Why are urban managers of shrinking cities not deeply involved in classic media of public policies circulations such as professional organizations or urban forums? Do urban consultants deliver tailored expertise for shrinking cities? Is it a political option for elected officials to present themselves as members of a shrinking city network? Does the national government impulse networking between local stakeholders involved in shrinking cities? In the second part, we will focus on the potential emergence of policy models dedicated to shrinking cities through a case study. We will focus on the strategy that French social housing corporations are implementing to add on the public policy agenda the issue of social housing’s oversupply in depressed housing market areas. How do they activate political relays among politicians and state administration? Do they develop a tailored expertise for shrinking cities? Could we notice effective results yet? Using the tools of sociology of public action, sociology of professions and urban planning, this contribution seeks to better understand the mobilization process of national and local policy actors in the construction of inter-urban networks.

Nicolas Maisetti (LATTS – ENPC)

La French Tech, la circulation multi-scalaire d’un label territorial
La communication porte sur une analyse de la circulation d’un label territorial, les « Métropoles French Tech », décerné en novembre 2014 par le Secrétariat d’État chargée du numériques et qui vient récompenser les politiques d’accompagnement aux start-ups dans les espaces métropolitains. La recherche a porté sur la construction du label et les mobilisations locales pour l’obtenir. Elle dément quelques uns des résultats de la littérature sur les « policy mobilities ». Si, en effet, la circulation des normes d’action publique s’est déployée à de multiples échelles (transnationales et nationales), elle a peu concerné les échanges entre les porteurs des projets au sein des espaces urbains. La recherche pose donc la question d’une circulation paradoxale d’une action publique urbaine qui, tout en investissant les échanges transnationaux et verticaux de la régulation territoriale (relations État-territoire), a fait obstacle aux échanges horizontaux entre les villes. L’analyse rend compte de l’origine internationale des référentiels choisis pour construire l’appel à projet, mais aussi des dynamiques de circulation des pratiques urbaines entre l’État et les territoires métropolitains. Elle dévoile, sur ce point, une circulation à triple sens : de l’appareil d’État aux territoires, des territoires vers l’appareil d’État, et, de manière bien plus marginale, entre les territoires.

The « Metropolis French Tech », the multilayered circulation of a territorial label
The paper analysis the way a territorial label circulates. The Secretary of State for digital economy has granted the « Metropolis French Tech » label in November 2014 to reward policies that have supported start-ups in metropolitan spaces. The research has focused on the label invention as well as the local mobilizations to obtain the label. It has reversed some of the results of the « policy mobilities’ literature. Admittedly, the policy mobilities has been deployed at multiple scales (both transnational and national levels), but it has been irrelevant between the project holders within the urban spaces. Research raises the question of paradoxical circulation of urban policies that are involved in transnational and vertical territorial regulation (State-territory relations), although they are off the horizontal exchange between the cities. The study provides an idea of the international origin of the referential, but also the circulatory dynamics of urban norms between the State and the metropolitan territory. These moves are triple-fold: from State to territories; from territories to State; and marginally between territories.

Alice Mazeaud (CEJEP – Université de la Rochelle), Magali Nonjon (CHERPA – Sciences Po Aix)

Le marché de la démocratie participative : un facteur de standardisation des politiques participatives locales ?
Comment expliquer et analyser le développement, au-delà des clivages partisans, de politiques de démocratie participative dans la majorité des collectivités territoriales ? Cette communication visera à montrer que ce processus n’est pas le tant le produit du volontarisme politique que le produit mécanique de la constitution d’un marché de la démocratie participative. Les standards participatifs sont co-construits au croisement de deux dynamiques concurrentielles qui s’alimentent mutuellement. La concurrence entre les professionnels de la participation chargés de concevoir, d’animer, ou d’évaluer les dispositifs participatifs d’une part, et la concurrence entre les collectivités territoriales pour se différencier d’autre part. Nous analyserons dans un premier temps la fabrique des standards participatifs à travers leurs circulations au sein des réseaux professionnels et l’ajustement de la demande des commanditaires et de l’offre d’expertise des prestataires. Dans un second temps, nous nous intéresserons aux processus d’objectivation et de codification des « bonnes pratiques », repérables dans la production de guides méthodologiques et la création de « trophées » de la démocratie participative. En effet, ces « bonnes pratiques » viennent valider les pratiques dans l’air du temps et contribuent se faisant à l’homogénéisation des politiques.

The participatory democracy market in France: a factor of standardization of local participatory policies?
How can we interpret and analyze the implementation of participatory policies in most cities and local government, beyond partisan belonging? This paper aims to demonstrate that far from political voluntarism, these policies are largely due to the existence of a Participatory democratic market. We identify two self-sustaining dynamics of competition. On one hand, the competition between “participation professionals” which aim to organize, facilitate and evaluate public participation. One other hand, the competition between local governments to try to differentiate themselves with their participatory policies. Firstly, we’ll analyze the production of participatory standards through the circulation of participatory practices inside professional networks and the adjustment of the demand of the sponsors and the supply of expertise of the consultants. In a second step, we will study how the professionals work to objectify and codify the best practices, by writing methodological guidelines and creating trophies. The objectivation of the fashionable practices contribute to the standardization of public policies.

Marie Piganiol (CSO – Sciences Po Paris),

L’Etat et les « EcoQuartiers ». Genèse et usages d’une politique des promesses.
À l’instar de nombreux secteurs, les politiques urbaines sont la cible d’une profusion inédite d’indicateurs au sein de l’Etat. Rien ne semble échapper au tournant néo-libéral des institutions centrales, pas même les promesses que recèlent, selon les Villes, leurs projets urbains. En effet, le Ministère du Logement a créé le label Ecoquartier pour récompenser, chaque année, des projets urbains sur la base des ambitions écologiques et des qualités annoncées de leur cadre de vie futur. S’il déploie à cet effet des centaines d’indicateurs, le Ministère n’espère pourtant pas gouverner, même à distance, les projets des Villes. À partir d’une ethnographie de l’élaboration et de la mise en œuvre du label depuis 2013, cette communication montre que le label a moins pour objectif d’orienter les projets urbains que de les valoriser, en objectivant leurs promesses et en les faisant circuler. Les données recueillies par le label ont, d’abord, vocation à construire la réputation des projets en mesurant et en publicisant les bénéfices urbains escomptés. Elles permettent, ensuite, aux chercheurs mobilisés par le Ministère au sein d’un « comité scientifique » d’attester la validité scientifique des quartiers en devenir. Pouvant être agrégées et comparées, elles servent, enfin, à fabriquer une fiction de ville durable « à la française » promue et exportée à l’étranger par le gouvernement.

Politics of expectation: the case of the French ‘EcoQuartier’ label.
In urban policies as in most public sectors, the development of performance measures has reached an unseen level. The neoliberal turn of the French state has given rise to multiple market-based tools of government, designed to increase intercity competition. Recently, the French Ministry of housing and regional planning has even started to reward the qualities expected from urban renewal. The French Ecoquartier label is striking in this regard: it aims at comparing and ranking local urban programs on the grounds of their environmental expectations and well-being promises. To do so, it has developed hundreds of performance measures toward these neighborhoods in the making. Oddly enough, the observation of its making and implementation reveals that the Ministry displays very little ambition to govern local planning. What is the purpose then of the EcoQuartier label? This paper argues that its goal is to value rather than govern. In this perspective, performance measures are developed to objectify expectations of Cities and foster their circulation. First of all, the data collected is meant to build cities’ reputation by measuring anticipated local benefits and by making them public. Second of all, researchers who collaborate with the Ministry use these data to prove the scientific validity of local urban programs. Finally, the Government increasingly relies on the label to make up and export a French tradition in sustainable city making.

Mardi 11 juillet 2017 9h00-13h00

AL DABAGHY Camille dabaghy@ehess.fr
BAILLY Victor victor.bailly@engees.unistra.fr
BEAL Vincent vbeal@unistra.fr
BONN Laura laura.bonn@hotmail.de
BOURGEOIS Marine marine.bourgeois@sciencespo.fr
DORMOIS Rémi remi.dormois@hotmail.fr
EPSTEIN Renaud renaud.epstein@sciencespo-saintgermainenlaye.fr
FOL Sylvie sylvie.fol@univ-paris1.fr
MAISETTI Nicolas nicolas.maisetti@yahoo.fr
MAZEAUD Alice alicemazeaud@yahoo.fr
MONDAIN Marie m.mondain@foph.fr
NONJON Magali mnonjon@yahoo.fr
PIGANIOL Marie marie.piganiol@sciencespo.fr
PINSON Gilles g.pinson@sciencespobordeaux.fr