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ST55

Les partis et les politiques économiques

Parties and economic policies

Responsables scientifiques
Fabien Escalona (Pacte-PO, Sciences Po Grenoble et Cevipol, Université Libre de Bruxelles) fabien.escalona@umrpacte.fr
Mathieu Fulla (Centre d’histoire de Sciences Po – CHSP) mathieu.fulla@sciencespo.fr

L’objectif de la section thématique consiste à « ouvrir la boîte noire » de la production de politiques économiques par les partis. L’enjeu scientifique est double : (1) améliorer la connaissance du phénomène partisan lui-même, en explorant une de ses fonctions actuellement négligée dans la littérature ; (2) saisir les soubassements idéologiques et culturels des élites partisanes chargées de la politique économique lorsqu’elles accèdent aux responsabilités. L’objet comme les questionnements de cette ST appellent directement au pluralisme disciplinaire, à la fois parmi les contributeurs et au sein des contributions elles-mêmes. L’identité même des promoteurs symbolise cette volonté (voire cette nécessité) d’ouverture, l’un étant historien (Mathieu Fulla), l’autre politiste (Fabien Escalona).

L’originalité de la ST : un sous-champ de la discipline peu exploré

Il existe bien sûr de nombreux travaux portant sur les politiques économiques (leurs cadres, leurs contraintes et leur nature). La plupart d’entre eux restent cependant focalisés sur l’arène gouvernementale. Ce faisant, ils négligent la complexité de la variable partisane des décisions économiques, tandis que les périodes d’opposition des partis échappent à leurs cadres d’analyse. La littérature sur les évolutions idéologiques et programmatiques des partis est également très riche. Néanmoins les enjeux économiques sont souvent dilués dans des études plus larges, ou font l’objet d’un traitement quantitatif qui permet mal de retracer la genèse et les usages de certaines idées ainsi que la complexité des facteurs qui expliquent leur adoption, transformation ou abandon dans les programmes partisans.

Des travaux portant spécifiquement sur les partis et les politiques économiques existent aussi, mais ils sont le plus souvent datés, focalisés sur des partis de (centre-)gauche, et écrits en langue anglaise par des économistes. Les initiateurs de cette ST, à travers leurs propres travaux centrés sur l’histoire des gauches européennes, n’échappent d’ailleurs pas au deuxième biais, qui induit une méconnaissance presque totale de la fabrique du discours économique des partis de type « antisystème ». De ce point de vue, la ST lance un double appel à la science politique francophone pour qu’elle (re)travaille le lien entre partis et politiques économiques, et pour qu’elle propose des études de cas permettant de couvrir l’ensemble du spectre politique en régime démocratique.

Les axes de recherches de la ST

Les axes de recherche de la section s’articulent autour d’une exigence empirique (mettre en lumière le processus de fabrication des politiques économiques en milieu partisan) et d’une ambition analytique (comprendre la mise en forme des programmes économiques en fonction du modèle partisan et de l’environnement institutionnel et socio-productif des partis).

1) Comprendre la fabrique des politiques économiques par les partis. Les contributeurs sont invités à documenter le travail partisan sur les enjeux économiques au cours des différentes étapes du processus de production (mise à l’agenda, controverses, décision, mise en œuvre) et ses différents acteurs (responsables politiques, experts, militants, organisations alliées). Il y a ainsi une véritable cartographie de la production des idées et des programmes économiques à mettre au jour. Cette opération constituera l’apport empirique des travaux de la ST. Elle s’accompagnera de la prise en compte des différentes logiques et temporalités qui se combinent pour aboutir à la doctrine économique du parti, et surtout à son discours économique public. Ces logiques et temporalités renvoient elles-mêmes à des opportunités et des contraintes d’ordre idéologique (l’impératif d’identité partisane), politique (l’impératif de compétitivité électorale), sociologique (les propriétés socio-professionnelles et la culture économique des profils d’expertise mobilisés), économique (les variations de la conjoncture, le modèle socio-productif national), institutionnel (les instruments de politique économique en vigueur à une période donnée).

2) Tester l’hypothèse de différents « modes de production » des programmes économiques. La cartographie de la fabrique des politiques économiques doit aider à analyser les différents types de partis qui existent, et les éventuelles évolutions dans le temps de la manière dont ils appréhendent la question économique. On peut en effet émettre l’hypothèse que les partis diffèrent dans leur traitement des enjeux économiques selon leur famille politique d’origine et/ou selon leur appartenance ou non au club des grands partis de gouvernement. La première distinction renvoie à la base idéologique et surtout socioculturelle des partis, tandis que la seconde touche à l’équilibre qu’ils privilégient entre leurs ambitions de « représentativité » des attentes populaires et de « responsabilité » dans l’exercice du pouvoir. D’autre part, on peut se demander si la prise en charge des enjeux économiques a changé en fonction des grandes phases du capitalisme, en particulier les régimes d’accumulation identifiés par les théoriciens de la Régulation. À chacun de ces régimes correspond une configuration de « formes institutionnelles », qui conditionne les horizons d’attente de ce que peut et doit accomplir une politique économique, ainsi que les instruments à dispositions des gouvernants. En retour, les partis peuvent bien sûr contester et chercher à modifier ces formes institutionnelles, en tout cas à se les réapproprier. Dans la limite des possibilités offertes par leur terrain d’étude, les contributeurs seront invités à tester l’une ou l’autre de ces hypothèses.

More than ever since the 2008 global economic crisis, the political parties who want to demonstrate their capacity to govern to economic and administrative elites are in quest of economic credibility. To understand some of the driving forces of the political competition, as well as to measure the weight of partisan variables on economic decisions, it is therefore crucial to inquire into the way the economic ideas emerge, circulate and are included in doctrinal constructions and public discourses. This kind of topic is however under-researched in political science, especially in French-speaking works. Moreover, most of the existing literature is excessively focused on left parties, and more specifically on social democracy.

Our panel on parties and economic policies thus invites scholars to ‘open the dark box’ of parties as regards the economic ideas that these latter manipulate and put into their programs and discourses. Two axes of research lie in the heart of our approach:

1) Drawing cartography of the partisan work on economic issues. Who are the actors implied? To which social sphere do they belong, what are their resources, their economic approach, their location in the party apparatus? What kind of structure of opportunity and constraints weighs on their ability to elaborate economic programs and doctrines? In other words, we are interested in the way the economic ideas are produced, selected and politicized, while going in the heart of the ‘engine room’ of the party(ies). Contributors are invited to explore the historical and sociological dimensions of this process.

2) The contributors are also invited, as far as possible, to draw comparisons in time and space. Do contemporaneous parties differ in the way the deal with economic issues, because of the type of organization they belong to? We will mainly distinguish them according to their party family (depending on their ideological and sociocultural basis) and their membership of the cartel parties (depending on the equilibrium they have found between ‘responsibility’ to govern and ‘representativeness’ of popular demands). On the other hand, has their approach of economic problems changed over time? It may be the case if the party itself has changed and/or if it has encountered different type of regulations (depending on the accumulation regime in force). One knows indeed that each accumulation regime leads to different configuration of ‘institutional forms’, which shape different time horizons and policy instruments at the rulers’ disposal. In turn, parties can of course claim for changes in these ‘institutional forms’.

Communications will deal with one or several case studies and diverse methodologies are accepted. However it is clear that qualitative research designs are better adapted to our axes of research. We will also privilege case studies that will propose comparisons in time and/or in space. Communications dealing with under-explored party families (especially on the Right) will be valorized.

REFERENCES

David Bailey, Jean-Michel De Waele, Fabien Escalona et Mathieu Vieira (dir.), European Social Democracy During the Global Economic Crisis, Manchester, Manchester University Press, 2014.
Robert Boyer, Économie politique des capitalismes, Paris, La Découverte, 2015.
John L. Campbell, Ove K. Pedersen, The National Origins of Policy Ideas: Knowledge Regimes in the United States, France, Germany, and Denmark, Princeton, Princeton University Press, 2014.
Karim Fertikh, Mathieu Hauchecorne et Nicolas Bué (dir.), Les programmes politiques : genèses et usages, Rennes, PUR, 2016.
Mathieu Fulla, Les socialistes français et l’économie (1944-1981). Une histoire économique du politique, Paris, Presses de Sciences Po, 2016.
Peter Hall (dir.), The Political Power of Economic Ideas: Keynesianism across Nations, Princeton, Princeton University Press, 1989.
Vivien Schmidt et Mark Thatcher (dir.), Resilient Liberalism in Europe’s Political Economy, Cambridge, Cambridge University Press, 2013.
Arnault Skornicki et Jérôme Tournadre-Plancq, La nouvelle histoire des idées politiques, Paris, Editions La Découverte, 2015.
Jérôme Tournadre-Plancq, Au-delà de la gauche et de la droite, une troisième voie britannique ?, Paris, Dalloz, 2006.

Axe 1 / L’économie politique des gauches françaises

Antony Burlaud (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne), La politique économique malgré le parti ? Le PS face aux « tournants » économiques des années 1980
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Fabien Eloire (Laboratoire Clersé-CNRS UMR 8019, Université Lille 1), Le « tournant de la rigueur » revisité : cartographie du champ et des réseaux des acteurs d’une controverse économique
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Nicolas Azam (Laboratoire CESSP-CRPS, Université Paris 1), Mobiliser un discours économique pour infléchir les positions partisanes : le PCF, ses économistes et l’Europe

Axe 2/ L’économie politique des droites en France et en Europe

Kevin Brookes (Sciences Po Grenoble, laboratoire Pacte-PO, Université de Grenoble Alpes), La mise en politique des idées néo-libérales dans les partis de droite français dans les années 1980
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Matteo Cavallaro (Centre d’économie de l’Université Paris Nord – CEPN) (avec David Flacher et Massimo Angelo Zanetti), Nuances de noirs : analyse comparative des programmes économiques des partis de droite radicale à partir de 1990
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Inès Marie, Retours sur des groupes en concurrence pour la définition légitime de la politique économique : le cas d’un parti politique français

Antony Burlaud (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne)

La politique économique malgré le parti ? Le PS face aux « tournants » économiques des années 1980
Élu en 1981 sur un programme économique et social ambitieux, le pouvoir mitterrandien a pris, au cours des années 1980, une série de décisions économiques qui l’ont éloigné de la ligne originellement défendue par le PS. Parmi ces décisions emblématiques, on peut notamment retenir : 1° le plan d’austérité de mars 1983, passé à la postérité sous le nom de « tournant de la rigueur » (marquant la fin de la relance et le retour à une certaine orthodoxie financière) ; 2° les grandes « restructurations » industrielles mises en œuvre dans le Nord et dans l’Est (mobilisant publiquement, contre un gouvernement de gauche, une partie du monde ouvrier) ; 3° la série des réformes financières accomplies sous la houlette de Pierre Bérégovoy (jetant les bases d’un nouvel ordre financier, largement libéralisé).
Si toutes ces décisions n’ont pas été immédiatement perçues comme des « tournants », plusieurs d’entre elles marquèrent néanmoins, d’emblée, une rupture assez nette avec les principes, l’idéologie et l’imaginaire économiques du parti. Elles étaient donc susceptibles de mettre les « gouvernants » dans une situation de porte-à-faux vis-à-vis de leur parti d’origine et de la « base » socialiste. Elles plaçaient également le parti dans une position délicate – entre fidélité aux principes de 1981 et loyauté à l’égard du gouvernement.
Étudier dans le détail ces trois « tournants » permet de comprendre comment le changement de cap économique a pu s’accomplir, sans heurts majeurs, malgré le parti, et parfois avec ou grâce à lui. L’examen de ces trois « politiques économiques », rapprochées mais néanmoins décalées dans le temps, fait également apparaître une évolution générale, au cours de laquelle le parti semble devenir un acteur relativement marginal dans la détermination des politiques économiques.

An economic policy despite the party? The Socialist Party facing the 1980s economic “turning points”
Elected in 1981 on an ambitious economic and social platform, Mitterrand’s administration took in the 1980s a series of economic decisions that drove it away from the original party line. Among these emblematic decisions, some need specific scrutiny : 1° the austerity plan of March 1983, known as « le tournant de la rigueur » (signing the end of a stimulus policy, and the return to financial orthodoxy) ; 2° the great industrial « restructuring » organized in the North and the East of France (mobilizing publicly, against the socialist administration, part of the labor movement) ; 3° the series of financial reforms, undertaken under the guidance of Pierre Bérégovoy (laying the ground for a new, liberalized, financial order).
While all those decisions were not instantly perceived as « turning points », several of them nevertheless created a rather clear break with the principles, the ideology, and the economic imagination of the Socialist Party. They were thus likely to put the « rulers » at odds with their party of origin, and with the socialist rank-and-file. They also placed the party in an awkward position – having to choose between fidelity to 1981 principles, and loyalty towards the administration.
Examining closely those three « turning points » will offer a way to understand how the economic change of direction – which did not provoke any major clash – could be achieved, despite the party, and sometimes with, or thanks to the party. The analysis of those three « economic policies », close in time, but not simultaneous, also highlights a general evolution, where the party had become a rather marginal agent in the choices of economic policy.

Fabien Eloire (Laboratoire Clersé-CNRS UMR 8019, Université Lille 1)

Le « tournant de la rigueur » revisité : cartographie du champ et des réseaux des acteurs d’une controverse économique
Cette communication se propose de relire sociologiquement un épisode du premier septennat de François Mitterrand : celui dit du « tournant de la rigueur » de 1982-1983, où le gouvernement socialiste décide de rompre avec sa stratégie économique initiale fondée sur la relance de l’activité économique, pour adopter une nouvelle ligne axée notamment sur la réduction des dépenses budgétaires. Comment s’est effectué ce changement de politique ? Qui sont les acteurs qui ont participé à cette décision ? L’enquête sociologique permet de révéler les logiques, complexes et sous-jacentes, qui structurent le processus social de régulation à l’œuvre au sommet de l’Etat. De nombreuses sources sont mobilisées : les travaux des historiens et des politistes, des enquêtes journalistiques, des ouvrages rédigés par les témoins eux-mêmes, mais aussi le Who’s Who in France et le Bottin administratif dans lesquels figurent la totalité des acteurs impliqués. Le but est de reconstituer les caractéristiques sociales, les opinions sur l’économie, et les réseaux de relations à divers moments du processus. La communication insiste sur l’articulation entre les principales formes de capital, politique et étatique, efficientes dans cet univers, et sur le rôle central des collaborations entre ministres et membres des cabinets.

The « austerity turn » revisited: a cartography of the actors’ field and networks during an economic controversy
This communication aims at exploring sociologically an episode of the first seven-year mandate of François Mitterrand, named the « austerity turn » in 1982-1983, where the French socialist government decides to break up with his initial economic strategy based on the growth of economic activity by the increase of public expenses, to adopt a new line based, conversely, on reductions in budgetary expenditures. How has been decided this political change? Who were the actors involved in this decision? The sociological approach aims at highlighting the complex and underlying logics that structure the social process of regulation which works at the top of the French State. A lot of sources are used: from the works of historians and political scientists, journalists’ investigations, and books from witnesses themselves, but also the Who’s Who in France and the Bottin administratif where are identified the whole involved actors. The aim is to reconstitute the social attributes, the opinions on economy, and the social networks at diverse moments of the process. The communication insists on the articulation between the main, political and state, forms of capital that are efficient in this ‘milieu’, and on the central role of the co-work relationships between ministers and ‘cabinet’ staff members.

Nicolas Azam (Laboratoire CESSP-CRPS, Université Paris 1)

Mobiliser un discours économique pour infléchir les positions partisanes : le PCF, ses économistes et l’Europe
Cette communication traite de la place des économistes communistes dans le processus décisionnel et la fabrique des prises de position du Parti communiste français. S’appuyant sur l’exemple de l’élaboration d’un discours communiste sur l’intégration européenne, elle vise à mesurer la marge de manoeuvre des économistes du parti au sein d’une organisation qui s’est caractérisée par la subordination des intellectuels et la prédominance d’un personnel politique ouvrier. L’étude se focalise plus particulièrement sur deux moments clés de l’histoire du mouvement communiste et de la construction européenne. D’une part, la mise en place du Marché commun coïncidant avec les débats internes au monde communiste sur la déstalinisation. D’autre part, la marche vers le Marché unique et l’Union européenne dans le contexte de l’effondrement du bloc communiste. Cette recherche socio-historique met en lumière les transformations affectant le modèle partisan communiste et notamment la gestion des relations entre dirigeants politiques et experts en économie.

Mobilizing an economic discourse to influence party policies : the PCF, its economists and Europe
This paper deals with the role of the communist economists in the decision-making process and the political positioning of the French Communist Party. Based on the example of the elaboration of a communist discourse on European integration, it investigates the room for manoeuvre of the party economists within an organization which was characterized by the subordination of intellectuals and the prevalence of working-class political leaders. More specifically, the study focuses on two turning points of the history of the communist movement and European integration. On the one hand, the establishment of the Common Market and the internal debates in the communist world about the destalinization. On the other hand, the way towards the Single market and the European Union in the context of the collapse of the communist bloc. This socio-historical research analyses the changes in the Communist Party model organisation, including the evolutions of the power relationships between political leaders and experts in economics.

Kevin Brookes (Sciences Po Grenoble, laboratoire Pacte-PO, Université de Grenoble Alpes)

La mise en politique des idées néo-libérales dans les partis de droite français dans les années 1980
La communication contribue à ouvrir la boite noire de la production idéologique au sein des partis de droite en France en s’appuyant sur l’étude du processus de rédaction de la « plate-forme pour gouverner ensemble » du RPR et de l’UDF en 1986. Elle montre que le contexte politique national et international a favorisé le rapprochement entre des entrepreneurs intellectuels insérés dans des réseaux transnationaux et une nouvelle génération d’hommes politiques soucieuse de faire de l’idéologie néo-libérale une arme politique. Les droites connaissent alors une forme de mobilisation inédite par sa nature (idéelle) et par l’identité de ceux qui la portent (clubs, associations, think tanks…). Ronald Reagan et Margaret Thatcher sont alors mobilisés comme des « modèles à suivre » pour constituer un programme de gouvernement. Dans ce contexte, la modération du programme économique des droites cède la place à un programme qui marque une rupture libérale radicale. Cette mutation s’opère sous l’égide des d’experts et des entrepreneurs politiques auxquels les organes dirigeants de l’UDF et du RPR ouvrent leurs portes. On observe alors une délégation de cette fonction programmatique à des structures non-partisanes et à des acteurs influencés par les modes de militantisme de néo-libéraux anglais et américains.

The politics of free maket ideas within the French right-wing parties in the 1980s
The paper aims at unravelling the production of ideology within the political parties of the right in France based on a study of the writing process of the platform of the ‘RPR’ and the ‘UDF’ in 1986. It shows that the national and international political context fostered the rapprochement between intellectual entrepreneurs, integrated in transnational networks, and a new generation of politicians aiming at using neo-liberal ideology as a political weapon. The different brands of the right faced an unprecedented form of mobilisation, new by its nature (ideological) and by the identity of the actors who brought those changes (clubs, associations, think tanks). Ronald Reagan and Margaret Thatcher were, at the time, presented as models to follow to write a a governing platform. In this context, the former moderation of the economic platform of the right-wing political parties pivoted towards radical neo-liberalism. These changes were led by experts and political entrepreneurs to whom the leadership structures of the RPR and the UDF opened their doors. The programmatic function was then distributed to nonpartisan structures influenced by the types of intellectual activitism of English and American neo-liberals.

Matteo Cavallaro (Centre d’économie de l’Université Paris Nord – CEPN) (avec David Flacher et Massimo Angelo Zanetti)

Nuances de noirs : analyse comparative des programmes économiques des partis de droite radicale à partir de 1990
La littérature sur les droites radicales souligne l’hétérogénéité de ces partis (RRPs) en terme de politiques économiques. Cette hétérogénéité est souvent retrouvée au sein du même parti si bien que certains auteurs ont qualifié les programmes économiques de RRP de «programmes schizophréniques». Par conséquent, la pertinence réelle des thèmes économiques pour les RRP est souvent discutée. Cet article étudie l’évolution des programmes économiques des RRP en termes de pertinence et hétérogénéité. Pour cela nous nous appuyons sur la base de données du projet MARPOR. Nous couvrons 35 RRP différents dans 20 pays européens entre 1990 à 2014. Nos résultats montrent que les questions économiques sont encore moins importantes dans les programmes RRP que dans celles d’autres familles politiques, toutefois, l’écart a diminué. L’article s’intéresse ensuite aux différences. Nous dessinons une cartographie de l ‘«espace de la politique économique» au sein de la droite radicale, en dégageant diverses méthodes statistiques (PCA, méthode de Ward et arbres additifs) appliquées aux données MARPOR. Nous obtenons quatre dimensions qui peuvent décrire une grande partie des différences entre les RRP en matière économique. Ces dimensions décrivent la «saillance» d’un ensemble de questions : «welfare», «libéralisme économique», «gestion économique» et «protectionnisme». Nos résultats montrent que les RRP sont encore très différents dans leurs programmes économiques en termes de contenu. Malgré les différences existantes, nous montrons l’existence d’une tendance vers le «chauvinisme du welfare», ce qui signifie que les RRP sont maintenant plus enclins à inclure des promesses pro-welfare (réservées aux autochtones) dans leurs positions.

Shades of black: a comparative analysis of Radical Right Parties economic policy after 1990
The literature highlights how heterogeneous Radical Right Parties (RRPs) are on economic policy. This heterogeneity is often found in the same party, so that some authors labelled RRPs economic programmes as ‘schizophrenic agendas’. Consequently, the actual relevance of economic matters to RRPs is often discussed. This article studies the evolution of RRPs economic programmes in terms of importance and heterogeneity. We do so by analysing data from the MARPOR project dataset. We cover 35 different RRPs across twenty European countries for a period going from 1990 to 2014. Our findings show that economic issues are still less important in RRPs programmes than in those of other political families. However, the gap has been reducing both in length (RRPs talk more about the economy) and width (RRPs now include more economic items). The article then moves to address heterogeneity. We draw a cartography of the ‘economic policy space’ within the radical right party family. We do so by the means of various statistical methods (PCA, Ward’s method, and Additive trees) applied to manifestos data from the MARPOR project database. We find four dimensions that can describe large part of the differences between RRPs on economic matters. These dimensions all describe the “salience” of a set issues and we labelled them “Welfare”, “Economic Liberalism”, “Economic Management” and “Protectionism”. Our results show that RRPs are still very different in their economic programmes in terms of contents. Despite the existing differences, we show the existence of a trend towards a ‘welfare chauvinist’ appeal, meaning that RRPs are now keener to include pro-welfare pledges (reserved to native individuals) in their stances.

Inès Marie, Retours sur des groupes en concurrence pour la définition légitime de la politique économique : le cas d’un parti politique français

Mercredi 12 juillet 2017 14h00-18h00

AZAM Nicolas nicolas.azam@live.fr
BROOKES Kevin kevin.brookes@sciencespo-grenoble.fr
BURLAUD Antony antony.burlaud@gmail.com
CAVALLARO Matteo matteo.cavallaro@sciencespo.fr
ELOIRE Fabien fabien.eloire@univ-lille1.fr
ESCALONA Fabien fabien.escalona@umrpacte.fr
FULLA Mathieu mathieu.fulla@sciencespo.fr
MARIE Inès