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L’intimité publique : politiques du corps des femmes

Public Intimacy : the Politics Around Women’s Bodies

Responsables scientifiques
Camille Froidevaux-Metterie (Université de Reims Champagne-Ardenne) cfroidevaux.metterie@free.fr
Jennifer Merchant (Université de Paris II Panthéon-Assas) jennifer.merchant@u-paris2.fr

Siècle après siècle, nos sociétés occidentales ont été organisées selon une division sexuée du monde qui enfermait les femmes dans la sphère privée et réservait aux hommes la maîtrise de la sphère sociale et politique. Ce partage hiérarchisé a survécu au tournant de la modernité démocratique, l’argument de la nature procréatrice des femmes étant complété, par les philosophes contractualistes et libéraux, d’une justification sociale qui élevait les mères au rang d’éducatrices des futurs citoyens [Froidevaux-Metterie, 2015]. L’entrée des femmes dans l’ère moderne de la liberté et de l’égalité ne se fera ainsi que très tardivement, sous l’impulsion des féministes.
En obtenant qu’elles puissent voter et être élues, les militantes de la Première vague accomplissent le premier pas, celui de l’égalité civique. Mais elles permettent aussi que des thématiques dites féminines soient inscrites à l’agenda politique comme en témoignent une série de lois relatives aux conditions de la vie familiale (assurance maternité en 1928, allocations familiales en 1932). En France et aux États-Unis, c’est au nom de cette fonction sociale éminente que représente la maternité que les droits des femmes sont défendus [Riot-Sarcey, 2015]. Mobilisant les arguments traditionnels qui assimilent condition féminine et condition maternelle, les premières féministes restent captives d’une conception qui réduit les femmes à leurs corps.
Après une phase de reflux, durant une période qui verra la féminisation massive du monde du travail, le combat pour l’égalité entre les sexes reprend avec force dans les années 1960 [Bard, 2012]. La question du corps des femmes est au centre de revendications qui visent à permettre une pleine maîtrise du « destin » procréateur féminin. Pour les féministes de la Deuxième vague, des deux côtés de l’Atlantique, il s’agit de libérer les femmes du double enfermement conjugal et maternel. Cela passe prioritairement par la lutte pour la légalisation de la contraception et la dépénalisation de l’avortement (arrêt Griswold v. Connecticut 1965 ; loi Neuwirth 1967 ; arrêt Roe v. Wade 1973 ; loi Veil 1974) [Merchant, 2005 ; Pavard, 2012]. Ces avancées confèrent aux femmes un pouvoir de contrôle inédit sur leurs corps, elles les délivre de leur prétendue condition naturelle et les fait accéder enfin au statut abstrait et neutre d’individu de droits.
Mais les revendications féministes ne se limitent pas au domaine de la procréation, elles concernent le corps des femmes dans toutes ses dimensions. Les militantes radicales s’attaquent tout spécifiquement au facteur d’oppression que constitue selon elles l’hétérosexualité obligatoire [Firestone, 1970 ; Wittig, 2003]. Le viol, l’inceste, la prostitution, la pornographie, le harcèlement sexuel sont dénoncés en ce qu’ils participent de la minoration sociale des femmes ainsi réduites au statut d’êtres existant pour les hommes [Brownmiller, 1975 ; Mackinnon, 1979 ; Dworkin, 1979]. Derrière les divergences théoriques qui séparent les différentes options féministes, c’est un même objectif qui est poursuivi : délivrer les femmes des chaînes de leur corps sexuel et procréateur.
En rendant publiques des questions relatives à ces dimensions intimes de l’existence féminine que sont la maternité, la conjugalité et la sexualité, les féministes associent étroitement l’émancipation des femmes à la saisie politique des thèmes qui la sous-tendent. D’enveloppe naturelle inesquivable, le corps des femmes est redéfini dans sa dimension sociale de lieu électif des rapports de pouvoir entre les sexes. Le principe du droit des femmes à disposer de leurs corps devient le socle sur lequel de nouveaux débats peuvent se faire jour qui sont autant de nouveaux combats.
Le développement spectaculaire des procréations médicalement assistées depuis une trentaine d’années a fortement réactivé la réflexion féministe autour du corps féminin. Les pratiques du don de gamètes (ovocytes et spermatozoïdes) ou des « mères porteuses » transforment en profondeur notre compréhension de la famille, de la maternité, de la procréation même. Depuis le tournant des années 2000, la question de la parentalité est ainsi au cœur d’une série de revendications qui contribuent à ouvrir toujours davantage le champ des droits sexuels et reproductifs.
Ces discussions s’inscrivent sur fond d’une mutation d’ampleur : aujourd’hui, les bébés ne naissent plus nécessairement de leurs mères mais du désir d’une ou de deux personnes non nécessairement génitrices [Knibiehler, Neyrand, 2004]. L’enfant se conçoit comme un projet, indépendamment de toute injonction naturelle ou sociale, un projet qui peut être celui d’un couple, hétérosexuel ou homosexuel, mais aussi celui d’une personne seule, quel que soit son sexe. On peut résumer l’évolution à l’œuvre en évoquant une logique de déféminisation de la procréation. Par un côté, les femmes peuvent indéfiniment ajourner une grossesse, dire le non-désir d’enfant et assumer socialement la non-maternité. Par l’autre côté, les hommes peuvent affirmer leur désir d’enfant indépendamment du cadre hétérosexuel et réclamer que les moyens scientifiques d’une parentalité sans maternité leur soient rendus accessibles [Théry, 2013].
La reconnaissance juridique du « mariage pour tous », l’accès à l’adoption et à l’assistance médicale à la procréation (AMP) pour les couples homosexuels, la légalisation de la gestation pour autrui (GPA), forment autant de requêtes qui viennent modifier le cadre dans lequel nos sociétés pensent la reproduction et la parentalité. Du point de vue qui nous intéresse, elles engagent une réflexion de fond sur la condition féminine contemporaine. Nous sommes enjoints à la concevoir désormais indépendamment des dimensions conjugale et maternelle qui la définissaient jusqu’il y a peu. Mais nous sommes aussi invités à questionner l’instrumentalisation du corps féminin que recouvre la pratique des mères porteuses.
Les vifs débats autour de la prostitution [Mathieu, 2014] ou de la pornographie [Ogien, 2008] illustrent cette tension qui traverse toute réflexion sur la corporéité féminine, entre affirmation principielle de la libre disposition de son corps et condamnation de son objectivation ou de sa marchandisation. Par ailleurs, la publicisation d’un certain nombre d’enjeux liés à la corporéité féminine, comme les violences faites aux femmes dans le cadre conjugal, le harcèlement de rue et l’inadéquation d’un espace public trop « masculin », ou l’ultra-sexualisation des jeunes filles et le revenge porn, contribue à élargir encore l’espace de politisation du corps féminin. Le combat victorieux pour la baisse de la TVA sur les protections hygiéniques témoigne en outre de ce que les revendications féministes en lien avec la corporéité la plus intime sont susceptibles d’un traitement politique. Les uns après les autres, les sujets tabous – parce que longtemps considérés comme relevant de l’intimité – deviennent publics.
C’est ce phénomène d’une saisie politique exponentielle des thématiques corporelles féminines que nous nous proposons d’explorer dans cette section thématique. Il s’agira d’observer comment, après avoir été l’enjeu principal du féminisme de la Deuxième vague dans une perspective d’affranchissement vis-à-vis des diktats de la nature, le corps des femmes demeure au cœur des revendications adressées par les féministes aux pouvoirs publics sur le mode de sa maîtrise et de son appropriation. Nous pourrons ainsi rendre compte de ce nouveau champ de « l’intimité publique » [Merchant, 2005] constitué des débats et des revendications relatifs aux dimensions incarnée, procréatrice et sexuelle de l’existence des femmes.

Throughout the 1960s, the struggle for equality between the sexes focused on the body. For Second Wave feminists, to be freed from the double bonds of marriage and maternity required the legalization of contraception and abortion (Griswold v. Connecticut 1965 ; loi Neuwirth 1967 ; Roe v. Wade 1973 ; loi Veil 1974). This progress gave women an unprecedented control over their bodies, one that released them from their natural condition and finally situated them within the category of abstract neutral individuals with equal rights.
However, Second Wave feminist demands were not limited to the realm of procreation, they also raised issues relative to women’s bodies in the domain of sexuality. Rape, incest, prostitution, harassment, pornography, all these practices were denounced in the name of the social debasing of women who, through these practices, were reduced to persons only existing for men. Despite diverse theoretical approaches expressed through different feminist propositions, the same objective was pursued, that of liberating women from the chains of their sexual and reproductive beings.
By thrusting into the public spotlight issues relative to the intimate dimensions of women’s existence – maternity, married life and sexuality – feminists deliberately set out to harness women’s emancipation to the political arena as a means to seize upon these matters. Women’s bodies were thus redefined within the social arena as the chosen place for power relations between the sexes. The principle of a woman’s right to decide for her body became the focal point from which new debates and dissensions emerged.
Over the past 30 to 40 years, the spectacular development of assisted reproductive technologies (ART) has decidedly reactivated feminist analysis of and on the female body. Both ovocyte and sperm donation as well as surrogacy have profoundly transformed our understanding of the family, maternity, paternity, in short human reproduction as a whole. Since the beginning of the 21st century, a series of new demands has emerged focusing on enlarging the scope of sexual and reprodutive rights.
Legal recognition of same-sex marriage, access to adoption and ART for homosexual couples, the legalization of surrogacy in some parts of the world, all have arguably changed the framework within which our modern societies deal with issues of human reproduction and parenthood. Our workshop will thus obviously seek to interrogate the very foundation of contemporary womanhood and explore the conditions that now surround and shape women’s lives. Indeed, one question among many will be that of the status – instrumentalization of their bodies or autonomous choice ? – of women engaging in surrogacy.
Strong debates surrounding prostitution and pornography perfectly illustrate this tension throughout any and all analysis of women’s corporeality, oscillating between the principle of the freedom to dispose of one’s own body and the condemnation of the objectivation or commodification of the body. In addition, large-scale media coverage of certain issues linked to women’s bodies (violence against women, harassment, hyper-sexualization of young girls) contributes to enlarging even further the politicization of the female body. The successful combat to reduce sales tax on women’s hygienic products also testifies to the fact that feminist demands in relation to their bodies are the focus of political debates and decisions. One after the other, intimate and previously hidden taboo subjects have become public.
It is this very phenomenon of an expanding political grasp of issues relative to women’s bodies that this workshop proposes to explore. The intent is to observe how, after being the main focus of the Second Wave in its thrust to be freed from the bonds of nature, women’s bodies still remain at the heart of feminist demands vis-à-vis political authorities relative to the means available for women to exercise agency.

REFERENCES

BARD Christine, (dir.)., Les féministes de la deuxième vague, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2012.
BROWNMILLER Susan, Against Our Will. Men, Women and Rape (1975), New York, Fawcett Columbine, 1993.
DWORKIN Andrea, Pornography : Men Possessing Women (1979), New York, E. P. Dutton, 1983.
FIRESTONE Shulamith, The Dialectic of Sex: The Case for Feminist Revolution (1970), Paris, Stock, 1972.
FROIDEVAUX-METTERIE Camille, La révolution du féminin, Paris, Gallimard, 2015.
GUILLAUMIN Colette, Sexe, Race et pratique du pouvoir. L’idée de nature, Paris, Côté-femmes, 1992.
KNIBIEHLER Yvonne, NEYRAND Gérard (dir.), Maternité et parentalité, Rennes, Éditions de l’ENSP, 2004.
MacKINNON Catharine, Sexual Harassment of working women. a case of sex discrimination, New Haven, Yale University Press, 1979.
MATHIEU Lilian, La fin du tapin : sociologie de la croisade pour l’abolition de la prostitution, Paris, F. Bourin, 2014.
MERCHANT Jennifer, Procréation et politique aux États-Unis, 1965-2005, Paris, Belin, 2005.
OGIEN Ruwen, Penser la pornographie, Paris, PUF, 2008.
PAVARD Bibia, Si je veux, quand je veux. Contraception et avortement dans la société française (1956-1979), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2012.
RIOT-SARCEY Michèle, Histoire du féminisme, Paris, La Découverte, 2015.
THÉRY Irène, Mariage de même sexe et filiation, (dir.), Paris, Editions de l’EHESS, 2013.
WITTIG Monique, La pensée straight (1980-1992), Paris, Baland, 2001.

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Axe 1 / Les mutations de la procréation en débat
Discutante Jennifer Merchant (Université Paris 2)

Stefania Ferrando (IEP de Strasbourg), La matérialité politique des corps : Philosophie, féminisme et sciences sociales de l’engendrement

Hélène Malmanche (EHESS), De la Gestation pour autrui à « l’ enfantement » pour autrui

Discussion

Laurence Brunet (Centre d’éthique clinique APHP), Congeler ses ovocytes pour raison d’âge, un enjeu de l’égalité entre les sexes ?

Alexandrine Guyard-Nedelec (Université Sorbonne Paris I), Protéger le droit à l’avortement : débats autour de l’IVG sexo-sélectif en Grande-Bretagne

Discussion

Axe 2 / Le contrôle public de l’intime féminin
Discutante Camille Froidevaux-Metterie (Université de Reims Champagne-Ardenne)

Crystal Cordell Paris (EHESS), La « vérification » du sexe des sportives : pour une reconnaissance de l’intersexualité

Hélène Thomas (Aix-Marseille Université), Extimité publique : l’hygiène intime féminine à l’épreuve du débat sur la taxe-tampon

Discussion

Solenn Carof (EHESS), Être « grosse » : du corps intime au corps politique

Miléna Younès-Linhart (Université Paris 8), Ne plus s’épiler : le corps outil de revendication féministe

Magali Della Sudda (Sciences Po Bordeaux), Marie Labussière (EHESS-ENS), L’intime est politique : politisation et redéfinition de l’intime chez un groupe  « alter-féministe »

Discussion

Stefania Ferrando (IEP de Strasbourg)

La matérialité politique des corps : Philosophie, féminisme et sciences sociales de l’engendrement
Cette contribution vise à analyser, selon une perspective de philosophie des sciences sociales, un corpus de textes sociologiques et anthropologiques portant sur les transformations actuelles de la maternité, notamment à partir des cas de GPA (Iacub, Théry, Tabet). On se propose de montrer comment ces études introduisent une nouvelle articulation des rapports entre le socialement institué et le non-institué.
Historiquement, la notion de « social » s’est élaborée aussi en passant par l’opposition entre une maternité présumée naturelle et une paternité instituée socialement. Quels sont alors les effets épistémologiques de la reconnaissance du caractère symbolique et social de la maternité ? On critiquera l’hypothèse d’une indistinction de structure (Iacub) entre les relations de maternité et de paternité. On analysera les perspectives qui, pour penser la maternité dans sa spécificité, introduisent une césure épistémologique dans la manière de penser le « social ». L’enjeu est de décrire des « formes de vie » dans lesquelles la corporéité, intégrée dans un réseau d’attentes sociales, peut être mobilisée politiquement pour mettre en cause les significations et les pratiques existantes. Cela ne revient pas à affirmer que l’expérience corporelle puisse faire émerger d’elle-même des normes ou des significations indépendantes. Mais il s’agit de saisir les processus qui, en mobilisant la matérialité corporelle, mettent en cause la clôture de la société existante sur elle-même.

The Political Materiality of Bodies: Philosophy, Feminism and the Social Sciences of Engendering
Through a philosophical perspective on the social sciences, this presentation will analyse sociological and anthropological studies that focus on the current transformations of motherhood, especially via surrogacy (Iacub, Théry, Tabet). We propose to show how these studies weave a new articulation of the relations between what is socially instituted and not instituted.
Historically, the concept of « social » has been developed through the opposition between a presumed non-social motherhood and a socially instituted fatherhood. Which are the epistemological effects of recognizing the symbolic and social institution of motherhood? The simple symmetry between motherhood and fatherhood (Iacub) is problematic. We will examine the social theories which, in order to conceptualize motherhood, introduce an epistemological break in the way of thinking the « social ». The challenge is to describe « life forms » in which bodies can be politically mobilized to transform existing meanings and practices. This is not to say that bodily experience can produce rules or meanings. We propose to describe how bodily practices call into question the existing society.

Hélène Malmanche (EHESS)

De la Gestation pour autrui à ‘l’enfantement’ pour autrui
La pratique de gestation pour autrui (GPA) n’est pas reconnue par le droit français (C. civ., art. 16-7), tandis que chaque année en France des centaines de foyers ont recours à une GPA réalisée à l’étranger. Si les juristes ont été les premiers commentateurs des problèmes jurisprudentiels liés à la GPA, les sciences sociales se sont penchées très tôt sur cette manière « à part » de faire des enfants. Au début des années 1990, Ragoné publie l’une des premières enquêtes de terrain sur le sujet (1991 ; 1996). À sa suite, le champ se développe notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni où la GPA est régulée, puis s’élargit et concerne à présent des auteurs du monde entier : Israël (Teman, 2001 ; 2003 ; 2010), Turquie (Kilic, 2009), Inde (Pande, 2010 ; Rudrappa, 2010), Iran (Pashmi et al., 2010)… En France, les dernières recherches publiées en sciences sociales (Gross et Mehl, 2012 ; Courduriès, 2016), s’intéressent aux trajectoires des parents ou des femmes porteuses et interrogent les modèles contemporains de parenté au travers de ce prisme.
Notre contribution va s’attacher à décrire la place que les professionnels de santé occupent dans le processus d’institution progressive de la parenté, en amont et pendant ce que nous appelons l’enfantement pour autrui, que nous définirons. La GPA sert ici de révélateur puissant de ce que sont l’enfantement et l’engendrement ordinaires, et éclaire le rapport biologique/social non pas comme exclusif, mais inclusif et englobé (Dumont, 1979).

From the Gift of Gestation to the Gift of Childbirth-ing (enfantement)
Surrogacy practices are prohibited by French law (C. civ., art. 16-7), yet every year in France hundreds of couples go abroad to find a surrogate and have children. Though jurists were among the first to underline problems in the realm of jurisprudence linked to surrogacy, social scientist also began very early on to reflect upon this “alternative” way of making babies : in the early 1990s Ragoné published one of the first fieldwork investigations on the subject (1991 ; 1996). Shortly thereafter, the field began to expand, especially in the United States and Great Britain where surrogacy is regulated, then spread to other countries around the world where researchers carried out their own fieldwork (Israel ; Teman, 2001, 2003, 2010. Turkey ; Kilic, 2009. India ; Pande, 2010, & Rudrappa, 2010. Iran ; Pashmi et al., 2010). In France the most recent research published in the social sciences on surrogacy (Gross & Mehl, 2012 ; Courduriès, 2016) focus on the trajectories of parents and surrogates and question contemporary models of parenthood through the prism of these experiences.
This presentation seeks to analyze the place and role of health care providers in the progressive institutionalization of parenthood, before and after what we call “bearing and delivering a child for others”. In this vein, surrogacy powerfully reveals what ordinary pregnancy, childbearing and delivery are, and highlight the biological/social relationship not as an exclusive but rather inclusive and encompassing (Dumont, 1979).

Laurence Brunet (Centre d’éthique clinique APHP)

Congeler ses ovocytes pour raison d’âge ; un enjeu de l’égalité entre les sexes ?
La vitrification ovocytaire n’est pas, en France, ouverte aux femmes en bonne santé qui voudraient par ce moyen anticiper sur la baisse de leur fécondité liée à l’âge et se ménager la possibilité d’avoir un enfant lorsqu’elles ne pourront plus être enceintes spontanément. Ce serait pourtant une solution préventive permettant d’éviter le recours au don d’ovocytes qui pose de nombreuses difficultés. Dans ce contexte, le Centre d’éthique clinique a entrepris une étude afin de mieux connaître la position des principaux protagonistes, les femmes susceptibles d’être concernées et leurs gynécologues.
Cette enquête offre une illustration intéressante de la façon dont les femmes entendent affirmer que la liberté de disposer de leur corps et la maîtrise de leurs choix procréatifs, certes sur un mode conservatoire inédit, sont des valeurs essentielles que le politique doit absolument garantir et encadrer. Pour autant, il ressort de cette étude que l’autorisation de l’autoconservation « sociétale » ne doit pas conduire à une incitation à y recourir, car la mise en œuvre de cette nouvelle technique est confrontée à de nombreuses impasses pratiques. Au-delà de la préoccupation liée à l’horloge biologique féminine, cette étude permet de découvrir une nouvelle occurrence de la question de l’égalité entre les hommes et les femmes, et plus précisément des rapports de pouvoir et des engagements amoureux entre les sexes.

Egg Freezing: Gender Equality at Stake
Egg freezing is not allowed in France for healthy women who would like to anticipate egg shortage and manage to delay having children until the chances of conceiving using their own eggs declines sharply. This could be a means to prevent resorting to egg donation, which is known to be a difficult and constraining process. In this context, the French Clinical Ethics Center initiated an exploratory study about what the main protagonists — i.e. potentially concerned women and their gynaecologists — think about the possibility of cryopreserving eggs for future use.
This study highlights how women express the views that their freedom to control their own bodies and procreative autonomy — including storing their own eggs — are essential values that must be supported and enforced through public policies. However, this survey reveals that opening access to egg freezing for social reasons should not prompt women to use it. Indeed such treatment still faces many practical hurdles. Beyond concern about the « female biological clock », this study explores yet another aspect of gender equality and, more accurately, of the gendered balance of power in committed love relationships.

Alexandrine Guyard-Nedelec (Université Sorbonne Paris I)

Protéger le droit à l’avortement : débats autour de l’IVG sexo-sélectif en Grande-Bretagne
Dans un contexte de tensions autour de la question de l’IVG, en Europe comme aux États-Unis, le cinquantenaire de l’adoption de l’Abortion Act 1967 ne passe pas inaperçu en Grande-Bretagne, où ce droit à interrompre une grossesse continue d’être un point de cristallisation concernant la liberté génésique des femmes.
D’un côté, les progressistes œuvrent pour la dépénalisation de l’avortement, mettant en avant les transformations sociales et médicales survenues depuis l’adoption du texte et son entrée en vigueur au printemps 1968, pour mieux souligner son inadéquation avec les réalités actuelles. De l’autre, les forces conservatrices tentent de réintroduire, par la petite porte, des contraintes visant à faire reculer cette liberté. Ainsi, des amendements, rejetés les uns après les autres, furent déposés en 2008 lors de l’examen du projet de loi Human Fertilisation and Embryology Bill, visant à réduire le délai légal (24 semaines). En 2014, c’est la députée Fiona Bruce qui déposait un amendement au Serious Crime Bill, visant à faire des avortements sexo-sélectifs une infraction pénale spécifique. Associations et députés pro-choix montèrent au créneau et dénoncèrent un « cheval de Troie » ayant pour seul but de limiter l’accès à l’avortement en conférant au fœtus le statut juridique d’enfant à naître (« unborn child »). Cette communication vise à mettre en regard la question de l’IVG sexo-sélectif avec les logiques féministes d’empowerment en replaçant ce débat dans son contexte politique, social et juridique.

Protecting the Right to Abortion: Debates Around Gender Selection Abortion in Great-Britain
The 50th anniversary of the Abortion Act 1967 is drawing attention in Great-Britain, within a context of tension surrounding the issue of pregnancy termination in Europe and in the United States. Indeed the right to abortion remains a focal point for women’s sexual and reproductive freedom.
On the one hand, progressives advocate for the decriminalisation of abortion and have underlined social and medical transformations since the passage of the Act and its coming into force in the spring of 1968, so as to show how inconsistent it is nowadays. On the other hand, conservatives have tried to reintroduce constraints to reduce this freedom through the back door. For example, a series of amendments were introduced in 2008 to the Human Fertilisation and Embryology Bill, aimed at reducing the legal time limit (24 weeks). In 2014, the MP Fiona Bruce proposed an amendment to the Serious Crime Bill to make sex selective abortion a specific criminal offence. Pro-choice associations and MPs came forward and denounced this “Trojan Horse” whose only aim was to limit access to abortion by giving the foetus the legal status of “unborn child”.
This paper seeks to question the issues surrounding sex selective abortion in light of feminist logics of empowerment by replacing the debate in its political, social and legal contexts.

Crystal Cordell Paris (EHESS)

La « vérification » du sexe des sportives : pour une reconnaissance de l’intersexualité
La compétition sportive continue aujourd’hui d’être un terrain d’inégalités entre les femmes et les hommes. À la fois l’histoire et l’actualité de ces inégalités sont enchevêtrées dans des normes culturelles ayant pour rôle de délimiter la frontière entre les sexes et de contrôler la conformité des individus vis-à-vis de ces normes. Dans la mesure où elle met en scène les performances des corps, en ayant préalablement défini des critères d’excellence et des règles censées garantir l’équité, la compétition sportive revêt une dimension hautement publique.
Cette communication interrogera la manière dont l’intimité des corps est mise à l’épreuve, non pas tant par la compétition elle-même, que par des dispositifs de contrôle des normes de genre. En particulier, il sera question de la « vérification » du sexe des sportives, et notamment des personnes intersexuées, vérification systématisée par des instances sportives internationales à partir de 1966. La communication se focalisera sur trois enjeux majeurs soulevés par cette pratique. Tout d’abord, il s’agira de la « scientificité » – et donc de la légitimité – des méthodes de vérification et de la science médicale sur laquelle elles reposent. Ensuite, les enjeux éthiques de la « vérification » du sexe seront examinés, à la fois du point de vue de l’équité dans le sport et de celui des droits des athlètes. Enfin, l’enjeu de la publicité de la sexualité sera analysé, en tant qu’elle permet de contrôler la féminité des femmes.

Verifying” the Sex of Female Athletes: Toward the Recognition of Intersexuality
Today, athletic competition continues to constitute an area of inequality between women and men. Both the history and current state of these inequalities are entangled in cultural norms, the role of which is to delimit the frontier between the sexes and to control the conformity of individuals with respect to those norms. Insofar as it orchestrates the performances of bodies, having defined the criteria of excellence and the rules meant to guarantee fair play, athletic competition comprises a highly public dimension. This presentation will question the manner in which the intimacy of bodies is put to the test, not so much by the competition itself, as by the protocols of control over gender norms. In particular, we will study the “verification” of the sex of female athletes in general, and of intersexed individuals in particular, which was systematized by international sports governing bodies starting in 1966. Our focus will be on three major questions. First, the question of the “scientificity” – and thus the legitimacy – of the verification methods and the medical science on which they rest will be considered. Second, the ethical stakes of sex “verification” will be examined, both from the point of view of fairness in sport and that of athletes’ rights. Finally, the question of the publicity of sexuality will be analyzed, inasmuch as it is used to control the femininity of women.

Hélène Thomas (Aix-Marseille Université)

Extimité publique : l’hygiène intime féminine à l’épreuve du débat sur la taxe-tampon
Le traitement public du corps des femmes dans ses dimensions physiologiques et procréatives, telles les règles, la grossesse et l’allaitement a connu des modifications récentes. Le corps féminin n’est plus seulement soumis à des disciplines spécifiques inculquées au nom de la prévention des infections et de la prise en charge de la douleur, ni simple objet d’une gouvernementalité biopolitique (IVG, FIV, PMA) et de contrôle à distance (échographie, mammographie) spécifiques. Il est aussi le lieu d’un discours extime [extériorisant l’intime], de publicisation des pratiques privées, de mise en ligne de ses fonctions tant procréatives que récréatives. Les dispositifs d’extimité, i.e. de « mise en avant d’une partie de sa vie intime, autant physique que psychique » se sont modifiés. Ce qui est nouveau c’est la « revendication de l’extimité » (Tisseron).
J’envisage d’analyser deux formes de ce processus (l’extimité-revendiquée et l’extimisation-suscitée) à travers l’étude de deux cas empiriques. Dans le premier, des (mouvements de) femmes, qui entendent afficher leur maternité durant la grossesse et allaiter leur nourrissons en public mettent leur corps en scène pour ce faire. Dans le second, la question de la physiologie du corps féminin a surgi dans le débat public démocratique « sur les taxes tampon », contemporain des mouvements de protestation au niveau international pour réclamer et obtenir la baisse des impôts et des prix des produits dits d’hygiène intime.

Female Extimacy : The Public Debate on Breastfeeding, The “Tampon Tax” and Other Intimate Hygienic Product Taxes
How the public sphere addresses the topic of women’s bodies in its psychological and procreative aspects – menstruation, pregnancy and breastfeeding – has recently evolved. Women’s bodies are now not only submitted to specific disciplines in the name of infection prevention and pain management, nor a simple object of biopolitical governance (abortion, IVF, ART) and specific monitoring (ultrasounds, mammography). Women’s bodies also generate extimate discourses (exteriorizing the intimate), rendering visible her private practices on the Internet, be they procreative or recreational. Put another way, the methods of extimacy, i.e. the act of “revealing one’s intimate life, both physical and psychologically”, have changed. What is also new is the fact that extimacy has become a “demand” (Tisseron).
In this presentation, I explore two aspects of this process – demands for extimacy and solicited extimacy – via two empirical case studies. In the first case, certain women’s movements seek to display their motherhood status during pregnancy and by publicly breastfeeding. In the second case, the physiology of women’s bodies has emerged as an issue in public debate over the “tampon tax”, joining a larger international protest movement demanding price and tax reductions on intimate hygiene products used by women.

Solenn Carof (EHESS)

Être « grosse » : du corps intime au corps politique
Si les femmes désignées comme « trop corpulentes » tentent le plus souvent d’atténuer ou de transformer leur poids pour éviter d’être stigmatisées ou discriminées, certaines d’entre elles choisissent au contraire d’utiliser leur visibilité corporelle pour défendre des revendications politiques. Pour analyser ces différentes formes d’engagement, nous avons réalisé une cinquantaine d’entretiens, suivi les forums et blogs spécialisés sur le sujet et observé plusieurs ateliers (bien-être, vide-dressing) au sein d’une association de personne en surcharge pondérale. Dans un premier temps, nous décrirons la possibilité pour ces femmes de se réapproprier leur corporalité, en intégrant notamment des associations de personne en surcharge pondérale ou en défendant une « beauté des rondes » dans leurs pratiques quotidiennes. Le rejet des idéaux esthétiques dominants est cependant ambivalent, entre individualisme et politisation du corps. Dans un second temps, nous mettrons en avant les individus ou les groupes qui défendent les personnes très corpulentes. Nous décrirons leurs objectifs et leurs stratégies, ainsi que les conflits internes que leurs positionnements politiques et médicaux peuvent entraîner. Dans un troisième temps, nous verrons que le corps gros peut être autant l’objet en soi de revendications, que l’outil par lequel atteindre des revendications plus larges. Le « Fat power » se différencie ainsi des stratégies plus traditionnelles de lutte contre les discriminations, sans nécessairement les remplacer.

Being ‘Fat’ : From a Private Body to a Political Body
Although women categorized as “too fat” try, most of the time, to hide or transform their weight so as to avoid stigmatization or discrimination, some of them on the contrary choose to use their physical visibility to make a political statement. Approximately fifty interviews were carried out, forums and specialized blogs were studied, and a variety of daily activities were observed (such as clothes swapping) via the activities of an association for the defense of fat people, so as to analyze their various forms of political actions/activism. This presentation describes the possibility for these women to valorize their body by joining an association or defending the “beauty of fat women” in their daily practices. However, the rejection of dominant aesthetic models is ambivalent, oscillating between individualism and the politicization of body. This presentation will then present the individuals and groups who defend fat people. Their objectives and strategies will be described, as well as the internal conflicts their political and medical positions can entail. In conclusion, we hope to demonstrate that the defense of the fat body can be the object unto itself of demands, but can also lead to much wider political objectives. The Fat Power movement differs therefore from more traditional strategies against discrimination, without nevertheless replacing them.

Miléna Younès-Linhart (Université Paris 8)

Ne plus s’épiler : le corps outil de revendication féministe
Dans le cadre de ma thèse, j’interroge les processus de socialisation à l’épilation et de déconstruction de sa pratique par les féministes. Trois enquêtes ont fait émerger le rôle de la norme d’épilation dans la construction des rapports de genre et de sexualité, en tant qu’outil de contrôle du genre par le corps. L’analyse de ces enquêtes a mis également en lumière la négociation dont cette norme fait l’objet. Cette négociation réalisée par les individu-e-s les amène à modeler les rapports de pouvoir et de domination de genre dont les corps sont l’objet, ainsi que la sexualité.
Je souhaiterais ici analyser les revendications et pratiques de non-épilation en m’appuyant sur une enquête en cours, réalisée sous forme d’entretiens auprès de féministes militantes dans un collectif, et de féministes non militantes qui ne s’épilent plus ou qui formulent un désir politique de non épilation.
Le processus de déconstruction de la pratique d’épilation est marqué par de nombreux conflits de valeurs qui engendrent une reconfiguration de la « charge mentale » de l’épilation. Il s’agira ici de montrer que ces conflits de valeurs sont liés à des situations sociales et militantes particulières et qu’ils sont la preuve de l’implication de la socialisation à l’épilation dans des rapports de pouvoir de genre et dans la construction de la sexualité. Je tenterai d’exposer la manière dont ces féministes gèrent ces conflits de valeurs et dans quelles circonstances l’arrêt total de l’épilation est possible. Dans quelles conditions le corps peut-il devenir un outil de revendication et une arme subversive ?

Stop Waxing: The Body, A Tool for Political Demands ?
In my PhD project, I examine the social construction of waxing and the deconstruction of waxing practices by feminists. Based on three sociological surveys, I analyse the role of the norm of hair removal in the construction of gender relations and sexuality, and how it becomes a tool of gender control that passes by the body. The analysis of this survey brings to light how women negotiate this norm, how they deal with it and how this negotiation leads them to question gendered power struggles and gender domination through which bodies and sexuality emerge.
More specifically, I seek to analyse the claims, demands and practices of refusing to wax. My analysis will draw on a sociological survey based on interviews with feminist activists in an association as well as non-activist feminists, between the ages of twenty and thirty, who are not waxing any more, or who formulate a political discourse to stop waxing.
The deconstruction process of hair removal practices is marked by many types of « value conflicts », which create a reconfiguration of the « mental load » of depilation. I will show that these conflicts are linked to particular social and activist situations. This study brings to light the social construction of gendered power struggles and of sexuality. I will show how feminists deal with these « value conflicts » and under what circumstances it is possible to stop waxing all together. What are the conditions that allow the body to serve as a tool for political demands as well as a subversive weapon?

Magali Della Sudda (Sciences Po Bordeaux), Marie Labussière (EHESS-ENS)

L’intime est politique : politisation et redéfinition de l’intime chez un groupe  « alter-féministe »
La communication participe d’une réflexion sur les recompositions des mobilisations autour des questions de genre depuis 2012. Elle s’appuie sur les observations et entretiens menés avec les membres d’un groupe de jeunes femmes métropolitaines, nées dans le sillage de la Manif pour Tous (2012-2013) : les « Artémises ». Ce cercle de réflexion féminin revendique une opposition au féminisme tel qu’il a été porté dans les mouvements de la seconde vague et prône une féminité assumée. Il s’agit d’« expliciter les postulats de départ qui nous différencie des féministes conventionnelles, de comprendre ce qui est vecteur d’unité chez les femmes ». Elles exposent une conception individualisée de la féminité. Cette position théorique s’accompagne d’une valorisation du corps féminin comme lieu d’expérience politique et subversive de l’ordre politique et économique. Maternité, règles, sexualité, maquillage et soins du corps sont autant de vecteurs d’une féminité libérée du marché et de l’État. La réappropriation de certains discours contestataires et de pratiques du « self-help » du mouvement des femmes post-1968 invite à interroger la place du corps et de l’intimité dans ce groupe qui se situe clairement à droite de l’échiquier politique. La communication propose dans un premier temps de revenir sur la rhétorique féminine de ce groupe. Elle examine ensuite la manière dont, en pratique, le répertoire féministe de l’action collective est réinvesti dans un sens « alterféministe » pour contester l’ordre social et politique fondé sur l’égalité.

Intimacy is Political : An Alter-Feminist Group’s Politicization and Re-definition of Intimacy
This communication contributes to analyses on the reshaping of French mobilization in the realm of gender issues since 2012. It draws on observations and interviews with a group of young metropolitan women, the “Artémises” that emerged in the wake of the “Manif pour tous” (2012-2013). This women’s think tank claims its opposition to the second wave of feminism, and wholeheartedly promotes the essence of femininity. They want to “make explicit the assumptions that distinguish us from conventional feminists, and understand what creates unity among women”. The Artémises advocate an individualized conception of femininity. This theoretical stance fits well with the promotion of the female body as a place for a political and subversive experiment within the political and economic order. Maternity, menstruation, sexuality, make-up and body care are seen as a means to embody a feminity liberated from State and market control. The group re-appropriates contentious discourses and self-help practices of the post-68 women’s movement, while being clearly right-leaning, which draws attention to the way it relies on the body and intimacy. This presentation will first examine Artémises rhetoric, and then analyze the way the feminist repertoire of collective action is reinvested in practice and in an “alter-feminist” sense, in order to challenge a social and political order grounded in equality.

Mercredi 12 juillet 2017 14h00-18h00

BRUNET Laurence laurence.brunet@aphp.fr
CAROF Solenn solenncarof@yahoo.fr
CORDELL PARIS Crystal crystal.cordellparis@sciencespo.fr
DELLA SUDDA Magali m.dellasudda@sciencespobordeaux.fr
FERRANDO Stefania ferrandostefania@gmail.com
FROIDEVAUX-METTERIE Camille cfroidevaux.metterie@free.fr
GUYARD-NEDELEC Alexandrine alexandrine.guyard-nedelec@univ-paris1.fr
LABUSSIERE Marie marie.labussiere@sfr.fr
MALMANCHE Hélène malmanche@gmail.com
MERCHANT Jennifer jennifer.merchant@u-paris2.fr
THOMAS Hélène helene.thomas4@orange.fr
YOUNES-LINHART Miléna milenayouli@gmail.com